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EAN : 9782847618167
80 pages
Al Dante (19/05/2012)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Initialement écrit sur du papier cigarette (comme le raconte Faraj Bayrakdar dans sa préface) alors qu’il avait été enfermé dans les geôles syriennes comme opposant au régime d’Hafez el Hassad, cet ouvrage a été publié une première fois aux éditions Al Dante en 1998, alors que le poète était encore en prison, avec une traduction du poète Abdellatif Laâbi. La nouvelle édition proposée aujourd’hui a été revue par le poète Saïd Nourine en compagnie de l’auteur, aujourd... >Voir plus
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Bleu des profondeurs …



Extrait 5

Au commencement elle était, nous étions elle
e j’étais dans sa lyre une corde
j’ai dit : le fleuve coule
et tu restes sur la berge
Adhère au fleuve et tu verras la tristesse
comme Dieu la voit
Sa mère s’éloigne derrière les fenêtres
arbres découvrant les vents
et s’enfonçant loin
dans la glèbe de l’âme
Son calice, le pardon si possible
et si, possible le déluge
La poésie est son écho
Son calice, que l’intérieur pleuve
jusqu’à réunir sous cette cape
le pécheur et le saint
Si besoin est
le volcan portera un verre pour elle

/Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi
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Bleu des profondeurs …



Extrait 2

Bleu des profondeurs est la tristesse
Profondeur du bleu
Nous n’avons qu’elle
Sommes-nous dans son miroir
ou elle dans le nôtre ?
Cela revient au-même
Le silence de ma femme
est le sel de ma voix
quand elle dit la blessure
et le nom du fleuve
Ses mains sont mes berges
Son silence est un val turquoise
Ma voix me tue quand elle s’y aventure la nuit
et s’en revient martyrisée
ayant vu ce que je ne peux voir
Aube d’une rose
d’oubli blessée
Nous avons la même mère
cette tristesse et moi
Vent après vent
dors
nous déchiffrons le fleuve pour courir
et que courent ses jeunes peupliers après nous
tel un écho de l’appel à la prière
J’ai dit, ô mère
qui d’entre nous est le plus triste
toi, le fleuve ou l’éclair
d’entre mes mains ?
Elle m’a serré contre ses cils mouillés
en murmurant :
Après nous viendront les pigeons
Après nous ?
Au son de ma voix
elle avait retrouvé ses couleurs
Elle a repoussé le lever de la lune
De ses paumes elle a rabattu deux cieux
et a dit : mon fils
la tristesse a inauguré avec nous
ses premiers noms, puis elle s’est répandue
Les déserts ont déversé leurs sables sur le souvenir
Le souvenir a déversé du noir
sur le blanc en dévotion
et du blanc sur le noir courant
Il a entouré de cendres les pierres
depuis les arbres qui inscrivent le poème et l’âge
dans le cahier de la terre
Oui, depuis tant d’exils
entre lesquels l’explication du pays s’est éternisée
depuis un Orient dont le sang fut scindé
pour nous donner la Syrie
C’est pour cela que nous abrégeons
le blé et la sagesse
et remettons en chantier la genèse
pour qu’elle reste en éveil
Quelle âme
flotte cette nuit parmi les voiles
de l’absolu, ou sur ses mâts ?
Les perdreaux ont traversé l’esprit
Dieu passe dans la tristesse
Passent une femme extrême
le silence et le sens
Est passé le voilier
annonciateur du voyage
en un jour pluvieux


/Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi
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Bleu des profondeurs …



Extrait 3

Ô argile
qui recensera mes doutes ?
Les yeux de ma fille
sont la rumeur des youyous
quand le soir arrive
Les psalmodies des nuages
lui font une écharpe
Elle peut réveiller la vue
et les larmes dans les yeux de l’aveugle
Elle a baissé des cils plus appétissants
que le sommeil qui enlève l’oiseau
d’entre ses ailes
le cœur d’entre les mains de ma mère
les chaînes de mes mains
Elle a entrepris un rêve
pour arracher un léger sourire à la tristesse
puis elle a vu une mère
derrière laquelle le passé s’est écroulé
un père que les débris ont du mal à restaurer
Et dans cette nuit
au lieu d’étoiles, lui sont apparues six potences
où se balançaient arbres
chevaux et poèmes
Ô argile, toi seule
débute quand tout s’achève
Nulle échappatoire
de ce que ton esprit submerge
L’amoureux en est transi
De loin, la voix irakienne parvient
triste mélodie que l’ombre déverse
et qui illumine


/Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi
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Bleu des profondeurs …



Extrait 4

Ainsi parla le prisonnier
Ayant remarqué ma distraction, il ajouta :
la tristesse a-t-elle frappé à ta porte ?
Dénoue le nœud gordien qui enserre
la mémoire scintillant comme l’argent
c’est ma tristesse -femme
Que de fois vais-je à elle
Que de fois vient-elle à moi
Sa nuit, les éclairs qui révèlent
les arcanes de la prophétie et que sa pluie
égrène


/Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi
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"...Je remercie ma mère, parce qu'elle m'a appris que la liberté à l'intérieur de nous est plus profonde que les prisons qui nous entourent. C'est la raison pour laquelle la liberté vaincra et que les murs des prisons tomberont.... » Faraj Bayrakdar
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