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3,73

sur 146 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je commencerai cette chronique par une mise en garde : si vous n'avez pas lu "Dix petits nègres" et qu'il est dans votre pal, ou si vous désirez le relire un jour, passez votre chemin car Pierre Bayard, pour les besoins de son écrit, a été obligé de spoiler.

Cet essai est intelligent et bien argumenté ! L'auteur commence, après un exposé sur les personnages et les meurtres, par apporter une notion essentielle sans laquelle son écrit ne pourrait voir le jour tel qu'il nous est proposé, même si cette notion peut paraître délirante : les lecteurs se scindent en deux groupes :
le premier groupe ce sont les ségrégationnistes : lecteurs qui pensent que les personnages de la littérature romanesque n'ont pas d'existence propre ni d'autonomie, ils sont pure création de l'écrivain qui les a façonné, ils n'existent parce que le lecteur leur donnent vie et leur existence prend fin quand se referme le livre. Il n'ont comme liberté d'action que ce que l'auteur veut bien leur donner.
Le deuxième groupe, ce sont les intégrationnistes qui pensent au contraire, que les personnages ont une part de décision, une autonomie et peuvent agir suivant des plans élaborés par eux-même ils peuvent donc prendre des décisions différentes de celles de leur auteur... Bien-sûr, Pierre Bayard se réclame du second groupe puisque dès le début, il affirme être le véritable assassin des dix personnes qui séjourne sur l'île du nègre.

Il va donc affirmer qu'il est l'auteur de la sombre machination orchestrée sur cette île, sans se dévoiler, les adjectifs sont écrits avec les deux accords possibles, et pas une fois jusqu'au bout de sa démonstration, il ne laissera la possibilité au lecteur de faire des hypothèses.


Il commence donc par démonter l'histoire d'Agatha Christie, en montrant par quels stratagèmes le lecteur est bluffé : omissions volontaires et non-dits, mise en doute de la signature du criminel, mise en doute de certaines actions des personnages que je ne pourrais citer. Je reconnais que deux actions m'ont posé question lors de ma lecture de dix petits nègres : j'avais pourtant affirmé n'avoir rien vu lors de ma relecture, mais tout de même, deux questions m'ont effleurée durant quelques secondes, je suppose que je les ai chassées par respect pour cette oeuvre littéraire et son auteure.

Il insiste sur les illusions créées chez le lecteur en expliquant que celui-ci est éloigné de l'essentiel parce qu'il est capté par certains aspects de l'histoire et éloigné de ce qui pourrait l'amener à se poser les bonnes questions, et parce qu'il est victime d'un phénomène d'aveuglement tant optique que cognitif bien détaillé dans cet essai.

Puis il explique comment, en tant que criminel officiel, il a organisé ce piège : il crée alors un autre scénario tout à fait plausible quoique certainement discutable sur certains points.

Qu'en ai-je retiré ? Que si on avait confié l'organisation du meurtre de dix personnes sur une île à quinze écrivains, on aurait eu quinze scénarios différents et discutables car ce genre de scénario n'est pas facile a imaginer, Agatha Christie l'avait affirmé elle-même.
Que j'ai envie de laisser les incohérences du roman de côté parce qu'elles n'empêchent aucunement la lecture, personnellement ce qui compte pour moi en premier lieu, c'est l'ambiance créée par Agatha Christie.

