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sur 475 notes
Aînée de deux frères, Alison vit dans une famille d'artistes, parents talentueux qui se soucient du paraître bien plus que de l'être. Son père a repris l'entreprise familiale de pompes funèbres, "Fun home", tout en restant professeur d'anglais. Père tyrannique et distant, il se réfugiait dans les livres mais aussi dans la décoration florale et la restauration de la maison familiale. Il est mort en 1980, renversé par un camion, alors qu'Alison n'avait que 19 ans. Elle pense toujours à un suicide même si d'autres parlent d'accident. Quelques jours avant sa mort, elle lui a révélé son homosexualité. Y aurait-il un lien entre ces deux événements? C'est ensuite qu'elle apprendra que son père a entretenu des relations homosexuelles avec de jeunes hommes...

Alison Bechdel revient sur son passé, surtout son enfance puis son adolescence. Aux côtés de ses parents, notamment son père, figure imposante qu'elle juge trop distante, et de ses deux frères, l'auteure décrit la relation qu'elle entretenait avec lui. Une relation entretenue grâce à la littérature et qui évoluera. Elle dévoile sans concession la part sombre de son père, son penchant pour les hommes mais aussi la découverte de sa propre homosexualité, le mariage raté de ses parents ou ses tocs. L'auteur a dû puiser dans sa mémoire pour retranscrire autant de souvenirs et s'est par là-même sûrement délesté d'un poids. le texte est riche et dense, très bien écrit avec de nombreuses références littéraires. le noir et blanc siéd à cette période 70-80.

