AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,31

sur 148 notes
5
9 avis
4
1 avis
3
7 avis
2
7 avis
1
3 avis
Quelques années auparavant, Alison Bechdel avait éprouvé le besoin d'écrire sur son père, homosexuel refoulé décédé prématurément après avoir été emporté par un camion, devant chez lui. Ce roman graphique lui avait offert les portes de la notoriété et permis de vivre de son art, il s'appelle Fun Home.
Dans C'est toi ma Maman? Alison Bechdel veut maintenant écrire sur sa mère, mais la tâche s'avère plus compliquée. Suivie depuis des années par analystes et psychanalystes, Alison a bien conscience que toutes ses difficultés émotionnelles viennent de cette relation distante et conflictuelle qu'elle a avec sa mère depuis son enfance. Celle-ci a toujours montré plus d'affection envers ses deux petits frères et a arrêté de l'embrasser, ou tout simplement de la toucher quand Alson avait sept ans, la considérant trop grande pour les câlins.
Dans cette tentative de biographie, Alison abolit le temps et passe sans cesse d'un passé à l'autre par effet de réminiscence, associant par un travail de mémoire des événements qui n'ont à priori pas de lien, ce qui donne une lecture plus complexe, sur plusieurs niveaux, où se mêle les propos de ses différentes analystes et de ses nombreuses lectures (notamment Winnnicott et Virginia Woolf, omniprésents ici).
Elle revient en particulier sur les quatre années d'écriture de Fun Home où elle échange avec sa mère sur ce récit dont sa mère accepte la publication avec, on s'en doute, beaucoup d'appréhension. Toutes les deux partagent des valeurs culturelles et artistiques qui leur permet, visiblement, de garder une relation proche que l'amour simplement ne peut pas: on ne parle pas de ses sentiments.
Ce roman graphique dense est moins, finalement, une biographie que la genèse de cette tentative et du travail qu'Alison fait sur elle-même pour trouver son vrai-self. Un vrai travail d'introspection et d'auto-analyse, même si on adhère ou pas à toutes ces réflexions psychanalytiques qui ponctuent le roman. Les graphismes sont toujours aussi clairs et subtils, et la construction du roman très élaborée.

P.S: Alison est à l'origine de la Règle de Bechdel qui permet d'identifier facilement les films sexistes. Je partage la règle avec vous:
- Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l'oeuvre,
-qui parlent ensemble,
- et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.
Commenter  J’apprécie          260
Autant dire qu'il faut être à minima armé et calé en psychanalyse pour entrer dans ce roman graphique truffé de références. Si Winnicott ne vous dit rien, si l'univers de Virginia Woolf ne vous est pas familier, vous allez être bien perdus. Si l'introspection, l'étalage de l'intimité de l'autre vous rebutent, vous allez être servis. Alors quoi, serais-je si hermétique à ce genre d'oeuvre ? Je répondrais non ...mais tout le problème vient du fait que nombre de clés manquaient à mon trousseau ; peut-être aurait-il fallu que j'eus commencé par les premiers livres de cette auteure pour en comprendre toutes les subtilités. ? Malgré tout consciente que j'avais entre mes mains un roman qui "disait quelque chose", je me suis accrochée, vraiment, jusqu'à ce que je lève les bras bien haut pour me rendre. L'esprit complètement sorti du texte, trop abscons, je me suis attachée, moi qui aime tant les romans graphiques, au dessin et à la composition graphique, et là, je dois bien le dire, j'y ai trouvé mon compte. Mise en page inventive, trouvailles graphiques, dessins fouillés d'intérieurs, cela m'a fait pensé à l'attachement aux détails du quotidien de Posy Simmonds... le charme anglais en moins et la noiceur en plus, bien évidemment.
Bref, j'aurais aimé aimer dire que j'ai tout compris, faire partie des adeptes d'Alison Bechdel et me sentir moins bête qu'hier... mais je dois bien reconnaître que non...
Merci à la Masse Critique de Babelio et aux éditions Points pour cet envoi qui m'a permis cependant d'avoir un aperçu sur cette auteure que je ne connaissais pas.
Commenter  J’apprécie          210
Après être revenue sur le cas de son père dans Fun Home, Alison Bechdel s'est lancée le défi d'élucider la nature de ses rapports avec sa mère. Elle franchit une nouvelle étape dans l'introspection familiale puisque, si son père était déjà mort au moment de la production de Fun Home, sa mère est encore vivante lors de l'écriture du livre qui lui sera consacré et la rédaction se fait à l'aventure. le point de départ de l'introspection s'ancre dans ce moment qui recueille l'avis de la mère concernant ce projet de biographie familiale et l'écriture se poursuit au fil des coups de téléphone échangés entre la mère et la fille, mais aussi au fil des aventures amoureuse, professionnelle et psychanalytique d'Alison Bechdel. Cette trame quotidienne de premier plan permet d'explorer les strates de la mémoire et de faire surgir des niveaux de signification plus complexes. On ne s'étonnera donc pas de voir souvent apparaître Virginia Woolf dont la technique du flux de conscience à l'oeuvre dans ses romans, ainsi que l'oeuvre vaste de ses journaux intimes, semblent avoir formé la démarche introspective d'Alison Bechdel.


