Avec "
Les gens"
Jérôme Beaujour m'a agréablement surprise. Grand ami de
Marguerite Duras, il l'évoque dès la première phrase pour mon plus grand plaisir sans pour autant qu'elle soit citée. le cadre est posé. Nous sommes en Normandie aux Roches noires. J'ai reconnu tout de suite le décor, cet endroit peint par Monet et où
Proust a séjourné.
Marguerite Duras alias Violette de Vries dans le roman avait un appartement au bord de la mer à Trouville, qu'elle occupait souvent dans les années 1980. le narrateur raconte qu'il roule sur la route qui longe la mer vers Honfleur et distingue de l'autre côté de l'estuaire les gros réservoirs de pétrole du havre. Il y a aussi les cabanes derrière les tennis le long du chemin de planches.
Après une introduction très durasienne, le narrateur parle des gens donc de tout le monde et de personne. Il parle surtout de ses amis, ceux qui entrent et sortent de sa vie sous la forme de micro histoires. C'est une époque où il y a déjà
Drucker à la télé mais aussi Cousteau, mère Thérèsa et
Bruno Masure et où les courses se font au Codec.
Après la Normandie, c'est le retour à Paris. Au groupe d'amis succèdent d'autres gens.
Ce qui est surprenant c'est que le texte part dans tous les sens, il n'y a pas de fil conducteur, c'est décousu mais ça fonctionne quand même. Chaque chapitre évoque un moment de la vie du narrateur sans que l'on sache qui il est, d'où il vient et ce qu'il fait. On sait seulement que c'est un homme et qu'il est mal dans sa peau.
Je referme le livre sans vraiment me souvenir de ces gens, rencontres occasionnelles ou amis de longues dates mais c'est comme si la vie était comme ça, comme si l'essentiel était le regard des autres, des gens qu'on connaît et du bien et du mal qu'ils vous font.