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EAN : 9782226288295
438 pages
Albin Michel (02/04/2013)
4.04/5   41 notes
Résumé :
« Staline vient de mourir. J’ai 16 ans. Je m’appelle Bashia. Je suis polonaise et je n’ai toujours pas fait l’amour. » Cracovie 1953. Alors que Staline vient de mourir, Bashia, adolescente rebelle, s’accroche à son rêve de quitter un pays affamé par les restrictions alimentaires et muselé par la police politique. Contrainte de composer avec les membres d’une famille tous plus originaux les uns que les autres ainsi qu’avec les locataires de leur appartement communau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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À la fois roman d'apprentissage et témoignage sur la Pologne communiste, cette Fugue polonaise autour de Bashia, une jeune fille qui essaie de grandir dans la Cracovie terrible de 1953, m'a semblé forte, émouvante et intéressante.

Comme toutes les jeunes filles, Bashia va au lycée, rencontre des amis plus ou moins bien intentionnés, tombe amoureuse, a des relations parfois compliquées avec sa famille, se demande ce qu'elle veut faire de se vie, alterne souffrance et euphorie...

Sa particularité, c'est qu'elle vit tout cela sous un régime totalitaire, et dans une famille suspecte aux yeux du régime totalitaire qui plus est. Surveillance, délation, privations, pressions, menaces, prison, expropriations, goulag font partie de son quotidien et nous montrent la réalité du communisme soviétique.

Encore plus frappante que ces mauvais traitements concrets est la transformation des mentalités engendrée par la situation dans la famille de Bashia : par la fuite dans l'exil ou l'alcoolisme, la dignité sèche et froide, l'opportunisme ou la folie, tous ces intellectuels cherchent à survivre entre résistance vaine et adaptation impossible.

Cette fugue polonaise sonne comme une belle histoire d'adolescence et comme un rappel historique indispensable. À découvrir.
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Quel avenir est en droit d'espérer une adolescente rêveuse et insatiable dans un pays qui lui devient de plus en plus hostile ? Comment devenir soi-même, emprunter le chemin pour devenir femme dans un espace de liberté qui se réduit et dans lequel toute tentative d'échappatoire est vouée à l'échec ?
Ce sont les questions entêtantes qui imprègnent cette Fugue polonaise, roman d'une éducation politique et sentimentale au coeur de la Pologne des années 50 harnachée au communisme soviétique. L'auteure y dépeint habilement le quotidien de la jeune Bashia et des siens, famille bourgeoise dépossédée de ses biens. Des gens discrets vivant comme des naufragés sur une île déserte où les épreuves subies, les renoncements silencieux comme les fidélités donnent le sentiment d'avoir sous les yeux des reliques d'un monde en train de s'écrouler. La guerre est finie mais c'est à nouveau un quotidien qui abîme avec les pénuries, les regards inquisiteurs, la parole fragile qu'on ne peut abandonner à n'importe qui, les contrôles policiers arbitraires sans oublier les menaces désinhibées, les rancoeurs affichées, les trahisons...il en ressort un fort sentiment de désillusion, comme si tout était condamné.
Quant à la jeune Bashia, dix-sept ans, elle a atteint l'âge fait de doutes et d'espérances qui la mènent vers des amitiés aussi idéalisées que décevantes. Elle entre dans la période où persiste cet égoïsme désinvolte lorsqu'on tombe amoureux sans se rendre compte qu'elle défie dangereusement le monde qui l'entoure …
Son histoire avec le jeune étudiant français Christian pourrait incarner cette lumière qui tente de percer la chape de nuages gris qui plane au-dessus d'elle mais la confrontation à la réalité de l'époque est implacable et la machine infernale. Au fur et à mesure que les pages défilent, on découvre une jeune fille qui expérimente âprement et prématurément la fin de l'insouciance et les illusions perdues.


L'écriture est limpide, sans compromis, la narration parfois rugueuse, malgré tout Béata de Robien parvient à rendre ce texte sensible. Au coeur de l'intime même le plus secret, l'auteure polonaise délivre un récit porté par les pensées et les émotions de Bashia, on y retrouve ses deuils et ses obsessions, ses dégoûts comme ses fascinations. Force est de constater que l'auteure a le talent pour capter et fixer les états flottants de l'adolescence comme ceux de personnages otages de leur destin. Dés lors, on perçoit très vite en Fugue polonaise un roman qui raconte la peur, d'abord muette puis de plus en plus oppressante, qui étrangle lorsqu'on prend pleinement conscience que l'ennemi n'est plus allemand ou russe mais polonais.
Une tonalité qui sonne donc juste et un certain sens du réel qui s'impose à l'esprit. Il est même si troublant qu'on se dit que le roman n'aurait pas été écrit de cette manière s'il ne s'appuyait pas sur des souvenirs ou des anecdotes véridiques. le réalisme est impitoyable, il frappe comme une gifle en plein visage.
Ce n'est pas une littérature qui s'impose par son style ou sa réflexion, on pénètre dans le récit sans difficulté toutefois, sans s'en apercevoir, le roman exerce une certaine emprise. Peut-être parce qu'il appartient à cette littérature qui approche L Histoire sans nous imposer sa face colossale.
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Ce roman, je ne peux que vous le recommander. L'histoire de Basia et de sa famille qui essaie de survivre dans les temps difficiles du communisme de l'après-guerre est passionnante. Drôle et émouvant, ce récit respire l'authenticité, l'auteure ayant puisé dans sa propre expérience, celle de sa famille et de ses connaissances.