Bienvenue à Fun home?
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A quoi sert l'art? Dans cette troublante et cérébrale autobiographie, Alison Bechdel donne de nombreuses réponses. Son père fait vivre sa famille dans un musée: meubles d'époque, tapisseries d'époque, encyclopédies rangées dans le Canterbury et ciseaux à retrouver dans le Chippendale. On peut penser que le lecteur se gondole plus que la gamine à qui on assène un « Pas de bol » laconique quand elle prétend détester les rideaux roses de sa chambre, final touch non négociable pour un décor parfait. Ce n'est pas pour rien que l'artisan de cette maison-témoin est également thanatopracteur: restaurant les cadavres pour les conformer à une vie disparue, restaurant la maison pour retrouver une époque moins révolue que mythique, celle d'une famille heureuse. L'art , donc, qui recherche la perfection et qui la fige: l'art qui combat la vie en poursuivant la beauté.
La mère, elle, joue: qu'elle s'installe au piano ou répète Oscar Wilde avec une troupe amateur, elle fuit dans un monde qui lui est propre et la place hors d'atteinte d'une réalité contraignante et parfois sordide.
L'art est aussi une posture morale qui rehausse votre prestige et vous donne des envies de Pygmalion: les livres quittent le Canterbury, prêtés à des jeunes gens en mal de conseils intellectuels qui, s'ils avaient lu Platon plus tôt, auraient su que les mentors s'intéressent aussi à l'enveloppe charnelle de leurs protégés.
L'art peut aussi devenir langage oblique, message codé, rébus rétractable dont l'expéditeur peut toujours feindre ignorer le double sens: Colette et Joyce pour se dire homosexuel à qui pourra ou voudra le comprendre.
Mais surtout la littérature déroule son fil d'Ariane. Alison Bechdel enquête sur sa famille dysfonctionnelle avec pour boussole les livres: indices laissés par les annotations des livres du père, récitation par la mère de son poème préféré… Mais surtout relecture de sa propre vie par l'intermédiaire des romans. Quand Proust permet à Alison de comprendre pourquoi elle a tenté de changer son prénom pour « Albert », Homère la convainc que le spécialiste de Joyce est un avatar de la déesse Athéna. Et Scott Fitzgerald devient un coupable idéal pour expliquer la mort du père.
Être lecteur de roman, c'est généralement découvrir qu'on est sur la liste des personnages et que l'auteur parle de nous, ou, plus exactement, que les mots du livre peuvent dire à la fois leur histoire et la nôtre, et qu'ils nous offrent une réalité moins alternative qu'englobante. le fun home du titre est bien un établissement funéraire mais aussi la maison d'une famille en bien des points heureuse (« Pour maman, Christian et John. On s'est bien amusé malgré tout. »). le sous-titre « A family tragicomic » évoque le comic strip mais aussi le tragi-comique de toute vie. La mort du père est un accident tout autant qu'un suicide. À entrelacer les romans et la vie, à croiser tous les sens possibles, Alison Bechdel parvient à renouer avec son père, à l'arrimer solidement à sa propre existence, à accepter qu'il ait été idéal et salaud et nous laisse ébahis de constater qu'elle nous dit tout cela par la grâce d'un art graphique où texte et dessin se complètent jusque dans leurs divergences.
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Fun home est une bande dessinée autobiographique. Alison Bechdel raconte son enfance à Beach creek, en Pennsylvanie dans les années 1970-1980. Alison décortique sa relation avec son père qui tenait les pompes funèbres et était professeur d'anglais. Ses deux frères et sa mère sont plutôt en retrait dans cette autobiographie mais tiennent quand même leurs rôles. Cet homme est tellement mystérieux, il semble absent et distant avec sa fille et ses enfants en général même si on observe quelques rares moments avec eux. Fun home est comme une spirale temporelle, on revient sans cesse aux mêmes instants mais avec plus ou moins de recul pour essayer de comprendre cette relation complexe entre le père et la fille. Ce père qui est mort dans un accident peu de temps après l'annonce de l'homosexualité de sa fille alors que lui-même entretenait des rapports avec des jeunes hommes. Son enfance-adolescence est disséquée, analysée à travers plusieurs livres : A l'ombre des jeunes filles en fleur, des livres de Colette, de Fitzgerald ou l'énorme Ulysse de James Joyce (j'ai d'ailleurs appris quelques détails intéressants sur le livre). Son récit perd en continuité pour gagner en psychanalyse. J'avoue que la dessinatrice-scénariste m'a, à plusieurs fois perdu dans ses explications et les liens entre sa vie et celles des héros des oeuvres précitées. Même si le titre joue sur les mots (fun home pour funeral home), les textes et dessins m'ont paru assez pesants. Il a néanmoins l'intérêt d'interroger le lecteur sur sa relation avec son père/sa père.
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Un abandon. le genre de truc qui ne m'arrive jamais avec la BD mais là, pas moyen. Premier chapitre, je suis surpris par la gravité du ton. On n'est pas là pour rigoler, Alison Bechdel donne dans l'autobio sérieuse (qui a dit chiante ?), sa vie est loin d'être une comédie. Elle décrit avec force détails sa relation complexe au père, un homme qui soumet les siens à une effroyable dictature esthétique et transforme le manoir familial en reproduction à l'identique d'une maison gothique du 19ème siècle. Un papa à la fois distant et très proche, qui mourra à 44 ans, écrasé par un camion et dont on ne saura jamais si la disparition relève de l'accident ou du suicide. Puis elle revient sur son entrée à la fac, la découverte de son homosexualité, qu'elle qualifie d'abord de « purement théorique ». Suivront quelques pages sur son passage aux travaux pratiques avec Joan, une poétesse féministe « pro-matriarcat ». La suite, je ne sais pas parce que j'en suis resté là.

Pas moyen d'accrocher à cette écriture boursouflée, faussement littéraire, et à cette narration confuse. Alison Bechdel cite Fitzgerald, Camus, ou Joyce, elle en fait des caisses autour de son « éducation livresque » et accouche au final d'un texte aussi intello qu'imbuvable, froid et prétentieux. Quand je lis une phrase telle que « Sans doute ma froide distance esthétique traduit-elle, mieux que n'importe quelle comparaison littéraire, le climat arctique de notre famille » j'ai envie de me sauver en courant. C'est ce que j'ai fait d'ailleurs.

Graphiquement, le dessin est passe-partout, sans aucun charme. Les cases sont petites, assez surchargées et presque toujours surmontées de récitatifs donnant l'impression de peser de tout leur poids sur l'image, comme s'il était nécessaire d'alourdir encore le propos.

Un album qui relève pour moi de la branlette intellectuelle. Et je ne suis vraiment pas adepte du genre. Pour Time Magazine c'est une « brillantissime autobiographie en bande dessinée. » La presse américaine dans son ensemble a crié au génie et a comparé Fun Home au Maus de Spiegelman (ne me dites pas que c'est vrai sinon jamais je n'ouvrirai Maus !). Pour nombre de critiques professionnels, c'est un chef d'oeuvre. Pour moi simple lecteur lambda, c'est une BD somnifère et pompeuse. Je veux bien être traité d'indécrottable ignare incapable de reconnaître une éblouissante oeuvre d'art mais je n'en démordrais pas, je trouve ça très mauvais.


