AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zoep


J'avais lu il y a quelques années Les garçons de l'été de la même autrice (sous le nom de Rebecca Lighieri), un ouvrage que j'avais profondément détesté. Si celui-ci n'est pas un échec complet car malgré des lourdeurs, il est assez relativement bien écrit, sa lecture n'a pas été agréable pour autant.

L'autrice se penche sur les marginaux parisien.nes du XXIème siècle et plus particulièrement sur la communauté trans et immigrée, en dépeignant le quotidien nocturne d'une boîte de nuit MTF où la personnage principale travaille. Cette dernière s'adresse directement au lecteur pour se faire conteuse d'un milieu qu'elle traverse et éprouve. J'ai trouvé la protagoniste attachante malgré tout les stéréotypes que Emmanuelle Bayamack-Tam s'est acharnée à lui coller à la peau. Marie-Line est une femme trans, elle a été adoptée et n'est pas aimée de ses parents adoptifs, elle est décrite comme étant laide, a un travail marginal qui repose sur le bon vouloir de son amant, est accro à l'héroine, n'a aucune relation amoureuse épanouissante.

On se demande quelle est la vision qu'a Emmanuelle Bayamack-Tam des personnes trans et LGBTQI+. La fiction a toujours bon dos pour disséminer des représentations transphobes. Pas une seule fois, elle n'a genré Marie-Line au féminin alors même qu'il n'y a aucun doute sur son identité de femme. La boîte de nuit queer où la protagoniste travaille ressemble à une cage à folles burlesque, au sein de laquelle les seuls traits de personnalités de ses client.es sont relatifs à une identité de genre totalement caricaturale. Ielles se déchirent, sont rongé.es par la vanité et sont incapables de nourrir des relations qui ne soient pas superficielles ou issues de l'énergie du désespoir.
Voilà une fiction de plus qui donne une représentation négative et sans nuances de la précarité émotionnelle et matérielle que cela induit d'être LGBTQI+ et racisé.e sous le capitalisme. La seule chose qu'Emmanuelle Bayamack-Tam octroît à ses personnages, c'est la haine de soi et la toxicomanie.

le plus dérangeant est le lien hyper clair que fait l'autrice entre le désir d'être femme et le désir incestueux qu'a Marie-Line pour sa mère. de plus, la personnage ressent une très forte excitation sexuelle à chaque fois qu'elle se fait humilier. Encore une fois, tout est dépeint comme si cela devrait être le propre de sa condition. Il n'y a rien de plus énervant que de ressentir ça sous la plume d'une agrégée de Lettres Modernes blanche qui essaie de faire des effets de style et de se la jouer subversive en parlant d'un milieu qu'elle n'a sûrement jamais cotoyé...

Il n'y a aucune possibilité de respiration dans cette fiction qui agit comme un étau. Les moments de joie et d'apaisement dont chaque existence est constituée sont totalement bannis de la narration. Cette dernière souffre d'ailleurs de nombreux trous : à aucun moment on ne comprend réellement pourquoi Marie-Line se met à répondre à des annonces de rencontres pour prisonnier.es. Et l'histoire avec Armand coupe court sans aucune raison. On peut supposer que ce n'est qu'un moyen maladroit de faire intervenir d'autres figures sociales sans leur accorder la moindre profondeur.

Pour Emmanuelle Bayamack-Tam: que l'on soit une banlieusarde immigrée des pays de l'est comme la mère de Marie-Line, une femme trans adoptée, une punk toxicomane comme son amie, où un prisonnier, la vie n'est que désintérêt et souffrance.

Ce roman est une catastrophe.
Commenter  J’apprécie          23



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}