Rien ne m'a étonnée dans la description de cette réalité sombre et abominable, même si mon adolescence n'a connu que le déclin du régime avec une emprise qui se relâchait dans les années quatre-vingts. La vie était alors moins dure et on n'avait jamais faim mais je partage certains souvenirs de cette époque et notamment les queues partout et tout le temps, parfois même sans savoir ce qu'on pourra acheter après une longue attente. Joie et satisfaction immenses quand le panier était rempli, déception quand je repartais les mains vides. Personnellement, je n'oublierai jamais ce moment où, après une longue attente, la personne avant moi a acheté les dernières oranges en provenance de Cuba. C'est cette vie pleine d'aberrations et de privations de liberté publique ainsi que le quotidien marqué par la pénurie de produits de première nécessité que Beata de Robien dépeint avec beaucoup de talent.

J'ai adoré le personnage de Basia, une adolescente intelligente et espiègle et je me suis attachée à cette famille, un peu atypique et haute en couleur que le sort n'a pas épargnée. J'ai passé un très bon moment en compagnie des Zborawski, d'autant plus que l'écriture est vive et entraînante. Une lecture riche et pleine d'émotions.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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L'avantage de ce livre c'est qu'il raconte deux histoires. Une histoire d'amour entre la polonaise Bashia et le français Christian, et celle de la Pologne sous le régime dictatorial communiste. Et je ne pense pas vous choquer si je vous dis que j'ai préféré la grande Histoire de la Pologne à celle d'amour, ceux qui me suivent n'ignore pas que j'ai beaucoup de mal avec les histoires à l'eau de rose sauf exception. Pourtant, ici j'ai pris quand même grand plaisir à suivre l'histoire d'amour Bashia et l'histoire plus générale de sa famille, pour la seule et unique raison que l'histoire de ces gens est intrinsèquement liée à celle de la Pologne communiste, puisque tout dans leur vie est policé, surveillé, etc, etc… mais à un point inimaginable. Par exemple l'oncle Roman est surveillé parce qu'il ne travaille pas, la grand-mère parce qu'elle était une ancienne bourgeoise et Bashia parce qu'elle aime un français ! Un français bien crétin au demeurant mais j'y reviendrai plus tard.

En fait quand on lit ce livre on se rend compte que vivre sous le régime communiste c'était vivre l'enfer pour les populations, car c'était vivre avec la peur d'être à tout moment arrêté parce qu'on avait mal fait une chose ou fait une chose qui ne fallait pas, qu'importe ! Bon certes on sait aujourd'hui que ce régime-là a été une vrai plaie pour les populations qui ont vécu sous son joug ; les goulags, le bourrage de crâne, la propagande, les privations alimentaires pour le petit peuple (car les nouveaux bourgeois ne manquaient absolument de rien), les passeports ou déclarations obligatoires pour chaque voyage, on le sait déjà. Mais ce que l'on sait moins par contre, c'est qu'ils pouvaient aussi loger des habitants sous votre toit jugé trop grand, sans vous demander votre avis ! Et ceci est une chose parmi d'autre, car je vous assure qu'en lisant ce livre, je suis allée jusqu'à la fin de surprise en surprise au point que j'ai enquillé les pages à une vitesse surprenante, (j'allais dire comme un polonais les verres de vodka ^^).

Maintenant niveau personnage y'en a une que j'ai beaucoup aimé c'est la grand-mère de Bashia. Elle a ce charme un peu suranné et celui des répliques qui font mouche qui m'ont séduite. Elle a aussi ce charme de la fierté, et de ce caractère solide qui attire la confiance. Rien sur le coup ne semble l'ébranler, elle paraît solide comme un roc et toujours prête à combattre pour les siens, même si à la fin un évènement viendra bouleverser cela. Enfin bref c'est un personnage que j'ai beaucoup aimé… à la différence du jeune Christian.

Alors Christian ce n'est pas un poème à lui tout seul, mais juste une tête à claque. A part le fait qu'il soit un tantinet obsédé, il est aussi un véritable crétin qui soutient le régime communiste. Alors oui on pourrait me dire : « Oui mais ce sont ses idées politiques. » Soit. Soit. Soit. Mais quand on vient en Pologne pour admirer le « génie communiste », et qu'on refuse de voir la réalité du pays et la misère des habitants, c'est autre chose, et une chose qui révèle juste de la stupidité. Sincèrement c‘est même plutôt insupportable au lecteur de le voir si fasciné par le socialisme, quand on voit derrière ses idées la vie bien difficile des autres personnages du roman. Surtout que je suis certaine qu'il n'aurait jamais voulu vivre lui-même sous un régime pareil, qui n'avait rien à voir avec le paradis imaginé mais plutôt avec l'enfer. Alors oui on peut mettre cela sur le compte de la jeunesse, mais quand même j'ai eu beaucoup de mal à trouver un côté sympa à Christian.