Sur le mode du paradoxe, on découvre avec un peu de surprise qu'Alison Bechdel suit une thérapie psychanalytique pour élucider les raisons qui l'empêchent d'écrire facilement son livre –ce livre qu'on tient entre les mains et qui semble si fluide et passionnant. Mais on remarquera un peu plus tard qu'Alison Bechdel a moins écrit sur sa mère que sur l'impossibilité d'écrire à son propos. Quelques livres marquants surgissent au même moment pour soutenir la réflexion, débloquant au passage quelques sas insalubres pour les rendre mieux praticables. Alice Miller et Donald Winnicott entre autres lui fourniront les concepts qui lui manquaient pour appréhender sa relation avec sa mère sous un autre angle et, mieux encore, ils agissent comme réfracteurs de passé. Puisqu'Alison Bechdel n'arrive pas à regarder directement ses souvenirs pour expliquer l'état présent de ses relations, elle devra se servir d'un intermédiaire qui témoignera de son passé par ses actes présents. Ainsi, l'hyper-intellectualisation dont Alison Bechdel fait preuve dans son analyse témoigne en tant que vestige d'un mode de fonctionnement utilisé au cours de son développement précoce. Elle s'aide ici de Donald Winnicott pour résumer :


« La mère « suffisamment bonne » minimise les conséquences de la faim, du mouillé et du froid. Mais elle n'est pas obligée de s'adapter parfaitement aux besoins du bébé. Ainsi, un bébé qui a faim peut-il se consoler momentanément en se rappelant ou en imaginant son expérience d'avoir été nourri. Mais si pour une raison ou une autre, la mère est préoccupée, le bébé risque de devoir trop compter sur sa propre aptitude à comprendre. »


Elle le cite : « Plus couramment aux stades très précoces lorsque cette caractéristique des soins infantiles reste très marquée, nous observons que le fonctionnement mental devient une chose en soi, qui remplace pratiquement la mère et la rend superflue » avant de transposer de manière impersonnelle cette réflexion à son propre cas : « Au lieu de dépendre de la mère, le bébé apprend à dépendre de son propre esprit. C'est un déni de la dépendance, un fantasme d'autosuffisance ».


Alison Bechdel progresse par énigmes. Elle décortique son âme comme un palimpseste, renvoyant chaque épaisseur au passé dans ses relations avec sa mère. Rien n'est laissé au hasard dans cette étude riche et passionnante dans laquelle Alison Bechdel se présente adorable à son insu, exprimant sans le vouloir ce qu'il y avait peut-être de plus important à dire sur l'influence formatrice de sa mère, et témoignant de la grande faculté que celle-ci lui aura permis de développer dans l'exercice de son esprit critique sur sa propre histoire.
Commenter  J’apprécie          170
Voici encore un album très personnel et touchant d'Alison Bechdel. Comme le mentionne si bien le titre, le focus est mis sur sa mère et sa relation avec elle, avec en arrière plan, le père toujours présent malgré son absence. Comme son père est le sujet de l'album précédent, il est préférable de lire Fun Home avant C'est toi ma maman, question de mieux comprendre le lien ravageur qui les uni.

