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Critique de valleg


Un recueil de trois nouvelles qui parlent de femmes en pleine crise existentielle écrit par l'une des grandes figures du féminisme français. Non, ne fuyez pas messieurs, car si ces nouvelles sont racontées du point de vu féminin, le ressenti masculin est présent lui aussi et éclairant par ses contrastes.
La relation de couple est au coeur de ce recueil au même titre que la capacité d'un individu à se remettre en cause et à réagir lorsque tout ce en quoi il croit s'effondre. Cela peut être l'amour qui fiche le camp, la jeunesse, la capacité de création, d'innovation, ou le gout de vivre (pas spécifiquement féminin !).

Trois femmes donc, confrontées à des situations de rupture qui remettent en cause leurs certitudes et bouleversent leur vie.

La première nouvelle « le temps de la discrétion » présente une femme d'âge mûre, intellectuelle, bouleversée par les choix de vie de son fils, en opposition complète avec ce qu'elle avait décidé pour lui. Mère (trop) aimante, niée dans ce qu'elle croyait être sa légitimité de mère, refusant d'accepter cette nouvelle relation qui doit s'instaurer avec son fils adulte. Cette remise en cause de ses certitudes maternelles ouvre la porte à d'autres questionnements sur sa vie de couple, ses compétences intellectuelles, ses convictions, la vieillesse.
Cet automne de la vie n'est pas vécu de la même façon par les deux partenaires. L'un y voit la perte de « la stamina : la sève qui permet d'aimer et de créer » là ou l'autre découvre « la douceur d'avoir derrière moi un long passé… qui veloute mes émotions, mes plaisirs ». Comment se comprendre et s'entendre encore lorsque le passage du temps nous marque si différemment ?

« Monologue », la deuxième nouvelle est un hurlement de haine envers la terre entière, à la hauteur du ressentiment de Muriel pour son entourage depuis la disparition de sa fille. Simone de Beauvoir montre par le biais d'un texte violent et cru, toutes les échappatoires que se fabrique le personnage pour fuir la réalité et ses responsabilités. Stupéfiant !

Dans « la femme rompue » nous partageons par le biais du journal intime de Monique, femme trompée, les sentiments multiples qui l'assaillent et le combat qu'elle mène pour que le monde qu'elle s'est construit ne soit pas englouti. Elle qui pensait « Il m'aimait, c'est tout. Et pour toujours puisque ce serait toujours moi ».

L'écriture de Simone de Beauvoir est d'une simplicité déconcertante, teintée parfois de philosophie et de poésie, mais toujours extrêmement aisée à lire. Les sentiments sont forts et justes, emprunts d'un réalisme bouleversant. Chaque nouvelle a son style propre comme chacune de ces femmes est unique et pourtant universelle et intemporelle.

Il faut lire et relire Simone de Beauvoir, c'est indéniablement une grande dame de la littérature.
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