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Ce livre du professeur Mary Beard est à bien des égards un réussite, mais c'est également quelque peu original parce qu'il couvre l'histoire de Rome, mais seulement son premier millénaire. La période commence par sa base, traditionnellement réglée à 753 avant J.C, et elle s'arrête en l'an 212, lors de l'édit de Caracalla qui étendit la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'Empire romain.

L'événement était en effet capital, comme correctement souligné par l'auteur, mais c'était en grande partie en raison de ses conséquences car la citoyenneté romaine allait changer du tout au tout.

Il peut sembler étrange de publier un livre sur l'histoire de Rome et s'arrêter en l'An 212, sachant que l'Empire Romain a continué pendant plus de 2 siècles et demi. C'est sur ce point qu'il est important de comprendre le titre du livre, sa signification, et les intentions de l'auteur.

SPQR est l'acronyme du sénat et des habitants de Rome. La signification se rapporte à une période où le sénat et les personnes ont exercé la puissance suprême dans la ville de Rome dans un premier temps, pour devenir ensuite la capitale de l'Italie, et aller jusqu'a être la capitale d'un empire.

Cependant, ce livre aborde plutôt le sujet de l'identité romaine et, avec beaucoup de précisions, de ce qu'a signifié être un citoyen romain. L'auteure ne manque pas de souligner la formation et l'expansion de l'identité romaine ainsi que les conséquences sur la citoyenneté romaine. Mary Bard tient le premier rôle en examinant, en expliquant et en démystifiant les mythes de fondation de Rome, qui semblent avoir été élaboré dès le 1er siècle avant J.C. Elle analyse également des mythes de fondation romains plus récents, tels que la soi-disant bataille décisive d'Actium, et la propagande d'Augustus. Elle explique également comment les régimes et les sociétés romaines étaient vraiment – la soi-disant République commencée en tant qu'une oligarchie avec des sénateurs romains qui choisissaient, parfois, de devenir des « populares », comme le faisait par exemple César.

Pour conclure, c'est un livre remarquablement bien écrit dans un style très accessible qui veux sans nul doute viser un large public. C'est également un livre qui contient de nombreuses illustrations soigneusement choisies qui attisent la curiosité et l'intérêt du lecteur, tel que la fausse représentation de la célèbre fresque de Cicero devant le sénat pendant lequel il a confondu Catilina. Également incluses, cinq excellentes cartes de Rome et de ses environs, y compris son empire.

En conclusion, je dirais que ce livre surprend par la thématique abordée, je en m'attendais pas du tout à cela, mais j'ai vraiment adoré cette lecture. Certains lecteurs ne seront sans doute pas du même avis, car l'auteure part de son point de vue et mets l'accent sur une époque bien précise, mais personnellement, cela ne m'a pas dérangé et j'ai appris beaucoup de choses.

Une fois encore, un grand Merci à Babelio pour nous proposer des lectures très variées, qui nous permettent de prendre des risques et de découvrir de belles oeuvres.
Merci également aux éditions Perrin de fournir un si bel ouvrage, car l'édition est vraiment impeccable que ce soit au niveau de la couverture ou la qualité du papier. Pas de coquilles ni d'encre qui bave, et malgré l'épaisseur du livre, la reliure n'a pas souffert et était très agréable en main.