J'ai beaucoup aimé cet essai de Pierre Bayard, et je ne manquerai pas de lire d'autres écrits émanant de sa plume raffinée, intelligente qui m'a beaucoup appris. J'ai beaucoup aimé cette histoire de ségrégationnistes et intégrationniste, j'ai d'ailleurs tendance à me rapprocher du second groupe, ce qui me permettrait d' accorder à Jeanne Eyre, à Winston Smith, à Esméralda la liberté qui leur permettrait de revisiter leur roman d'appartenance.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Entre Pierre Bayard et moi, c'est une longue histoire d'amour. Et qu'il ne soit pas au courant n'y change rien. Il était encore inconnu et abscons que j'avais déjà succombé à ses études sur Laclos ou Maupassant (et pourtant, fallait s'accrocher). Depuis qu'il est devenu la star des lecteurs du Monde en rendant intellectuellement désirable la littérature de genre, je le partage avec plein de fans transis mais j'assume.
Je vais être claire : non, ce n'est pas son physique de bellâtre des amphis qui me fait craquer (quoique…) mais son goût immodéré pour l'analyse de textes qui est aussi, ça tombe bien, un de mes passe-temps favoris et pour laquelle il excelle, lui.
Pierre Bayard, c'est le Daniel Mesguisch du roman policier. Tandis qu'un metteur en scène vous colle sous les yeux une autre pièce que celle que vous avez lue et qui pourtant respecte le texte à la virgule, Bayard lui aussi se souvient qu'une oeuvre littéraire est un iceberg dont 80% de la masse est invisible : l'auteur ne pouvant tout dire, c'est au lecteur de reconstituer ce qui reste dans l'ombre (ou sous l'eau, vous aurez rectifié de vous-même).
Et, bien entendu, ce qui est tu est toujours plus intéressant que ce qui est dit. Comme dans Choderlos de Laclos : les lettres écrites par Merteuil et Valmont sont merveilleuses, mais cela ne nous dispense pas de réfléchir à ce qu'ils font quand ils n' écrivent pas, ni à ce qu'ils pensent qu'ils se gardent bien de dire.
Et c'est à cette enquête que nous convie Bayard, dont le génie est d'avoir réconcilié en nous tous nos modes de lecture. Nous alternons d'habitude la lecture distanciée et la lecture immersion, et se plonger dans un roman de la reine du crime est un redoutable lâcher-prise qui permet de suspendre tout sens critique pour entrer dans un univers parallèle. Or, si Bayard nous oblige à considérer un Agatha Christie comme un morceau de la réalité à étudier comme tel, en rationalisant notre lecture il nous raconte une nouvelle histoire aussi passionnante que celle d'origine, réconciliant cerveau gauche et cerveau droit.
Mais bon, vous savez ce qu'il en est des vieux couples : on finit par reprocher à l'autre ce qui justement nous fit fondre au tout début. Pierrot, tu m'avais déjà fait le coup du paradoxe du menteur et maintenant tu te cites toi-même (très mauvais signe, ça). Tu vis sur tes acquis, ça sent un peu le réchauffé. Bien sûr que tu lui fais encore ton numéro, à cette bonne vieille Agatha, mais franchement… les illusions d'optique, le biais cognitif… Tu m'as habituée à mieux.
Heureusement, j'ai bien vu ton appel du pied et je me suis précipitée sur le site intercripol, où, sous ton égide, des experts traquent les « personnages criminels qui croyaient, jusque là, avoir échappé aux foudres divines de la justice. » http://intercripol.org/fr/qui-et-quoi/qui-sommes-nous.html
Cette « plateforme collaborative, ouverte à tous les citoyen(ne)s de bonne volonté désireux d'oeuvrer à un monde fictionnel plus juste » est, me semble-t-il, pleine de pépites. le temps de repasser ma cape et de défroisser mon loup vénitien, c'est sûr : j'en suis !
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Grande fan d'Agatha Christie, j'avais noté depuis quelque temps cet ouvrage dans un coin de ma tête. Il est assez facile et rapide d'en exposer le propos : le personnage que tout le monde croit coupable à la fin du roman n'est… pas le bon ! le vrai coupable – évidemment connu d'Agatha Christie qui laisse des indices au fil de son récit – prend la plume pour rétablir la vérité ! Mais avant de connaître l'identité de celui qui a berné un nombre incalculable de lecteurs depuis 1939, le lecteur a droit à un résumé des Dix petits nègres (rebaptisé depuis Ils étaient dix). Bien sûr quiconque a lu ce roman policier ne peut en oublier la fin, mais le rappel de la trame narrative est inévitable pour le bon déroulement de cette contre-enquête proposée par Pierre Bayard. Cependant, il ne saurait être question de s'en tenir aux Dix petits nègres. L'auteur – toujours par l'intermédiaire du vrai coupable – se livre à un véritable exposé sur la littérature policière et ses motifs : le passage sur les énigmes liées à un espace clos est passionnant, de même que l'évocation des techniques d'aveuglement du lecteur. Enfin, la vérité nous est dévoilée : le lecteur est invité à adopter un nouvel angle de vue, en utilisant les indices disséminés et en contrant les invraisemblances. C'est indéniablement une belle démonstration. Mais. Parce qu'il y a un mais. Où est-ce que cela doit-il nous conduire ? Doit-on reconsidérer ce que l'on croyait être la vérité depuis des années ? Faut-il simplement le prendre comme un bel hommage à la reine du crime et envisager la solution de Pierre Bayard comme une solution possible mais peut-être également imparfaite ? Pour ma part, j'ai un avis bien tranché sur la question, qui fait qu'en définitive mon sentiment sur l'ouvrage de Pierre Bayard est partagé : j'aime la fin proposée par Agatha Christie, je l'ai toujours aimée, je lui trouve beaucoup de panache et je ne veux considérer que cette fin-là.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Mes tirades enflammées à la gloire de "Dix Petits Nègres" amusaient toujours l'un de mes amis qui -grand amateur et connaisseur des romans d'Agatha Christie lui-aussi- finit un jour par me parler des ouvrages de Pierre Bayard, professeur de littérature française et psychanalyste en me disant que la prose de ce dernier changerait à jamais ma perception des "Dix Petits Nègres" et qu'en outre, ce serait si passionnant, que j'en demanderais encore et que je finirais par me procurer également "Qui a tué Roger Ackroyd?".
Pour être honnête, je n'avais aucun doute sur l'intelligence du propos et j'aime l'audace... mais je n'avais pas vraiment envie de lire un livre qui déboulonnerait l'un de mes romans policiers favoris. C'est que je suis une lectrice de mauvaise foi, une lectrice qui s'attache...
Il m'a fallu des années, mais je me suis laissée convaincre et j'en connais un qui doit se délecter de ma reddition...

