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Ce livre est une réflexion historique sur l'attitude que l'auteur aurait pu adopter lors de la seconde guerre mondiale.
Cet érudit s'appuie sur plusieurs livres-témoignages.
Les bifurcations de la vie sont un peu son dada.
Cependant, j'ai beaucoup mieux apprécié ce livre que celui (du même auteur) que j'ai lu auparavant ("Il existe d'autres mondes"), comme quoi il est parfois nécessaire de ne pas s'arrêter à une seule lecture...
Par ailleurs, je ne supporte absolument pas ceux et celles qui sont persuadés qu'à cette époque ils auraient été des héros (des résistants, des justes, etc.).
A cette époque ou d'autres circonstances (cf. par exemple la vieille imbécile qui était dans le Thalys, qui n'a rien pu voir de ce qui s'est passé, mais qui a dit à un journaliste qu'elle aurait bondit sur le terroriste). Enfin, à sa décharge, disons que le journaliste a peut-être forcé ses paroles.
Non, durant la sombre période du milieu XXème siècle, rien ne me permets de dire ce que j'aurais fait, attitude médiane et ironique de la plupart des français, collaboration, résistance, résistance, collaboration ?? Impossible de le savoir ou cela serait trop facile, connaissant l'histoire.
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Pierre Bayard est un auteur particulier. Professeur de littérature et psychanalyste, Il écrit des essais où il se pose des questions inattendues, étonnantes.

Dans ce livre il s'imagine être à la place de son père pendant la durée de la guerre (18 ans en 1940) : élève de l'École normale, délocalisée à Bordeaux. Basculerait-il du côté des bourreaux ou des résistants ?

Il est facile, après la fin de la guerre, de critiquer les collaborateurs et admirer les résistants. À l'époque, moins : on ne connaissait pas ni l'issue de la guerre ni sa durée.

Il commence par rappeler les expériences psychologiques de Milgram dans les années 60 à Yale où on essayait de pousser les participants à appliquer des choques électriques à des élèves auxquels on posait des questions. Puis, on rappelait le cas due 101ème bataillon de police (livre de Christian Browning). Cette partie analyse ce qui pourrait pousser quelqu'un à basculer du côté des bourreaux.

Puis une série d'analyses, par thèmes, de caractéristiques pouvant faire basculer, ou pas, du côté des résistants : le conflit éthique, l'empathie, la peur, indignation, désaccord idéologique, ... A chaque fois il prend un exemple parmi des résistants connus : Daniel Cordier (secrétaire de Jean Moulin), Romain Gary, La Rose Blanche (résistance allemande), Aristides de Souza Mendes (consul de Portugal en France) etc et se positionne lui-même par rapport à ces thèmes.

Il est question aussi des Justes (en opposition aux héros ou combattants de la Résistance, les premiers étaient des anonymes tandis que les derniers se battaient avec des armes à la main. D'autres génocides, avec les dilemmes des résistants et bourreaux, sont aussi mentionnés : au Rwanda, Yougoslavie et Cambodge.

Finalement, il serait sûrement indigné par l'envahisseur mais resterait dans la position neutre à suivre sa formation supérieure. Sauf événement qui pourrait déclencher en lui une bifurcation capable de le faire basculer dans le côté des résistants. S'il dit qu'il n'aurait probablement pas été résistant, il faut saluer le courage qu'il a eu de le dire.

C'est une question étudiée dans le détail avec des nombreuses références. Un livre qui mérite largement la lecture.
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Aurais-je été résistant ou bourreau ?

Voilà une excellente question à laquelle Pierre Bayard ne répond pas. Même transporté par « uchronie » en 1941 à la place de son père dans la zone libre près de Bayonne il ne se donne à aucun moment le choix de décider d'être l'un ou l'autre en n'imaginant pas un seul instant qu'il aurait pu être autre chose que résistant.

