L'originalité du livre de
François Bayrou tient en une thèse osée à l'époque où l'économisme et la question financières sont au centre de tous les intérêts médiatiques : la crise que traverse la France est d'abord une crise politique et institutionnelle.
L'état des lieux est accablant : la bipolarisation et le système majoritaire ne permettent pas l'éclosion d'idées différentes de celles énoncées par les 2 partis majoritaires et de leurs affidés et affaiblissent le débat d'idées et donc la démocratie.
François Bayrou ne s'attarde pas sur le cumul des mandats, mais on pourrait ajouter à ce noir tableau, le constat effrayant que plus de 75 % de nos parlementaires sont des cumulards, sans parler de la succession de leurs différents mandats.
C'est ce blocage institutionnel et politique qui empêche la prise de décision permettant le sauvetage du pays. Car dans cette logique d'alternance droite-gauche, qui a cumulé lors des cohabitations (1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002), la prise de décision est confisquée et surtout aucune idée originale ne peut venir revivifier le débat national.
La suite est connue : les candidats UMPS tournent en rond dans leurs propositions et aucune solution n'est trouvée pour remettre le pays à flots. Face à leurs échecs successifs, le nombre des électeurs qui ne se reconnaît plus dans les discours de l'UMP et du PS ne fait qu'augmenter. Ainsi en 2012, près de 40 % des votants ne se reconnaissent plus ni dans le PS ni dans l'UMP et pourtant ces 40% ne se traduisent que par une poignée de députés.
La réponse des gouvernants face à ces échecs est une surenchère mensongère. Les candidats promettent mille choses aux citoyens, mais bien vite le réel se rappelle à eux. Tout le système est organisé pour que rien ne puisse changer ...
La solution est donc dans la capacité du pays à changer le système politique afin de retrouver une démocratie vivante, qui s'appuierait sur une séparation des pouvoirs et une non confiscation de celui-ci au profit des mêmes.
François Bayrou en profite pour revenir sur son choix du second tour de l'élection présidentielle de 2012. Face aux discours de division et de haine de
Nicolas Sarkozy, il préféra soutenir
François Hollande, tout en étant conscient que le programme économique du candidat du PS mènerait à la déroute du pays.
Le livre de
François Bayrou, pas toujours bien écrit, a le mérite de continuer à tracer le sillon d'un homme politique indépendant envers et contre tous. Et le mérite de rappeler que depuis plus de 10 ans, l'homme appelle aux rassemblements des centristes, des républicains modérés égarés au PS, à l'UMP et ailleurs.
Espérons seulement que son appel à l'effort national pour sauver le pays finira par être entendu.