Dans son essai "La Vérité sur les Dix Petits Nègres" Pierre Bayard entreprend de démontrer à ses lecteurs que l'assassin de l'île du Nègre ne peut pas être celui que désigne le roman dans son grand final, mais qu'il est un tout autre personnage. Gonflé le gars! Gonflé et bluffant, parce que sa solution est diablement convaincante, j'en ai peur.

Se glissant dans la peau d'une véritable meurtrier qui, tout personnage qu'il soit, invective le lecteur, Pierre Bayard met au service de la vérité sa logique, son esprit critique et déductif pour faire la lumière sur l'affaire des dix cadavres dont nous frissonnons encore.
C'est ainsi que notre narrateur-assassin (fort sympathique au demeurant) nous livre sa version de l'histoire. Commençant par nous résumer brillamment le roman d'Agatha Christie, il poursuit son oeuvre en se lançant dans une minutieuse contre-enquête avant de nous dévoiler son identité.

L'ouvrage ne pourrait être qu'un roman policier mais il se double d'une réflexion pointue et absolument passionnante sur le statut de lecteur, sur celui de la fiction et des personnages. On est en pleine théorie littéraire et j'ai adoré! Dans cette visée ainsi que dans le but de comprendre comment la solution initiale a pu passer si finalement pendant tant d'années malgré son invraisemblance, il accorde une place importante aux mécanismes psychiques, cognitifs ou perceptifs en jeu chez le lecteur en pleine action, ces mécanismes qui tendent à l'aveugler et l'empêchent de s'arrêter sur les invraisemblances. Ajoutez ça et là des comparaison avec d'autres romans policiers en lieux clos et vous obtenez en plus une réflexion intéressante sur la création du roman policier en tant que genre. Moi qui suit une fanatique des énigmes à base d'espaces clos justement, j'ai apprécié la dévoilement des procédés utilisés par les auteurs -ces charlatans- pour arriver à leurs fins!

Une lecture agréable et prenante, rendue d'autant plus fluide que Pierre Bayard écrit avec beaucoup de clarté et de fluidité, une démonstration bluffante dont l'intelligence m'a confondue et pourtant, mon enthousiasme est loin d'être à la hauteur de la beauté de la démonstration.
Parce que pour moi, il n'y aura décidément qu'une seule version, et c'est celle de ma chère Agatha, que j'y ai cru et que j'y crois encore (je suis une lectrice heureuse d'être aveuglée). C'est une question d'affection... et de magie et je suis comme les enfants, je n'aime pas vraiment qu'on me dévoile les "trucs" du magicien.

Néanmoins, je ne regrette pas cette lecture qui m'a tenue en haleine et, en tant qu'agathienne, je la trouve extrêmement enrichissante tant elle offre une perspective inédite. Je me dis d'ailleurs que la créatrice d'Hercule Poirot elle-même aurait pris plaisir à cette démonstration!


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-Il faut toujours se méfier des apparences. - 🔎

Cet essai littéraire évoque l'histoire et les événements qui se déroulent dans le roman du même nom publié en 1939 soit 80 ans auparavant.

