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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je viens est un roman à trois voix et à malentendus. Charonne nous parle du haut de ses six et dix-huit ans, du haut de ses fantasmes, de sa pâle noirceur, de son obésité, du haut de son inconvenance et de son rire. Nelly, sa grand-mère, se raconte et se rêve dans un va-et-vient entre sa splendide jeunesse – le ton est alors satisfait et étonné – et les rides de sa vieillesse – dans un étonnement où s'est installée la désillusion. Gladys râle contre l'injustice d'avoir une mère trop belle et égoïste et une fille adoptive trop moche et égoïste, alors qu'elle ne tend qu'à la méditation et au renoncement. Trois générations qui cohabitent dans la solitude et une richesse installée, souvent méprisée mais jalousement gardée.

Je viens est un concentré d'existences ineptes qui s'entrechoquent. le silence est roi dans la relation, mais la parole ouvre la porte au conte : seule l'imagination paraît s'exprimer, celle du passé, du présent et du futur, accouchant de situations tour à tour légères ou violentes, sans que l'on sache toujours les distinguer. L'incongru est maître-mot.

Je viens aborde tant de sujets qui fâchent que ça pourrait en devenir écoeurant, et pourtant, c'est truculent. Entre racisme et reproduction sociale, la vieillesse fait chavirer, la famille ne parvient pas à se déconstruire et l'amour n'a pas d'évidence.

Je viens provoque l'éthique et le rire, donne un nouveau souffle. La malveillance se pare des atours de l'ironie et l'horreur de ceux du fantasme, les préjugés s'épanouissent et tissent l'histoire de vies banalement exceptionnelles. C'est une lecture comme je les aime : qui débarrasse du vernis de la bienséance et creuse, mais en laissant toujours une petite lumière allumée.
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Edition Folio, 417 pages

Je viens, c'est l'histoire d'une polyphonie, 3 voix distinctes, trois points de vue de générations qui me rappelle en un sens, L'Elégance du Hérisson.

Composé de fait de trois parties, je viens propose trois lectures de vie, source de malentendus, mais après tout, le lecteur averti de la 4ème de couverture le pressent :

« Je viens vérifie la grande leçon baudelairienne, à savoir que le monde na marche que sur le malentendu »
Une écriture fine, particulièrement dense, que j’ai particulièrement apprécié, et dont le style évolue de pair avec la voix qui

« illustre les lois ineptes de l’existence et leurs multiples variantes : l’amour n’est pas aimé, le bon sens est la chose du monde la moins partagée, les adultes sont des enfants, les riches se reproduisent entre eux et prospèrent sur le dos des pauvres etc »

et qui détonne dans le paysage littéraire. Splendide!!
Lien : https://lecturesindelebiles...
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JE VIENS vient ( ça me rappelle une chanson !) de me procurer un plaisir énorme, celui de découvrir un auteur qui entrera dorénavant dans le peloton de ceux que je suivrai à jamais ! Je sais bien qu'il ne faut jamais dire jamais, mais la lecture du dernier roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam est de celles qui vous font tout oublier autour de vous et vous rend addict total à un univers, une écriture.
JE VIENS, pourtant, fut un livre qui végétait depuis quelques mois sur ma pile à lire. On me l'avait offert mais je n'avais pas vraiment envie de m'y plonger malgré une presse plutôt dithyrambique. C'est d'ailleurs cette même presse qui m'a fait un peu reculer. Comme elle en dit souvent trop, je la parcours en diagonale... et mon oeil était tombé sur des phrases vantant la présence de fantômes dans l'histoire, dialoguant avec les personnages et tenant un assez grande importance. Mon sens cartésien, très très peu porté sur l'ésotérisme de bazar n'a fait qu'un tour et m'a fait regarder l'ouvrage avec l'envie d'un chat devant un bol de céleri rave. Et puis, un soir, un peu désoeuvré, j'ai ouvert le livre et j'ai lu le premier paragraphe. Et là, dès les premières lignes j'ai su que quelqu'un qui écrivait ce qui suit, ne pouvait pas me décevoir :
L'un des grands avantages de la négligence parentale, c'est qu'elle habitue les enfants à se tenir pour négligeables. Une fois adultes, ils auront pris le pli et seront d'un commerce aisé, faciles à satisfaire, contents d'un rien. A l'inverse, ceux qu'on aura élevés dans le sentiment trompeur qu'ils sont quelque chose multiplieront à l'infini les exigences affectives, s'offusqueront au moindre manquement et n'auront de cesse qu'ils ne vous pourrissent l'existence. Faites le test.
JE VIENS, c'est ce regard mordant sur nos vies, avec une touche d'empathie pour tous ceux qui le méritent et une plume acérée et habile qui sautille sur les mots, les situations avec un appétit féroce pour décrire les sentiments même les plus inavouables. Alors qu'importe qu'il y ait des fantômes, ce livre est pur bonheur de fantaisie, de construction, de style.
JE VIENS, sous ses allures légères, s'empare de sujets âpres comme le racisme ambiant dans toutes les couches sociales ou l'adoption comme mode de contentement et donc acte de consommation, mais aussi creuse un sillon narquois et réjouissant en décrivant la famille comme le nid de toutes les névroses ou l'enfer sur terre qu'est la vieillesse lorsqu'elle nous tombe dessus. Et malgré ce qui apparaître un handicap pour un lecteur qui souhaiterait se détendre face à notre monde, le roman emporte tout sur son passage, tel un fou du roi qui gratouille avec facétie.
JE VIENS ne se résume pas à son histoire de famille allumée...
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Tout ce que j'ai adoré dans ce roman est contenu dans ces toutes premières lignes. Il y a la langue, les mots, le style, très contemporain, l'humour, caustique, et une énergie folle.

