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EAN : 9782253001423
380 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.53/5   143 notes
Résumé :
Une fois de plus, au premier mot de réprimande, Bruno s'est enfui dans les rues de Chelles et son père donne aux voisins le spectacle du respectable professeur Daniel Astin s'époumonant à rattraper son fils rebelle. A l'agacement succède la pitié pour ce gamin qu'il sait si mal prendre, de l'aveu de tous et du sien propre. Mais il faut sauver la face, s'exclamer bourru: "Veux-tu faire croire à tout le monde que je n'aime pas mes enfants?" Et Bruno de répondre "Tu m'... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Laissé de côté depuis la "Vipère au poing" de mon adolescence, je retrouve par hasard Hervé Bazin, avec cet "Au nom du fils" (excellent choix de titre), au fond d'un carton de vieux livres à trier.
Et c'est une claque !
Je pense que je découvre ce roman à l'âge idéal (env 40 ans) pour comprendre de l'intérieur cette situation familiale enchevêtrée.
Alors oui, bien sûr, comme mon vieil exemplaire, certains éléments du livre datent un peu, mais après tout je n'ai pas souvent l'occasion de découvrir le quotidien standard des années 50-60. La façon de vivre, le travail, l'éducation des enfants, les us et coutumes des familles, des jeunes, la société française de l'époque en général. Rien que cela vaut le détour, avec un charmant côté désuet.
Par contre, je découvre un Hervé Bazin d'une modernité en ce qui concerne la construction psychologique de ses personnages !!! le narrateur, père qui se questionne beaucoup sur son rôle, sur le ressenti de ses enfants, toujours prêt à l'introspection et la remise en question, me semble très actuel, profond. J'ai été scotchée par les intuitions et remarques que l'auteur met dans sa bouche.
Le fond de l'histoire, la relation d'un père, veuf, avec ses trois enfants, deux aînés jumeaux brillants chacun à leur manière, et le petit dernier, dont il n'est pas certain d'être le père, d'une normalité conformiste qu'il lui faut accepter, finalement ce n'est pas ce qui m'a le plus marquée.
Outre cette construction et analyse psychologique des personnages de haut vol, j'ai aussi particulièrement apprécié l'écriture d'Hervé Bazin. Un sens de la formule, une pudeur dans les mots, un style moderne et percutant, je me suis régalée du début à la fin, en étant même à me relire à haute voix certains passages, pleins de finesse et subtilité langagière, un vrai régal de littérature !
Personnellement, je crois que je vais reprendre les "vieux" classiques pour les redécouvrir avec mon regard d'adulte !
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Roman d'Hervé Bazin. Lettre B de mon Challenge ABC critiques Babelio.

Daniel Astin est veuf et a trois enfants, les jumeaux Michel et Louise et Bruno, le troisième, le dernier, celui dont il n'est pas certain d'être le père. Bruno est un enfant farouche qui prend facilement la fuite. Daniel s'en étonne et s'en agace, ne comprenant pas cette réaction d'animal apeuré : "Est-ce ma faute si cet enfant réagit comme un lièvre et, dès la moindre scène, répond aux reproches avec ses genoux ?" (p. 11) du haut de son enfance maladroite, l'enfant assène à son père une évidence que celui-ci tentera toute sa vie de combattre : "Tu m'aimes, bien sûr, mais tu m'aimes moins." (p. 17) Daniel Astin va se mettre à aimer avec rage et passion ce fils qui n'est peut-être pas de lui. de ce presque inconnu, il fait son propre enfant, son enfant choisi. Mais il lui faut aussi devenir père et éviter les pièges de l'attachement. "En Bruno, j'ai accepté, puis découvert puis exalté un fils. Comment n'ai-je pas vu que, pour qu'il soit mon fils, il faut que je ne lui sois point donné comme barrière, il faut que de l'anormal naisse le normal, qu'il me soit un fils ordinaire." (p. 190 & 191)

