Ayant pourtant vécu plusieurs années à Lyon, j'ignorais tout de l'intrigant Monsieur Guimet...Ce n'est qu'après avoir vu l'exposition qui lui est consacré au Musée des Confluences (que je recommande d'ailleurs) que j'ai eu connaissance de son existence, pourtant clef dans le développement de la ville lyonnaise, autant sur le plan industriel que sur le plan culturel.
Émile Guimet est un personnage à double face, et c'est sûrement ce qui rend sa vie si palpitante : fils d'un éminent chimiste qui révolutionna les secteurs de la soierie et de la peinture par l'invention d'un "bleu" à prix abordable, Émile Guimet est à la fois patron industriel et amateur inconditionné de cultures et de religions étrangères. Sa passion pour les religions d'Égypte, de Chine, du Japon, de l'Inde le mènera à constituer une impressionnante collection d'antiquité et de pièces de choix qu'il s'applique à exposer dans des musées qu'il construit, pour instruire ses pairs et leur dévoiler ce qu'ils ne peuvent aller voir au bout du monde.
Entre portraits familial et de l'industrie Guimet et voyages en Égypte, aux États-Unis, au Japon, en Chine et en Inde, les aventures d'Émile Guimet nous transporte au XIXe siècle, où seuls quelques privilégiés pouvait s'offrir le luxe du voyage et du "bibelotage", à l'époque des premières grandes expositions universelles et surtout à l'ère de l'ouverture d'un Japon jusqu'alors fermé hermétiquement à tout influence étrangère.
Si certains chapitres de ce livre peuvent paraître plus lourds en fonction des sensibilités de chacun, l'ouvrage relate de manière précise et informée la vie et les agissements d'Émile Guimet, et il est facile de se laisser mener par la narration de son périple.
Un ouvrage pour tout Lyonnais digne de ce nom !
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New York est la porte de l'Amérique, la terre des promesses et des périls, le commencement d'une odyssée ou la fin d'une errance. Comparé au gigantisme des gratte-ciel de New York, Paris semblent bien petit ! Guimet s'apprête à débarquer dans une nouvelle "civilisation", matérialiste, consumériste, où les individus se meuvent dans la vacuité profane d'un intemporel présent.
En dehors des voyageurs plus ou moins aisés, la Haute-Égypte est un défilé d'agents diplomatiques pas toujours officiels, de missionnaires qui semblent s'intéresser au sort des Coptes, les chrétiens d'Égypte, et de marchants itinérants appelés pompeusement "antiquaires" et qui pourvoient en objets de toute sorte les cabinets de curiosité des collectionneurs européens.
Marseille, 9 novembre 1865, 15 heures. Ciel gris et nuages bas. Les panaches de fumée et les sirènes assourdissantes du Moeris marquent le départ. Les passagers, alignés sur les ponts comme des soldats de plomb, disent au revoir plus à la terre ferme qu'à la France.
La cuisine faite à l'anglaise n'a aucun goût ; on passe avec chaque plat une petite pharmacie garnie de fioles et de pots à onguents destinés à relever les aliments. Les odeurs étranges qui s'en échappent ôtent vite l'envie d'en faire usage...