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Critique de gouelan


Le capitaine Villon est un flibustier rusé, mais aussi un gentilhomme des mers, à l'âme mélancolique, noyant son désespoir dans l'alcool et les bagarres. Il a de quoi être affolé devant les étranges phénomènes qui défilent devant ses yeux ; devant ce cosmos qui chancèle, ce soleil qui n'arrête pas de faire des bonds, ces voiles du temps qui se déchirent, laissant apparaître derrière elles des merveilles d'un temps futur.

Pourtant, le capitaine Villon est toujours debout, il vacille droit, il fait face à cet escroc ; le temps. Il n'est parfois qu'un « brouillon de capitaine, chiffonné et abandonné » mais, il lutte, sans vraiment savoir si tout cela a encore un sens.

D'autres, venus d'un futur lointain, ont voulu dompter le temps, pour tisser un nouveau futur ou seulement pour se jouer de lui. Mais ce jeu est lourd de conséquences. Malheur à ceux qui se trouvent piégés dans les filets ; « englués dans des mélasses temporelles comme des mouches sur un miel empoisonné ».

Henri Villon est choisi par les Targuis, bien malgré lui, pour repriser l'accroc fait dans le canevas du temps. Les Targuis ne sont que des observateurs venus mesurer l'ampleur des dégâts. Son navire, d'abord baptisé « Chronos », pêchant les maravillas, puis « Toujours debout », comme son capitaine, devient finalement « le Déchronologue » , armé de canons tirant des salves de minutes et de secondes, des salves de soleil, pour piéger l'ennemi.

Comme le capitaine, le lecteur est ballotté par les flux du temps, les chapitres de l'histoire se jouant de la chronologie. Le début et la fin se mêlent, la seule façon de ne pas se noyer, est de repérer la date en début de chapitre, c'est un peu la bouée de sauvetage du lecteur.

Malgré cette petite difficulté, bien vite contrôlée, on est happé par cette lecture, comme pris dans les filets, ne pouvant que suivre le sillage du « Déchronologue » pour voir où nous mène ce voyage.

C'est une belle aventure « déchronologique », pleine de péripéties, dans ce monde des flibustiers du XVIIè siècle, à la rencontre de ces hommes de tous les temps, de despotes, cupides et avides de pouvoir, humiliant les plus faibles, s'acharnant à imposer leur vérité.

Une histoire originale et passionnante, écrite pour le plus grand plaisir des amateurs de romans d'aventures, débordant d'imaginaire, avec une touche de piraterie et d'espièglerie. On s'attache à ce capitaine au grand coeur, malgré son côté sauvage, ses jurons et son ivrognerie.

Un roman de fiction, mais qui sait, un jour des hommes arrogants, auront peut-être la bêtise de défier le temps ? On peut aussi penser qu'effectivement nous ne sommes que « des ombres glissant sur l'écume du temps. », au gré des vents, des carrefours et des aiguillages, avec nul capitaine à bord. Si le capitaine Villon voulait bien prendre les commandes de ce navire, j'en serais ravie.

J'ai été charmée par l'écriture poétique et sensible de Stéphane Beauverger. Une très belle découverte.
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