Ce roman est le récit de trois femmes, trois générations d'une même famille, trois autoportraits d'une même histoire, vue à travers des prismes très différents. Il y a d'abord Charonne, une jeune femme, noire, adoptée par une famille qui oscille entre un franc racisme et une incompréhension de la diversité et de l'altérité. Charonne, je l'ai adorée dès les premiers mots : elle est pleine de vie, entière, toute en rondeurs et en énergie.

[...] Si les deux premiers chapitres m'ont emportés par tant d'énergie et de vie, d'optimisme et de bienveillance, le dernier, celui de Gladys, est empli de peine, de regrets et de détresse.

Les hommes dans ce roman n'ont pas le beau rôle. Racistes, feignants, égoïstes, violents et violeurs... C'est pourtant par eux que viendra la rédemption ; eux que l'on n'entend dans ce roman que par la voix des femmes, se laissent attendrir et emporter par la vie et l'optimisme. le propos du roman est dur, sur fond de racisme, de violence, sociale et physique, d'isolement et de résignation. Mais le ton employé par l'auteur, son écriture alerte, en font un récit savoureux et dense.

Un roman que j'ai adoré et une plume réjouissante. Un auteur à suivre.
Lien : http://itzamna-librairie.blo..
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Charonne, jeune fille noire, obèse, adoptée, peu aimée mais assez lucide. Ses parents n'auraient peut-être pas du, ils se sont trompés, ne l'ont jamais aimée, ne s'en sont que peu préoccupés malgré leur temps libre interminable de gens riches et oisifs. Heureusement que la flamboyante Nelly, sa grand-mère "d'adoption", autrefois actrice très célèbre, l'écoute un peu, ne la juge pas si négativement. Après avoir eu Gladys de son premier mariage avec le coureur de jupons Fernand, elle s'est remariée avec Charlie, déjà père d'un enfant, Régis. Et Gladys et Régis, frère et soeur de remariage, frère et soeur non consanguins, s'unirent d'amour contesté mais stérile. Une famille peu conventionnelle comme de nombreuses familles, où l'amour filial semble éteint, où c'est l'indifférence et le malentendu qui se transmettent plus efficacement d'une génération à l'autre.

Trois femmes puissantes ? Fragiles ? Chacune d'elle a ses souffrances passées, ses souffrances actuelles qu'elles peinent à accepter. Chacune d'elle est forte de ses convictions, de ses choix assumés à l'encontre des consentements sociaux, mais faible par ses relations ascendantes parentales.

(….)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Emmanuelle Bayamack-Tam est agrégée de lettres modernes, née à Marseille, elle vit et enseigne le français en région parisienne. Elle a publié deux pièces, huit romans et obtenu le prix Alexandre-Vialate en 2013 pour "Si tout n'a pas péri avec mon innocence". Elle a sévi également dans le genre policier, sous le pseudonyme de Rebecca Lignieri.

Je viens, paru en janvier 2015 était dans ma pile à lire depuis le printemps dernier. Je l'ai enfin lu. Grand bien m'a pris ! L'écriture est belle, très belle. Les sujets abordés : le racisme, la vieillesse, la maladie, l'amour, le manque d'amour, l'abandon, la famille recomposée, l'argent, ses travers, les trahisons, les désillusions et tant d'autres. Tous nous incitent à la réflexion. Ajoutez-y un fantôme et nous voici embarqué dans un conte philosophique.

