Jean Van Eyck trouva, nous l’avons dit, à Bruges, le secret de la peinture à l’huile; cependant, plusieurs écrivains prétendent que ce genre de peinture était depuis longtemps en usage à Constantinople. L’un des tableaux de Jean Van Eyck, exécuté par ce procédé, représentait l’Agneau de l’Apocalypse ; il contenait cinq cents figures de 12 à 14 pouces de hauteur. C’est à Hubert Van Eyck, frère du précédent, que nous devons la découverte du tableau portatif, après Apollodore, père du modelé ou relief des figures et du clair-obscur.
Voici maintenant l’origine tragique de la peinture à l’huile en Italie. Un Vénitien nommé Dominico, ayant appris le secret de la peinture à l’huile, s’était fait une immense réputation et fut appelé à Florence pour travailler avec Andréa del Castagno, dans une église. Jaloux de la célébrité de Domenico, A. del Castagno résolut de lui ravir son secret et, pour cela, n’hésita point à le tuer.
Nous ajouterons que le Jugement dernier , de Jean Cousin, est, suivant quelques auteurs, le premier tableau peint à l’huile par un Français.
Caravage avait un tel amour du vrai qu'ayant à peindre l'évangéliste Mathieu, pour l'église Saint -Louis des Français, il fit tout bonnement un homme écrivant sur ses genoux croisés, et montrant grossièrement la plante de ses pieds aux fidèles. Les prêtres, mécontents, enlevèrent le tableau. Caravage faillit mourir de rage, et il fut convenu qu'il en exécuterait un autre. Le Caravage mit son nouveau saint Mathieu en posture d'un vieillard qui écrit et trempe sa plume dans l'encrier ! Voilà ce qui s'appelle de la souplesse ! Ayant une Madeleine à peindre, il saisit une jeune fille à sa toilette, au moment où elle arrangeait au soleil les longues tresses de ses cheveux; il jeta quelques bijoux sur la table qui se trouvait devant elle, il consentit à poser à ses pieds un vase de parfums fumants, et il donna cette étude pour une Madeleine. Assurément, ce n'est pas là la pécheresse qui adora Jésus et qui se repentit, mais c'est une peinture vraie.
Le 14 août 1485, des ouvriers découvrirent sur la voie Appienne un tombeau de marbre qui contenait le corps embaumé d'une jeune fille. Elle était merveilleusement belle et si bien conservée qu'on l'eût crue vivante. Une si grande foule se pressait pour la voir, que le pape Innocent VIII ordonna d'enlever le corps et de l'enfouir dans le plus grand secret, tant il craignait que cette païenne ne fit une concurrence dangereuse à ses saints.
Deux histoires de « mouches », à propos du réalisme : Giotto était d'un naturel très réjouissant et très railleur, et un jour, pendant l'absence de Cimabué, il avait peint sur le nez d'un de ses personnages, une mouche si vivante, que le maître essaya plusieurs fois de la chasser. On raconte aussi qu'introduit dans l'atelier d’un peintre dont il convoitait la fille, Quentin Metsys peignit, sur la croupe du cheval auquel travaillait son « futur » beau-père, une mouche avec tant de vérité, que celui-ci, étant rentré, essaya plusieurs fois de la chasser avant de s'apercevoir qu'elle était peinte; enfin, l'ayant touchée pour s'en assurer, il déclara que celui qui saurait peindre une tête humaine avec autant de perfection, pourrait lui demander la main de sa fille. On lui montra des tableaux peints par Quentin Metsys, et il s'empressa de consentir au mariage.
En apercevant la merveilleuse dentelle de pierre qui orne la façade de la cathédrale de Tours, Henri IV s'écria : « Ventre-saint- gris ! les beaux joyaux que voilà ! Il n'y manque plus que des écrins ! » Et Vauban, frappé d'admiration en présence de l'énorme tour octogone qui domine la cathédrale de Coutances, s'exclama : « Quel est le sublime fou qui a osé lancer dans les airs un pareil monument ! »
C'est Michel-Ange qui a dit, en parlant des portes de l'église Saint-Jean à Florence : « Elles sont si belles qu'elles devraient servir de portes au paradis. »