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EAN : 9782070142309
512 pages
Verticales (26/09/2013)
3.56/5   16 notes
Résumé :
«Ceux qui parlent dans ce livre sont moi. J'ai digéré toutes leurs histoires, je les écoute, les réécoute, je me parcours et je retrouve dans l'écho du miroir mes histoires miennes.» Entre décembre 2011 et avril 2013, François Beaune est parti collecter des histoires vraies autour du bassin méditerranéen. Il a choisi d'en retranscrire environ deux cents, dont les siennes, et d'en ordonner la matière au fil des âges de l’existence - depuis l’enfance jusqu'à la mort -... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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L'auteur a recueilli les histoires (vraies, fausses, invraisemblables mais réelles ?) de méditerranéen-e-s en y intégrant des digressions personnelles (les passages que j'ai le moins appréciés).
La chronologie de la vie est respectée, de la naissance à la mort.
J'ai eu souvent les larmes aux yeux lors de ma lecture, tant ces récits sont émouvants.
Pourquoi les femmes et les hommes ne peuvent-ils vivre en Paix dans cette région du monde, dans ce coin de la terre si beau, si riche d'Histoire et d'histoires ?
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Mare nostrum, berceau de notre civilisation. "La méditerranée est une bouche gercée dont la lèvre supérieur s'exprime en latin, et la lèvre inférieur en arabe." écrit François Beaume dans son prologue. Une bien belle formule et si vraie. Il explique comment il a retranscrit les textes que tout un chacun a déposé ici quelqu'en soit le sujet. Il les a remis « au propre » comme disait les vieux pour mon plus grand plaisir.

Le titre de ce recueil vient d'une phrase de Leonardo Sciascia : « la vérité est au fond du puits. Vous regardez dans un puits : vous y voyez le soleil ou la lune, mais si vous vous jetez dans le puits il n'y a plus ni soleil ni lune ; il y a la vérité.
François Beaume nous explique ce qu'il a cherché avec ce livre : « ce livre est le livre de ce nouvel individu collectif, né au combat sur les vases grecs, le livre de l'avocat-supporter-architecte-de-cirque-en-sable-aubergiste-au-chômage-sirène-de-call-center-gymnaste-et artisane-de-médina-délocalisée, le livre du plombier-peintre-poète-à-la-retraite-joueur-de-oud-de-tavla-fumeur-de-chicha-cireur-droguiste-conteur-cremière ».

Par l'entremise de ce livre, nous entrons dans la vie des gens. Ce sont des histoires plus ou moins courtes, souvent très courtes qui racontent la vie. Elles peuvent être tristes, émouvantes, gaies, poétiques, cruelles… comme la vie. François Beaume les a classées par tranches d'âge, de la naissance à la mort, je vous le dis, comme la vie. Chaque histoire est importante, chaque histoire surprend ou non.

Le soir, j'aime prendre quelques tranches de vie, je voyage autour de la Méditerranée, de Beyrouth à Tel-Aviv, d'Athènes à Marseille, via Tunis, Ramallah et autres régions. Beaucoup d'histoires d'honneur, d'amour, de jalousies, de vengeances, de religions, de guerre. L'une d'entre elles me rappelle le livre de Gwenaëlle Aubry « Partages » ou « Palestine » d'Hubert Haddad. J'ai souri jaune à la lecture des histoires de vaches palestiniennes et de l'armée israélienne. Les deux frères menteurs me font penser à une blague belge. Il y a même une histoire d'arracheur de dents…. Si, si c'est vrai. le racisme est présent avec l'affaire de Mamadou, les histoires d'amour, comme celle de Joseph et Blandine, ne sont pas oubliées.

François Beaume insère sa propre histoire toujours dans le même esprit : de petites tranches de vie.

Ces chroniques mises bout à bout ne sont pas redondantes. L'oralité se sent, même si François Beaume a retravaillé les textes pour les rendre homogènes et apporte la vie à ce qui ne pourrait être qu'une litanie. Ce n'est jamais ennuyeux, l'humour y est très présent.

En relisant mon texte, je m'aperçois que le mot vie est apparait très souvent et je ne change rien car c'est bien un matériau vivant que nous offrent François Beaume.

