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Luc Baranger (Traducteur)
EAN : 9782290324776
412 pages
J'ai lu (29/11/2007)
4.07/5   7 notes
Résumé :
La brume de mer recouvre la jetée de la baie de San Francisco. À minuit passé, la photographe Kay Farrow et son ami journaliste Joël Glickman, prévenus par un informateur anonyme, sont en planque à l'affût d'un scoop dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants. Lorsque les premiers clandestins chinois débarquent sur la plage, rapidement arrêtés par la police, Kay mitraille l'événement. Le lendemain, ses photos font la une des quotidiens. Mais sa joie ... >Voir plus
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Citations et extraits (94) Voir plus Ajouter une citation
Papa m’accompagne. J’apprécie la façon dont il me traite, comme si j’étais une pauvre fille sans défense. Dans le fond, il sait que ça n’est pas le cas. Au lieu d’aller me border dans mon lit comme il le faisait quand j’étais môme, il se verse une monstrueuse dose de scotch avant de s’affaler dans mon salon et de contempler la ville endormie.
— Belle grande ville, non ? Avec toutes ces lumières qui matérialisent les collines. D’ici, on se croirait au paradis. Mais je sais bien qu’on y est pas. Loin de là, ajoute-t-il en souriant.
Après trois jours, Sanchez est toujours dans un état critique. Ses chances de s’en tirer restent minces. Je n’éprouve aucune pitié. Même si, avec un bon avocat, il obtenait un non-lieu pour délit de fuite. Mais moi, je sais que c’est lui qui a tué Maddy.
Il n’y aura plus de nuits dans le grenier des Wong. Je sais que je ne pourrai plus y retourner, même si j’ignore toujours ce qu’y faisait Maddy.
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Vous vous souvenez de son regard ? Quand on l’avait vu une fois, on pouvait pas l’oublier. Des yeux de braise, qu’elle avait. Des yeux qui vous faisaient fondre sur place. Elle pouvait vous éteindre les flammes d’une bougie avec son revolver ou bien trouer des cartes à jouer lancées en l’air. Elle connaissait tous les tours de la vieille et merveilleuse Annie Oakley{4}, comme de tirer dans le dos en s’aidant d’un miroir. Elle vous coupait votre cigarette en deux au ras des lèvres. Un jour, elle a réussi à loger une balle dans le bouton de culotte d’un hâbleur qui se proposait de lui faire subir le même sort. Le gars s’est retrouvé avec le pantalon sur les chevilles. Même qu’il s’est pris les pieds dedans et a terminé de tout son long dans la boue. Badaboum ! Beaucoup de gens croyaient que les tours étaient truqués, mais c’est pas vrai. De toute ma vie, j’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi honnête que Mandy Vail.
Nous sommes dans un petit patio coincé entre la caravane et la cabane de carton goudronné, ombragé par un immense pin en forme de cloche. Le sol sablonneux vient d’être ratissé. On y trouve une table ronde métallique fraîchement repeinte, entourée de trois chaises couvertes de coussins. Sur la table, trois tasses de porcelaine légèrement ébréchées, trois petites cuillers d’argent et un pot de miel frais non pasteurisé, du miel onctueux, qui qui sent les herbes, crémeux, du miel qui mérite son appellation de « nectar des dieux ».
J’ai l’impression de sortir d’une séance houleuse d’aïkido. C’est comme si j’étais sur le tatami, hors d’haleine, complètement vannée et que seul un bon coup de je ne sais trop quoi pourrait me remettre sur pied. Alors je ne me prive pas de plonger ma cuiller dans le pot et d’en savourer le contenu.
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Les délits de fuite, c’est devenu monnaie courante par les temps qui courent. Y a tellement de chauffards qu’on peut pas tous leur mettre le grappin dessus. Et sans preuve, sans témoin oculaire, sans morceau du véhicule, une écaille de peinture, une broutille, on a rien à se mettre sous la dent pour démarrer l’enquête. Alors on garde ça en mémoire, dans l’espoir qu’un jour ça refera surface. Ça arrive assez souvent. Mais qu’est- ce qu’on peut faire de cette impression bizarre qu’on a ressentie avec les gens du voisinage ? On peut même pas l’inscrire au dossier. Y a pas assez d’heures dans une journée… ni dans une nuit, ajoute-t-il en souriant. Je le fixe droit dans les yeux, essayant de piger son message. Je reçois cela comme une sorte d’encouragement. — Comme je vous l’ai déjà dit, mademoiselle Farrow, tout cela demeure bien hypothétique. Que pourrais-je vous dire d’autre ? Il se lève pour me signifier la fin de notre entretien. Il me décoche un misérable sourire. — Content de vous avoir rencontrée. Et désolé de vous avoir fait perdre votre temps. Tout comme son père avant lui, David Yamada est sorti de l’école d’ingénieurs de Californie. Cela fait quatre ans maintenant qu’il a lancé une affaire de conception et fabrication de kaléidoscopes ultraperfectionnés et hors de prix. Grâce à ses instruments, l’utilisateur peut mélanger plusieurs lumières provenant de sources différentes, créer des formes qui sont reproduites dans des miroirs et qui donnent ainsi naissance à des œuvres picturales.
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Pour une raison inconnue, les clandestins me sourient. Il y en a même qui me saluent d’un geste de la main. Tous portent le même survêtement bon marché avec des rayures le long des jambes. Le brouillard a déjà avalé leur bateau. Il va regagner la haute mer aussi incognito qu’il s’est faufilé dans la baie. Pendant ce temps, les chauffeurs ordonnent aux clandestins de grimper dans les véhicules qui vont partir pour la ville.
Je perds Joël de vue en suivant les clandestins vers les voitures. Puis je l’aperçois enfin en conversation avec un chauffeur. Le jeune type semble mort de trouille. Joël, tenace, ne semble pas décider à le lâcher. C’est bien compréhensible, il tient là une sacrée affaire ! J’ai déjà entendu parler de ces histoires de sans-papiers débarquant de petits bateaux sur les plages du sud de la ville, mais jamais de choses aussi téméraires, organisées à une telle échelle, comme ce bateau chargé de plus de cent personnes s’infiltrant dans la baie de San Francisco, accostant sur une jetée, propriété du gouvernement américain, où l’attend un convoi qui conduira ses passagers à Chinatown… où ils disparaîtront dans les ruelles
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J’ai réussi à redonner vie à des images insensées. Mais maintenant que je les ai décryptées, une question m’obsède : à quoi font-elles référence ? Plus précisément, je voudrais comprendre pourquoi Maddy s’est entêtée à prendre ces photos. Sa détermination l’a obligée à retourner au charbon dans des conditions difficiles, quasiment sans lumière, et à travers une vitre crasseuse. Maddy était une vraie pro, à l’esprit affûté, elle savait très précisément ce qu’elle faisait. Ce qui signifie, en clair, qu’elle était consciente d’obtenir de bien médiocres résultats. « Kay, ton appareil doit te servir à affronter tes propres angoisses ! » avait-elle coutume de me répéter. «  Photographie ce qui te fait peur ! » Et maintenant je me demande quelles étaient ses angoisses. De quoi avait-elle peur pour être contrainte de photographier tout cela ? « La souffrance, Kay, c’est elle que tu dois vénérer. »
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