Pour rappel, ce roman policier raconte l'histoire de dix personnes qui se retrouvent invitées sur l'île du soldat par un certain O.Nyme. Ils ont tous des vies différentes. Néanmoins, ils ont tous un point commun.
Ces derniers sont tous accusés d'avoir commis où été responsable de manière plus au moins direct d'un meurtre ou d'un suicide.
Dans ce roman, les personnages meurent les uns à la suite des autres de manières différentes. Celles et ceux qui restent en vie essayent de trouver le véritable coupable pour mettre fin à ses meurtres sanglants.
Mais, à la fin du récit, tous les personnages sont retrouvés morts sur l'île.
Les policiers qui enquêtent n'arrivent pas à résoudre cette affaire.
Toutefois, une solution est apportée à la fin du livre par le biais d'aveux d'un personnage trouvés dans une bouteille jetée à la mer.
À la fin de notre lecture, nous avons la résolution complète de l'enquête.

D'après ce récit véritable coupable ne serait pas le personnage désigné à la fin du roman.
Pierre Bayard, propose dans cette ouvrage une fin alternative à celle du roman. Dans cet essai, le véritable meurtrier s'exprime directement à nous lecteur.
Il n'est pas d'accord avec la résolution de l'enquête qu'il juge “invraisemblable” et manquant “d'élégance”. Ce dernier souhaite nous prouver à nos lecteurs et à Agathe Christie que nous nous sommes retrouvés dans une illusion et plus précisément dans et délire collectif qui nous a empêché de démasquer le véritable meurtrier. Ainsi, dans ce roman, ce n'est pas Pierre Bayard qui nous explique qui est le véritable coupable des crimes commis sur l'île du soldat, mais le meurtrier lui-même.

Cet essai est particulièrement intéressant, car au fur et à mesure des pages, nous avons envie de savoir qui est le coupable et de comprendre pourquoi le raisonnement d'Agatha Christie ne convient pas à la fin de l'histoire. Ce livre est prenant, car le narrateur s'adresse directement à nous sans jamais trahir son identité, ne donnant aucun indice textuel, parlant de lui-même comme un personnage lambda, sans jamais trahir son identité. Même si nous analysons toutes ces phrases, il ne se trahit jamais avant de révéler qui il est dans le dernier chapitre, signant de la même manière ces aveux comme ceux que nous avons dans le roman original.

Lorsque j'ai fini ma lecture, j'ai réfléchi à tous les éléments présents dans le livre pour essayer de savoir s'il y avait des failles dans le raisonnement établi dans cette oeuvre. À ma grande surprise, ce scénario peut s'avérer réaliste et probable, les arguments vont dans le sens de cette théorie, ce qui donne du poids à cette hypothèse.
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J'ai d'abord inutilement relu le roman d'Agatha Christie. La déconstruction est intéressante, on veut savoir où Pierre Bayard nous emmène. Derrière l'énigme il nous entraîne dans une 3ème partie fabuleuse qu'il nomme « aveuglement » et qui nous fait entrer dans des études empiriques passionnantes.
Dans Ma bibliotheque : Vivement Que Je lise
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Près de 20 ans après Qui a tué Roger Ackroyd ? (2002) Pierre Bayard s'attaque à un autre roman d'Agatha Christie, peut-être le plus célèbre, avec La Vérité sur "Ils étaient Dix" (2019).
Le principe est simple : considérant que des incohérences grèvent le roman original, le professeur de littérature et psychologue rouvre l'enquête à la recherche du véritable coupable.
En effet, peu convaincu par la culpabilité du juge Wargrave, dont le stratagème semble trop compliqué à mettre en oeuvre, l'auteur va donc étudier minutieusement le roman afin d'y trouver des failles dans lesquels s'engouffrer. Pour ce faire il utilise le texte et uniquement le texte. Hors de question d'inventer de nouveaux personnages ou de nouvelles situations.

Finalement, la solution proposée, brillante il faut l'avouer, n'est pas vraiment beaucoup plus satisfaisante que l'originale. Mais le livre est l'occasion de revenir sur les classiques du genre, avec notamment un excellent chapitre sur les "histoires de chambres closes", ces romans policiers qui se déroulent dans un endroit dont on ne peut matériellement ni entrer ni sortir (le premier du genre étant certainement le "Double assassinat dans la Rue Morgue, d'Edgar Allan Poe).
Il s'agit aussi et surtout d'une critique, au sens critique littéraire, de l'oeuvre phare d'Agatha Christie. Suivant ses propres préceptes, développés dans Comment parler des Livres que l'on n'a pas lus ?, Pierre Bayard s'approprie l'objet critiqué afin de voir au delà.
Une manière ludique et didactique de partager avec son lectorat sa vision de ce monument de la littérature policière.
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Pour faire suite à notre relecture d'un des plus célèbres textes de la Reine du Crime, j'ai nommé "Dix petits nègres", nous avons décidé avec @celinepointalaligne de nous attaquer à l'essai de Pierre Bayard, qui veut nous persuader qu'une autre vérité existe.... et qu'Agatha s'est trompée !
Oh Sacrilège ! Qui peut oser défier ainsi la grande, la seule, l'unique ?!