Daniel est professeur de lettres dans un collège de la Marne. Veuf, il élève ses enfants avec l'aide de la jeune soeur de sa défunte épouse, Laure, grillon du foyer qui donne à ses neveux tout l'amour d'une mère sans attendre de retour, "Laure, notre perle, Laure, notre merle blanc." (p. 48) Daniel est somme toute dans une situation confortable. Mais il fait difficilement la part entre le père et le professeur. Et il sait encore moins bien disposer de la tendresse que tout père doit à ses enfants. Sans cesse, il les catégorise : "Louise est mon sirop, comme Michel est mon vin d'honneur et Bruno mon vinaigre." (p. 55) Incapable de les aimer d'une même affection, il détaille ce qu'il leur porte et tient des comptes farouches, craignant de léser Bruno.

De l'autre côté de la rue, Laure vit chez sa mère, Mamette, vieille femme prompte au jugement cinglant et qui répète à l'envi ce sarcasme pétri de tendresse : "Quand on m'aura attaché la mentonnière, alors seulement mes agneaux, je cesserai de vous servir vos vérités." (p. 316) Et pourtant, de l'au-delà, Mamette saura assener une dernière vérité, encore plus foudroyante parce que déjà connue : "Elle ne m'apprenait rien, la défunte pythonisse. Elle me laissait deux enfants dont je m'étais mal occupé, un troisième dont je m'étais trop occupé. Et Laure sur les bras, à défaut d'avoir pu la pousser dedans." (p. 319)

Homme à qui le veuvage donne la possibilité de prendre femme, notamment pour élever ses enfants et tenir sa maison (nous sommes dans les années 50/60), il tergiverse et ne sait choisir entre la fidèle et patiente Laure et la pétillante Marie, collègue de travail et premier amour éconduit par sa mère. Mais là encore, Daniel est maladroit, pataud dans ses décisions et ses élans de coeur. Finalement, il sacrifie les femmes à ses enfants et avant tout à Bruno, ce fils dont il veut tant gagner l'affection, afin de se l'attacher plus solidement que par le lien du sang. "J'étais moins délivré d'elle [Marie] que de moi, du souci d'être un homme quand l'avenir devenait celui d'un père." (p. 155)

La narration est assurée par Daniel, à la première personne. Mais Daniel, sans cesse dans la contemplation et la rectification de lui-même, parle parfois de lui à la troisième personne, il se sépare d'un M. Astin trop rigide. Daniel est lucide sur ses travers :"J'ai été longtemps, je le crains, un de ces hommes qui économisent leur chaleur, qui vivent ensevelis dans leurs paupières, sans rien connaître d'autrui ni d'eux-mêmes. Ma profession ne m'avait pas appris la perspicacité ; elle m'avait donné l'habitude des règles, elle m'avait rallongé le sang à l'encre rouge. Ma seule chance aura été d'en tenir le goût des scrupules." (p. 20) le récit de Daniel court sur de nombreuses années et l'on fait à ses côtés le chemin d'un homme vers son âge d'or. À mesure qu'il raconte la vie de ses enfants et la sienne, Daniel se dévoile à lui-même, il ose s'avouer ses sentiments et ses rancoeurs, mais toujours à mots couverts. "Abonné à l'embarras, j'y trouve aussi un bon refuge, de bons prétextes pour n'approcher de moi qu'à tâtons." (p. 65)

Le cheminement de ce père putatif est bouleversant. Pour mieux aimer son vilain petit canard, il en délaisse ses propres enfants. Michel réussit de brillantes études qui le mènent vers une carrière glorieuse. Louise, éblouissante à sa manière, goûte au succès. Ces deux-là n'ont plus vraiment besoin de lui. Pour briller, Bruno n'a besoin que de se frotter à son père qui n'a de cesse de faire reluire l'image de ce fils adoré. Conscient de ses erreurs en tant que père, de ses injustices et de ses excès, Daniel tente des efforts qui ne sont que futiles. Il entoure Bruno d'un amour asphyxiant et dont lui-même étouffe. Une simple vérité pourtant suffirait à l'apaiser : "nul n'est vraiment père que son fils n'a reconnu pour tel." (p. 289) Bruno le reconnaît comme tel. Et pourtant Daniel craint et souffre d'être abandonné quand Bruno, enfin adulte, s'éprend et épouse la douce Odile. Il faudra finalement que Daniel se décide à reprendre sa vie là où il l'avait laissée, qu'il cesse de vouloir accompagner Bruno dans chacun de ses gestes, qu'enfin il libère l'oisillon qu'il avait recueilli.