C'est donc assez inutile de se raccrocher à la détestable expérience de Milgram à l'université de Yale où il est vérifié que 60% des individus dans le rôle du bourreau ont appliqué la peine maximale (une décharge de 450V) à des individus dans le rôle de la victime censés répondre correctement aux questions qu'ils leur posaient, bourreaux et victimes ne se connaissant pas. (Les victimes étaient des acteurs jouant ce rôle et des scientifiques poussaient les bourreaux à agir leur promettant l'impunité).

C'est également inutile, du moins pour répondre à la question éponyme, de digresser vers le Cambodge, le Burundi ou la Bosnie Herzégovine dans la mesure ou Pierre Bayard ne s'y rend pas, par uchronie, par métalepse où par un quelconque moyen de transport freudien.

Non, finalement le brillant professeur de littérature est entré au milieu des années 70 à Normal Sup pour « faire plaisir à ses parents » (sic), prestigieuse école devant laquelle papa Bayard a échoué. Et transporté en 1941 Pierre aurait préparé Hypokhâgne à Bayonne ou à Bordeaux et poursuivi ses études tranquillement dans l'établissement délocalisé sous Vichy et même trouvé un boulot de bibliothécaire dans les murs pour éviter les STO (même pas besoin de se planquer comme l'avoue tristement Jean Lacouture qui se considère lui-même comme un résistant par défaut et regrette de n'avoir pas rejoint le maquis).

L'acmé d'une vie bourgeoise a dans ce contexte un côté particulièrement dérangeant. Et la référence à Lacombe Lucien de Patrick Modiano (et Louis Malle 1974) montre d'où viennent certaines inspirations …aurais-je été quelqu'un ou quelqu'un d'autre ?

On a l'impression que le prologue a été écrit à postériori en constatant à la relecture que la question était restée sans réponse et qu'il fallait malgré tout justifier les 150 pages d'illustration magistrale (dans le sens scolaire) qui a sa place dans la réserve d' un amphithéâtre plus que dans ma bibliothèque.

Très déçu par ce livre je comprends mieux ce sentiment de frustration ressenti à la lecture de « aurais-je sauvé Geneviève Dixmer » qui échoue sur le même obstacle sans le franchir.

Pierre Bayard semble fasciné par le chemin qu'il a pris avec ces deux essais dans la collection « paradoxe » - Un bon titre- des éditions de minuit et se prend les pieds dans une racine.

Un gros valdingue s'ensuit.
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Bien que dans un genre complètement différent, cet essai de Pierre Bayard est aussi intéressant que la série des "Comment parler de..." Pour tenter de répondre à la question posée par le titre, l'auteur analyse différents exemples d'expériences, d'autobiographies, de fictions dans lesquels cette question est abordée, que ce soit le scénario de Lacombe Lucien, l'expérience de Milgram ou La promesse de l'aube. Il prend bien sûr aussi appui sur des personnes réelles qui ont, elles, apporté une réponse claire à cette question, ainsi Hans et Sophie Scholl, les membres de la Rose blanche.
S'inspirant de ce que son père a vécu dans les années 1940 et de son propre caractère, Pierre Bayard crée un "personnage-délégué" qu'il fait naître en 1922 et qui aborde donc la seconde guerre mondiale, au début de sa vie d'adulte, alors qu'il est encore un étudiant préparant l'ENS.
Ce n'est finalement pas tant la réponse à la question posée qui importe que le travail mené pour tenter de la circonscrire. En effet, l'auteur insiste sur l'importance de la "bifurcation", moment décisif et difficilement explicable qui conduit certaines personnes à des choix déterminants et irrévocables. En étudiant aussi des situations similaires dans différents pays (Cambodge, Rwanda, Bosnie), l'étude se fait plus large alors que le double de l'auteur demeure, lui, un personnage de fiction.
Une bibliographie reprenant les ouvrages cités dans le texte aurait eu son intérêt en fin de volume.
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rien de bien nouveau dans cet essai. Je pense que la plupart d'entre nous se sont déjà posé la question.
Des faits déjà connus, comme l'expérience de Milgram, le film "Lacombe Lucien", des portraits de résistants et de Justes.
Quant à la partie "uchronie", en se basant sur la vie de son père et la personnalité de l'auteur, c'est assez perturbant, et je ne suis pas convaincue. Cela reste un exercice de style intellectuel.
Sinon, vraiment intéressant pour ce qu'il aborde également d'autres génocides et pose la même question.
Bref, je ne regrette pas de l'avoir lu, il force à se poser au moins la question et a essayer d'y répondre en prenant les mêmes bases. Bref un essai qui laisse des traces dans l'esprit.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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La question taraude tous ceux qui s'intéressent à la Deuxième Guerre mondiale et à L Histoire en général. Et moi dans tout ça? Généralement, on refuse d'y répondre, arguant du fait que les époques sont trop différentes, que le hasard joue un rôle trop important, que l'histoire-fiction n'est qu'un jeu bourré d'incertitudes. Pierre Bayard s'y essaie néanmoins, mais il le fait avec prudence, en s'appuyant sur des expériences psychologiques et des exemples historiques qui montrent à quel point entrer dans la résistance est difficile, à quel point cela implique une révolution intérieure ou une force en soi qui ne se manifeste qu'en des circonstances exceptionnelles. Ceux qui refusent les ordres, au nom de quoi le font-ils? Au nom d'un ordre supérieur s'impose à eux, comme cet ambassadeur portugais qui distribue des visa à tour de bras malgré Salazar ou ces Justes qui sauvent des gens parce qu'ils ne peuvent faire autrement. On leur demande de l'aide. Ils doivent donc aider. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Pourtant, beaucoup refusent cette aide. Pierre Bayard se situe, en s'imaginant à la place de son père né en 1922, du côté des inactifs, de ceux qui voudraient bien faire quelque chose mais qui attendent le déclic. La majorité est dans ce camp-là, celui des immobiles, freinés par la peur, l'image de soi face à la société, la paresse.

