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Critique de Lali


Lali
13 novembre 2013
En 2006 paraissait Hadassa, ce qui semble être le premier roman québécois (en français) autour de la communauté juive hassidique du quartier Outremont, à Montréal. Précédé par Aaron d'Yves Thériault et Rue Saint-Urbain de Mordecai Richler, deux romans qui mettent en scène des Juifs montréalais, mais non pas des Hassidim, il a été suivi par le roman d'Abla Farhoud, le sourire de la petite juive, trois romans dont je compte aussi vous parler prochainement.

Hadassa a été écrit en 2002 et publié en 2006. Aux dires de Mindy Pollack, 24 ans, qui vient d'être élue conseillère de l'arrondissement lors de l'élection municipale du 3 novembre, croisée lors d'un tour guidé des lieux mentionnés dans le roman de Myriam Beaudoin, la situation a beaucoup évolué chez de nombreux Hassidim avec sa génération, laquelle, tout en respectant les règles de base de sa communauté, a choisi de s'émanciper et de s'impliquer socialement.

Hadassa raconte deux histoires. Celle d'Alice, jeune Québécoise francophone embauchée par une école primaire juive hassidique afin de conserver son statut et ses subventions du ministère de l'Éducation en fournissant un certain nombre d'heures de cours donnés en français par semaine. Celle de Déborah, jeune juive hassidique, mariée, qui s'éprend d'un jeune Polonais récemment arrivé.

Alice, qui savoure chacune des histoires que lui racontent les petites de onze ans, qui veulent tout partager avec elle, même ce qu'elles doivent taire devant une goyim, s'attriste quand elle voit celles de douze ans devenir « sages », muettes et lointaines, comme il est prescrit. Elle est de plus fascinée par ce monde qui est tellement loin d'elle, mais dont elle accepte certaines règles (vestimentaires, notamment) afin de se conformer au code de l'école et s'attache dès le premier jour à une petite de sa classe, Hadassa, qui lui manque quand elle n'y est pas.

Deborah, cousine de la jeune Hadassa, ne s'attendait pas à ce qui lui arrive, à ce regard brûlant sur elle, à ce besoin de passer souvent à la boutique où travaille le jeune homme juste pour le voir tandis qu'il est, lui, atteint d'une fièvre qui ne trouve un apaisement que dans les billets qu'il lui glisse et dans les rendez-vous dans une ruelle qu'elle finit par accepter.

Si l'histoire d'Alice est inspirée par ce que Myriam Beaudoin a vécu au cours des quatre années où elle a enseigné dans une école juive d'Outremont, celle de Deborah est inventée de toutes pièces. Comme si l'auteure avait eu besoin de contrebalancer par un coup de foudre le poids de la rigidité imposée aux hassidiques par la religion.

Cela donne un beau roman dans lequel se glissent ici et là quelques mots d'anglais et de yiddish. Un roman plein de rires de petites filles. D'histoires qu'on chuchote. de plats qu'on sert lors du schabbat et d'autres fêtes. Un roman qui se déroule dans une école. Dans les boutiques du quartier. Dans celles de l'avenue du Parc qui sépare (ou réunit) Outremont du Mile End. Un roman qui parle des femmes hassidiques. Un roman où il est question d'amour : celui qu'Alice éprouve pour la petite Hadassa, celui impossible entre Deborah et Jan, et cet autre, troublant, plus vaste, que ressent Alice pour toute cette communauté qui l'a accueillie.

Petit bémol tout de même. La révision de l'édition originale a été plus que bâclée. Ainsi, la rue Dollard mentionnée à plus d'une reprise a dans le roman de Myiam Beaudoin été amputée de son d'final tandis que coquilles de toutes sortes se sont glissées alors qu'elles sont flagrantes : taches ménagères, à demie voix, muffins aux dates, les européens sont arrivés, etc.

Espérons que tout a été repassé au peigne fin pour l'édition de poche qui pourrait connaître un nouvel engouement. Hadassa devrait se retrouver sur grand écran.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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