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sur 200 notes
Chronique vidéo https://www.youtube.com/watch?v=gIQdx9t665s

Quel plaisir de retrouver cette autrice ! Au début, je me méfie un peu parce que je trouve le style moins travaillé que dans La maison, elle a des tics de petite bourgeoise un peu agaçants, comme le fait de rabâcher le fait que son grand-père était chirurgien, ou les surnoms un peu lénifiants qu'elle utilise pour parler de sa famille (ça m'a fait penser à la fille de Brigitte Macron avec son « ma maman », « mon papa », si vous trouvez une vidéo, c'est assez marrant). Mais au bout de quoi, quinze minutes de lecture, je suis happée, happée. Elle a vraiment quelque chose Emma Becker, une manière de raconter à la fois très fine, très ironique, mais avec le souci de décortiquer les affects, parfois les plus inavouables. Je sais pas, je trouve qu'elle est beaucoup plus punk dans sa démarche que Despentes par exemple. La scène où elle taille une pipe à l'ami de son grand-père alors que celui-ci est en train d'agoniser, c'est à la fois vachement pathétique, mais en même temps, y a quelque chose de tellement vrai, cette pulsion de vie qu'il peut y avoir dans ce genre de moment. Et donc voilà, au niveau du style, rien à dire, j'ai été trop vite en besogne, elle sait écrire, décrire toutes les nuances de ses pensées, c'est très vivant, je sais pas moi, ça me fait comme de l'ASMR, un massage de cerveau, c'est pas juste stimulant de lire ses phrases, c'est aussi étonnamment satisfaisant. Ça c'est un style limpide, pour reprendre l'expression de Elle pour Amélie Nothomb (ou bien d'autres…). L'adjectif, trop utilisé, a perdu sa force, mais c'est vraiment celui que je vois pour qualifier sa plume.

L'inconduite, c'est la scène d'ouverture, celle dont j'ai parlé. Mais c'est aussi l'éconduite on a envie de dire, celle qui étouffe l'autre avec son désir. Et je trouve qu'elle va loin dans le féminisme. C'est-à-dire que c'est l'histoire d'une femme libre, si libre que sa liberté peut nous choquer, nous mettre mal à l'aise.

Bon, et je le dis direct, si certains sont gênés par les passages explicites, passez votre chemin, ce n'est pas un livre pour vous. Parce que ça y va, et ça y va sans se retrousser les manches.

Et si certains veulent lui reprocher la circularité du récit, j'ai envie de rappeler que c'est une autofiction, et que je doute pas que cette quête sans nom, cette soif sans objet, ça doit bien la faire tourner en rond. Je trouve que c'est réaliste comment les petites scénettes s'enchainent sans logique, on pioche, on sent que c'est un peu foutraque comme dans sa tête, moi j'aime bien.

Mais on va sortir de la critique littéraire pour parler de certains messages politiques. J'ai trouvé dans ce texte qu'elle essayait parfois de camoufler des affects bourgeois derrière le féminisme. C'est un truc qu'on retrouve souvent, je pense au dernier Annie Ernaux, je pense aux magasines féminin où on revient souvent aux questions de « qui doit payer l'addition » ou « je sors avec quelqu'un qui gagne moins, comment faire », ce genre de débat. C'est une manière de ne plus réfléchir en termes de domination (elles pensent que leur indépendance financière est question de mérite, pas de la chance d'être bien née, de privilégier d'un système complaisant envers elles — « j'ai fait tant d'études, je me suis battue par arriver là où j'en suis » etc, sans mentionner que papa ou maman dine chez le PDG une fois tous les 3 mois. Et aussi, que c'est une manière de renverser le patriarcat, sans s'apercevoir que c'est juste jouer sur les mêmes notes, celles qui vont dans le sens du capitalisme). Et donc, la domination, là, avec Jon, n'est pas du tout une domination de genre, mais bien sociale. On a carrément l'impression de voir La vie d'Adèle inversée (par exemple, la manière dont elle parle de lui avec ses amis Alexandre ou Gaspard, ça a quelque chose d'hyperviolent, de déshumanisant). Elle se permet de le ramener toujours à son statut de chômeur, de mec qui bande pas et s'étonne que ça améliore pas la situation. Et bon sang, qu'est ce que ça aurait été dérangeant si ça avait été le contraire : un mec qui entretient une nana et le lui ramène toujours à la gueule. Y a une mesquinerie de petit commerçant là-dedans qui me sortait par les yeux. Mais je trouve parallèlement que c'est super intéressant de l'écrire tel quel, sans fausse pudeur de gazelle (et certainement de ne pas s'en rendre pleinement compte, car même si elle dit un moment qu'elle ne veut pas réfléchir de la même manière que son père, elle ne peut pas s'en empêcher, elle nous prend à partie pour qu'on pense comme elle, mais ça ne marche pas, on peut pas, enfin moi je peux pas, l'empathie était entièrement du côté de Jon). Ça montre vachement bien la difficulté de sortir entre personnes de classes différentes (et bien mieux que le jeune homme). Et comment les différences de classes empoisonnent toute relation humaine : elle le trompe avec un trader, c'est pas anodin, et elle le dit elle-même, même si elle ramène encore ça à une question de bander dur ou pas. (d'ailleurs, je trouve ça intéressant le parallèle entre le statut social et l'érection, les deux ont un rapport avec une vision masculine idéalisée, le bloc qui ne ploie pas, qui ne pleure pas). Après, sur le fait que c'est une bourgeoise, je dois clarifier, parce qu'elle se voit elle-même comme déclassée. Mais ça n'empêche pas qu'elle a, à mes yeux, des préoccupations bourgeoises, et la première, c'est celle de la jouissance. J'ai été étonnée à la fin, quand elle parle de sa position sociale, je trouvais que ça faisait presque dans le middle-class-washing (ouais, ça existe pas, je viens d'inventer le concept) : « C'est de là que je viens, de cet univers parallèle, la banlieue. Même pas la classe ouvrière, non la classe un petit peu au-dessus « (On sent l'euphémisation) « qui envoie ses gosses à l'école privée et aime faire semblant de s'en être sortie en dépit des heures supplémentaires pour payer les leçons de tennis de la petite […] Je suis de cette classe qui a une maison de vacances, oui, mais une maison héritée, passée de génération en génération […] » Pauvre petite fille pas assez riche…

