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Citations sur Le blé qui lève (14)

Il était nivernais, du pays où les volontés sont fortes, violentes même, mais où le visage est froid et la langue souvent muette
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Ce fut un dur labour, loin, du côté du courant de Quarouble, qu’on pouvait reconnaître à quelques saules nains et à des herbes, seul vert avec celui des choux, dans l’espace que blondissaient à l’infini les chaumes des avoines et des blés. Vaste plaine qui avait désappris l’ombre ! La terre, sèche depuis des mois, ne s’émiettait pas sous le soc ; elle venait en mottes
longues comme des poutres, elle se couchait en travers de la charrue, elle laissait échapper des cris, de la poussière, une fumée âcre, et les mulots et les insectes, n’ayant pu creuser assez avant leur repaire, coulaient sur les sabots de l’homme avec les racines éventrées du froment.
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Le soleil déclinait. Le vent d’est mouillait la crête des mottes, activait la moisissure des feuilles tombées, et couvrait les troncs d’arbres, les baliveaux, les herbes sans jeunesse et molles depuis l’automne, d’un vernis résistant comme celui que les marées soufflent sur les falaises.

La mer était loin cependant, et le vent venait d’ailleurs. Il avait traversé les forêts du Morvan, pays de fontaines où il s’était trempé, celles de Montsauche et de Montreuillon, plus près encore celle de Blin ; il courait vers d’autres massifs de l’immense réserve qu’est la Nièvre, vers la grande forêt de Tronçay, les bois de Crux-la-Ville et ceux de Saint-Franchy.

L’atmosphère semblait pure, mais dans tous les lointains, au-dessus des taillis, à la lisière des coupes, dans le creux des sentiers, quelque chose de bleu dormait, comme une fumée.
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Je n’injurie personne ; mon cœur n’a point changé en mal, au contraire ; mais j’ai reconnu que nous n’avions pas la vie, et je suis revenu pour vous dire où elle
est. Je vous le dirai une fois, deux fois, dix fois, tant que je serai du monde. Personne ne m’en empêchera ! Je veux rester avec vous. La justice que j’ai voulue, je la veux toujours, mais je sais à présent qu’elle est plus belle que je ne croyais.
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La marche des bûcherons

Le soleil déclinait. Le vent d’est mouillait la crête des mottes, activait la moisissure des feuilles tombées, et couvrait les troncs d’arbres, les baliveaux, les herbes sans jeunesse et molles depuis l’automne, d’un vernis résistant comme celui que les marées soufflent sur les falaises. La mer était loin cependant, et le vent venait
d’ailleurs. Il avait traversé les forêts du Morvan, pays de fontaines où il s’était trempé, celles de Montsauche et de Montreuillon, plus près encore celle de Blin ; il courait vers d’autres massifs de l’immense réserve qu’est la Nièvre, vers la grande forêt de Tronçay, les bois de Crux-la-Ville et ceux de Saint-Franchy. L’atmosphère semblait
pure, mais dans tous les lointains, au-dessus des taillis, à la lisière des coupes, dans le creux des sentiers, quelque chose de bleu dormait, comme
une fumée.
– Tu es sûr, Renard, que le chêne a cent soixante ans ?
– Oui, monsieur le comte, il porte même son âge écrit sur son corps : voilà les huit traits rouges ; je les ai faits moi-même, au moment du balivage.
– Eh ! oui, tu l’as sauvé, et maintenant on veut que je le condamne à mort ! Non, Renard, je ne peux pas ! Cent soixante ans ! Il a vu cinq générations de Meximieu...
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Cinquante années de misère l'avaient émacié, mais les traits étaient demeurés droits et fins.
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« En vérité, ils pouvaient se passer de moi ! Ils n’ont donc jamais souffert, ces gens là ! »
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Des mots qu'on avait point entendu depuis un siècle montaient sous les taillis ou entre les haies. Quelques très vieux arbres avaient frémi, jadis, au passage de mots semblables. On disait : « Les intérêts communs des ouvriers... plus d'isolement... les individus sont faibles;... groupons-nous pour soutenir nos droits; … formons une caisse, nous abandonnerons chacun une part de nos salaires. » On disait : « L'avenir est au peuple. La démocratie va créer un monde nouveau... Le droit au pain, le droit à la retraite, le droit de partager... 
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Les semaines les plus sombres de l’année étaient venues. Tout le jour et toute la nuit, les nuages de grande pluie passaient, se succédant presque sans intervalle. La mer avait mis en eux la vie et la nourriture pour des milliards d’épis, et de fleurs, et d’arbres, et d’hommes, pour plus de plantes et d’êtres vivants qu’il n’y en avait sur la terre. Elle avait commandé au vent : « Distribue les forces, et ce qu’il y a de trop reviendra dans l’abîme pour en sortir de nouveau ». Et le vent mouillait les pays du Nord.
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Bientôt les pluies commencèrent à tomber. Les grands labours, pendant des semaines, occupèrent et lassèrent les hommes, les chevaux, les boeufs. Le jour se leva plus tard et s’abîma plus vite dans des brouillards qui se tenaient, tout l’après-midi, roulés à petite distance des champs où l’on travaillait, et qui déferlaient, dès que le soleil faiblissait. Puis l’époque vint de récolter les betteraves. Dans les terres détrempées, Gilbert et ses camarades conduisaient maintenant les chariots à quatre roues, remplis de betteraves, jusqu’à la sucrerie d’Onnaing. Les six boeufs nivernais n’étaient pas de trop pour arracher la voiture aux ornières que l’énorme poids creusait sous le cercle de fer des roues. Il fallait s’arrêter pour faire souffler les bêtes.
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