AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dorian_Brumerive


« La Terre Qui Meurt » est indéniablement un chef d'oeuvre, d'abord de par une intrigue quasiment shakespearienne, d'un académisme flamboyant, qui se trouve transposée avec un étonnant réalisme dans un terroir vendéen. Les personnages y sont forts, intenses, crédibles, et nous parlent encore bien des années plus tard.
C'est aussi le récit d'une terre qui meurt de sa belle mort, à l'image de Mathurin, l'enfant du terroir aussi handicapé que sa ruralité d'un autre âge, qui meurt d'avoir couru après un rêve impossible. Bazin célèbre la paysannerie, mais ne s'illusionne pas sur la fin effective d'une certaine ruralité française somme tout assez égoïste, très centrée sur elle-même et trop préoccupée de son image et de sa postérité. On se serait attendu à une oeuvre plus militante, mais il faut croire que le maréchal Pétain lui-même n'a rien compris à ce livre. En effet, il n'est pas question ici d'un retour à la terre, mais du désespoir d'en vivre et de la difficulté même d'y survivre. René Bazin ne juge pas ses personnages, auxquels il trouve à tous d'assez tendres circonstances atténuantes. Il se contente de faire le constat d'un monde en mutation, tout en attribuant la principale responsabilité de cette mutation à la terre elle-même, à laquelle on a peut-être trop demandé et trop longtemps.
Au-delà de sa narration, « La Terre Qui Meurt » est surtout une merveilleuse évocation d'une paysannerie aujourd'hui révolue, qui vivait en autarcie fusionnelle avec la nature. René Bazin déploie d'ailleurs sa plus belle plume pour décrire la nature environnante, dans ce qu'elle a de plus magnifique. Ce roman n'est pas seulement une histoire, c'est aussi une peinture, celle d'un village, d'une ferme, d'une région que l'auteur décrit avec joliesse et poésie.
Avec le temps « La Terre Qui Meurt » est devenu un roman emblématique de la Vendée, ce qui lui a plutôt nui qu'autre chose, car le roman ne porte pas forcément les valeurs de son auteur ou de cette région. L'action ou les personnages auraient pu être transposés dans n'importe quelle autre campagne rurale de France. le roman plaide même pour l'acceptation soumise à ce que les générations se succèdent sans forcément se ressembler. Ni progressiste ni réactionnaire militant, ce roman ne se veut rien d'autre que le constat d'un inéluctable changement d'époque, et des extrêmes difficultés de ceux qui le traversent, tant les vieillards qui s'accrochent à leurs valeurs traditionnelles que les jeunes gens qui aspirent à d'autres modes de vie. Sur ce plan-là, c'est un roman universel, sans réel message politique, âpre et réaliste comme la vie rurale elle-même, parfois nostalgique et attendri comme nous le sommes tous un peu…
Lien : https://mortefontaine.wordpr..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}