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EAN : 9781020400964
Beaux Arts Editions (04/06/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
Chaque année depuis 2007, un artiste de grande ampleur est invité à occuper la Nef du Grand Palais. Après Daniel Buren en 2012, c’est le couple Kabakov qui s’atèle à la lourde tâche d’habiter l’immense verrière de 13500m2. Ilya et Emilia Kabakov ont choisi d’y édifier une Étrange Cité aux proportions monumentales, dans laquelle sont exposées plusieurs de leurs œuvres.
Beaux Arts éditions propose aux lecteurs des entretiens exclusifs avec les deux artistes, ai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Monumenta est une exposition d'art contemporain qui se tient annuellement dans la nef du Grand Palais (Paris). le premier à avoir essuyé les plâtres, en 2007, est l'artiste allemand Anselm Kiefer. Vu le succès public (135.000 visiteurs), il sera décidé de répéter l'expérience de confier ce vaste espace à un artiste contemporain (et vivant) pour une oeuvre originale. Vont se succéder, avec des bonheurs divers, Richard Serra (2008), Christian Boltanski (2010), Anish Kapoor (2011), Daniel Buren (2012). En 2013, pour des raisons budgétaires, le Monumenta consacré au couple Kabakov est reporté à 2014.
Du 10 mai au 22 juin, 145 000 visiteurs (Libération, 25 juin 2014) ont donc visité cette installation d'art conceptuel, créée de toutes pièces par Ilya et Emilia Kabakov. Mais qui sont-ils ? Ce sont deux Russes, vivant maintenant aux Etats-Unis, à Long Island, qui, régulièrement, critiquent la culture de l'Union soviétique, envisagée sous ses aspects les plus totalitaires (censure, réalisme socialiste, propagande, etc.) Ilya (né en1933) a une longue carrière de peintre, dessinateur et créateur, privilégiant une démarche contemporaine : l'idée qui sous-tend l'oeuvre est plus importante que sa concrétisation. Avec son épouse, Emilia (née en 1945), il produit des oeuvres sous forme d'installations apparemment documentaires, mais non dénuées pour autant de poésie, voire de spiritualité.
Mais le défi, comme pour les artistes précédents, est de parvenir à prendre possession des 13.500 m² courant sous la verrière, haute de 35 mètres. Ils ont dès lors conçu « L'Etrange Cité », un croisement entre une médina arabe et un dédale crétois, entre une architecture et un parcours initiatique. En fait, ce sont des installations dans l'installation, avec autant d'espaces à taille humaine (les chapelles) dans l'espace de la nef, une mise en abyme surprenante au coeur de la verrière monumentale. le propos est particulièrement nourri de nombreuses racines historiques : l'histoire artistique de la France et de la Russie. Ils évoquent aussi bien l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1935 et le pavillon de Constantin Stepanovitch Melnikov (1890 - 1974) et d'Alexandre Mikhaïlovitch Rodtchenko (1891 – 1956) que l'Exposition universelle de 1937, célèbre pour son pavillon soviétique dominé par « L'Ouvrier et la Kolkhozienne » de Vera Ignatievna Moukhina (1889 - 1953).
L'Etrange Cité est donc une oeuvre sous-tendue par la mythologie personnelle de ses auteurs, bien souvent inconnue d'une bonne partie des visiteurs. Mais est-ce nécessaire pour vivre l'oeuvre comme une expérience esthétique ? En effet, derrière les chiffres assénés comme autant de butoirs (1500 m² de surface totale, 1,5 tonne de peinture, 12 km de calicots, etc.), se cache une volonté d'introspection, de repli en soi, de recueillement presque. Mais cette oeuvre nécessite aussi une qualité bien particulière chez le spectateur, qualité aujourd'hui bien rare : le goût pour la contemplation.
Le parcours se fait en grosso mode dix étapes (ou dix stations, si vous voulez). Premier artefact, « la Coupole » est un véritable écho du lieu où elle déploie ses 13,5 mètres de diamètre et pèse de ses 24 tonnes. Elle oscille entre cathédrale gothique et architecture industrielle. Elle fait référence au compositeur Alexandre Nikolaïevitch Skriabine (1872-1915) qui lie étroitement musique et lumière. Puis vient l'entrée de la cité à proprement parler, une arche blanche, austère et pure, mais tombée en ruine : elle ouvre à la fois sur les civilisations du passé mais également sur celles qui sont en gestation. Ensuite, le musée vide, avec ses 180 m² de classicisme désuet, évoque un musée de l'Ermitage dépouillé de ses Rubens, Fragonard et autres Caravage, le tout au son de la musique de Bach. « Pour les Kabakov, l'espace de l'art serait sacré et consacré. » le deuxième espace, intitulé Manas, fait référence à la ville utopique du bouddhisme tibétain, présente ici sous forme de maquettes, à la fois terrestre et céleste. le centre de rencontre cosmique, quant à lui, fait référence à l'architecture des constructivistes russes et de Vladimir Ievgrafovitch Tatline (1885 - 1953) en particulier. Ensuite, les Kabakov imaginent un procédé pour aller à la rencontre d'un ange, pour ensuite nous confronter à l'ouverture d'esprit que permet l'art à travers une série de tableaux ayant le portail pour thème. Enfin, avant de quitter la cité, de manière clairement signifiante, nous sommes confrontés à deux espaces. L'un blanc, l'autre sombre. Ils constituent les deux versants de la perception du monde. Dans le premier, les oeuvres du réalisme socialiste se dissolvent dans la pureté immaculée des murs, tandis que dans le second, baroque et théâtral, d'immenses tableaux, les plus personnels de Ilya Kabakov.
Au fil du périple de salle en salle, nous croisons aussi bien l'histoire de l'art que les sciences, les utopies philosophiques que les croyances, la politique que la culturelle. Bien entendu, la portée métaphysique du propos de l'installation peut échapper au commun des mortels, aussi une interview du couple vient nous éclairer, ainsi que dix clefs pour comprendre son univers. Une visite dans leur atelier, et un coup de projecteur sur l'installation « la Cuisine communautaire » (présentée au Musée Maillol) vient compléter le décryptage.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les premières installations réalisées après mon départ de l'union soviétique, étaient dictées par la haine et le dégoût de ce monde.
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Nous voudrions permettre à autrui de réfléchir sur sa vie, son âme, ses buts, la société qu'il désire. L'écarter du quotidien, du monde des loisirs, pour le forcer à penser.
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Pour les Kabakov, l’espace de l’art serait sacré et consacré.
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Nous voulons créer l'espace sacré de l'art.
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