Je viens, c'est trois portraits de femmes. Une fille, sa grand-mère et sa mère. Elles prennent successivement la parole. C'est Charonne qui ouvre le bal. Charonne a vingt ans. Née d'une mère rwandaise qui s'est fait violer par un soldat belge, Charonne a été abandonnée à la naissance. Adoptée à cinq ans, elle sera abandonnée une seconde fois par sa famille d'adoption. Charonne a six ans quand elle se retrouve avec ses parents adoptifs dans le bureau de l'aide sociale à l'enfance pour sa restitution. C'est que Charonne est une petite fille noire, grosse, avec de la paille sur la tête en guise de cheveux. Elle est loin des standards attendus. Alors, comme ses parents adoptifs ne peuvent se débarrasser d'elle, ils la garderont bon gré, mal gré. Charonne grandira dans l'indifférence de tous, sans amour, ni tendresse mais dans une maison bourgeoise du boulevard du Belvédère à Marseille. Ses grands-parents adoptifs y habitent également. Charonne ne connaîtra que le racisme et le rejet jusqu'au jour où sa grand-mère adoptive prendra conscience de la situation de Charonne et lui ouvrira son coeur. Loin d'être complexée par sa couleur de peau et son surpoids, Charonne est une jeune fille intelligente dotée de répartie, d'autodérision et d'humour. Elle est généreuse et bienveillante à l'égard des membres de sa famille adoptive. le racisme est son quotidien, elle fait avec. Charonne a un rêve, elle veut devenir une vedette comme sa grand-mère, Nelly.
Nelly porte un regard très ironique et caustique sur sa vie, notamment sur sa vie amoureuse et sexuelle, mais également sur la femme qu'elle est devenue. Autrefois très belle et très convoitée, elle reste obsédée par son apparence. Bien qu'elle soit toujours très coquette malgré ses quatre-vingt-huit printemps, Nelly n'est pas aussi superficielle qu'elle voudrait nous le faire croire. C'est la seule qui manifestera de l'intérêt et de l'affection pour Charonne. C'est en parlant de son sujet favori, à savoir, elle-même, que Nelly sensibilisera Charonne aux relations mère-fille, homme-femme, à la nécessité de se fixer des objectifs dans la vie, cette vie qui passe trop vite, bien trop vite et dont il faut jouir avant de devenir sénile. Nelly apporte un regard touchant et très lucide sur la vieillesse et la maladie.
Nelly est plus proche de Charonne que de sa propre fille, Gladys, que rien ne semble toucher. Et pourtant au fur et à mesure que Gladys s'exprime, ses blessures jaillissent. Une mère trop occupée à gérer sa carrière de pseudo-actrice, un père qui voue une passion au genre féminin, ce n'est qu'avec Régis, son "frère d'alliance", à la suite du remariage de sa mère avec Charlie, que Gladys trouvera un équilibre. Frère d'alliance deviendra époux. Un vrai Vaudeville !

Malgré ces quelques lignes, Je viens reste un livre assez indescriptible. Réalité et fiction, passé et présent se mêlent et se confondent. Je viens bouscule les traditions familiales et est surtout une belle description du racisme ordinaire et de la vieillesse.
Jamais triste, acide et humoristique, Je viens mérite d'être lu. Même si parfois nous avons l'impression de nous égarer, au bout du compte, on apprécie ces femmes, surtout Charonne. Et puis la plume d'Emmanuelle Bayamack-Tam est tellement belle !

Alors, viens, venez et laissez-vous guider par le fantôme du 27 Bld Belvèdère...

Lien : http://the-fab-blog.blogspot..
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Les relations filiales entre Charonne, Gladys et Nelly sont compliquées. Charonne l'hottentote, Nelly la starlette fanée et Gladys l'orthorexique nous dévoilent tour à tour leur quotidien sous le même toit.
Le livre le mieux écrit que j'ai lu depuis très longtemps. Un must have!
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Si le titre "je viens" est nul, le roman d'Emmanuelle Bayamack-Tam est un formidable huis clos en 3 actes narré tour à tour par la fille adoptive, la grand-mère star et la mère ultra matérialiste qui voudrait être le centre du monde dans cette grande maison rutilante où brille surtout la méchanceté et le manque d'amour. L'histoire de Charonne va crescendo, ne mâche pas de mots racistes, égoïstes, vénaux, parano, jaloux...Emmanuelle Bayamack-Tam a indéniablement du talent.
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