Une lecture parfaite !
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Un livre d'histoire qui se lit comme un roman. Mary Beard réussit le tour de force de nous plonger dans un millénaire d'histoire romaine et de nous rendre cette époque, ce peuple, ces événements, totalement modernes.
543 pages divisées en 12 chapitres dont la majorité sont consacrés à la Rome archaïque et républicaine. Mary Beard est plus intéressée par l'évolution de la petite cité en Empire que par la gestion de ce même empire.
Mais son histoire ne se contente pas de raconter les évènements qui ont fait Rome, ses guerres et ses grands personnages, mais ce qui rend réellement son ouvrage passionnant ce sont ces études économiques, commerciales, sociétales, culturelles, religieuses, etc. Et on s'aperçoit que la civilisation romaine est extraordinairement proche de la notre dans sa mentalité, dans sa politique, dans sa diplomatie, dans sa répartition des richesses, dans ses interrogations … Mary Beard fait de subtils parallèles avec notre époque. Elle met particulièrement l'accent sur les conflits entre riches et pauvres et sur les réformes proposées (par les Gracques, notamment) et sur la résistance des possédants à tous ce qui remettrait en cause leur position sociale. Sur cette notion de liberté qui n'est brandit que par les riches qui veulent sauver leur liberté de posséder (les terres, le pouvoir, les richesses) et qui manipulent les foules en ce sens. Sur l'impérialisme romain qui sert souvent les intérêts de la classe dirigeante pour obtenir et asseoir leur pouvoir.
La question du mariage, de la naissance, de la mort, de l'esclavage sont abordés avec une hauteur de vie qui profite aux néophytes de l'histoire romaine. Les clichés sont étudiés et les découvertes de l'archéologie permettent souvent de nuancer les les propos définitifs de Cicéron ou de Salluste.
Mary Beard retrace avec beaucoup d'humour et un style (et une traduction remarquable) d'une grande simplicité et d'une fluidité extraordinaire, l'histoire de cet empire mainte fois fantasmé dans les films, romans et séries.
Si vous voulez connaître l'enfance de note civilisation occidentale (les racines et la naissance se situant un peu plus à l'est, en Grèce et en Mésopotamie), si vous voulez lire un essai facile d'accès, passionnant, sérieux dans son propos, écho de notre propre monde, avec une plume de qualité et un humour salvateur, n'hésitez pas. Ce livre est pour vous !
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Mary Beard se lance dans l'exercice difficile d'une énième Histoire de Rome, avec son SPQR publié aux éditions Perrin.
C'est plutôt réussi.
Borné à l'assassinat de Cicéron jusqu'aux bains de Caracalla, ce pavé dans la mare romaine de 545 pages est bien écrit et accessible.
L'auteure a pris le parti de désacraliser l'histoire de l'Urbs en remettant les pieds sur terre de tous ces historiens à l'imagination flamboyante. Et oui, nous ne savons encore que peu de choses de l'histoire des empereurs des deux premiers siècles de notre ère, et surtout nous ne connaissons que le point de vue si cher à César, celui des vainqueurs.
C'est richement illustré, tant par l'iconographie que par les exemples. C'est fluide, c'est clair et c'est surtout bien amené. On a un peu peur au début, et on se demande où on va mais au fil des pages l'histoire prend sens et c'est un véritable plaisir que de relire les aventures de cette bourgade italienne devenu centre du monde.
A lire !
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Voici une histoire de la Rome antique de haute volée. Mary Beard s'intéresse à Rome de sa naissance vers le VIIIe siècle avant J.-C. à l'an 212, date à laquelle l'empereur Caracalla décréta que "tout habitant libre de l'empire serait un citoyen romain à part entière". le choix de l'auteure exclut donc la période allant de l'avènement du christianisme à Rome au déclin et à la fin de l'empire.
Sans entrer dans le détail des événements, sauf pour illustrer son propos, c'est les grandes évolutions et les tendances profondes qui sont donc ici étudiées, le coeur du sujet étant l'identité romaine et la question « qu'est-ce qu'être romain ? ». Sont particulièrement étudiés les rapports sociaux entre maîtres et esclaves ainsi qu'entre riches et pauvres, la place de l'institution militaire, le rôle du sénat et son comportement face aux empereurs autocrates.
On trouvera ici autant de plaisir de lecture que dans les romans situés dans l'antiquité. L'un et les autres se complètent.
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Pourquoi lire aujourd'hui une histoire de l'empire romain ? Mes six années d'apprentissage du Latin entre 1957 et 1963 ne m'ont sans doute pas laissé de profonds souvenirs …
J'avais toutefois encore en mémoire des noms de personnages : l'étude laborieuse de Virgile et son Eneïde avec son héros fuyant Troie avec son père sur le dos et son jeune fils, le combat fraticide entre Romulus et Remus, les laborieuses (pour moi) traductions des plaidoiries de Cicéron, les récits autobiographiques de la Guerre des Gaules par César, l'homme « nouveau » Marius, Catilina, Jugurtha, les guerres à répétition contre Carthage « Catago delenda est » … et le divin Auguste, le premier empereur. Tout ça bien confus dans ma mémoire qui flanche et l'envie de remettre toutes ces notions dans l'ordre.