Et moi? La question, bien sûr, est encore plus problématique. Je suis suisse, donc plus ou moins en dehors du (ou plutôt encerclé par le) conflit. Si j'avais été à la place de mon grand-père, né en lui aussi en 1922, qu'aurais-je fait? Comme lui, j'aurais fait la mob, caché dans les Alpes, persuadé que si Hitler venait, il serait accueilli de pied ferme. Mon autre grand-père s'était trouvé à la frontière, au Tessin. Il me semble l'avoir entendu raconter que des Juifs fuyaient l'Italie fasciste et tentaient de passer en Suisse. Je ne sais pas ce que grand-papa a fait à ce moment-là et je ne le saurai jamais. Et moi?
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Mystères de la liberté intérieure.
Aurais-je été résistant ou bourreau? C'est le genre de titre racoleur qui me fait fuir! pour deux raisons. D'abord, quelle que soit la réponse, elle n'a aucune valeur puisque seule l'expérience peut la valider (ou non) et que celle-ci est impossible vu que nous situons l'hypothèse dans le passé. Ensuite, l'option choisie nous apparaît seulement comme une mise en scène, une représentation du caractère que l'auteur veut donner de lui-même et le recours à la guerre comme un moyen de séduire le lecteur. Mais alors pourquoi avoir lu ce livre dans son intégralité? Malgré une quatrième de couverture peu engageante, il y avait aussi le nom de l'auteur: Pierre Bayard dont je connaissais déjà un certain nombre de livres et qui m'avait habitué à un certain décalage entre les intitulés et le contenu de ses ouvrages. Et c'est encore ici effectivement le cas: ce qui compte, ce n'est pas la réponse mais le chemin qui est censé y mener.
Pierre Bayard nous parle en fait de la liberté humaine et surtout de la façon dont on l'exerce et la manifeste dans la pratique. La Seconde guerre mondiale n'est là qu'à titre d'exemple concret qui organise la fiction du livre et de la vie imaginée par l'auteur s'il était né, comme son père en 1922. En bon psychanalyste, il nous montre que cette liberté est contrainte et limitée par les autres (soumission à l'autorité, conformisme de groupe) autant que par soi-même (conflits intérieurs: éthiques, religieux, philosophiques, …). Mais surtout il constate que, la plupart du temps, cette liberté ne nous pousse pas à nous engager dans des actions protectrices des victimes (comme les Justes) voire dans des actions de rébellion (comme les Héros). Ce qui conduit Bayard à s'interroger sur les “bifurcations” de notre vie et les “points de bascule” qui, grâce à un saut dans l'inconnu, permettent à certains individus privilégiés de mettre concrètement en accord leurs convictions profondes avec leurs actes.
Le but de l'essai de Bayard apparaît bien comme une tentative de”penser ce que je suis en profondeur” (p.15). Vu sous cet angle, le livre prend toute sa dimension psychologique et son intérêt devient patent. de plus, la démarche de l'auteur s'avère accessible et originale associant de façon vivante et documentée une recherche théorique et une fiction personnelle. Encore un livre de Pierre Bayard que je recommande chaudement!!
NB: 3 livres à ajouter à ma PAL:
Milena de Margarete Buber-Neumann.
Un Si Fragile Vernis d'humanité de Michel Terestchenko.
Des Hommes ordinaires de Chritopher Browning.
ainsi qu'un film à revoir: Lacombe Lucien de Louis Malle
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Pierre Bayard tente de cerner ce qui fait les héros. Ou les bourreaux, à l'instar de l'horrible 101ème bataillon allemand de l'Ordnungspolizei qui interroge les férocités potentielles d'hommes ordinaires. À cette fin, il imagine être à la place de son père dans les circonstances qui ont précédé la seconde guerre et, s'appuyant ce qu'il présume connaître d'eux deux, dans l'ignorance de sa propre personnalité potentielle – ce que les freudiens appellent l'inconscient – il essaie d'en déduire un comportement plausible face au régime de Vichy et à l'occupation allemande, qui serait soit la résignation soit une bifurcation vers la résistance ou l'étranger pour mener la lutte. On comprend immédiatement les réserves qu'il convient d'appliquer à ce schéma, bien que l'expérience de pensée tienne la route et que les déductions émises par l'auteur me paraissent résister solidement aux objections formulées à l'encontre de la méthode. L'essai est clair, méthodique et documenté.

