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EAN : 9782894063194
Bibliothèque Québécoise (01/09/2010)
3.83/5   65 notes
Résumé :
Une jeune femme, professeure de français dans
un établissement pour écolières juives orthodoxes,
découvre tout au long de l’année scolaire un
monde à part, enveloppé de mystère et d’interdits,
mais séduisant et rassurant.
Au fil des conversations chuchotées avec les jeunes élèves, dans un franglais parsemé de yiddish, dans l’apprivoisement, dans la surprise et dans l’inconfort de la différence, se détache alors le visage d’une enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En 2006 paraissait Hadassa, ce qui semble être le premier roman québécois (en français) autour de la communauté juive hassidique du quartier Outremont, à Montréal. Précédé par Aaron d'Yves Thériault et Rue Saint-Urbain de Mordecai Richler, deux romans qui mettent en scène des Juifs montréalais, mais non pas des Hassidim, il a été suivi par le roman d'Abla Farhoud, le sourire de la petite juive, trois romans dont je compte aussi vous parler prochainement.

Hadassa a été écrit en 2002 et publié en 2006. Aux dires de Mindy Pollack, 24 ans, qui vient d'être élue conseillère de l'arrondissement lors de l'élection municipale du 3 novembre, croisée lors d'un tour guidé des lieux mentionnés dans le roman de Myriam Beaudoin, la situation a beaucoup évolué chez de nombreux Hassidim avec sa génération, laquelle, tout en respectant les règles de base de sa communauté, a choisi de s'émanciper et de s'impliquer socialement.

Hadassa raconte deux histoires. Celle d'Alice, jeune Québécoise francophone embauchée par une école primaire juive hassidique afin de conserver son statut et ses subventions du ministère de l'Éducation en fournissant un certain nombre d'heures de cours donnés en français par semaine. Celle de Déborah, jeune juive hassidique, mariée, qui s'éprend d'un jeune Polonais récemment arrivé.

Alice, qui savoure chacune des histoires que lui racontent les petites de onze ans, qui veulent tout partager avec elle, même ce qu'elles doivent taire devant une goyim, s'attriste quand elle voit celles de douze ans devenir « sages », muettes et lointaines, comme il est prescrit. Elle est de plus fascinée par ce monde qui est tellement loin d'elle, mais dont elle accepte certaines règles (vestimentaires, notamment) afin de se conformer au code de l'école et s'attache dès le premier jour à une petite de sa classe, Hadassa, qui lui manque quand elle n'y est pas.

Deborah, cousine de la jeune Hadassa, ne s'attendait pas à ce qui lui arrive, à ce regard brûlant sur elle, à ce besoin de passer souvent à la boutique où travaille le jeune homme juste pour le voir tandis qu'il est, lui, atteint d'une fièvre qui ne trouve un apaisement que dans les billets qu'il lui glisse et dans les rendez-vous dans une ruelle qu'elle finit par accepter.

Si l'histoire d'Alice est inspirée par ce que Myriam Beaudoin a vécu au cours des quatre années où elle a enseigné dans une école juive d'Outremont, celle de Deborah est inventée de toutes pièces. Comme si l'auteure avait eu besoin de contrebalancer par un coup de foudre le poids de la rigidité imposée aux hassidiques par la religion.

Cela donne un beau roman dans lequel se glissent ici et là quelques mots d'anglais et de yiddish. Un roman plein de rires de petites filles. D'histoires qu'on chuchote. de plats qu'on sert lors du schabbat et d'autres fêtes. Un roman qui se déroule dans une école. Dans les boutiques du quartier. Dans celles de l'avenue du Parc qui sépare (ou réunit) Outremont du Mile End. Un roman qui parle des femmes hassidiques. Un roman où il est question d'amour : celui qu'Alice éprouve pour la petite Hadassa, celui impossible entre Deborah et Jan, et cet autre, troublant, plus vaste, que ressent Alice pour toute cette communauté qui l'a accueillie.

Petit bémol tout de même. La révision de l'édition originale a été plus que bâclée. Ainsi, la rue Dollard mentionnée à plus d'une reprise a dans le roman de Myiam Beaudoin été amputée de son d'final tandis que coquilles de toutes sortes se sont glissées alors qu'elles sont flagrantes : taches ménagères, à demie voix, muffins aux dates, les européens sont arrivés, etc.