D'un abord facile, riche de références contemporaines que chacun peut comprendre, Mary Beard livre ici un récit passionnant sur le berceau de la civilisation occidentale. Un démenti méticuleux à l'image rêvée de la Rome républicaine aux institutions modèles.

L'éditeur présente ainsi ce document passionnant : « Comment ce qui n'était qu'un village insignifiant dans le centre de l'Italie est-il devenu le siège d'un empire dominant la Méditerranée ? Mary Beard raconte dans cet ouvrage majeur l'émergence puis la chute d'une culture sans précédent, qui a façonné nombre de nos concepts fondamentaux sur le pouvoir, la citoyenneté, la guerre, la violence politique, l'empire, le luxe ou la beauté.
Du mythe fondateur de Romulus et Remus (VIIIe siècle av. J.-C.), à l'édit de l'empereur Caracalla offrant la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'empire (IIIe siècle), Mary Beard retrace toute l'histoire de l'Urbs.»

Mary Beard place la charnière de la période aux ides de mars (44 avant J-C), jour de l'assassinat de César par Brutus, un homme à l'époque enfoncé jusqu'au cou dans les dettes et pratiquant l'usure au taux de 48% !
En réalité, l'expansion de l'empire fait exploser les institutions politiques conçues à une échelle relativement modeste et qui n'a pas évolué depuis le IVè siècle avant J-C, déjà mal adaptées au gouvernement de la péninsule italienne.

Au premier siècle avant J-C, Rome est devenue une métropole abritant un million d'habitants, où la faim, l'exploitation et les graves disparités de fortune servent de catalyseur aux protestations, aux émeutes et aux crimes.

Cette démocratie était essentiellement fondée sur la fortune.
Un dernier siècle qui fut florissant pour les arts, la poésie, la théorie, les inventions, où l'Etat avait pour mission de s'assurer que les citoyens avaient de quoi se nourrir, une ère féconde dans l'analyse et l'innovation politique, celle des réformes conduites par Caïus Gracchus (122 av. JC) avec distribution de terres aux paysans pauvres.

Le talent de l'historienne britannique « soulève le capot » de certains événements devenus mythiques. Elle explique le contexte, l'ambiance, le paysage politique, la situation économique et sociale en fonction d'éléments issus des plus récentes découvertes archéologiques.

On comprend ainsi que la question qui fait tomber la République est son système de gouvernance et la limitation dans le temps des pouvoirs (2 Consuls élus pour 1 an …) : une incapacité à traiter les problèmes administratifs.

César et Pompée, à la tête de leurs armées quasiment privées, défient les institutions encore plus fort que Sylla ou Marius. Si on considère aussi la vulnérabilité du Sénat face à la corruption, la domination des réseaux d'influence … l'autocratie devient la seule solution, avec la manière dont Auguste parvînt à établir le pouvoir personnel en tant qu'institution permanente.

Pour les deux siècles suivants, 14 empereurs établissent une forme de stabilité politique, malgré de nombreux assassinats. Et qui vont se confronter à l'émergence d'une secte qui refuse d'honorer les dieux romains : les chrétiens. Une leçon de politique, terriblement contemporaine, et qui donne à réfléchir …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Ouvrage très intéressant et très étayé qui rebrosse tout un millénaire de l'empire en vulgarisant l'histoire romaine. Pas si vulgarisé pour une néophyte comme moi, je ne sais pas ce que j'en retiendrai réellement. Mais c'est fouillé, justifié, dense et assez exhaustif. L'auteur aborde tous les pans de la civilisation. Elle a lu les auteurs latins dans le texte et sait choisir des extraits pour nous cultiver et nous expliquer Rome.
Certainement à lire quand on s'intéresse à l'antiquité romaine.
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Un bel exemple du travail d'un historien, et des hypothèses que rendent obligatoires la discontinuité et l'inéluctable partialité des vestiges fragmentaires qui nous restent d'une époque si lointaine. Et malgré cela, l'auteur parvient à nous rendre vivant ce monde ancien. Pas seulement par les faits d'armes de ses généraux ou les exploits de ses dirigeants, mais aussi en s'efforçant d'approcher la vie quotidienne du peuple ordinaire. Une approche très agréable et d'une lecture facile qui change des livres de style plus scolaire.
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SPQR : Billet du 19 novembre 2017

