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Critique de sebthoja


Liberty House ?

C'est à peine âgée de six ans que la jeune Farah fait son entrée dans ce lieu hautement symbolique nommé « Maison de la Liberté ». Elle est accompagnée de ses parents en fuite d'un monde qui les agressse : sa mère, « emmaillotée de tissus blindés » par peur des ondes, menacée « d'une extinction à petit feu dans les souffrances atroces de l'électrohypersensibilité », son père angoissé pour sa femme et sa grand-mère, naturiste patentée dont le sexe est orné d'un piercing bien placé.

C'est toute cette petite famille qui rejoint en pleine nuit ce « refuge pour freaks », la tête pleine d'espérances et de désirs inassouvis. Comme la sécurité, vivre dans une « zone blanche » vierge de toute substance toxique, vivre en autarcie en cultivant et se nourrissant des légumes du jardin, mais surtout vivre loin de leur peur du monde extérieur.
Ils sont une trentaine à cohabiter dans cette communauté hétéroclite. Tous réfugiés d'une société qui les refusent.

L'illusion peut alors commencer. Arcady en est le maître d'oeuvre. C'est lui qui tient les rênes de la liberté, donnant ou refusant son assentiment. Un des premiers commandements est « vivre et jouir sans entraves », ce à quoi s'emploient la plupart des membres de la communauté. Ici, point d'amour exclusif et réservé, l'amour doit être commun et débridé.

C'est assez vite, à l'âge de ses premiers émois de jeune fille, que Farah tombera totalement amoureuse d'Arcady, le gourou de son âme. Commencera alors pour elle une quête de l'amour qui ne la quittera pas.

Mais la recherche de l'amour est du bonheur sera semée d'embûches pour Farah. C'est son corps qui parle en premier : elle se transforme comme tous les adolescents, mais pas elle le voudrait. Son corps prend en effet les atours de plus en plus visibles de la virilité. Virilisme, c'est le nom donné à cette métamorphose. On la surnomme Farah Fawcett, mais elle a le physique de Silvester Stallone.

Elle complète la galerie des « monstres » mais en pire, car même si un des premiers principes est de « s'accepter tel que l'on est, avec ses tares éventuelles », celle de Farah est trop choquante pour être supportée.

Seule et abandonnée, sont les sentiments qui l'envahiront peu à peu. Ses parents l'ont confiée à la communauté et ne s'en soucient guère. Chacun vaque à ses occupations et selon son propre ego. Tous ensemble, chacun pour soi, semble être la règle de vie des habitants de « Liberty House »

Arcady l'oublie, après avoir su profiter de son corps, il préfère s'adonner à d'autres plaisirs dans les bras de jeunes hommes. Elle qui voulait « s'oublier dans cette servitude ». « Biberonnée à l'amour fou » dès le plus jeune âge, elle s'aperçoit vite que c'est un amour faux. « La langue ardente du désir » prend parfois des tournures qui chasse la vérité pour se réfugier dans le mensonge. Elle préfère se cacher et se retrouver dans la nuit : « cette volonté de gagner du temps sur la vie », et la quête éperdue pour l'amour passionné. C'est la nature qui lui fera prendre conscience petit à petit de la réalité.

Drolatique, enlevé, le ton d'Emmanuelle Bayamack-Tam l‘est, et cette dénonciation sans vergogne du phénomène sectaire est sans appel. Utilisant le mode de la dérision ou de la parodie, parfois irrésistible, comme à propos du naturisme, dont « l'un des bienfaits est de dissiper toute illusion sur les ravages du temps », peut aussi en choquer certains. Son récit est cependant parfaitement maîtrisé et limpide aux yeux de tous, car au fond la seule chose que cherche tous ces laissés-pour-compte, c'est l'Amour !

Lu en novembre 2018.

Ma chronique complète à retrouver sur mon blog le conseil des libraires/Fnac :


Lien : https://www.fnac.com/Arcadie..
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