Il s'agit du travail d'un psychanalyste et par conséquent il peut s'avérer ennuyeux d'être confronté aux sempiternelles notions d'inconscient, de cette force nucléique sacrée, coeur mystérieux et insondable de l'être humain qui, au bout d'un parcours conduit de manière rationnelle, demeure intact à la fin de la démonstration. Tout cela pour en arriver là, diront certains. Et quand l'auteur, au terme de la préface, prévient : "...il n'est pas impossible de considérer que ce livre, consacré à essayer de capter la force qui se trouve en chacun et ne se développe que chez quelques-uns, est un livre sur Dieu.", d'aucuns diront qu'avec Dieu, on explique tout et on n'explique rien. Ceci dit, il serait dommage de manquer la très bonne enquête de Pierre Bayard, qui certes, n'a pas omis, sagement, d'assurer ses arrières en indiquant le ciel.

"Aurai-je été résistant ou bourreau ?" parcourt, dans le cadre historique étroit de la Seconde Guerre mondiale (plus brièvement au Cambodge et en Bosnie en troisième partie), une série d'individus qui ont fait preuve de comportements résistants hors du commun. Parmi eux, André et Martha Trocmé (les Justes)[1], Hans et Sophie Scholl (La Rose Blanche)[2], Sousa Mendes[3], Milena Jesenska[4]. Il ressort que, chez la plupart de ces gens, l'engagement ne fut pas le résultat d'un choix conscient, sinon considéré a posteriori.
[...]
En conclusion, des mots de François Azouvi (Philosophie Magazine) : "La fécondité de l'hypothèse d'une dialectique entre personnalité potentielle et personnalité réelle, entre identité-ipse et identité-idem, et le recours à la narration pour figurer cette dialectique, ne peuvent pas dissimuler ce qu'a d'impalpable le moment où tout bascule. Pierre Bayard le sait comme quiconque."