Chers Babéliens

Vous connaissez cet aphorisme que l’on trouve dans les pages roses du Larousse : Doctus cum libro. Aphorisme dépréciatif autant qu’ironique. Aujourd’hui, si je devais faire du latin de cuisine (je ne suis pas latiniste et je ne demande qu’à être corrigé), je me mettrais au goût du jour et je dirai : doctus cum «Internet ». Comment traduire Internet en latin, à moins de considérer que c'est déjà du latin ?

Tout cela pour indiquer que si l’on peut se moquer de celui qui « fait son savant » avec les livres des autres, il est devenu plus facile, désormais, de se prétendre cultivé avec Internet. Mais, comment faire autrement ?

Ce que nous savons, nous l’apprenons dans les livres, ailleurs, par nos expériences et, de nos jours sur Internet. Ainsi, nous avons beaucoup appris par des livres écrits par ceux qui, eux-mêmes, ont puisé dans les recherches que leurs prédécesseurs et leurs contemporains ont fixées, à leur tour, dans les livres, et ainsi de suite. Ecrits que l’on retrouve souvent sur Internet

Peut-être est-ce un appel à la modestie qui doit servir d’écrin à un savoir généralement approximatif, incomplet, quand on a acquis une petite culture, une connaissance modeste, dans un domaine qui n’est pas sa spécialité. Bref, l’humilité sied à la connaissance acquise notamment, par la lecture, par la curiosité intellectuelle. J’y souscris totalement.

Pourquoi ce préambule ? Parce que je viens d’achever le très beau livre d’histoire sur la Rome antique de Mary Beard, qui m’a fait faire des découvertes formidables, et me permet de considérer cette histoire romaine avec un regard neuf. Je suis comme tout le monde, l’empire romain ne m’était pas totalement inconnu. Mais avec ce livre, je m’aperçois que je n’en savais rien, en définitive.

Babelio incite les Babéliens à citer des passages qu’ils ont particulièrement remarqués de leur lecture. Il leur suggère aussi des critiques ; ce commentaire sur un livre que l’on a apprécié (ou pas du tout apprécié) constitue un exercice remarquable et plutôt difficile, si l’on ne souhaite pas se contenter du : « Une chronique magistrale » de The Economist, à propos du livre de Mary Beard, sans que l’on ait d’ailleurs la garantie que cette exclamation prouve que son auteur a lu le livre.

Cet exercice est intéressant en ce qu’il implique une réflexion sur ce que l’on pourrait dire d’un très bon livre, et qui présenterait quelque originalité tant dans la forme que sur le fond. En effet, après la lecture des 544 pages de ce livre, je puis, à mon tour, déclarer que j’ai trouvé SPQR, FORMIDABLE !

Cependant, cela me paraît un peu court pour inciter les Babéliens à le lire, à leur tour. Alors, que faire ? Je me suis rendu sur Intenet (Doctus cum rete « Internet »), pour faire un peu connaissance avec l’auteure.

Où l’on apprend que Winifred Mary Beard, est née le 1ᵉʳ janvier 1955, est une universitaire et une érudite britannique, qu’elle a acquis des idées féministes dans sa jeunesse, idées qu’elle a conservées (les grandes intellectuelles finissent presque toujours par être féministes), qu’elle aime et pratique l’archéologie (ce qui est manifeste dans son livre), qu’elle a reçu un prix important pour son œuvre, qu’elle est très connue Outre-Manche, qu’elle anime des émissions pour la BBC, et possède par-dessus-tout, le franc parler d’une grande intellectuelle qui ne s’en laisse pas conter (cela se remarque aussi dans son écriture).