Quel texte ! L'écriture est puissante, travaillée et propre à susciter l'émotion. La plume d'Hervé Bazin mérite la voix haute, l'articulation sonore pour que claquent les suites de mots et enchaînements superbes que l'auteur sait créer. Bazin est un habile peintre de la nature humaine. le portrait de Laure, vieille fille de 35 ans, patiente, discrète, toute dévouée à son beau-frère et à ses neveux, est achevé dans les moindres détails. Il est impossible de ne pas s'attacher à ce père trop maladroit, trop aimant, trop inquiet. Jamais aigri contre son épouse décédée, il fait de Bruno l'ultime cadeau qu'elle lui aurait laissé. Daniel transcende la fonction de père : pélican moderne, il s'arrache le coeur pour le donner à ce fils qu'il n'aimera jamais assez.

Lien : http://lililectrice.canalblo..
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C'est étrange, j'ai l'impression de lire ce livre avec 60 ans de retard. Actuel au moment de sa parution, je trouve qu'il a terriblement vieilli. C' est idiot puisqu'il s'insère dans son époque et je devrais le prendre comme tel. le décalage des situations, des sentiments, des conventions avec notre société est le témoin de cette évolution.
Paradoxalement, au fur et à mesure de ma lecture, je me suis pris à admirer cette écriture, laquelle sait retransmettre au travers les pensées, le récit d'un père un cheminement que tout homme saura reconnaître. C'est un récit très intelligent dont on ne peut que reconnaître la justesse.
Je ressors donc mitigé de ce livre mais satisfait de la rencontre avec Hervé Bazin.
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Alors qu'il est prisonnier en Allemagne, Daniel Astin apprend que Gisèle, son épouse, attend un troisième enfant. Ainsi arrive Bruno, faisant suite aux jumeaux Michel et Louise. le doute cependant taraude le professeur : ce petit dernier est-il de lui? Son épouse meurt dans un bombardement, il n'aura la réponse que des années plus tard.
Entretemps, il aura dépensé une énergie folle dans la course à l'amour de son fils. Car celui qu'il croyait aimer le moins - et qui était persuadé d'être moins aimé que son frère et sa soeur - est en réalité devenu son préféré, le fils au nom duquel M. Astin renonce au bonheur.

Ciel ! quelle famille ! Ils sont six, donc : le père, les jumeaux, Bruno, puis Laure la belle-soeur et Mamette la belle-mère qui vivent dans la maison d'en face. Une soeur a replacé l'autre dans la gestion du ménage : c'est ainsi Laure qui a élevé les enfants et qui tient la maison de M. Astin. C'est elle aussi que Mamette et les enfants rêvent de le voir épouser en secondes noces. La pauvre Marie Germin en fera les frais, elle que Daniel aima et que sa mère à lui évinça avant de le marier à la volage Gisèle.
Je ne peux pas dire que ce roman m'ait passionnée. Je ne peux dire non plus qu'il m'ait fait horreur. Tout cet amour pour le petit Bruno m'a lassée, à la fin, cette façon qu'a eue Daniel de sacrifier le peu de bonheur qu'il lui était encore possible d'avoir pour contenter ce gosse m'a agacée. Et pourtant... Et pourtant je dois dire que les personnages sont attachants et que le sujet du livre est loin d'être inintéressant. N'ayant pas encore d'enfants, peut-être ne pouvais-je pas tout saisir.
Peu importe. le style d'Hervé Bazin, lui, me plait toujours autant !

