C'est sans doute en Italie que Géricault inaugure une façon de dessiner à la plume en «manière de gravure», au moyen de hachures entrecroisées devenant courbes dans les rondeurs, qu'il a employée plusieurs fois pour modeler une forme nue. Ce procédé a été mis au point par Diirer, qui était avant tout un graveur. Un dessin comme le Portrait de femme du Musée Vivenel,
Regrouper l'oeuvre de Géricault, pour plus qu'aucun autre peintre, est une entreprise aventureuse, en raison notamment du caractère flottant de la chronologie de ses tableaux. En réalité, on ne connaît que trois tableaux dont les dates soient absolument sûres, ses trois envois au Salon. En général, les divers auteurs qui ont écrit sur notre artiste ont adopté sans discussion la chronologie proposée par Clément. Celle-ci, cependant, doit être soumise à un examen critique. N'oublions pas que Clément travaillait avec les moyens de son temps, c'est-à-dire sans photographies, n'ayant pour fixer sa mémoire que les lithographies originales et quelques rares reproductions en lithographie ou, pour des dessins, en facsimilé. Il devait donc se fier à ses souvenirs, quand il avait vu les œuvres; mais un assez
grand nombre de pièces ont été incluses dans son catalogue sur rapport de Montfort, Lehoux, Dedreux-Dorcy ou quelque autre, sans qu'il ait pu les voir.
Le crayon ou la plume à la main, Géricault passe littéralement du coq à l'âne, mais surtout il se montre obsédé par le cheval. Il distribue partout des croquis de ses membres, de sa tête ou de son corps entier; la présence de quelque élément hippique sur une feuille, où il n'a rien à voir, vaut souvent une signature.
Germain Bazin L'époque impressionniste.