« Ceux qui parlent dans ce livre sont moi. J'ai digéré toutes leurs histoires, je les écoute, les réécoute, je me parcours et je retrouve dans l'écho du miroir mes histoires miennes ». C'est ce qui fait de lui le véritable auteur de ce livre puisqu'il a choisi parmi un grand nombre d'histoires, les a classées, « réécrites ». Il a fait prendre la mayonnaise avec ses propres textes écrits en italique, sorte de biographie indomptée, de digression sur la vie…

Lisez ce livre. Vous n'y ferez pas les mêmes rencontres que moi, mais ces tranches de vie anonymes sont des instants de vérité, des instantanés, toujours intéressantes. Oui, lisez ce recueil d'histoires collectées comme le font certains anthropologues ou ethnologues avant que ne disparaisse une civilisation orale.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Pendant un an et demi, l'auteur a réuni dans ce livre environ deux cents histoires vraies, anecdotes récentes, souvenirs, qui ont laissé une marque encore vive dans la mémoire de ceux qui les ont vécues. Ainsi s'ordonnent selon les tranches d'âge de leur apparition, les récits réécrits par F. Beaune de gens de toutes origines autour de la Méditerranée, gens de toutes conditions, en une sorte de biographie à facettes multiples qui rend compte d'un vécu souvent douloureux, parfois pittoresque et inattendu, rarement heureux et serein, d'une communauté humaine répartie autour de la « Mare nostrum », berceau de notre civilisation (je récuse un peu la notion de « berceau de l'humanité » figurant en quatrième de couverture, expression qui fait la part un peu trop belle à ce que nous sommes, oubliant délibérément les autres terres …).

Il y a un effet « kaléidoscope » dans ce recueil, un souci de donner la parole à de nombreux habitants de notre monde méditerranéen, avec une présence peut-être plus importante du Proche-Orient.
La période consacrée à l'enfance ne baigne pas dans la douceur : incestes, viols, découverte du racisme (cette petite fille juive qui découvre l'antisémitisme dans son école française, 1967 : guerre des six jours) ; histoires glauques comme celle de Sally, venue se recueillir devant l'urne des cendres de sa mère, au Père - Lachaise, et qui se voit proposer de l'argent par un maniaque de l'onanisme morbide) ; vision hallucinée dans les yeux des petits Tunisiens qui laissent leurs parents sur le quai et voient quatre-vingts chevaux treuillés à bord, dont un qui tombe à l'eau, fou de terreur.

Les textes rédigés par l'auteur et reflets de sa propre expérience figurent en italique et, curieusement, semblent trop « écrits » pour être vrais. Sa ré-écriture des histoires recueillies sonnent plus juste, peut-être parce qu'exprimées sans souci de littérature.
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Plein de promesses... à moitié tenues. Dans la foulée de l'exposition "Méditerranées" au hangar J1 prévue dans le cadre de feu MP2013 (dont le livre semble être une des émanations puisqu'il s'en réclame), je me réjouissais de prolonger l'expérience identitaire méditerranéène : rassembler les histoires qui se racontent autour du bassin, d'une façon chronologique originale qui voit la construction de ce personnage fictif qui serait la somme de toutes ces identités. Malheureusement, j'ai trouvé que l'ouvrage tirait en longueur et que certaines histoires ne méritaient pas leur place dans cette somme tant celles-ci sont parfois banales. Et que l'auteur, qui ne manque pourtant pas de talent, forçait un peu trop le trait de cette écriture parfois nombriliste et affectée (en témoigne cette malheureuse conclusion d'une mièvrerie pratiquement affligeante). La matière est là, mais on ne retrouve pas ici le talent de conteur d'un Maalouf ou d'un Mahfouz. Dommage. Ces presque 500 pages constituent malgré tout une agréable lecture qui nous fait parfois rêver d'ailleurs et de rencontres fortuites, simplement il n'est pas tout à fait à la hauteur de son sujet. Lire Les fils de la médina ou Au Grand Socco vous procurera une toute autre satisfaction, ne serait-ce qu'au niveau du style. A confirmer.
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Ce pavé qui en fait se lit très vite, est une idée belle et originale. François Beaune a recueillit via un site internet et ses voyages autour de la Méditerranée des histoires vraies que lui ont livrées les méditerranéens de tous pays.
Pas de sujet imposé, qu'elles soient d'amour, de guerre, drôles, tristes, elles sont toutes racontées avec simplicité. Elles parlent de tout et de rien mais surtout de la vie autour de cette mer omniprésente et forte de caractère. Ces deux cent récits sélectionnés parmi tant d'autre sont ordonnés par âge. On commence par la naissance et fini par la mort, tel un seul homme qui habite partout et vit tout. François Beaune y glisse également quelques récits autobiographique, quoi de mieux, qu'en réponse à toutes ces histoires, que de se livrer soi-même ?!
J'ai beaucoup aimé le fait que les histoires soient courtes. Cela permet de toutes les apprécier et surtout d'avoir l'impression d'en consommer un maximum. Elles sont plus ou moins touchantes, plus ou moins heureuses, plus ou moins drôles, mais j'ai accordé à toutes une attention particulière. En quelques phrases, je me suis sentie plongée dans l'intimité de chaque narrateur car chacun donne de l'importance à son récit qu'il soit exceptionnel ou tout simple. C'est ce qui les rend tous beaux et indispensables. On voyage tout simplement, on rentre chez de parfait inconnus qui existent et vivent une vie parallèle à la notre, mais qui nous la raconte... un peu !

