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Les Mandarins tome 1 sur 2
EAN : 9782070367696
506 pages
Gallimard (09/06/1972)
4.03/5   159 notes
Résumé :
LES MANDARINS I. - Qu'est-ce qui ne va pas ?. - Rien, tout va très bien, dis-je d'un ton dégagé.- Allons ! Allons ! je sais ce que ça veut dire quand tu prends ta voix de dame du monde, dit Robert. Je suis sûr qu'en ce moment ça tourne dur dans cette tête. Combien de verres de punch as-tu bus ?. - Sûrement moins que vous, et le punch n'y est pour rien.- Ah ! tu avoues ! dit Robert d'un ton triomphant ; il y a quelque chose et le punch n'y est pour rien ; quoi donc ?... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Je crois que c'est, mais oui, mon premier Simone de Beauvoir, et quelle lecture ! C'est une tranche d'histoire que nous propose l'auteure, dans le milieu intello-politico de l'après-guerre. Je me suis plongée dedans avec un peu de réticence, voyant la taille des deux tomes, pensant y trouver un récit long et ennuyeux. Et bien pas du tout !

Le roman débute dans le juste après guerre, Noël 1944, Paris est libéré et panse ses plaies. Nous suivons principalement à travers Henri Perron, homme séduisant, patron de presse et écrivain à ses heures, la ville qui reprend quelques couleurs, qui retrouve ses animations d'autrefois même si les restrictions et pénuries sont encore présentes, les journaux peuvent à nouveaux paraître et les différents courants politiques s'exprimer. C'est le cas pour l'Espoir, que dirige Henri, journal indépendant mais orienté à gauche, auquel le nouveau parti, le S.R.L., d'obédience socialiste, créé par son ami Robert Dubreuilh, écrivain très engagé en politique, voudrait obtenir le soutien.

Nous suivons les luttes d'influence politique, amicale et amoureuse sur les différents personnages. La narration est principalement faite par Henri et c'est à travers lui que nous évoluons dans ce monde fortement marqué par les quatre années de guerre, ses restrictions, chacun tentant de panser ses plaies, de garder le souvenir de ceux qui ne sont pas revenus, des atrocités des camps, de ceux qui ont trahi et puis certains règlent les comptes, dans l'ombre.

Anne prend également parfois la parole, femme de Robert Dubreuilh. Femme engagée, elle est un soutien inconditionnel pour son mari, même s'il lui arrive parfois de le tromper. C'est une femme libre, psychologue de métier, elle écoute et tente d'aider ceux qui se confient à elle dans son cabinet, elle est en première ligne pour constater les traumatismes des humains après la guerre.

J'ai craint, à plusieurs reprises, n'étant pas versée dans la politique et n'en connaissant pas tous les rouages, d'être un peu « larguée » mais j'ai découvert un récit clair dans ce domaine et elle alterne en permanence les différents domaines : politique, sentimental, amical, professionnel. Il y a un chassé-croisé entre ceux-ci et souvent une mise en parallèle.

J'ai aimé découvrir les prises de position de chacun,à la fin de la guerre entre les directives du P.C. l'affrontement avec les idées de gauche socialiste vers lesquelles penche le S.R.L., les doutes qui pèsent sur le P.C. en URSS, ses manières d'agir parfois similaires à ce que le nazisme appliquait.

A la fin de ce premier tome, j'ai cherché à savoir si pour ses personnages, Simone de Beauvoir s'était inspirée de son entourage. Et effectivement il semble qu'Albert Camus a servi de modèle pour Henri, Jean-Paul Sartre pour Robert et Anne étant sa propre transposition.

– Nous avons toujours pensé qu'on n'écrit pas pour écrire. A certains moments d'autres formes d'action sont plus urgentes

– Pas pour vous, dis-je. Vous êtes d'abord un écrivain.

– Tu sais bien que non, ce qui compte d'abord pour moi, c'est la révolution.