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J'ai longtemps eu l'impression de voir le genre graphique souffrir d'une forme de suffisance, les gens prompts à critiquer qu'il s'agit d'un « livre d'images ». Pourtant, aujourd'hui formée à la facilitation graphique et à l'utilisation chaque jour même en formation, je peux confirmer encore une fois l'impact sur notre cerveau entre le mot et l'image : l'un est renforcé par l'autre offrant une réelle expérience sensorielle.

"Fun Home" d'Alison Bechdel est bien plus qu'une simple bande dessinée ou qu'un roman graphique. C'est une oeuvre artistique et narrative qui offre une immersion profonde dans l'histoire de l'auteure elle-même, tout en présentant une réflexion émotionnelle sur l'identité, la famille et la sexualité. Une recherche de soi, en soi, où le mot habille l'image, et l'image déshabille le mot.

L'histoire s'articule autour de l'exploration de l'enfance et de l'adolescence d'Alison, focalisée sur sa relation complexe avec son père. L'ouvrage se déploie comme un puzzle soigneusement assemblé, mêlant les souvenirs, les émotions et les découvertes. La façon dont elle entrelace ces éléments crée une trame narrative intéressante qui explore les couches profondes de son vécu. J'ai aimé me plonger dans ces souvenirs, comme si dans un sens, on tourne les pages d'un album photos.

Ce qui rend "Fun Home" attirant est le choix de la forme graphique. Bechdel intègre ses mots à des illustrations précises et expressives, créant un dialogue visuel puissant entre les images et le texte : le pouvoir de la pensée visuelle, je retrouve dedans les concepts que j'adore dans la facilitation graphique (qui ne se résume pas à de jolis cadres ou illustrations). Chaque illustration est chargée d'émotion et de subtilités, renforçant le récit de manière saisissante. L'utilisation du graphisme permet aux lecteurs d'entrer encore plus profondément dans les pensées et les sentiments d'Alison, créant une intimité, même si par moment, j'ai eu l'impression de franchir la limite de ma propre pudeur émotionnelle.

L'auteure aborde sa propre découverte et compréhension de son homosexualité. Elle explore sa relation avec son père, qui était également homosexuel, en mettant en lumière les complexités d'une famille qui cache des secrets et des désirs. Cette exploration intime de l'identité sexuelle se reflète à travers le mélange subtil d'illustrations évocatrices et de textes révélateurs. Encore une fois, suis-je spectatrice, confidente ou observatrice ? J'ai aimé me questionner durant la lecture.

En bref : Ce livre est une belle exploration artistique, émotionnelle et autobiographique qui utilise habilement le langage visuel pour capturer l'essence de l'expérience humaine. Alison Bechdel nous invite à plonger dans ses souvenirs, à ressentir ses émotions et à réfléchir sur des thèmes universels tels que la famille, l'identité et la sexualité. Nous avons encore une fois une preuve vivante du pouvoir de la narration graphique à captiver et à émouvoir les lecteurs. J'ai vraiment de plus en plus le goût au roman graphique et en apprécie toutes les subtilités et styles !
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Après avoir perdu son père de manière tragique, Alison Bedchel, autrice et narratrice revient sur les liens qu'elle entretenait avec lui, notamment leur homosexualité à tous les deux. Mais là où l'un a voulu la cacher toute sa vie - et en a terriblement souffert au point de passer à côté de sa vie - l'autre a fait un coming-out dès l'adolescence, encore dans l'ignorance de celle de son père.

Alison Bedchel revisite son enfance dans les années 70-80, sa maison-manoir que son père entretenait avec une obsession frôlant la névrose, la maison funéraire où sa famille travaillait, et son refus de s'habiller en petite fille. Parallèlement, elle découvre, après enquêtes, la vie cachée de son père, ses relations avec d'autres hommes, des adolescents aussi, dans la même période.
Le récit revient régulièrement sur lui-même, tourne autour de la mort du père - accident ou suicide?- et crée des correspondances entre le père et la fille qui lui permettent, dit-elle à demi-mots, de s'approprier un père toujours distant de son vivant.