Quelle famille!

Après Joyce et Proust, voici qu'Alison Bechdel s'inspire de Virginia Woolf, du pédopsychiatre Donald Winnicott et de l'auteur pour enfants Dr. Seuss, afin d'illustrer les « tourments d'une artiste à la poursuite de la vérité et les errements d'une vie. »
Ce n'est pas peu dire que cette mère, qui a élevé ses enfants de façon particulière, avec un mari gay inavoué qui met fin à ses jours de façon dramatique, qui vie intensément sa passion pour le théâtre, qui rejette l'homosexualité de sa fille et qui a arrêté de la serrer dans ses bras à sept ans, est vraiment clivante. Elle inspire à prendre un abonnement à des séances de thérapie et psychothérapie à vie.
Ce ce que fait Alison et elle partage son cheminement à nous lecteurs, de bien brillante façon dans son roman graphique de plus de 300 pages de délire maternel.
« Dans ma « lutte » contre ma mère, j'avais libéré mon self. »
« Elle était déjà tellement sollicitée… La seule chose dont elle avait besoin de ma part, c'est que je n'aie pas besoin d'elle. »
« Elle voyait mes blessures invisibles parce qu'elles étaient aussi les siennes. »

Voilà, c'est tragi-comique mais tellement désennuyant. le rêve se mêle à la réalité et les deux se valent, croyez-moi. Ne pas lire si on a des comptes à régler avec ses parents mais plutôt pour apprécier ceux « assez ordinaires »qu'on peut avoir!
Commenter  J’apprécie          110
Alison, l'auteure, est en train d'écrire un roman graphique sur son père homosexuel non avoué et qu'elle pense mort par suicide ( voir "Fun home" son précédent album). Elle a constamment besoin de l'avis de sa mère, femme un peu rude d'aspect et portée sur la vie culturelle. de ces incessants dialogues avec celle qui refusa de l'embrasser à partir de ses sept ans, l'auteur en vient à se poser un nombre incalculable de questions sur les effets de cette relation ambigüe sur sa vie, son mal être (elle est sérieusement déprimée), son homosexualité (elle est lesbienne), sur sa vie amoureuse (assez cahotique). Aidée par deux analystes, elle va se remémorer des détails remontant à l'enfance, tout en les confrontant avec ses lectures de Donald Winnicot (pédiatre anglais mort en 1972), de Virginia Woolf, de Freud et même de Lacan. Résolument féministe, traitant de l'éducation des filles par les mères, de la misogynie ambiante, le roman avance en sept chapitres débutant par un rêve de l'auteur, servant, bien sûr, de point de départ pour des interprétations psychanalytiques.
Tous les thèmes abordés par ce roman étaient pour moi alléchants. C'est avec envie que je me suis plongé dans "C'est toi maman", surtout que le dessin aux lignes claires et aux cadrages très inspirés, est un régal pour l'oeil. Mais, bon sang, qu'est-ce que c'est rasoir ! C'est sous-titré "Un drame comique".... Honnêtement je n'ai pas souri une seule fois,... mais peut être que le comique vient de la mise en avant de cette névrosée pédante... J'avoue que cela m'a échappé car c'est surtout très très intello. L'héroïne ( l'auteure donc) est le genre de fille ultra compliquée, qui cherche du poil aux oeufs. Gavée de psychanalyse, de lectures ultra sérieuses mais toujours en référence à sa vie, elle décortique le moindre fait de façon symbolique, cherchant du signifiant, du non-dit, dans le moindre geste, la moindre parole anodine. Névrosée, constipée (heu, versée dans la rétention anale, pardon), victime de TOC, allergique sûrement, complexée voire jalouse, amoureuse de sa psy, elle ponctue son récit de citations de Winnicot, de Young et est évidemment très inspirée par Virginia Woolf, comparant ses névroses aux siennes. Ca alourdit énormément la narration, rendant, qui plus est, Alison assez antipathique. On a envie de la secouer et de lui dire de couper les ponts avec sa mère, elle ne s'en portera que mieux. Mais vu que pour elle, entrer en psychanalyse est comme entrer en religion, il est évident que la vie simple ce n'est pas pour demain, ni pour jamais sans doute. Attention, je n'ai rien contre la psychanalyse, qui aide beaucoup de monde, mais ici, Alison Bechdel ratiocine tellement que j'ai très vite fait un rejet.
