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Critique de Apikrus


Gérard Airaudeau, le narrateur, prépare la venue de la députée Marianne, qui semble vouloir s'intéresser aux gens de sa circonscription. Comprenez ici : les « vrais gens », ceux du peuple qu'elle est censé représenter. Gérard n'est pas dupe, il sait cette démarche de l'élue non désintéressée ; il pense cependant en tirer parti pour passer quelques messages. Gérard prépare aussi son ami Aman à cette visite, et en profite pour s'épancher auprès de lui, sur sa vie et celle de ses compatriotes vendéens, pour le plus grand plaisir du lecteur. Il n'est pas sûr qu'Aman, l'un des rares immigrés du coin (qui a fui la guerre d'Erythrée), apprécie autant.

Il faut dire qu'il est bavard, Gérard…
Malgré de multiples détours, au gré de ses pensées sinueuses, son monologue comporte un fil conducteur (évitons de parler de fil rouge dans cette Vendée rurale conservatrice qui honnit cette couleur associée en politique). Ce fil conducteur, c'est sa vie, et celle d'autres Vendéens.

Ce roman est l'occasion d'une galerie de portraits de personnages hauts en couleur, même s'il s'agit souvent de Madame ou de Monsieur 'tout le monde' ainsi que se définit lui-même Gérard.
Ces vies, Gérard les décrit simplement, sans langue de bois, et avec justesse : même si l'on sent poindre quelques jugements de valeurs dans son récit (notamment quand il compare son occident à l'Afrique d'Aman), celui-ci est souvent descriptif.
Cela donne une note humoristique à des anecdotes parfois tragiques. J'ai beaucoup aimé ce ton, même si j'ai parfois ri jaune de la noirceur de certains évènements.

François Beaune sait raconter, et a le sens des bons mots. Au-delà de son talent narratif, il a observé et fidèlement restitué de nombreuses spécificités vendéennes ; spécificités que je connaissais sans toutefois les identifier comme telles, tant elles m'apparaissaient 'naturelles' - en tant que frontalier de ce département durant mes 20 premières années (j'en ai conservé une appétence pour les choux, qu'ils soient verts, fleurs, rouges, ou pommes… et une forte aversion à l'égard de la bigoterie).
En matière de gastronomie, les mogettes sont à l'honneur. François Beaune évoque la présence dans chaque maison vendéenne, d'une cave pour boire - au garage, ou en sous-sol - et de deux cuisines - l'une pour le quotidien, et la plus classique cependant moins utilisée.
Question anthroponymie, le nom de famille de Gérard est typiquement vendéen, avec son "-deau" final. L'auteur a évité les noms locaux plus courants de 'Perrodeau' et de 'Couillandeau'… (moins faciles à porter*).
François Beaune dénonce aussi la manière dont le parc d'attraction du Puy du Fou est gérée (bénévolat forcé, idéologie), ainsi que la collusion entre les gouvernements de droite (celle du RPR et de ses héritiers) et la FDSEA, illustrée par le nombre de responsables de ce syndicat nommés Ministre de l'Agriculture.
Et malgré leurs réputations de culs-bénits, vendéens et vendéennes savent s'y adonner sans religiosité, mais ça, je l'avais déjà remarqué…

Je recommande très vivement ce savant mélange entre essai sociologique et Almanach Vermot ! Ceux qui connaissent la Vendée l'y reconnaîtront, les autres n'auront qu'à croire Gérard sur parole…

* à cet endroit…
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