La Vieillesse

On ne naît pas vieux, on le devient...
C'est tout le malheur. Simone de Beauvoir a le mérite bien avant d'autres, d'évoquer cet âge difficile. Sans euphémisme ni idéalisation. Nous ne sommes alors (1970) pas encore à l'âge des "seniors" ces vieux qui ne veulent pas se voir tels.

Dans cet essai, Simone de Beauvoir s'attaque à un sujet encore tabou, au moins à l'époque de sa publication : la vieillesse, le grand âge. Elle le traite à fond en passant en revue le sort réservé aux personnes âgées (concept déjà assez relatif selon le contexte) dans différentes sociétés et dans l'histoire. Elle décrit de manière parfois longue des cas individuels (forcément de personnes célèbres ayant écrit).
Elle en revient à souligner la contingence de la notion de vieillesse, par rapport au contexte social. Surtout, elle soulève à quel point le sort réservé aux personnes dites âgées n'est que le miroir ou la continuité de celui que l'on réserve aux individus dans la société, et à la valeur que l'on donne à leur vie.
A l'heure des scandales sur les sociétés de maison de retraite, il est intéressant de voir qu'elle pointait déjà le système américain (dans une des appendices) dont les dérives font échos à celles de notre système !

"Vieillir dans les sociétés contemporaines", voilà un sujet de culture générale pour un concours de la fonction publique. Je m'intéressai donc à la question, et d'abord d'un point de vue historique, et décidai d'emprunter ce "Deuxième Sexe" version vieillard : la démarche de De Beauvoir et le plan du livre sont les mêmes dans les deux cas. Dans le métro qui menait à la bibli, je vis un homme de 70 ans qui mendiait car sa retraite ne lui permettait pas de vivre.

Long et déprimant, et pour cela nécessaire. le récent scandale Orpéa n'est pas si récent : délaissé des politiques publiques, inutile pour le capitalisme, le grand âge semble abandonné. Afin d'écrire son livre, De Beauvoir a enquêté dans des hospices : véritables mouroirs, ce qu'on lit est scandaleux. Pour le dire honnêtement, j'ai dû sauter quelques pages de ce pavé qui oblige à regarder la réalité en face.

Comme dans le Deuxième sexe, la Vieillesse commence par la biologie et De Beauvoir nous dispense un véritable cours d'histoire des sciences (ex. les verres correcteurs). Puis elle passe à l'ethnologie, aux sociétés animales d'abord, humaines ensuite. Quels peuples éliminaient leurs vieillards, lesquels les respectent ? Et puis L Histoire, et la partie contemporaine. Enfin, une grande deuxième partie sur l'expérience, avec des exemples.

Bon. Cela donne un livre très difficile à lire, assez sombre, et critique (des pouvoirs publics, du capitalisme). Aujourd'hui, on parlerait d'âgisme. Et autant je le trouve nécessaire, autant c'est une lecture un peu pesante.

Un superbe livre qui nous offre un panorama de la vieillesse a travers les ages par une auteure douee.Le livre est une histoire de la vieillesse a travers les temps et de l'évolution de son traitement entre les epoques : La fin de vie de plusieurs illustres écrivains est ici commentee et analysee.Un ouvrage original et passionnant !