Je voulais donc connaître un peu mieux cette historienne, et Internet m’a facilité le travail. Pour son SPQR, c’est une autre paire de manche, comment parler de tant de richesse et d’érudition avec un petit peu d’intelligence, en tout cas sans paraître mièvre, plat, etc. ?

ET BIEN C’EST SIMPLE, JE N’EN PARLERAI PAS !

Je ne parlerai pas de ces mythes des origines de la Rome archaïque, chantés sur le tard, par un Virgile courtisan et qui déboucha sur la royauté, dont un Tarquin de sang royal, précipita la chute, par le viol de Lucrèce,

- Ni de la République corrompue par un Sénat rendu impuissant face aux généraux romains ;

- Ni de celui qui, en franchissant le Rubicon (petite rivière ridicule, devenue symbole de toutes les audaces), ne prit point de titre usé, mais fit de son nom un titre supérieur à celui des rois (Chateaubriand) ;

- Ni du premier véritable empereur, Pompée, qui se faisait appeler Magnus, comme Alexandre, sans en avoir l’envergure, et qui précédera César chez Pluton, selon la méthode désormais éprouvée à Rome, de l’assassinat politique ;

- Pas davantage, du premier qui régna plus de 40 ans, le dénommé Octavien dit Auguste, dont notre calendrier garde la mémoire dans la plus grande indifférence des aoûtiens fréquentant nos plages du nord ou du sud de la France ;

- Encore moins des 14 empereurs qui offrirent deux siècles de stabilité à l’empire, ni de Cicéron, ni de Pline, ni de Suétone, ni de tous ces noms célèbres de cette histoire, dont nous avons, au moins, une fois entendu parler.

Par contre, comme moi, vous ne connaissez pas Caius Pupius Amicus, que la fière épitaphe décrit comme purpurianus (teinturier), ni Vergilius Eurysaces, entrepreneur boulanger et fier de l’être comme l’indique son tombeau de 10 mètres de haut ! Encore moins l’obscure Ménophilos, musicien venu d’une lointaine contrée d’Asie pour mourir à Rome en laissant cette épitaphe émouvante : « Je n’a jamais prononcé de paroles offensantes, et j’étais un ami des Muses. ».

Et puis, il y a cette héroïne celte, bien connue des Britanniques, sorte de Jeanne d’Arc, avant l’heure, ou d’Astérix en robe – c’est comme vous voulez-, la « Reine » Boadicée qui mena la vie dure aux garnisons romaines de la Bretagne et dont les statues figurent en bonne place à Londres et aux Pays de Galles.

Bien mieux, je croyais les graffitis « modernes » ; voilà que Mary Beard, nous présente la « culture des bars » (ou tavernes), très nombreux à Rome, faite, notamment, de la passion du jeu de dés contre sesterces sonnants et trébuchants, de graffitis qui valent bien ceux que nous trouvons dans les toilettes publiques de nos jours, comme ce « J’ai baisé la patronne » figurant sur un panneau de bar, ou bien encore des dessins de sexe explicite.

On trouve aussi, des graffitis d’Ostie, par exemple, qui détournent avec humour et impertinence les premiers mots d’une œuvre littéraire archiconnue à l’époque : « Je chante les combats et ce héros qui le premier, etc. », qui devient, sous un dessin de façade d’une blanchisserie : « Je chante les fouleurs et leur hibou et non les combats et l’homme. ».

Il y en a beaucoup d’autres ; et si la grande Histoire n’a pas retenu leurs noms, si aucun professeur ne vous en a jamais parlé, si la vie quotidienne dans l’empire est passée sous silence au profit des portraits des grands personnages, Mary Beard, rétablit les choses et nous rappelle que des millions d’anonymes, pauvres ou riches ont, certes, laissé peu de traces dans l’Histoire (surtout les pauvres), mais que les quelques unes que l’archéologie exhume, affûtent le regard de l’historien, améliore sa compréhension et la nôtre de ce monde qui a enfanté l’Occident.

Une chronique magistrale ! selon The Economist, j'aurai tenté de vous expliquer pourquoi … Pat


Première critique alors que la lecture était en cour... (que je ne renie pas)

Un livre d'histoire, un livre d'érudition qui se lit comme un roman ; une grande historienne qui sait raconter l'Histoire et passionner son lecteur.

