Les Romains seraient bien surpris de la fascination que Pompéi exerce sur nous. Après tout, elle n'était, ainsi qu'Herculanum avec qui elle partage le même sort, qu'une quelconque petite cité de province comme il y en avait tant dans leur vaste empire.
C'est dire le degré de raffinement inouï atteint par la civilisation romaine!
Dans ce livre riche en illustrations,
Mary Beard ne s'attarde pas sur la catastrophe de l'éruption du Vésuve. Tout juste se saisit elle de l'occasion pour rétablir les faits. Certes les Romains n'avaient aucune notion de vulcanologie, mais les signes avant-coureurs du désastre avaient tout de même incité nombre d'habitants à quitter les lieux par précaution, bien avant le jour funeste. La plupart des habitants de Pompéi ont donc eu la vie sauve , comme l'atteste l'archéologie lorsqu'elle se penche sur les sépultures. Notre goût malsain pour le morbide et l'effroyable nous tourne obsessionnellement vers les moulages des corps des victimes jusqu'à en oublier les survivants, majoritaires. Les premières pages rectifient avec pertinence cette erreur d'appréciation.
Mais ce qui intéresse
Mary Beard, c'est de restituer avec toute la passion qu'on lui connaît (cf. ses vidéos didactiques sir YouTube), la vie quotidienne dans la petite cité prospère. Cette plongée dans le temps est une réussite. On se rend compte avec ce livre bien fait, pour reprendre l'heureuse formule de
Pierre Renucci, "à quel point les Romains étaient en avance sur leur temps, à moins que nous ne soyons incroyablement restés romains"!