Ici Pierre Bayard laisse la parole au meurtrier qui souhaite révéler au grand jour son identité, 80 ans après les faits.
L'idée de donner vie à un personnage en dehors de son roman d'origine est géniale et m'a beaucoup plu.

Cependant, je n'ai pas été totalement convaincue par la solution proposée par ce personnage sous la plume de Pierre Bayard, qui n'est autre QU'UNE vérité parmi tant d'autres.
Il accuse celui qui se désigne coupable dans le roman de nous manipuler, mais c'est exactement ce qu'il fait ici dans ce texte ! Et en bonne lectrice de polars et de romans policiers, on ne me berne pas facilement !

J'ai donc apprécié l'exercice (je l'avais déjà apprécié à la lecture de son essai sur le Meurtre de Roger Ackroyd, bien que construit totalement différemment) mais je nie qu'Agatha puisse s'être trompée. La Reine ne PEUT PAS se tromper. C'est comme ça.
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Pierre Bayard se livre à un jeu habile et tout à fait plaisant. Mais des incohérences et des faits invraisemblables, on en trouve dans la plupart des romans policiers. En particulier chez Agatha Christie, qui n'hésite pas à substituer les personnages, à faire passer un cousin lointain pour un fils naturel, ou encore à glisser des impostures plus ou moins vraisemblables, en l'occurrence plutôt moins que plus, sans parler de circonstances de meurtre qui ne sont possibles que dans ses romans. le crible de lecture de Pierre Bayard est amusant et même réjouissant, mais il peut s'appliquer à bon nombre de romans policiers.
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Page Facebook: Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

« Les personnages ne se contentent pas d'avoir une forme d'existence, ils bénéficient d'une marge de liberté qui les conduit à prendre des décisions différentes de celles que l'auteur avait prises à leur sujet et qu'il croyait sans appel. » ****
Partant du principe que les personnages d'une oeuvre littéraire peuvent avoir une existence propre et s'écarter du rôle qui leur a été dévolu par leur auteur, Pierre Bayard s'attaque à l'un grands classiques de la littérature policière, « Dix petits nègres » (oups, pardon, « Ils étaient dix »).
Mise en garde tout d'abord : cet essai contient des spoilers non seulement du roman précité (inévitable, bien sûr) mais également d'autres romans d'Agatha ChristieABC contre Poirot », « le meurtre de Roger Ackroyd » et « Les vacances d'Hercule Poirot ») et je vous conseille dès lors vivement de les lire avant d'entamer celui-ci sous peine de voir gâcher le plaisir de bonnes énigmes.
L'auteur commence par un rappel des personnages et de l'intrigue de « Ils étaient dix » et il n'est dès lors pas nécessaire de le relire si, comme moi, vous l'aviez lu il y a de nombreuses années. le principe de l'essai est simple et original : les lecteurs et Agatha Christie elle-même ont été bernés et Pierre Bayard donne la parole au vrai coupable, relevant une série d'incohérences dans le scénario communément accepté (« Et surgit alors la question qui ne semble avoir taraudé aucun des lecteurs du roman depuis sa parution : comment l'assassin pouvait-il prévoir qu'il y aurait une tempête ? ») en proposant une solution alternative.
J'ai beaucoup aimé me replonger indirectement dans ce roman qui a été un de mes premiers grands bonheurs de lecture et en découvrir une autre analyse. L'auteur, professeur de littérature, établit également des comparaisons intéressantes avec d'autres concepts littéraires et psychologiques, que ce soient les meurtres en chambre close, le processus de biais cognitif, l'illusion d'optique ou encore la cécité d'inattention.
Petit bémol : même si elle tient la route (et s'il est sans doute le seul à y avoir pensé :)), l'explication finale proposée par Pierre Bayard peut être soumise aux mêmes critiques que celles qu'il formule à l'égard de l'originale et personnellement, je préfère celle d'Agatha :)
Un ouvrage qui dérangera peut-être les inconditionnels mais que j'ai trouvé plaisant à lire et qui a le mérite de jeter un éclairage original sur l'une des meilleures énigmes de la littérature policière.




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