Challenge XXème siècle 2020
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Daniel est veuf et il est le père de trois enfants. Il est aidé par l'assistance de sa belle soeur, Laure, et de Mamette sa belle-mère. Il éprouve des difficultés avec Bruno, le cadet, qu'il soupçonne de ne pas être son fils biologique. Cette histoire narre la relation qui va s'instaurer entre eux au fil du temps et l'énergie que va dépenser le père pour ne pas agir différemment avec Bruno jusqu'à l'aimer vraiment plus que les autres et à en faire son protégé. Par la suite, on sait s'il est vraiment son fils ou pas.
Mon avis :
J'ai intégré cette histoire au milieu du livre, j'ai trouvé les 200 premières pages avec trop de descriptions familiales un peu superflues. Puis, j'entame ce qui m'intéresse, qui d'ailleurs est le sujet du livre, la relation entre Daniel, le père et Bruno, le fils cadet. Le papa m'a agacé car il me semble manquer de puissance, d'autorité pour ne pas se confronter à ce fils différent de son frère et de sa soeur. Ce livre ne me marquera pas.
Lu en octobre 2018 - Livre de Poche.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Je pensais : " On ne choisit rien ni personne. On refuse ou on accepte : choix mineur. " Je ne pouvais pas le dire. Il est vrai qu'on ne choisit pas ses parents, qu'on choisit à peine sa femme - offerte par une rencontre -, qu'on choisit rarement ses enfants - la plupart nés d'une précaution mal prise - et encore moins de les faire tels qu'ils sont ; c'est même ce qui rend si compliqués, si bêtes, les problèmes de la famille.
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Il est significatif que le statut de la femme demeure à peu près inchangé là où les religions sont encore très puissantes. Partout ailleurs, il est remis en question. »
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Il y a de fragiles vieilles filles, à utiliser avant le, comme les médicaments. Il y en a d'autres du genre conserve, plus résistantes, mais qui s'aigrissent. Laure était décidément du genre confiture : défendue par cette patience, cette douceur, ce sucre qui va s'épaississant à la surface du pot.
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Votre pauvre Maman qui était si jolie. Votre pauvre Maman qui était si bonne. Votre pauvre Maman... Nous faisons tous chorus dans l'évocation et nos silences mêmes sont des silences chauds. Imposture sacrée. Quel bourreau, du reste, aurait le cœur de donner la rime juste ? Votre pauvre Maman, qui avait un amant... Pour leurs orphelins les mortes ne laissent que des maris chéris; les mortes ne laissent que des portraits parfaits.
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"J'ai été longtemps, je le crains, un de ces hommes qui économisent leur chaleur, qui vivent ensevelis dans leurs paupières, sans rien connaître d'autrui ni d'eux-mêmes. Ma profession ne m'avait pas appris la perspicacité ; elle m'avait donné l'habitude des règles, elle m'avait rallongé le sang à l'encre rouge. Ma seule chance aura été d'en tenir le goût des scrupules." (p. 20)
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Videos de Hervé Bazin (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Bazin
Et si l'amour ne dépendait pas de l'oedipe mais de la relation originelle tissée avec la mère ? Et s'il existait un autre amour délesté de notre histoire ? Traversons les mythes et les périodes grecque et romaine. Allons à la rencontre de l'amour dans l'art avec Camille Claudel et Auguste Rodin. Quel est l'avenir amoureux des Hommes qui n'ont pas eu de terre maternelle pour apprendre à aimer ? Nous interrogerons la biographie d'Hervé Bazin et celle d'Honoré de Balzac à la recherche d'une relation maternelle déterminante pour leur vie d'homme. Nous ferons un détour du côté de différentes correspondances pour y interroger le trio amoureux. Puis nous rejoindrons Jacques Lacan sur les îles Borromées. Ensuite viendra la question de l'amour virtuel à travers le cinéma et les sites de rencontre. Mais peut-on enfermer l'amour dans une théorie?
Voir le livre : https://cutt.ly/rLxd6wi
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Véronique Marchiset est psychologue clinicienne et psychanalyste.
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