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EAN : 9782070362172
215 pages
Gallimard (06/10/1972)
3.49/5   136 notes
Résumé :
- Monsieur l'abbé, je voudrais vous dire quelque chose, articulai-je avec difficulté.
Il leva vers moi des yeux attentifs.
- Voilà. Je suis flambée.
- Vous êtes flambée ?
- Oui. Je me convertis. Je suis à vos ordres.
Morin parut consterné…
- Vous êtes peut-être un peu trop fatiguée, ou sous-alimentée, ces temps-ci.
- Non, je ne suis pas fatiguée, et on vient de toucher des pommes de terre….
- Elle est co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,49

sur 136 notes
Un roman qui offre, à mon avis, une double lecture.

D'abord, celle qui concerne l'époque, celle de l'occupation nazie, des collaborations diverses, des aides apportées aux juifs pour les cacher, mais de l'antisémitisme aussi que certaines des femmes héroïnes du livre n'hésitent pas à affirmer malgré leur prétendue adhésion au catholicisme, nullement gênées de cette contradiction.

Cette partie qui apparaît assez détaillée au début du livre reste en filigrane de la suite. Elle me paraît quelque peu vide de sa substance, peut-être parce que l'autre sujet, l'histoire de l'abbé Morin et de Bardy, devait être le véritable coeur du livre. Mais comment s'en tenir à ces deux personnages et écarter la vie quotidienne durant l'occupation, avec ses résistants, ses collaborateurs, ses héros et ces femmes perdues dans la tourmente na sachant quelquefois plus à quel saint se vouer.

L'autre partie, c'est le vécu de la relation entre une femme veuve et l'abbé Morin, relation qui reste chaste, même s'il est évident que les deux éprouvent des sentiments l'un pour l'autre. Et c'est l'abbé le plus lucide, il reste fidèle à son engagement, même s'il n'en comprend pas forcément les exigences, il a une ligne de vie et, surtout, il vit pleinement l'Evangile en se consacrant aux autres, quels qu'ils soient et en ayant développé une capacité de pardon portée par sa foi.

Bardy, la jeune femme, est bien plus tourmentée. Après des tentations saphiques, c'est le prêtre qui devient l'objet de sa flamme et celui-ci peut donc douter de la réalité de sa conversion, elle qui s'affirmait athée. S'il en doute, il l'accepte néanmoins et l'accompagne, leurs dialogues revêtant toute la sincérité de l'abbé Morin qui fait toujours référence aux Ecritures pour justifier pardon et altruisme. Sur cet aspect, le roman est réussi, la progression bien figurée et le dénouement maîtrisé.

Ce texte peut paraître bien désuet aujourd'hui, le trop plein d'obligations morales portées par l'Eglise s'étant tellement déversé que la substance de l'essentiel peut être perdue de vue. L'abbé Morin, lui, reste calé sur le sens de sa vie, de la vie pour chacun de nous, l'attention portée aux autres traduites dans pensées et actes.
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ISBN : 9782070362172


Si je vous dis que je ne fournirai aucun extrait de ce livre, vous avez déjà tout compris. Non, je n'ai pas du tout aimé "Léon Morin, Prêtre" et à nouveau, je songe à la mémoire des frères Goncourt, lesquels, les malheureux, ne méritaient certes pas qu'on distribuât le prix dont ils sont les fondateurs de façon aussi inconséquente et grotesque. Non que Béatrix Beck ait un style épouvantable ou illisible : d'autres auteurs, plus "modernes", l'ont largement surpassée en la matière, on ne peut le nier. Seulement, j'ai cherché en vain la puissance, l'intérêt de ce roman, ou, à défaut, le caractère novateur qu'il pouvait présenter. J'ai cherché partout, j'ai même poussé ma conscience de lectrice jusqu'à lire à haute voix un texte qui n'est pas fait pour ce genre d'exercice. Je me suis attardée sur certains passages, j'ai fouillé au plus profond des descriptions pour y trouver une parcelle, si petite fût-elle, de poésie. Pour finir, j'ai traqué l'autodérision dans chaque phrase, dans chaque scène mais rien, RIEN, un rien énorme et définitif, voilà tout ce qu'il me reste de cette lecture.

Pour moi, Berthe Bernage, créatrice gnangnan de la non moins gnangnan série des "Brigitte", aurait pu écrire "Léon Morin, Prêtre". C'est de la littérature de patronage, en un style un chouïa plus nerveux et moins classique. le thème : la jeune femme qui tombe amoureuse d'un prêtre, lequel le lui rend, évidemment. Et comme de juste, nos deux tourtereaux, qui sont des gens bien, de "bons chrétiens", loin de s'abandonner dans un fiévreux et démoniaque Paradou à la Zola - Zola, cet horrible suppôt de Satan ! - se séparent sans avoir fauté. Ils se retrouveront au ciel, comme de bien entendu et là, ils s'aimeront, de leurs deux corps désormais glorieux - aucun détail n'est d'ailleurs donné sur la façon de procéder des corps glorieux en question - au milieu des petits anges et des saints avec leurs auréoles. Au-dessus d'eux, il y aura Dieu et Jésus et sans doute aussi le Saint-Esprit et tout en dessous, dans l'Enfer, avec les démons, succubes et incubes, tous ceux - et surtout toutes celles - qui auront passé leur vie terrestre à fauter à coeur joie. Comme nos deux héros seront heureux ! ...