– Oui, dis-je, mais le meilleur moyen que vous ayez de servir la révolution, c'est d'écrire vos livres. (p63)

Il est évoqué également à travers Robert et Henri, le travail de l'écrivain mais aussi celui de patron de presse, ses choix, ses prises de position, son indépendance :

On restait indépendant, c'était une chose acquise, encore fallait-il savoir qu'en faire, de cette indépendance. (…)Henri ne voulait pas perdre ce public d'intellectuels qui aimaient l'Espoir pour son impartialité ; il ne voulait pas non plus indisposer ses lecteurs communistes ; cependant, en ménageant tout le monde, il se condamnait à l'insignifiance, et par là il contribuait à endormir les gens.(p219)

C'est une lecture enrichissante par l'évocation du climat de l'époque, par les thèmes abordés comme ceux des armes de guerre (bombe atomique à Hiroshima), les trahisons et luttes d'influence, les alliances parfois nécessaires avec ceux qui détiennent le nerf de la guerre, l'argent, les questionnements politiques et tout cela entrecoupé des rencontres et des ruptures amoureuses, dans ce Paris intellectuel et artistique de l'après-guerre.

J'ai trouvé l'écriture de Simone de Beauvoir très agréable, vivante, abordant nombres de sujets de réflexion, parfois encore très actuels, mais sans lourdeur, grâce à l'attention qu'elle porte à chacun de ses personnages, à le faire vivre sous nos yeux.

Je suis un intellectuel. Ça m'agace qu'au fasse de ce mot une insulte ; les gens ont l'air de croire que le vide de leur cerveau leur meuble les couilles. (p223)

Je lirai le tome 2 très prochainement afin de retrouver ces « mandarins », ceux qui régnaient sur la pensée, l'information, le pouvoir et parfois l'amour, découvrir le sort que leur réserve l'auteure. C'est une belle découverte d'une auteure qui m'effrayait un peu, pensant à tort, à une « intellectuelle », certes engagée, mais inaccessible.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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"Le mal est il partout? L'innocence existe-t-elle?"
Le Castor de Sartre(Lettres au Castor 1983),l'agrégée de philosophie(Faut il brûler Sade 1955),la rebelle féministe(Le deuxième sexe 1949),l'écrivain des mémoires(Mémoires d'une jeune fille rangée 1958),l'engagée politique brillante et passionnée a obtenu le Goncourt en 1954 pour Les Mandarins.
Le premier tome est plus axé sur le monde intellectuel et politique.Le deuxième met en exergue sa liaison avec Nelson Algren auquel d'ailleurs Les Mandarins sont dédiés.
Car sous le biais de personnages fictifs,il s'agit bien là d'une autofiction inspirée de la vie de Simone de Beauvoir et de son entourage.
1944. Premier Noël de paix mais prémisces de la guerre Froide et de la guerre d'Algérie.
Réunion de fête.
Henri Perron (alias Camus) marié à Paule toujours amoureuse rêve d'être libre("La vie ne devrait pas être une prison").Il dirige le journal L'espoir ("vendu au nez des allemands") et lutte pour sa survie.La résistance l'a passionné, la politique le dépassionne.Il veut devenir écrivain à part entière,voyager, dire ce qu'il pense sans se laisser enregimentrer et aimer ailleurs.
Robert Dubreuilh(alias Sartre), plus agé est un écrivain engagé reconnu du monde littéraire et des intellectuels.Marié à Anne qu'il délaisse pour des maitresses il a une fille Nadine qui se colle à Henri et veut le suivre au Portugal.
