INSOMNIE
Pareils au ciel
trop jeune encore,
de la gare au champ des framboisiers, vos visages.
Longanimité
du jour qui ne vient pas.
Puis, vous avancez dans l'herbe
abondante et soyeuse.
Ici, il neige
entre les troncs des noyers
à mi-hauteur.
Soulève ta paupière,
cicatrice. Vous
non plus ne dormez pas.
p.21
FIXITÉ DES FRONDAISONS
Des emportements de colère dans le rideau
de branches sous le ciel.
On dirait de joie.
Et le vent s'évanouit : ni joie, ni colère. Nul
n'a jamais hanté ces lieux.
C'était ici pourtant.
Ni colère,
ni joie. Ont disparu.
Ici la lumière
de la troisième cour éclaire
l'accès familier, s'en vient de haut,
de très haut s'en vient.
Quand il fallait, l'herbe a poussé.
p.78
DONNE ET DONNE ENCORE
Verte et noire la mousse
dans la ruelle de terre battue.
Un arbre non loin des volets clos occupe
la moitié du ciel.
De lui compassion et libertés venues.
Une cohérence, un néant
plus loin.
De lui la mort aux couleurs de la vie
depuis toujours venue.
(Civry-sur-Serein)
p.36
PROCHAIN POÈME
Baraque 23
4.
Narcisses en mars non loin
du ruisseau, et la truite sous les racines
des frênes. Mais rien,
rien : aucune nouvelle de toi.
Ô ami,
où es-tu ? – Pourquoi ne dis-tu rien ?
Bleue bourrache la lumière :
sur le sol ne sépare
et dans la boue les noms des mots.
p.31
Neige
SANS TITRE (II)
On n'entend pas,
paraît-il, tomber la neige
au matin
sur le seuil, qui de si loin réfléchit la lumière.
Veut toute
la place en toi ce qui vit.
Veut toute
la place en toi le silence.
Dis,
sans la vie, la mort
peut-elle survivre ?
p.59