Jacques Franck, Historien de l’art
Moins la Joconde bouge, mieux elle se porte !
Ensorcelé depuis l’enfance par Mona Lisa, cet expert de Léonard de Vinci réagit aux propos de Françoise Nyssen : déplacer ce
chef-d’œuvre à Lens, sous prétexte de lutter contre la «ségrégation culturelle», serait l’exposer à un danger de mort.
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Quand on a 100 ans, et a fortiori cinq fois plus, qui n’a pas envie de rester chez soi bien au chaud pour soigner ses rhumatismes ?
Cate Blanchett électrise l’histoire de l’art
Enchaînant les mots d’ordre du situationnisme comme du futurisme, l’actrice incarne dans « Manifesto » les utopies du siècle passé via 13 rôles anachroniques. Et si Dada avait été punk ?
Une sans-abri, une enseignante, une présentatrice de JT, une ouvrière, une chorégraphe, une mère de famille conservatrice… Ce sont en tout 13 personnes différentes, moins des personnages que des porte-parole, que Cate Blanchett, présidente du jury du festival de Cannes 2018 - incarne
successivement. Dans chacune de ces mises en situation, elle proclame, scande, rumine un texte, extrait de divers manifestes esthético-politiques publiés au cours du XXe siècle. Des concepts ou mots d’ordre plus moins provocateurs, issus du futurisme, du situationnisme, de Fluxus, de Dada (imbattable, dans le registre de l’absurde libérateur). On peut ainsi entendre en vrac des choses comme : «J’écris un manifeste parce que je n’ai rien à dire», «Dada ne signifie rien», «L’originalité n’existe pas, l’art actuel n’est que contrefaçon», «La crise actuelle a mis le capitalisme à nu», «L’art exige la vérité, non la sincérité»…
Manifesto de Julian Rosefeldt - en salles le 23 mai
Engagé, le trompe-l’œil révèle, dénonce. Il s'émancipe de sa fonction décorative pour revêtir une dimension critique. Il fait corps avec la satire sociale. Les sculptures à taille humaine de Mark Jenkins, disséminées dans l'espace public, inquiétantes et dérangeantes, trahissent la solitude produite par la société moderne, celle effroyable machine à broyer du noir.
Le street artiste décrit lui-même son travail comme "une expérience sociale où la réalité de la vielle peut être modifiée afin d'obliger les gens à ne pas tenir pour acquis ce qu'ils ont sous les yeux"..
PARIS - MUSÉE MAILLOL jusqu’au 15 juillet
Foujita, emblème des Années folles
Coupe au bol, lunettes rondes, oeil dandy, Léonard Tsuguharu Foujita est
resté l’une des icônes du Montparnasse des Années folles. Mais son oeuvre
demeure mal connue, comme son parcours. Fils d’un général de l’armée
impériale japonaise, il débarque à Paris en 1913. «On me prédisait que je
serais le premier peintre du Japon, mais c’était le premier peintre de Paris
que je rêvais d’être. Il me fallait aller aux sources», écrit-il alors. On ne peut
dire qu’il y parvint, restant toujours dans l’ombre de ses comparses, Modigliani ou Zadkine. Mais il ajouta une jolie note d’empire du Soleil-Levant à cette bohème internationale, préservant jusqu’à la fin sa singularité nippone.
Enfant des estampes et du Douanier Rousseau, passionné de kabbale
et d’astrologie, il a réalisé ses plus belles toiles en peignant son second amour, rencontré à la Rotonde, Lucie Badoud, dite Youki («neige», en japonais).
PARIS - MUSÉE JACQUEMART-ANDRÉ JUSQU’AU 23 JUILLET - Mary Cassatt fait bonne impression.
C’était la seule femme, ou presque, dans un cercle d’hommes. Repérée par Degas au Salon de 1874, Mary Cassatt fut acceptée dans le cénacle impressionniste avec pour seule consœur Berthe Morisot. Si elle resta dans les mémoires françaises comme une figure mineure du mouvement, elle fut vénérée dans sa patrie comme l’un des meilleurs peintres de son temps.
Comment cette fille de riche banquier américain s’est-elle invitée dans la bohème montmartroise ? À travers une série de prêts prestigieux, le musée Jacquemart-André retrace l’univers, essentiellement domestique, de cette descendante de huguenots aux racines françaises, qui passa
près de soixante ans de sa vie dans notre pays.