Il va proposer par la suite de rallier L'espoir au parti de gauche SRL pour le diffuser plus amplement dans le monde ouvrier.
"Le monde va-t-il devenir russe ou américain?"
"La révolution,bon et puis après?"
Anne(alias Simone de Beauvoir),psychiatre admire son mari. Encore désirable, mais plus trop désirée, elle se laisse tenter par une brêve aventure avec Scriassine étranger exilé,charmeur,intellectuel(pour lequel "les intellectuels sont foutus"),violent et vaniteux.
Mais où est le plaisir lorsqu'on n'aime pas. "On ne fait pas l'amour avec sa tête".
Chassé croisé amoureux sur fond intellectuel et politique.Henri multiplie les aventures:Nadine puis Josette plus jeune(mais qui est elle vraiment?) et quitte Paule.
"Mais après la guerre retrouve-t-on l'avant guerre?"
"Le mal est il partout ? L'innocence existe t elle?"
Triste constatation.
Des idées et des hommes. Une femme sereine qui traverse l'existence avec des gants de chevreau rivés aux doigts.Et une écriture sublime!
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Premier livre de Simone de Beauvoir que je lis pour avoir une idée de la France d'après-guerre. L'intrigue débute à Noël 1944, Paris a été libéré, la fin de la guerre approche, la France essaie de régler ses comptes entre collabo, résistants, lutte des classes et émergence de la bi-polarité du globe entre Etats-Unis et URSS. Dans ce contexte historique particulier, on va suivre Henri Perron, journaliste et écrivain et Anne Dubreuil, psychatre, faisant parti de la bourgeoisie qui ne s'assume pas, litteraire de gauche.
Henri a envie de retrouver sa vie d'avant la guerre, d'écrire juste pour le plaisir mais il se voit dévoré par la nécessité de prendre parti. Est-il possible de continuer à écrire juste sur soi lorsque tout va de travers en Europe et dans le monde ?
Il y a beaucoup de réflexion sur le pourquoi de la litterature, est-ce véritablement utile lorsque des gens crèvent de faim dans des camps ? Il est question de gauche indépendante face au parti communiste ou aux gens de droite. On évolue dans les milieux artistiques et intellectuels de l'immédiat après guerre.
Au niveau de l'intrigue, il n'y a rien d'intense, aucun "page-turner" mais j'ai trouvé les personnages intéressants, surtout Paule qui vit dans un monde complétement à part. Je me dis que si c'était une psychopathe, je ne serais pas surprise. Henri a du mal à se situer par rapport à tout ce qui lui arrive : enrôlement au SRL, relation subie avec Paule etc... Un petit electro-choc serait bienvenu.
C'est un roman où j'ai appris beaucoup de choses sur cette époque et ce milieu si particulier : la purge des collabos et en même temps leur blanchiment s'ils ont les bonnes relations, la purge dans les partis de gauche, les guerres politiques, les salons, la difficulté de financement des journaux, le psyché d'un écrivain face au monde etc...mais j'avoue que je me suis un peu ennuyée. Il s'agit pour moi d'une auto-fiction car l'auteure a reprit, selon moi, beaucoup d'éléments de sa propre expérience, d'où peut-être un manque d'excitation ou de dynamisme : la vraie vie n'est pas toujours palpitante bien qu'il se passe des choses. du coup, pas sûr de lire le deuxième tome :/.
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Tomes 1 et 2