Espérons que tout a été repassé au peigne fin pour l'édition de poche qui pourrait connaître un nouvel engouement. Hadassa devrait se retrouver sur grand écran.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Beaucoup aimé ce livre doux qui traite de rencontres interculturelles, de la découverte de l'autre & de tous les dépaysements qui viennent avec – mais qui parle surtout, surtout de coups de foudre.

Coup de foudre d'Alice pour une de ses élèves, tout d'abord, une petite Juive hassidique qui porte le même nom que le roman. Elle a une tache en forme d'étoile sur la tempe, des sautes d'humeur, des maux de ventre quand vient l'heure de la dictée ; elle porte aussi en elle tous les "secrets de Juifs" que les petites filles ne devraient pas révéler à leur enseignante francophone mais qu'elles laissent tout de même glisser, un à un, de petites perles de cette culture millénaire, repliée sur elle-même, comme figée dans le temps mais fascinante, fascinante pour Alice qui découvre tout un monde en sachant qu'elle ne pourra jamais en faire partie.

& puis coup de foudre de Jan, immigrant polonais, pianiste reconverti en commis d'épicerie, pour une Juive, hassidique elle aussi, qui vient faire des emplettes dans le commerce du Mile-End où il travaille. Une histoire comme dans les films, regards doux au-dessus des tomates & des pamplemousses, de très jolis yeux qui en rencontrent d'autres tout aussi beaux, mais histoire un peu compliquée par le poids de cette culture, encore, & le statut de femme mariée de Rebecca (...ou Déborah ? Désolée Myriam, j'ai un gros blanc de mémoire.).

Je crois que tout lecteur qui lit un roman où s'entrelacent deux trames narratives finit par en préférer une, même juste un peu, & pour moi c'était celle d'Hadassa. (Les histoires d'amour fusionnel qui se révèle aux principaux intéressés avec la force d'un éclair dans la nuit ou je sais pas quoi, j'avoue que ça me laisse toujours un peu froide.) Mais ici c'est aussi la plume de l'auteur que j'ai aimée, simple mais élégante, sensible mais jamais larmoyante, & qui a su raconter ces histoires avec finesse, avec respect aussi. En tombant parfois un peu dans l'ethnographie, il faut avoir envie d'entendre parler des Juifs hassidiques pour lire ce livre, mais sans jamais pousser l'exotisme. & avec cette intention, je crois, de décrire les grands sentiments contradictoires qui peuvent naître n'importe où, à l'épicerie comme dans une salle de classe.
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On écrit sur le quart de couverture que "Hadassa" raconte le parcours d'une jeune québécoise qui enseigne le français dans une école de juifs "orthodoxes" pendant une année ce qui est faux. Il s'agit plutôt d'une école carrément hassidique du mouvement fondé au XVIIIe siècle par le charismatique Baal Shem Tov. Pourtant si la maison d'édition se trompe, l'auteure décrit l'école avec une exactitude exemplaire.. Je le recommande à tous ceux qui veulent mieux connaitre cette communauté montréalaise très importante.
Le roman est pleine d'histoires d'horreur. Les études de jeunes filles se terminent à treize ans. Après elles doivent appendre comment être femme hassidique et transmettre la culture hassidique à leurs enfants. Les parents choisissent leur maris pour elles et elles commencent à avoir des enfants avant l'âge de vingt ans.
La protagoniste désapprouve mais elle ne veut pas inciter ses élèves à se révolter. Elle comprend très bien qu'elles ne sont pas du tout prêtes pour vivre à l'extérieure de leur communauté. Pour souligner le risque, l'auteur ajoute à son roman l'histoire d'une jeune femme qui pense sérieusement à fuir son mari et sa communauté pour vivre avec un épicier goy du quartier. le lecteur craint pour elle mais à la fin du roman elle semble être prêt à faire le saut.
Je suis un peu mal à l'aise avec l'éthique de l'auteure qui a travaillé dans une école hassidique pendant quatre ans. Est-ce qu'elle a trahit la confidence de son employeur, ses étudiantes, et les parents? Las Hassidim sont très minoritaires dans la communauté juive et assez controversés. Beaudoin a peut-être droit de s'ajouter aux rangs de leurs critiques. Ce qui est incontestable est que "Hadassa" est riche en détails. Lisez-le. Vous serez mieux informé à la fin.
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Alice, la narratrice une jeune professeur de français, découvre le monde fermé des Hassidim de Montréal, ses prescriptions strictes et ses coutumes. Elle devra se faire accepter par les jeunes filles et tentera de leur faire découvrir le monde des livres.