Où l'on apprend, comment le verbe de Cicéron détruisit Catilina ;

comment, le début de son discours (à charge) a traversé l'Histoire et que les contestataires de tout pays n'hésitent pas à reprendre à leur compte.

Ainsi, ce célèbre "Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? ", "plane encore sur la réthorique protestataire du XXIème siècle". Même François Hollande en a fait les frais : "Quo usque tandem abutere, François Hollande, patientia nostra ? "

Lecture à suivre donc...Pat

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Ce livre retrace l'histoire de Rome de sa création (le 21 avril 753, 3e année du 6e cycle des Jeux olympiques) à l'édit de de Caracalla en 212 qui accordait la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'empire. Cette somme est très lisible et pédagogique, elle m'a permis de mieux comprendre le déroulé des événements, surtout la période des guerres civiles.
Surtout, j'ai apprécié que l'auteur donne très souvent le contexte de tel ou tel point et apporte ainsi un éclairage différent des légendes apprises au collège ou transmises par les auteurs classiques. Cet ouvrage analyse aussi les sources historiques par rapport au rôle politique des auteurs ou de leur période car ce sont souvent les vainqueurs qui écrivent l'histoire. Ainsi Octave, futur Auguste, est présenté comme le défenseur des vénérables traditions romaines contre la décadence et les excès orientaux de Pompée et Cléopâtre ; et on peut s'interroger sur le meurtre de l'empereur Caligula : fut-il assassiné par qu'il était un monstre ou a-t-on fait de lui un monstre justement parce qu'on l'avait assassiné ?

Le livre débute par la conjuration de Catilina racontée par Cicéron, et cet événement nous permet de remonter l'histoire de Rome. On s'aperçoit aussi que bien des thématiques qui font débat de nos jours ont été d'actualité à l'époque romaine :
« La ferme réaction de Cicéron -débouchant sur des exécutions sommaires- illustre dans sa forme la plus brutale une problématique qui continue, encore aujourd'hui, de nous troubler. Est-il légitime d'éliminer des « terroristes » en s'affranchissant du cadre légal ? Jusqu'où peut-on aller dans le sacrifice des libertés publiques au nom de la sécurité nationale ? Les Romains ne cessèrent jamais de débattre sur la « conjuration de Catilina », ainsi qu'ils finirent par la nommer. Catilina est-il un personnage totalement nuisible, ou bien y a-t-il quelque chose à dire pour sa défense ? À quel prix une révolution fut-elle écartée ? Les événements de l'an 63 et les slogans qui furent créés à cette occasion n'ont jamais cessé de résonner au cours de l'histoire occidentale. »

Le récit des origines, comme dans d'autres cultures, a été inventé pour justifier une situation contemporaine, et cette fabrique de légendes a continué avec l'empire pour justifier la légitimité des gouvernants. L'histoire de Rome commence par un crime fratricide, par des violences dignes des pires racailles (l'enlèvement, et sans doute le viol, des Sabines) et les guerres incessantes entre différentes tribus. Mary Beard explique que Rome qui projetait dans la figure de son fondateur les obsessions que lui causent l'apparent cycle interminable de conflit civil qu'elle vivait : « Les Romains ne reçurent pas en héritage, comme ils le supposaient, les préoccupations et les priorités de leur père fondateur. C'est plutôt l'inverse : au long de siècles d'adaptation et de réécriture du récit, ils créèrent et recréèrent eux-mêmes la figure fondatrice de Romulus, dont ils firent le symbole puissant des préférences, des débats, des idéologies et des angoisses qu'ils nourrissaient. »