Alors là, c'est ce que l'on appelle une révélation !
Je connaissais évidemment Simone de Beauvoir, de longue date, sans avoir été attiré par sa littérature.
Je pensais y trouver quelque chose d'ennuyeux.
C'est avec "La bâtarde" (le livre et le film) de Violette le Duc que j'ai commencé à avoir de l'intérêt pour la femme et l'auteure.
Mais c'est mon challenge "Prix Goncourt", alors que d'autres livres de Simone de Beauvoir attendent patiemment dans ma PAL depuis des années, qui m'a ouvert la porte.
J'ai trouvé ce premier tome magistral. Un réel engouement qui laisse présager de belles heures de lecture pour le deuxième tome et ses autres livres. D'autant plus que l'on m'a dit que ses essais étaient meilleurs que ses romans. Que de temps à rattraper !

Pour le deuxième tome, j'y ai trouvé quelques longueurs mais j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver ces personnages dans la reconstruction du monde intellectuel de l'après guerre.


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Roman paru en 1954, témoignant d'un moment historique.
Je me suis rendue compte après cent cinquante pages que je suis intéressée uniquement par le débat intellectuel de l'époque : l'après-guerre et l'amorce de la guerre froide, la position des écrivains face à ce que R Aron a appelé le grand schisme. Choisir son camp. Etre de gauche ; être ou ne pas être membre du PC.
Au deuxième tome il y a la passionnante controverse entre Henri Perron (Camus) et Robert Dubreuilh (Sartre) : faut-il ou non révéler l'existence des camps soviétiques ? Au nom de la vérité, Perron le fait dans son journal ; il est désavoué par Dubreuilh, car cela affaiblit l'URSS.
Dans l'ensemble le propos m'a paru long, car je ne me suis pas attaché aux personnages, mais alors pas du tout ; aussi, j'ai préféré le parcourir en diagonale et me tourner vers « le siècle des intellectuels », l'essai de M Winock, troisième partie – où j'ai trouvé mon compte.
Le vilain C Dantzig dans son dico égoiste disait que les personnages crées par De Beauvoir sont des « poupées d'un ventriloque ». Il n'a pas tort à mes yeux.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Aider c'est mon métier : je peux les étendre sur un divan et leur faire raconter leurs rêves ; mais je ne ressusciterai pas Rosa, ni les douze miliciens que Vincent a achevés de sa main. Et même si je réussis à neutraliser leur passé, quel avenir ai-je à leur offrir ? J'estompe les peurs, je lime les rêves, je rogne les désirs, j'adapte, j'adapte, mais à quoi les adapterai-je ? Je ne vois plus rien autour de moi qui tienne debout.
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La mort est toujours présente; mais les vivants le sont davantage encore. (..)
Je suis ici. Ils vivent, ils me parlent, je suis vivante. de nouveau, j'ai sauté à pieds joints dans la vie. (...)
Je me dis que puisqu'ils ont été assez forts pour m'arracher à la mort, peut-être qu'ils sauront m'aider de nouveau à vivre.
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- Nous avons toujours pensé qu'on n'écrit pas pour écrire. A certains moments d'autres formes d'action sont plus urgentes

- Pas pour vous, dis-je. Vous êtes d'abord un écrivain.

- Tu sais bien que non, ce qui compte d'abord pour moi, c'est la révolution.

- Oui, dis-je, mais le meilleur moyen que vous ayez de servir la révolution, c'est d'écrire vos livres.(p63)
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Dubreuilh donnait l'impression d'écrire capricieusement, pour son seul plaisir, des choses tout à fait gratuites ; et pourtant, le livre fermé, on se retrouvait bouleversé de colère, de dégoût, de révolte, on voulait que les choses changent. À lire certains passages de son oeuvre, on l'aurait pris pour un pur esthète : il a le goût des mots ; et il s'intéresse sans arrière-pensée à la pluie et au beau temps; aux jeux de l'amour et du hasard, à tout ; seulement il n'en reste pas là : soudain vous vous trouvez jeté dans la foule des hommes et tous leurs problèmes vous concernent. Voilà pourquoi je tiens tant à ce qu'il continue d'écrire. Je sais par moi-même ce qu'il apporte à ses lecteurs. Entre sa pensée politique et ses émotions poétiques, il n'y a pas de distance. C'est parce qu'il aime tant la vie qu'il veut que tous les hommes en aient largement leur part ; et parce qu'il aime les hommes, tout ce qui appartient à leur vie le passionne...
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Soudain ça lui semblait idiot de vouloir s'instruire. Les partis politiques en France, l'économie du Don, les pétroles de l'Iran, les problèmes actuels de I'U. R.S.S., tout ça c'était déjà du passé; cette ère nouvelle qui s'ouvrait n'était pas prévue dans les livres; et qu'est-ce que ça pesait, une solide culture politique contre l'énergie atomique ? Le S.R.L., L’Espoir, agir, quelle funèbre plaisanterie ! Les hommes dits de bonne volonté pouvaient tranquillement se mettre en grève ; les savants et les techniciens étaient en train de fabriquer des bombes, des anti-bombes, des superbombes, c'était eux qui tenaient l'avenir dans leurs mains. Un joyeux avenir ! Henri ferma les yeux. Vassieux; Hiroshima. En un an on avait fait du chemin. ça se donnerait la prochaine guerre. Et l'après-guerre donc : elle serait encore plus soignée que celle-ci. A moins qu'il n'y ait pas d'après-guerre. A moins que le vaincu ne s'amuse à faire sauter le globe. Ça se pourrait très bien. Il ne se casserait pas en morceaux, admettons, il continuerait à tourner sur lui-même, glacé, désert : ce n'était pas plus réjouissant à imaginer. L'idée de la mort n'avait jamais gêné Henri : mais soudain ce silence lunaire l'épouvantait : il n'y aurait plus d'hommes ! En face de cette éternité sourde-muette, à quoi ça rimait-il d'aligner des mots, de tenir des meetings ? On n'avait qu'à attendre en
silence le cataclysme universel, ou sa petite mort personnelle. Rien n'était rien.
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Vidéo de Simone de Beauvoir
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Simone de Beauvoir

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