Beaux Arts Magazine, n°402

Louvre Abu Dhabi

D’un point de vue pratique, cette noble idée répond aussi – et de manière idéale – aux nécessités d’une collection inexistante et d’un accrochage appelé à être renouvelé, les prêts français (soit la moitié des œuvres exposées, l’autre étant propriété de l’émirat) n’ayant été consentis que pour dix ans. Pendant ce laps de temps, le musée devra enrichir ses collections, acheter des pièces équivalentes sur le marché de l’art. Une gageure, malgré un confortable budget d’acquisition de 40 millions d’euros annuels – celui du Louvre oscille entre 5 et 7 millions d’euros hors mécénat.
Quand on évoque un possible conflit d’intérêts avec les musées français qui apportent leur expertise à l’émirat, Jean-Luc Martinez sourit : «Vous ne reprochez pas à vos enfants d’être beaux, non ?»

Le Président dos à la rue
Shepard Fairey avait déjà signé l’affche de campagne de Barack Obama en 2008. Il décore aujourd’hui le bureau d’Emmanuel Macron à l’Élysée. Du street art offciel ?

... Et, de plus en plus, au fur et à mesure de sa récupération politique, par les dimensions gigantesques d’une fresque ou d’un détournement sur un bâtiment symbole. Le second axe, plus gênant encore, est la propension d’autres street artists à se transformer en «marques», par la répétition creuse d’une signature stylisée. Et là, on se demande ce que cela fait dans une galerie. Car le street art, ça peut être très intéressant, mais plus encore si ça reste dans la «street» au lieu de prétendre appartenir à la même
sphère que David Hockney ou Pierre Huyghe.

Damien Hirst au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana, à Venise

Le problème, avec les films à grand spectacle, c’est qu’on n’y croit pas. Et
qu’on se demande bien pourquoi de telles sommes ont été allouées au projet. C’est ce qui se passe avec la pseudo fiction de Damien Hirst à Venise, qui déverse codex aztèques, sphinges alanguies, monnaies précieuses, coquillages rares et crânes de cyclope comme s’il en pleuvait. Mais plus que de la lassitude, c’est le dégoût qui envahit face à cette débauche d’argent, de talent – on parle de celui des fondeurs, tailleurs et orfèvres, toutes ces petites mains qui ont façonné le projet. Hirst voulait nous raconter l’histoire d’un naufrage. C’est réussi, mais le naufrage, c’est le sien.

Mauvais genre assumé

Un chaman vêtu d’un costume confectionné de chaussettes de
football, une brodeuse de «masques à foufounes», une sculptrice
d’os et de momies d’animaux, un acrobate devenu animal, une
performeuse qui crée avec son propre sang... Pour les 20 ans de
l’émission de France Culture «Mauvais genres» dont elle est
chroniqueuse, Céline du Chéné a réuni dans cet abécédaire très
irrévérencieux 26 créateurs qui officient hors des sentiers battus.

Encyclopédie pratique des mauvais genres
par Céline du Chéné • préface de François Angelier • éd. Nada • 174 p. 28 €€

À quoi ressemblera la tour Montparnasse en 2024 ?

Comment se débarrasser des tours ? Est-ce même possible ? Hormis d’épouvantables scénarios catastrophe, les tours édifiées semblent vouées à demeurer toujours, car les désosser pose problème et creuse les budgets. Reste donc le rhabillage. Dans l’affaire de la tour Montparnasse à Paris, 280 propriétaires privés se sont lancés dans une entreprise sans précédent. Relooker un bâtiment vilipendé par tous et le réenchanter.