Habituellement, les différents conflits qui précèdent l'empire sont souvent évoqués séparément, parfois dans le désordre ; l'un des intérêts de ce livre est redonner une chronologie claire, de relier les événements entre eux.
Avant les guerres civiles du 1er siècle que l'on étudie à l'école, en histoire ou en latin, un premier conflit au 4e siècle a marqué l'organisation de la société romaine : le conflit des ordres qui a abouti à ce que la plèbe prenne part au pouvoir.
Ensuite, une nouvelle période de troubles commence avec la réforme agraire de Tiberius Gracchus (-133) et la politique de Caius Gracchus qui met à disposition du peuple du blé à prix régulé, s'adresse au peuple plutôt qu'au Sénat et dont 3000 partisans seront tués après le décret du Sénat qui permet d'assurer le salut de l'Etat par tous les moyens possibles (-121) ; puis vient la guerre sociale (-90) qui étend la citoyenneté aux alliés (socii) de Rome, se continue par la guerre entre Marius et Sylla et amène celui-ci au pouvoir après avoir dirigé son armée contre Rome pour faire céder le Sénat (-88) puis être nommé dictateur (-83) et mener un régime de terreur et une politique conservatrice jusqu'à son abdication (-79). Pour suivre, la révolte de Spartacus matée par Crassus (-73-71) est un mélange de révolte d‘esclaves et de guerre civile car de nombreux paysans s'étaient joints aux gladiateurs.

Ces évènements qui ont fortement perturbé la stabilité du pouvoir favorisent la conjuration de Catilina (-63) et la prise de pouvoir pas très régulière du triumvirat Pompée, César et Crassus (-60) : grâce à un ensemble d'arrangements, d'actes de corruption et de menaces, les trois hommes se sont assurés que les mandats consulaires et les commandements militaires arrivent aux personnalités de leur choix et que les décisions soient prises dans leur sens.

Au bout de 10 ans, Pompée, qui a conquis des territoires autour de la Méditerranée, et César, qui a conquis la Gaule, s'affrontent (César, comme Sylla, engage ses légions contre Rome, c'est le fameux Rubicon) et leur rivalité étend la guerre civile au-delà du territoire romain.
César assassiné, un nouveau triumvirat s'impose avec Marc-Antoine, Octave et Lépine. Ils gagnent la bataille de Philippes (-42) contre les forces républicaines et leur alliance se terminera par une nouvelle guerre, gagnée par Octave à la bataille d'Actium (-31).
Octave (qui s'appelle plutôt Octavien) va prendre le pouvoir et devient Auguste à partir de -27. Il crée un nouveau régime modérément autocratique, fondé sur respect des citoyens, l'autorité de la loi et mécénat dans les arts et qui laisse un semblant d'autorité au Sénat. Toutefois, il n'hésite pas à condamner à mort des hommes de haut rang qui ont comploté contre lui ou ont couché avec sa fille Julia. du fait des réformes radicales imposées par Auguste et ses successeurs, le pouvoir démocratique populaire s'étiole et le processus électoral est transféré au Sénat.

Le pouvoir se transmet d'abord au sein de la famille impériale, parfois très étendue, jusqu'à Vespasien qui fut choisi par l'armée. La transmission familiale cesse définitivement à partir de Nerva qui adopte quand même Trajan pour lui transmettre l'empire. Après Auguste, on compte 17 empereurs de 14 à 192 (assassinat de Commode) puis environ 70 dans les 100 ans qui suivirent.

Ce livre retrace une chronologie mais ce n'est qu'un de ses sujets, il s'intéresse aussi aux différents aspects de la vie à Rome, l'organisation administrative, militaire, sociale, la façon dont les Romains géraient les pays conquis, le mariage, le logement… C'est vraiment une mine !
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Bel ouvrage passionnant et illustré d'environ 550 pages qui nous plonge dans l'Histoire de la Rome antique, du commencement à l'édit de Caracalla (212 ap. J.-C.).

Après une pause de 6 mois dans ma lecture j'ai enfin terminé ce livre que j'ai vraiment apprécié. Principalement les débuts de Rome et la Royauté ainsi que les explications sur l'Empire. En fait, cette (petite) "pause" s'explique par la quantité d'informations présentes dans les pages. Même si ce livre est accessible à tous, il demande une digestion continue des informations lues. Et donc, je ne pense pas que ce soit un livre à lire en une fois.

En bref, c'est une lecture que je recommande aux passionnés mais aussi aux curieux qui voudraient une lecture historique abordable et plutôt complète sur l'ancienne Rome. Ne soyez pas effrayé par ce pavé, prenez le temps ;)
Lien : https://armoirealire.wordpre..
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