Un détail que je tiens à préciser : c'est évidemment la pseudo héroïne qui induit le noble prêtre, cet homme sacralisé bien que porteur d'une soutane très féminine, au péché de la chair. A la fin du livre, ils se retrouvent dans sa chambre à elle - en tout bien tout honneur, évidemment, de la part du prêtre - et cette Jézabel, cette Dalila, cette Messaline, cette ... cette Isabeau de Bavière ! ose lui dire : "Viens ..." Alors, lui, bien sûr, qui est un type bien - un saint, n'ayons pas peur des mots ! Osons ! - il bondit vers la porte (s'il ne bondit pas, c'est tout comme). C'est qu'elle allait le violer, cette Douze Fois Impure : vous imaginez le drame ? et la contamination du malheureux ? Ah ! vade retro, Satanas ! Recule, femme naturellement impure et dépravée ! ...

Le reste - tout le reste - est à l'avenant : c'est consternant. Il est clair que la Tentatrice, bien que mère d'une petite fille - une fille ! encore une impure ! Jésus-Marie-Joseph ! Préservez-nous ! - est d'abord attirée par les femmes. On ne sait pas très bien pourquoi, un jour, bien qu'élevée à la laïque et même, si j'ai bien saisi, à la laïque communiste , elle éprouve le besoin d'aller se confesser. Elle prétend que c'est pour narguer le curé mais allons donc ! Elle préméditait son coup, voilà tout ! Et dans le confessionnal, elle tombe sur Morin. Il lui fait un effet boeuf - déjà ! dans le noir ! ah ! faut-il que cette femme - et les femmes en général, d'ailleurs - aient du vice ! Elle accepte de lui rendre visite pour discuter Jésus & C° - en tout bien tout honneur, hein, on ne le répètera jamais assez. Et voilà : voilà le roman qui, en 1952, mes amis, reçut le Prix Goncourt ! Je sais bien qu'on a toujours taxé Jules et Edmond de conservatisme aigu, que certains fanatiques actuels les voient même à l'extrême-droite (ils étaient proches d'Alphonse Daudet et, partant, de ses enfants), mais tout de même : ils ne méritaient pas ça ! Ce prix Goncourt 1952 est une tache infâme sur leur mémoire. D'accord, ce n'est ni la première, ni la dernière mais ça ne console pas.

Et le pire peut-être, dans tout ça, c'est que ce summum de misogynie et de glorification de l'Eglise catholique, a été écrit par une femme !

En ce qui concerne le film qui fut tiré de cet ouvrage, avec Belmondo dans le rôle du Saint Homme et Emmanuelle Riva dans celui de la Mauvaise Femme, je ne l'ai pas vu et je ne me permettrai donc pas de porter un jugement. Mais déjà, pour avoir l'idée de faire un film à partir de cette bouillie que la Maison de la Bonne Presse n'aurait pas hésité un instant à éditer tant elle est édifiante, misogyne, réactionnaire, et caetera, et caetera ... il faut, à mon sens, avoir un sacré grain dans la tête. (Sauf si on veut en faire une parodie, bien sûr, mais je ne crois pas que ce fut le cas.)

Mais pour le roman, je suis formelle: prix Goncourt ou pas, vous qui me lisez, vous pouvez passer votre chemin.

A moins que vous ne soyez maso - ou "bon chrétien", vous aussi. Dans ce cas, allez en paix et n'en parlons plus. ;o)
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Je n'ai pas vu les films, je voulais d'abord lire le livre.
Honte sur moi: je n'avais jamais entendu parler de cet auteur et j'ai été bien étonnée de savoir qu'elle avait eu un prix Goncourt pour ce livre.
Je ne sais pas encore si j'ai aimé, mais en tout cas je l'ai lu d'un seul jet.
Dans notre monde qui a été christianisé, et même catholique, il est intéressant de rencontrer une belle figure de prêtre et cette athée - baptisée- qui se pose des questions. J'ai vraiment trouvé leurs dialogues intéressants et si je ne suis pas d'accord avec tout, leur rencontre en temps de guerre pose de vraies questions. J'ai aimé l'engagement et la fidélité de cet homme, et l'humilité de cette femme. Et France, un petit bout de femme bien charmant! Et les autres personnages croqués racontent un peu les croyants: des gens normaux qui essayent tant bien que mal d'avoir un comportement meilleur.
Ca paraît si simple de croire!
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Globalement, les critiques sur ce roman sont loin d'être bonnes, mais pour moi, cela a été un vrai coup de coeur. J'étais très jeune lorsque le prix Goncourt lui fut attribué et pourtant je m'en souviens encore quoique je ne me sois jamais vraiment intéressé aux prix littéraires.
Donc, soixante deux ans après, je l'ai lu et j'ai été frappé par la personnalité du héros, prêtre atypique et quelque peu cynique (au sens philosophique du terme) et possédant pourtant une foi inébranlable. Par son attitude, il réalise des conversions sans le vouloir vraiment.
C'est parfois léger et moqueur quand l'auteur évoque certaine paroissienne qui montre surtout de la méchanceté bien qu'elle se dise chrétienne. Et pourtant l'ensemble ne manque pas de profondeur.
C'est écrit comme une série de petites scènes courtes qui s'enchaînent tout en gardant le fil du récit de la relation entre la narratrice et le prêtre.
Lire ce roman donne envie de mieux connaitre cette femme de lettres oubliée.
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Le sujet du roman est assez connu, Barny veuve d'un juif, survit tant bien que mal pendant l'Occupation, avec sa petite fille. Et puis elle rentre dans une église par provocation, rencontre ce prêtre, qui la fascinera.

