Les styles sont le souvenir esthétique des époques à travers les cultes divers de la Beauté.
La pensée des siècles dort dans ces pierres, dans ces meubles, en un mot dans ces choses qui survivent aux générations, comme autant de témoins de leurs moeurs et de leurs aspirations idéales.
Aussi bien, les caprices de la mode sont éphémères, tandis que l'immuable Beau, qui ne peut s'improviser, est éternel, et c'est la marque d'une éternité que nous saluons dans les styles, l'essor d'une épuration, d'une synthèse, nées de l'effort humain, à travers ses tâtonnements jusqu'à la trouvaille.
Or, l'intelligence des styles commence à l'architecture, référence la plus éternelle, témoignage le plus évident que les siècles aient laissé; si tant est que la pierre a tenu tête davantage à la fin des choses en résistant, de toute la force de sa matière, au caprice des temps.
De telle sorte que la Beauté antique, malgré ses ruines, ne veut pas mourir dans le souvenir des hommes, et ce sont des débris que nous interrogerons tout d'abord, non à la façon scientifique des archéologues, mais en artistes.
L'architecture, en effet (et nous ne perdons toujours point de vue le mobilier, d'architecture connexe), est l'art traditionnel par excellence. La peinture et la sculpture trouvent partout, autour d'elles, en dehors d'elles, des motifs d'inspiration, des sujets d'interprétation ; mais l'architecture, en dehors de l'homme, ne trouve que la matière brute, l'argile de sa sculpture, la palette de sa peinture, mais pas un « motif».
L'architecture, pour naître et se développer, veutle concours d'un peuple, d'une race, d'une civilisation, et des efforts persistants pendant des siècles: à ce prix, l'architecture conquiert un style.