" - La Liberté?

- c'est une statue madame!.....

- la liberté c'est quand on ne doit rien à personne, quand on fait ce qui nous plait quand on veut.....

- Non ce que tu dis, c'est être spoiled!"

C'est un roman très sensible, tout en nuances, dans Montréal multiculturel, tolérant. On y parle aussi bien Français qu'Anglais ou Yiddish que mélangent allègrement les fillettes ; ce qui donne une saveur particulière à la langue ou les "très beaucoup" sont calqués sur les very much qu'on devine, où les mots yiddish ne savent être traduits quand ils concernent les traditions.

L'épicier du quartier emploie un pianiste polonais (Chopin bien sûr) tout le monde s'y retrouve pour acheter les légumes (qui n'ont pas besoin d'être cacher) ...

Les hommes ne sont présents (à part Charles et Jan qui tiennent le magasin) que dans le regard des femmes. Regard des femmes bridé quand elles observent la noce derrière un rideau.

En ce moment, une très belle exposition photo au Musée du Judaïsme à Paris sur ce regard féminin .

9 janvier 2015 - 24 janvier 2016
Myriam Tangi
Mehitza. Ce que femme voit

Myriam-Tangi-Mehitza-12

Une grande nostalgie transparaît entre le passage de onze à douze ans. Entre les fillettes de onze ans insouciantes qui jouent encore à la poupée et écrivent de gentils poème tandis que les douze qui déjà manient la censure et qui ont intégré leur rôle de femmes.

Il y a aussi une discrète histoire d'amour que je vous laisse découvrir!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Une jeune femme est embauchée comme professeure de français dans un établissement pour écolières juives orthodoxes. Fascinée, elle découvre ce monde de traditions et d'interdits, tandis qu'un jeune polonais tombe amoureux de la cousine d'une de ses élèves.

Hadassa raconte une année dans la vie de deux jeunes gens qui apprennent chacun de leur côté à découvrir la communauté juive orthodoxe de Montréal. En nous faisant suivre les pas des deux principaux protagonistes, l'auteure québécoise Myriam Beaudoin nous dépeint avec justesse et sensibilité cet univers très cloisonné, qui reste volontairement mystérieux aux yeux de ceux qui n'en sont pas membres. Elle dresse avec tendresse le portrait de personnages qui ont tous des failles mais aussi un petit côté attachant. Sans jamais émettre de jugement, elle montre le poids de traditions souvent archaïques, difficiles à préserver mais qui marquent l'identité de la communauté juive.

Un roman dépaysant, auquel on ne peut rester indifférent.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Charles et Raphaëlle, apathiques aux questionnements de Jan, répétaient l'explication populaire : ils sont venus après la guerre sont encore terrorisés par la souffrance de leurs grands-parents engrossent leurs femmes pour multiplier les fidèles craignent les mariages mixtes ne veulent rien savoir de nous ont posé dans notre ville un fil blanc pour délimiter leur territoire faut les surveiller pour ne pas que leurs synagogues traversent de notre bord et puis c'est tout
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"Pendant 9 mois, cinq jours sur sept, quartier hassidique, j'avais partagé le temps avec dix-huit visages de lumière, et un amour de onze ans, extravagant. J'avais fait ce détour dans une vie bien remplie de détours. J'avais connu Hadassa, onze ans. Au cours de l'été qui venait elle serai Bat Mitzva, et je ne pouvais rien faire pour retarder le temps où elle passerait au troisième étage, apprendrait à tenir une maison, cuisiner selon des prescriptions strictes, maintenir la pureté lors de ses menstruations. Mon temps d'escale auprès des petites filles d'Israël était achevé..."
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" - La Liberté?

- c'est une statue madame!.....

- la liberté c'est quand on ne doit rien à personne, quand on fait ce qui nous plait quand on veut.....

- Non ce que tu dis, c'est être spoiled!"
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