Je sais que l'auteure a droit à tous les honneurs dans la presse, qu'elle est une figure essentielle de la bande dessinée d'aujourd'hui puisque ces deux romans graphiques figurent dans les listes des meilleurs ouvrages de ce début de siècle aux Etats-Unis, je reste cependant un peu interrogatif quant à sa portée. Si ces romans, grâce aux nombreuses citations littéraires, psychanalytiques, ont l'allure de l'introspection haut de gamme, ils restent plus proches du pensum égocentrique que de l'envie de vulgariser. C'est pour cela que le succès critique est là. Pas sûr que ce soit grand public...
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          82
Après le père, voici la mère dans ce second (et dernier ?) volet de l'autobiographie d'Alison Bechdel, présentée sous la forme d'un journal intime. On y retrouve toutes les obsessions déjà présentes dans « Fun home » : les relations parents-enfants conflictuelles, l'identité sexuelle, le conflit entre la vie rêvée et la réalité. Bref, il s'agit du versant féminin d'une même histoire. La preuve ? La couleur rose remplace le bleu dans les dessins. Virginia Woolf, les travaux du pédiatre Winicott et la dépression chronique des femmes de la lignée Bechdel jouent ici des rôles majeurs, bien que le point central demeure cependant l'analyse suivie par l'auteur. C'est dire si le propos est subtil. La mise en page ne fait d'accentuer ces défauts : surabondance d'extraits de documents explicatifs, fond noir pour souligner les passages oniriques etc…. Un drame comique nous promet le titre ? Effectivement, les faits sont tristes, mais le ton résolument sérieux, prétentieux (pour pas dire chi…) annihile tous effets comiques et plombe l'ambiance sans forcément toucher le lecteur.
Commenter  J’apprécie          70
Je ne sais pas si c'est mon absence de culture en termes de BD, mais je n'ai pas réussi à accrocher. Les thèmes abordés m'intéressaient pourtant, a priori. J'étais curieuse aussi de voir comment on pouvait évoquer Freud, Winnicott, la psychanalyse sous cette forme. Et peut-être que ce qui m'a posé problème, c'est justement une certaine incompatibilité entre le fond et la forme.
Je n'ai été sensible ni au dessin, ni aux couleurs, ni à la façon de traiter le sujet du rapport - complexe - à la mère. J'ai abandonné au bout de 20 pages...
Commenter  J’apprécie          61
Après Fun home, où Alison Bechdel présentait la relation complexe qu'elle entretenait avec son père, elle s'attaque ici à la relation non moins complexe qu'elle entretient avec sa mère. J'ai retrouvé avec plaisir la narration très élaborée, faite de lignes temporelles entrecroisées, de liens inattendus et de multiples références culturelles (obscures ou non) qui donnent une oeuvre très riche. Malheureusement, le parti pris de tout relier à la psychanalyse a fait en sorte que j'ai moins bien embarqué. Ça m'a toutefois donné envie de relire Fun home auquel Are You My Mother? apporte un nouvel éclairage.
Commenter  J’apprécie          50
Faut-il être une femme pour apprécier à sa juste mesure cette BD détaillant une relation mère-fille ?
Sujet traité exclusivement sur le plan psychologique. Rien de nous est épargné, jusqu'à l'indigestion voire dégoût.
Une expérience difficilement appréciable.
Commenter  J’apprécie          40
Un ton juste, mêlant habilement ironie, sarcasme, nostalgie et humour. Une analyse pointue des relations mère fille, tant fusionnelles que complexes... Entre éllipses, rêves, retour dans le passé, et les multiples références littéraires et psychanalytiques, il est peut être juste un peu difficile parfois de garder le fil...
Ce brillant plongeon dans les méandres de la filiation maternelle est servi par un graphisme soigné,rappelant les lavis japonais.
Ce livre est donc à mon sens une grande réussite. Et je me suis même à plusieurs reprises reconnue dans cette quête perpétuelle de la reconnaissance d'une mère...
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (326) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5220 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}