C'est un roman graphique original et passionnant, autobiographique et psychanalytique, un premier roman récompensé par la critique quand il est sorti. Il est direct et franc mais garde une certaine pudeur, et permet de traverser la deuxième moitié du vingtième siècle sous le thème de l'homosexualité.
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Le lecteur avide aurait souvent tendance à croire qu'un livre lui revient de pleins droits. Fun Home lui rappelle vivement la réalité : le livre est avant tout la propriété de celui qui l'a créé ; il s'inscrit en lien direct avec l'expérience et la personnalité de l'écrivain, et s'il trouve un écho chez le lecteur, on peut saluer le caractère miraculeux de la coïncidence et tenter de l'expliquer plus rationnellement qu'en invoquant une simple connivence.

Ainsi, Fun Home est avant tout un récit autobiographique d'Alison Bechdel. Virant souvent à la psychanalyse, la dessinatrice se focalise essentiellement sur ses années de jeunesse et d'adolescence, essayant d'expliquer le développement de sa personnalité à l'aune des figures impénétrables et lointaines de ses parents. Bloqués sentimentalement, rétifs à tout signe d'affection, ils forment un couple d'artistes talentueux mais rigides. Eliminez tout de suite l'image des créatifs excentriques et délurés, et remplacez-la plutôt par l'image de professeurs implacables usant de l'art comme d'un moyen obsessionnel de se détourner de la réalité de leurs existences. le père domine la famille, figure de la perfection qui ne tolère pas le moindre écart, et passe ses journées à surcharger la décoration de la maison dans un recueillement clérical ; à chérir un débordement luxuriant de plantes et de fleurs ; à se recueillir dans des lectures explicites –Proust, Fitzgerald, Camus, Joyce…- qui apparaissent comme autant de moyens de communication implicite.


"Ces allusions à James et Fitzgerald ne sont pas qu'un procédé descriptif. C'est en termes de fictions que mes parents m'apparaissent les plus réels. Et sans doute ma froide distance esthétique traduit-elle mieux que n'importe quelle comparaison littéraire, le climat arctique de notre famille."


Piégée dans cette gangue de retenue, Alison tâtonne, cherche quel sera le meilleur moyen de communiquer avec ce père incompréhensible qui –comble de l'ironie- lui laissera bien peu de temps pour mener à bien cette tâche puisqu'il mourra (on soupçonne un suicide) lors de la vingtième année de sa fille. Troubles obsessionnels compulsifs, écriture dans un journal intime gorgé d'amulettes sémantiques, aide au funérarium… Lorsqu'Alison prend conscience de son homosexualité, tout devient limpide : voici la révélation qu'elle attendait, celle qui lui permettra de se rapprocher de son père, dont elle comprend soudainement l'homosexualité refoulée. Mais alors qu'elle espérait des retrouvailles émues, Alison se heurte seulement à la frustration de sa mère et à la honte de son père. le seul moyen de communiquer demeure encore l'esthétique : le livre. Alison et son père essaient de tisser un dialogue fragile à travers la comparaison, l'analyse et la citation des livres qui emplissent leurs vies, qu'il s'agisse de l'Ulysse de Joyce, de la biographie de Fitzgerald ou de l'oeuvre de Proust.


Alison Bechdel restitue le climat de vide émotionnel et de perfection esthétique qui l'enveloppa tout au long de sa jeunesse sur un ton juste qui élimine tout reproche ou toute complaisance malsaine dans la souffrance. Son entreprise n'est pas de dénoncer mais de comprendre l'imbrication des facteurs qui sont à l'origine de la composition de cette atmosphère si particulière. En choisissant de s'exprimer par le biais de la création, Alison Bechdel retrouve les schèmes bien assimilés de l'expression esthétique, mais en s'exprimant avec une sincérité entière et totalement dénuée de honte, ne cherchant jamais à se lier avec le sentiment de culpabilité. Elle réussit ainsi à dépasser tous les interdits longuement inculqués au cours de son enfance. Sans jamais se décrire comme telle, elle apparaît pourtant comme l'élément salvateur de sa famille : celle qui parvient enfin à briser la malédiction du silence et de la honte en osant analyser les mécanismes qui semblaient pourtant la rendre éternelle.


Alison Bechdel a écrit Fun Home avant tout pour sa propre compréhension. La magie de l'expression esthétique fait le reste et ne devrait pas peiner à conquérir entièrement son lecteur.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Voici une autofiction bédéique de grand talent.
Alison Bechdel propose une tragicomédie familiale terriblement émouvante et c'est en même temps l'évolution ou la non-évolution des moeurs aux États-Unis qui sert de fil conducteur. Ce livre élu, par le Time Magazine comme LE livre de 2006, est un savant mélange d'émotions, de découverte et de révolution sexuelle.