La suite sur mon blog ;)
Lien : http://litteroots.canalblog...
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critiques presse (1)
Liberation
07 octobre 2013
Beaune est un classique contemporain, désormais, chef en poésie, qui vient pousser avec une fantaisie vitale le «décor» vers l’universel.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ramallah, janvier 2013
Le lendemain le ciel s’assombrit encore, jusqu’à noir, une purée de bruine au fond des caves, au fond des puits sans lune. Je visite le camp de réfugiés d’Amari, en plein cœur de Ramallah, passe deux heures à me sécher les pieds à une résistance, transi de froid dans le salon de la famille d’Amer, qui me raconte qu’on n’est pas loin de la troisième Intifada, qu’on attend juste que les grévistes de la faim meurent.
Passent un jour, deux comme ça de rues transformées en torrents, puis miracle il neige et la tempête est transformée en fête, les futurs chahid sont heureux de ce cadeau du ciel. Avec Marie, une amie qui me loge, on se fait une bonne bataille de boules de neige avec une bande d’ados, pour vérifier qu’ils ne sont pas trop rouillés. Je rentre à la maison couvert d’impacts, profondément défiguré.
Voilà ce qu’il faudrait organiser, me dis-je en touillant le thé bouillant. Un grand tournoi moins de vingt ans de lancer de pierres et de boules de neige, pour le rapprochement des peuples, avec plusieurs épreuves, différentes distances. On inviterait tous les ultras des clubs de méditerranée, Port-Saïd, PSG, le Raja de Casa, Besiktas, le Real de Madrid, le Mouloudia d’Alger, l’US Città de Palerme, les supporters de toutes les équipes du Caire qui ont fait la place Tahrir. L’idée, pour une fois, serait de les faire jouer entre eux, sans le foot au milieu.
Je touille le thé pour me réchauffer, et me dis que l’Intifada est peut-être liée à la pénurie de ballon rond dans le West Bank. Si les palestiniens avaient une équipe de foot à soutenir, si OLP signifiait Olympique de Palestine, ils lutteraient en même temps pour leur montée en Ligue 1.
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Casablanca, janvier 2012
Ça se passe à Casablanca, me raconte Didier, une nuit, près du marché central. Je suis avec un copain marocain, et on va à la Bavaroise, un restaurant. Quand on en sort il est assez tard et on tombe sur un gamin qui veut nous vendre des cigarettes. Bon, on lui achète quelques cigarettes, et on se met à causer avec lui. On lui demande ce qu’il fait là à cette heure. Il nous dit qu’il habite dans le marché central.
Comment ça tu habites le marché central ?
Oui j’habite là-haut, sur le toit.
On lui demande pourquoi. Il nous dit j’ai pas d’autre endroit où dormir. Je suis pas tout seul d’ailleurs, il y en a beaucoup comme moi qui sont sur le toit, parce que la nuit on descend dans le marché et il y a toujours des choses à manger. On les ramasse et on remonte là-haut, parce qu’en bas il y a des rats.
T’as toujours habité là ?
Non non, avant j’habitais dans un village près de Sidi Kacem.
Qu’est-ce que tu fais là alors ? Ta mère elle est où ?
Elle est à Sidi Kacem, je crois.
Et ton père ?
Je sais pas. On habitait là-as, et puis un jour ma mère est partie avec moi, elle voulait plus voir mon père, je ne sais pas pourquoi. Elle disait toujours qu’elle irait à Casa, parce qu’elle a son frère ici.