Plein de choses dans ce livre, le personnage de Barny, très libre, caustique, avec les description du monde qui l'entoure, elle ne rate personne, voit les petits travers et les grands défauts. C'est drôle et un peu désespéré. Et on sent une très grande solitude aussi, la difficulté de s'engager dans quelque chose, de laisser de côté l'ironie et le recul, de faire confiance. Elle est du coup "la proie" idéal pour Léon Morin, qui remplit une sorte de vide, un besoin de donner du sens et de s'abandonner. Mais en même temps, c'est voué à l'échec, parce qu'il est prêtre, ce n'est pas une vraie relation, mais quelque chose de "professionnel" pour lui, même si explicitement il ne la pousse pas vers la religion, c'est quand même un peu ça son objectif, alors qu'évidemment elle attend autre chose de cette relation.

Le portrait de femme est vraiment très beau, une certaine façon de rendre l'époque très réussie aussi, grâce à l'écriture, tout sauf académique, vraiment très vivante, très authentique de l'auteur, on a l'impression que son héroïne parle ainsi. Je suis en revanche un peu restée sur ma faim avec Léon Morin, je ne saisi pas complètement le personnage et ses motivations, il y a son charisme, son intelligence, mais j'ai du mal à le comprendre vraiment, et du coup c'est un peu à sens unique. Mais peut être que j'en demande trop, voire l'impossible, parce que c'est vrai que l'histoire est vraiment racontée du point de vue de Barny, et elle aussi probablement ne comprend pas vraiment Léon.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Si Sabine me fascinait, c'est d'ailleurs qu'elle ressemblait à un jeune homme, mais doué de charmes singuliers, d'une virilité délicatement féminisée.
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De même qu’enfant, j’étouffais ma toux et qu’elle finissait cependant par éclater, affreuse, devant ma mère, de même, aujourd’hui, la conversion, longtemps retenue, rompait les digues. Barny avait une attaque. J’étais victime d’un mal aussi grave que l’aliénation mentale. Pourtant, mes facultés demeuraient intactes. J’assistais, je procédais à mon inhumation. J’essayai de trouver quelque appui dans la parole de Claudel : "Ce n’est pas l’affaire de l’estomac de comprendre la nourriture, mais de la digérer". Il y a des chrétiens heureux, qui mènent une vie normale, me dis-je. Mais je restai insensible à mes consolations : entrer dans l’Eglise, c’était m’emmurer vive. Accablée de honte, je me souvins d’une phrase entendue autrefois : "Il n’y a plus que des invertis ou des convertis".
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Il pouvait être huit heures du soir. Je revenais d'un village voisin, quand je fus frappée, en passant devant le parc municipal pourtant déjà fermé, d'y voir un groupe d'étranges jeunes hommes, qui s'accrochaient aux grilles pour mieux dévisager les passants. Ils étaient vêtus d'amples capes romantiques, d'amusants petits feutres surmontés d'une haute plume, et avaient l'air de dire :

Lancez nous des cacahuètes.
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Christine possédait un livre de messe marqué à ses initiales. Sa fille Chantal lui dit :
- Je suis contente que toi et moi, notre nom commence par la même lettre.
- Pourquoi ? demanda Christine attendrie.
- Parce que, comme ça, quand tu seras morte, je pourrai me servir de ton livre.
Peu de temps auparavant, France m'avait dit :
- Quand tu seras morte, qu'est-ce que tu voudras que je plante sur ta tombe ? Pas des fleurs chères, parce qu'il faut que je garde l'argent pour élever mes enfants.
et :
- La maîtresse est morte, mais ça ne fait rien, on en a mis une autre à la place.
J'admirais la sagesse de ces enfants, qui réduisaient la mort à ses justes proportions.
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En se dirigeant vers la chaire, il fit un détour et passa à côté de moi. Les yeux baissés, l'air concentré, de la manche de son aube, il me balaya le visage. Ce coup léger, cette presque caresse, me bouleversa. Un goéland, un ange m'avait touchée de son aile, moi terrestre. J'aurais pu en mourir. Irrépressibles, mes larmes coulèrent, lourdes comme des gouttes de métal fondu. J'essayai de me cacher le visage en tirant en avant le madras qui me couvrait la tête. Plus jamais je n'irai à la messe à Saint-Bernard, promis-je.
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