La page avait été liké par plus de 300 internautes, des amis Facebook allemands.
Ci gît le souvenir de Jason, l'étudiant américain si sympa. Sourire ultrabrite et sac à dos aux portes virtuelles de l'Allemagne.
La jolie Constance regrettera son absence comme une veuve éplorée toute vêtue de noir. Même habillée comme la fille du croque mort du coin, Edvard la trouverait belle et irrésistible parmi d'autres. Dommage, qu'elle ignore son existence d'un dédain régulier.
Jason, lui, avait tout.
Enfin, tel que l'avait imaginé Edvard sur FB pour approcher la belle. Photo. Faux! Souvenirs et partages sur le mur FB. Faux!
Il avait même eu droit aux clichés d'été de Constance en deux pièces, le s* !!
Elle en devenait attachée à un point tel qu'il fallut faire mourir ce rival trop populaire. Une allergie. Une mortelle.
Fatale. Ou plutôt une erreur médicale !
Enfin, c'est ce que confia James, le frère de Jason. Il a fallu trouver d'autres photos pour le faire vivre celui-là. Une allergie! Une erreur médicale était plus plausible, plus mystérieux (ou vague, comme on veut!) et dramatique.
Edvard, lui, était allergique. A certains légumes. Rock 'n Roll. Une petite santé a en dégobiller sur ses chaussures et évidement, ce naze de Henk avait été aux premières loges pour prendre des photos avec son portable.
Les 14 ans et le passage à la puberté pour Edvard, c'était l'enfer. Des pieds et des jambes qui se sont allongés et pas un poil d'homme à raser sur le torse? Une voix toujours pleine de miel enfantin. Pffff! "Cher, journal..."
: Oui, même si cela ne semble pas évident au départ, il semblerait bien que Edvard couche son récit dans un journal intime, du moins au début, quand il nous confie dans le creux de l'oreille ses vacances moyennement appréciée dans une ferme Bio, ses nouvelles chaussures crottées par le chien du voisin et son forfait, surtout. Oui, Edvard est un râleur mais surtout un malin menteur, un imposteur et il vaudrait mieux pour lui, étant donné sa cote de popularité, que ces révélations ne tombent pas en de mauvaises mains ( ou oreilles, comme on veut!).
Ces attitudes bougonnes et ses interrogations obsessionnelles sur la puberté conduisent même sa mère à se formuler les mauvaises réponses à ses tourments ados.
C'est bientôt la rentrée au collège et la première obsession de Edvard, c'est Constance. Une princesse de Collège qui le dédaigne à mourir au point que Edvard s'invente un avatar sur Facebook pour goûter à un seul de ses clics.
Contre toute attente, son personnage remporte tous les suffrages d'affection et la belle en est mordue comme une aveugle qui tend la main vers la vue.
Cette première direction du roman est drôle et en même temps pose une réflexion par l'ironie de la situation qui grandit, sans diaboliser l'outil pour autant le poids, la valeur des relations "amicales"entretenues sur les réseaux sociaux.
L'affaire échappe à Edvard, pauvre larve de collège, qui s'est construit un personnage américain, beau, cool et idyllique qui lui, jouit d'une vie de papillon tant convoitée.
Faire mourir un caractère fictif semble difficile et tout aussi complexe que de le faire vivre. de peur d'être découvert et ménageant les sentiments de Constance, Edvard s'enfonce toujours plus loin dans sa supercherie pour espérer retomber sur ses pieds. Hilarant et jouissif.
Edvard n'a pas un profil d'apollon, il est cultivé mais plutôt ordinaire, un poil arrogant et précieux parfois, il nous fait bien rire avec ces obsessions du poil. Egal parmi tous les garçons finalement.
Ce n'est pas au menton mais sur le torse que ça le travaille. Et la voix, n'en parlons pas avec ce physique dégingandé.
Henk, un gros bras, ne se prive pas de lui faire comprendre régulièrement qu'il n'a pas une tête de vainqueur. Et pourtant, avec ses potes, avec Karli, peut-être que Edvard apprendra à voir sa vie autrement. Affronter la jungle de l'âge ingrat avec son premier succès avec les filles et son premier baiser peut-être.
Les chapitres sont courts, ils suivent les états d'âmes ou avancées du héros dans sa quête de sa vie d' « homme ». On oublie le format du journal intime pour se plonger dans sa quête initiatique, les dates rythmant surtout les impatiences de Edvard .
Il trouvera d'ailleurs des combats plus grands que lui, que ses poils sur le torse, qui le feront grandir, entre autre l'expulsion de son vieux voisin, l'auteur de son livre de chevet "Etoiles", M. Tannenbaum. Bienvenue dans l'âge adulte.
L'auteur est
Zoë Beck, traduite de l'allemand, pour une vision de l'adolescence masculine c'est plutôt bien vu.
Même si Edvard reste artificiel par endroits, l'auteure arrive à nous faire entrer dans la bande de copains sans passer de trop par les vestiaires de sport. Ce qui en fait un bon choix pour filles et garçons sans distinction. C'est très spirituel et agréable.
A découvrir.