Alison vit et grandit dans une famille aimante mais « particulière » Un père autoritaire qui a tous les talents dans la rénovation néo-gothique de la maison et qui enseigne la littérature tout en reprenant l'entreprise funéraire familiale. Sa mère, gestionnaire de la maisonnée, avec des aspirations de comédienne. Deux frères à l'imagination débordante.
Son univers éclaté lorsqu'elle avoue son homosexualité à ses parents, et qu'ensuite, elle découvre celle cachée de son père. Celui-ci décède brusquement, fauché par un camion. Suicide? Mystère, mais le livre s'emploie à nous présenter ce père pour qu'on se fasse notre propre opinion.

J'ai tout aimé de cet album. La qualité des dessins, les détails minutieux de chacune des planches allant jusqu'à reproduire les dessins des tapisseries et des pages de romans lus.
L'évolution de la jeune Alison, rebelle et craintive en la jeune adulte qui qui lit Francis Scott Fitzgerald, Faulkner et Joyce ainsi que toutes les écrivaines féministes; qui tient tête à son père, est des plus captivante. J'ai même noté plusieurs de ses lectures tellement le propos donne le goût de s'investir dans son cheminement.
Moi qui patauge encore dans Ulysse de Joyce, je trouve un grand réconfort dans les quelques pages où elle fait part de son cours de littérature anglaise et du vaste océan inexploré comme elle qualifie Ulysse. « Il pensait qu'il pensait qu'il était juif tandis qu'il savait qu'il savait qu'il savait qu'il ne l'était pas. »
On sent une grande pensée littéraire dans toute la démarche d'Alison Bechdel, un talent inouï pour décrire sa vie avec en parallèle, des événements majeurs aux États-Unis. Un album des plus passionnants et intelligents, que je recommande vivement.
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Une bande dessinée autobiographique. Bechdel se livre sans pudeur. Elle raconte l'histoire de sa famille, mais surtout celle de son père, tué par un camion alors qu'il rénovait une vieille ferme. Des termes importants sont abordés dans cette BD : l'acceptation de soi, la découverte de son identité sexuelle, les non-dits familiaux, relations familiales complexes, la recherche de l'amour parternel... Autant de thèmes nécessaires, illustrés de façon très sincère. Mais c'est lourd... Beaucoup, beaucoup de texte, ce qui fait qu'on ne peut apprécier les illustrations. le choix du noir et blanc amène également une dimension très lourde à cette oeuvre... Pas de place pour respirer. Lecture mitigée.
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Alison Bechdel raconte son coming out à travers la relation qu'elle a entretenu avec son père. Elle entraîne le lecteur très profondément dans l'intime. Elle se dévoile, elle dévoile l'intimité d'une famille, d'une génération, d'une relation père-fille.

Je me suis senti parfois mal à l'aise, me considérant comme un voyeur. Mais ce voyeurisme m'a semblé souhaité par l'autrice. Ce qui a parfois renforcé mon malaise.

L'autrice explore sa sexualité, son identité. Et aussi celle de son père, dont elle va apprendre le goût pour les jeunes hommes (voire très jeunes...) alors qu'elle choisit de révéler sa propre homosexualité à sa mère. La première moitié, grosso modo, du livre est un travail de déconstruction de l'image du père. Il est sur un piédestal, paré de toute une série de défauts. Alison Bechdel développe plutôt une image paternelle négative. Et la seconde moitié est un exercice de reconstruction de ce père, mort dans un accident qui fait aussi penser à un suicide. Cette reconstruction s'opère comme une image-miroir d'Alison elle-même. Comme si leurs homosexualités respectives se faisaient face, se répondaient. Comme un parallèle entre deux identités qui s'oppose mais se créent mutuellement.

Je me suis parfois senti happé, interpelé. Voyeur. Mais je me suis aussi senti interrogé ou ramené à moi-même, à mon image, à ma relation avec mes parents, ma/leur sexualité... Car Alison Bechdel, à partir de sa propre expérience, fait oeuvre d'universalité. Elle raconte une histoire vieille comme le monde, mais elle le fait avec un voyeurisme pudique... si on me passe cet oxymore (je crois...).

Il est également beaucoup question de littérature, et fatalement de littérature gay... donc de Proust. Mais pas uniquement. Si on compilait l'ensemble des ouvrages vus et discutés dans la BD, on aurait certainement une sacrée PAL sur la question. Ce n'est pas négligeable non plus.
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