La couleur du mensonge, tome 2 : Le parfum de la trahison

- Quelle est sa faiblesse à lui, Cass ? Est-ce que c'est moi ? demanda-t-elle soudain, les yeux rivés sur le dos d'Alex.

- Vous êtes ce qui lui apporte le plus de force, répondit le jeune homme avec un sourire triste. Mais vous êtes aussi sa plus grandes faiblesse, oui.

Et si je n'ai de cesse de te répéter que je veux que tu deviennes mienne, c'est uniquement parce que je t'appartiens déjà tout entier.

Dans 812 jours tu honoreras ta promesse de m'épouser. Tu es, je le sais, la plus têtue de nous deux, mais dans ce cas précis, je ne tolérerai aucune négociation. Rien n'est plus nécessaire à ma survie, comprends-le. Et si je n'ai de cesse de te répéter que je veux que tu deviennes mienne, c'est uniquement parce que je t'appartiens déjà tout entier.

Dans la journée, ton rire me manque. Ton humour et tes sourires aussi, de même que ton esprit vif. Le soir, c’est à tes baisers, tes soupirs et ton attention que je pense davantage. Et certaines nuits, je reste éveillé, consumé par l’idée qu’un jour, je pourrai t’aimer toute entière. Ces moments-là, je suis submergé de désir pour toi. Et alors, des heures peuvent s’écouler pendant que je songe au goût de tes lèvres, au parfum de ta chevelure et à la douceur de ta peau.

Alex lui avait un jour avoué qu'il craignait par-dessus tout que le nombre de vies qu'il avait prises au combat l’ait transformé en monstre. À l'époque, elle lui avait assuré qu'il n'en était rien, mais, quand elle eut enfin identifié l’expression du prince, elle comprit mieux les craintes du capitaine. Nicholas avait peur d'elle. Il la dévisageait comme s'il voyait en elle un être sanguinaire. Qui sait ? Peut-être avait-il raison.

- Je garderai des cicatrices pour le restant de mes jours.
- C'est très probable, oui, répondit-il, tentant de dissimuler les larmes dans ses yeux sous un sourire timide. Tu m'as largement devancé en termes de blessures de guerre. J'ignore d'ailleurs si je parviendrai à m'en remettre...
Elle eut envie de rire, mais toutes les peurs et les émotions que les drogues avaient anesthésiées au cours des semaines précédentes ressurgirent d'un coup, si bien que la jeune fille ne put les réprimer.

L'idée que Sage ne pourrait plus reculer une fois ses cheveux coupes était absurde, pourtant la préceptrice eut l'impression qu'elle se sentirait moins divisée une fois passée à l'acte.
- Tu as raison, reconnut-elle en défaisant le lien de cuir qui maintenait sa tresse. Coupe.

Quelle est sa faiblesse à lui, Cass ? Est-ce que c'est moi ? demanda-t-elle soudain, les yeux rivés sur le dos d'Alex.
Vous êtes ce qui lui apporte le plus de force, répondit le jeune homme avec un sourire triste. Mais vous êtes aussi sa plus grande faiblesse, oui.

La préceptrice n'avait pas dit toute la vérité à la reine. Si s'exercer à manier l'épée lui permettait en effet de se sentir plus proche de son fiancé absent, son désir de devenir une meilleure combattante était en réalité bien plus ancien. Depuis la mort de son père, cinq ans auparavant, Sage avail été obligée de laisser à d'autres le soin de diriger sa vie. Sûrement bien intentionnés, son oncle et sa tante avaient d'abord jugé qu'il lui fallait trouver un mari capable d'assurer sa sécurité et son bien-être. Puis elle avait gagné un peu d'indépendance en travaillant pour Darnessa, la premiere marieuse de Crescera. Elle aurait d'ailleurs certainement fini par voler de ses propres ailes après quelques années si au cours de l'été précédent, à Tegann, tout n'avait pas changé. Elle s'était alors soudain sentie impuissante et vulnérable comme jamais.

Je ne peux pas remplir mon rôle de capitaine correctement si je dois veiller sur toi.