En fait il nous explique que sa mère s’est remariée à Sidi Kacem, puis il y a eu un nouveau bébé, son beau-père ne voulait plus le voir lui, le renvoyait dans la rue, le frappait. Un jour sa mère lui a dit bon on va partir tous les trois, moi et toi et le bébé, et on va aller à Casa chez le tonton.
Ils sont arrivés à la gare routière de Ouled Ziane, et le gamin nous raconte :
Ma mère me dit assieds-toi là, je vais téléphoner à tonton. Puis elle est jamais revenue.
Et il s’est mis à rire. C’est son rire qui m’a beaucoup touché. Je veux savoir quel âge il a. Lui il dit six ans sept ans, et là je pense qu’il a dans les quatorze ans.
Je sais pas combien de temps il a pu attendre à Ouled Ziane, mais je pouvais pas lui demander, pas possible. On lui a filé un petit billet, c’es tout ce qu’on a pu faire.
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Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la vérité nue mais le soleil ou la lune qui se reflète sur l’eau éteinte au fond du puits. Il s’agit d’abord de raconter l’histoire, d’écouter. Leonardo a raison : la vérité est au fond d’un puits. Faisons bien attention à la laisser où elle est, tout au fond, pour son bien.
Car la belle invisible, dans le fond, nage libre. Elle sort du puits quand elle veut, brandissant un miroir, pour nous aveugler ou nous rendre lucides. Le reste du temps elle se fait oublier. Quand le monde en surface devient irrespirable, on se jette pour mourir et renaître auprès d’elle.
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Alger, février 2012
Il a cessé de pleuvoir ce jour-là. Avec Baderdine, Kamel, Mohamed le boxeur et des amis étudiants-chercheurs du centre diocésain des Glycines, nous en profitons pour visiter la casbah d’Alger, ou plutôt ses ruines. Pour moi c’est la deuxième fois et je reconnais ces vides, ces pans de murs effondrés. Je leur dis de presser le pas, car il semble que cette ville dans la ville, le repaire d’Ali la Pointe, est un décor en train de disparaître.
Nous arrivons à une ruelle en pente. Il fait froid. Des enfants mal vêtus sont assis sur un pas de porte. Kamel explique que le bâtiment est un lieu de prière. Une femme du groupe demande à voir. Les enfants nous entrouvrent la porte. Elle prend sa photo et leur tend une pièce, mais le plus grand, qui doit avoir douze ans, refuse. Comme je suis habitué aux médinas du Maroc, où le touriste est harcelé en permanence, ça m’étonne. On discute un moment avec eux et en douce je tente de filer à un autre gosse un peu de monnaie, pour les remercier tout de même, en me disant que l’autre ne pouvait accepter devant tout le monde. L’enfant me regarde, fier lui aussi, l’œil sombre, et d’un geste m’envoie paître. Puis il revient vers moi et me dit quelque chose en arabe. Je demande à Kamel de me traduire. "Il t’a dit que la prochaine fois que tu passes dans le coin, il t’invite à manger le poulet en famille."
Je comprends alors qu’en Algérie, pour le meilleur et pour le pire, le tourisme n’existe pas.
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Vidéo de François Beaune
A l'occasion des "Correspondances de Manosque" François Beaune vous présente son ouvrage "Calamity Gwenn" aux éditions Albin Michel.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2442084/francois-beaune-calamity-gwenn
Notes de Musique : Youtube Library
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