Article complet sur le site (v ci-dessous)
Lien : https://christianwery.blogsp..
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A la question posée par cet essai mené avec brio, pour sûr, toi comme moi aurions été du bon côté, lecteur : tes bons sentiments, mon sens aigu de la justice nous auraient conduits, toi comme moi, vers des attitudes Justes ou Héroïques.

Mais à bien y réfléchir, qu'en est-il de mon sens de la hiérarchie et de l'obéissance inculqué très tôt par un père qui dominait par la force... qu'en aurait-il été de mon incapacité à supporter la douleur physique... et aurais-je été si téméraire si cette témérité avait mis en danger ne serait-ce qu'un cheveu de ma fille... n'aurais-je pas accepté un peu de réconfort allemand si ça avait été la seule chaleur humaine qui se serait offerte à moi et qu'en plus elle m'avait apporté quelques avantages supplémentaires à partager avec une soeur, un grand-père ou une amie...

Juge pas trop vite, lecteur, les jugements hâtifs, semble-t-il, ne font que cacher l'évidence que qui que tu sois, t'aurais toi aussi pu effectuer cette "bifurcation" qui a fait que tant d'hommes et de femmes ont, sinon collaboré, au moins fait le dos rond.

Conflit éthique oblige, lecteur, reconnais, au moins en ton fort intérieur, que les doubles qui sommeillent en toi échapperaient certainement à celui ou celle que tu as la chance d'être aujourd'hui alors que tu es né en temps de paix, rien n'est plus sûr.

Je n'absous rien, lecteur, et l'auteur non plus d'ailleurs, il pose juste le nez dans le caca de sa conscience, et je ne t'apprends rien : ça pue pas mal, en fait, le caca...
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Plus encore que les générations suivantes, j'imagine que tous ceux qui ont vu le jour au lendemain de la seconde guerre mondiale se sont à un moment donné posé cette question : Aurais-je été résistant ou bourreau ? Pierre Bayard, bien que né en 1954 et donc baby-boomer tardif, ne fait pas exception à la règle. Mais il est allé plus loin et s'est transposé en esprit dans le passé. Potentiellement né en 1922, comme son père, il imagine alors quel aurait été son destin tout en respectant certaines règles scientifiques, comportementales, circonstancielles ou familiales.

Comme toujours avec les essais de Pierre Bayard, ce livre ne se cantonne pas, si je puis dire, à revisiter l'histoire d'un individu mais va bien au-delà et propose même plusieurs niveaux de lecture. Dans un premier temps, on peut y voir un livre sur la résistance - durant la seconde Guerre Mondiale mais pas uniquement. le psychanalyste s'interroge sur les modalités de l'engagement, sur la tendance à la soumission et la capacité de désobéissance. Logiquement, il revient longuement sur l'expérience de Milgam, durant laquelle un psychologue évaluait en 1963 le degré d'obéissance d'un sujet devant une autorité qu'il jugeait légitime. Où se situe le point de bascule qui permet aux uns de s'insurger quand les autres collaborent ? Pourquoi certains seulement passent-ils à l'acte ? Et pourquoi d'ailleurs certains seulement répondent-ils à l'appel de la désobéissance ? Cela aurait-il à voir avec une forme de foi ? Dieu a-t-il quelque chose à voir dans tout cela ? Vaste question. Dans cet essai, comme on peut le constater, l'auteur s'interroge autant sur l'aptitude des citoyens à se soumettre que sur l'existence de Dieu !

Mais n'oublions pas que Pierre Bayard est également professeur de littérature à Paris VIII. Il y a donc une autre manière d'envisager ce brillant et passionnant essai : on peut y voir une réflexion sur la lecture. En effet, les exemples de romans mettant en scène des personnages confrontés à des choix étant nombreux, l'auteur fait un détour par la fiction pour inviter le lecteur non pas à juger du comportement des protagonistes mais à se mettre à leur place. C'est sans doute cet exercice, avec lequel il est particulièrement à l'aise, qui lui inspirera quelques années plus tard son essai sur Geneviève Dixmer.

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