Enfin bref, pour résumer c'est un livre que je conseille pour plusieurs raisons. Déjà pour sa facilité de lecture, mais aussi pour l'histoire qu'il raconte, car ce n'est pas qu'une histoire d'amour, l'histoire d'une famille, c'est aussi l'Histoire d'un pays, et l'Histoire de la Pologne Beata de Robein la maîtrise plus que bien. Ne vous fiez donc pas au titre poétique de ce bouquin car il cache quelque chose...

Je remercie au passage les éditions Albin Michel pour ce service presse, et je remercie aussi grandement l'auteure d'avoir voulu me faire partager son livre et de me lire.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
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Histoires en parralléle d'une jeune fille, Bashia, et de la Pologne. Toutes les deux ont tellement d'amour a donné mais elles se sentent rejetées, trahies, incomprises.
Histoires aussi de ceux qui rêvent d'exporter le communisme dans les pays de l'ouest et ceux de l'est qui vivent cette réalité au jour le jour.
ce livre est très vivant, très intéressant, on y découvre le quotidien qu'avait des millions d'individus de l'autre côté du rideau de fer et la mainmise de l'état sur tout ce qu'il s'y passe.
J'ai beaucoup apprécié ce bouquin : les 4 grands-parents de ma femme sont nés en Pologne et une grande partie de sa famille y vit encore. Je retrouve dans ce livre l'atmosphère qu'ils évoquent lorsqu'ils en parlent.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
- Un scientifique qui est venu spécialement de Varsovie, au printemps 51. Je ne me rappelle pas son nom, un monsieur d'un certain âge, chapeau de feutre, manteau de ville. Il m'a dit : " Tiens tu seras le chef. " J'ai été étonné : " J'avais entendu que le riz poussait surtout en Chine. Mais pourquoi pas ? " " Maintenant il poussera chez nous, il suffit de vouloir ! " il a dit. Ils ont écrit dans la presse que le blé c'est archaïque, qu'il fallait du riz pour qu'aucun enfant polonais n'ait plus jamais faim.
-Et alors ?
-Quand je suis devenu le chef, j'ai fait faire des digues. Les gars du village creusaient, mais dans son dos, ils se tapaient le front pour montrer qu'il était toqué. Rien à faire. Ce riz, c'était sa marotte. Il faisait pitié à regarder, il venait tous les deux ou trois jours vérifier, épuisé, affamé, - Il n'avait même pas le temps d'aller à la coopérative s'acheter un en-cas il courait dans les champs, regardait chaque plante, puis repartait surveiller une autre ferme expérimentale, dans la région de Kielce. En partant il disait : " Riez, riez, vous allez voir à la récolte. "
-Et il a poussé ?
- Pour pousser, il a poussé. Il a été plus haut que le blé. Maciek a montré la hauteur de sa poitrine. Seulement il n'avait pas de graines. L'ingénieur à dit que tout était ma faute, que je ne savais pas surveiller les paysans. Et que s'il voulait, il pouvait me faire coffrer pour sabotage.
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Moi ce que j'attendais de ses visites chez le Consul de Kérouadec, c'étaient les journaux français. Je les dévorais de la première à la dernière page même si je ne comprenais pas tout. Leur ton agressif me surprenait, les Français critiquaient tout. Malgré cela leurs articles étaient mille fois plus intéressants que les histoires de vols et de sabotages régulièrement commentés dans nos journaux. L'Echo de Cracovie citait le cas d'un responsable de magasin d'alimentation qui revendait du jus d'orange au noir : " l’enquête de la MO a démontré que cet individu peu scrupuleux aspirait le jus des oranges importées en devises du Vietnam , le pays frère, en se servant d'une seringue . Saboter ainsi l'action si belle de notre gouvernement qui avait souhaité que chaque enfant polonais goûte ce fruit à Noel coûta au saboteur dix ans de prison ferme. "
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Le plus intenable, c'est que je me sente menacée, peut-être trahie. Par qui ? Je ne sais pas. Chaque ami peut être le traître. Roman dit que la guerre fabrique des héros et le régime communiste des lâches. Et que parfois c'est la même personne.
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Qu'ils sont idiots, ces Français avec leur "C'est la vie" ! La vie, c'est pas ça ! On ne se soumet pas à la vie ! On lutte !
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Humour polonais : "Est-il vrai qu'en Union soviétique il y a sept récoltes par an ?
Parfaitement, une en Union soviétique, une en Pologne, une en Tchécoslovaquie, une en Roumanie, une en Bulgarie, une en ..."
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Video de Béata de Robien (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Béata de Robien
Beata de Robien lit "Fugue polonaise" (éditions Albin Michel) est le numéro 84 de la série cinématographique "Lire". Réalisé par Gérard Courant le 17 juin 2013 à Paris (France).
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