Dans la vie on ne peut tout avoir (ni tout être !).
L’attente-angoisse est le fil d’Ariane de nos existences. La tique vit des années à attendre, immobile, qu’un mammifère passe. Un jour elle reconnaît l’odeur, ses pattes se détendent, elle s’envole, elle s’accroche au pelage du mammifère. Elle se colle à lui, boit son sang, puis une fois pleine se relâche et tombe à terre. Le dernier effort consiste à pondre ses œufs. Ensuite elle meurt.
La joie n’est jamais totale si le corps la dérange.
Le crime est un mot clef qui sauve, que l’on prononce pour se placer hors des lois de la terre. Le crime est l’impuissance fragile et vaine que l’homme agite comme il agite ses drapeaux ou ses clefs de voiture. Sébastien est un leurre, comme Frank est un leurre. On ne change ni hier ni demain. En faisant disparaître certains éléments perturbateurs, on aménage, on travaille le présent.
Les gens qui votent aujourd’hui sont ceux qui ont honte d’eux-mêmes, qui se méprisent et ne veulent pas que cela se voie. Les gens sincères restent au lit.
La vie est si bien adaptée à nos besoins que les difficultés s’effacent.
Le verbe a son interrupteur prêt. Il faut avoir l’audace de s’en servir, être capable de faire des choix.
Le travail est une source de joie et de bien-être. Le travail est l’art de vivre autour d’un objectif, le travail est une somme de concessions nécessaires et vitales.
La pauvreté et la laideur cohabitent et s’entraident.
Le laid est l’intuition du pauvre. Pas qu’il soit pauvre d’ailleurs, un riche peut avoir cette intuition, comme j’ai cette intuition sans n’avoir jamais manqué de rien. Je veux dire que la part pauvre de chacun de nous a l’intuition que le laid est bon marché. Le laid est l’oasis au milieu d’un désert de produits inabordables. Le laid est l’ami du livret A. Le laid est même une forme d’épargne : je suis laid, j’aime le laid parce que je vois dans le long terme, parce que je capitalise à mon niveau de pauvre, parce que sait-on jamais peut-être qu’un jour j’aurai les moyens d’être beau, mais pour l’instant l’essentiel est de survivre, rester dans la bonne case, éviter les Monoprix, ne pas me mettre à risque.