Et d'ailleurs, quand elle dit que la première injustice est une injustice de genre et pas de classe, je pense qu'elle se trompe, (et que c'est encore un reste de bourgeoisie qui parle) : « Ce n'est pas tant la classe sociale qu'il faut transcender, que ce double regard qui rend les gens intéressants ou inquiétants, cruciaux ou anecdotiques, selon le genre avec lequel ils traversent cette existence ».

Il y aussi la question du consentement, avec une phrase terrible qu'elle dit à Jon « En gros, il faudrait que je me force à te voir, mais il est hors de question que tu te forces à me baiser ? »
Et on comprend ce qu'elle veut dire, et on veut ne pas comprendre. On comprend ce que c'est de faire des concessions, des compromis, et en même temps, c'est pas la même chose, on ne marchande pas le sexe comme si c'était vider le lave-linge. Elle l'accule, et plus elle l'accule, plus ça devient malaisant, et plus c'est malaisant, plus c'est intéressant à lire. Cette question de consentement est intéressante parce qu'elle évoque aussi la violence que ça peut être, de ne pas être sur la même longueur d'onde, de se sentir privé de quelque chose. Mais ça ne marche pas comme ça, et alors qu'on a l'impression que la communication devrait aider, plus ils parlent, plus ils s'embrouillent.

Et puis le désir, le désir qui file entre ses doigts — dès le départ, y a la question du regard de l'autre. Elle n'agit que pour faire plaisir, (enfin, presque que pour faire plaisir), même si elle en prend, on a l'impression que c'est collatéral. Les scènes, c'est toujours un don de soi, elle parle d'abandon, elle parle de possession. Si le plaisir d'offrir est systématique, on repasse pour la joie de recevoir. Et c'est ce qui grippe dans la relation, cette question de performance, d'en faire toujours plus ou toujours différemment, de se réinventer — le sexe comme une élaboration toujours plus complexe et sophistiquée, qui enlève la spontanéité. — un peu comme la lente agonie de Solal et Ariane dans Belle du Seigneur : chercher à retrouver les frissons du début et toujours s'en éloigner davantage. L'impression que j'ai eue, c'est que ce n'était pas tant une question de sexe que d'incomplétude, on le voit quand elle et Jon ne le font plus, elle ne sait pas comment remplir les heures, fumer quelques joints peut-être, mais le sexe en arrière-fond comme une litanie qu'on arrive pas à se sortir de la tête. (comme Michael Fassbender, dans le film Shame).

Jusqu'à atteindre le point de non-retour avec Vincent, le réalisateur. Ils sont dans un marivaudage maniéré et codifié qui fait penser à un film de Haneke(Happy end, je crois) — une sorte d'érotisme un peu poussiéreux et décadent….qui n'aboutit à rien. Et ce rien, c'est le début de la prise de conscience. Et je veux pas faire la moraliste, et le livre ne le fait pas non plus, c'est une prise de conscience douce, gaie : vers l'amour de soi, ce n'est pas une histoire américanisée de grandeurs et de chute, non, juste l'histoire d'Emma qui découvre Emma.


La fin est franchement très belle, ça m'a foutu une claque, je pense que c'est le genre de roman qui arrive à faire évoluer sa pensée sur le féminisme, sans sacrifier le style, sans sacrifier le plaisir esthétique. Il nous fait nous demander, et toi, tu en es où avec le regard de l'autre, tu en es où avec ce que tu veux toi ? Je sais que j'en ai pas beaucoup parlé, mais je ne veux pas gâcher le livre non plus, mais y a beaucoup d'humour, beaucoup de scènes franchement marrantes — et oui, beaucoup de scènes de sexe, mais je pense qu'elles sont importantes pour le pacte d'authenticité fait avec le lecteur. Elle veut parler de ça, elle va parler de ça, sans omettre le parfois-glauque, sans omettre le parfois-sublime. Une autrice à retenir dont je vous recommande le livre.



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On parle beaucoup du roman de Despentes en cette rentrée. Et pendant ce temps là, on ne lit pas l'un des grands romans féministes de cette année. Pas besoin d'afficher un connard de bon aloi en couverture, il est bien plus subtil de tisser sur 360 pages un état des lieux des rapports amoureux entre une femme (Emma Becker) et des hommes.

Si La Maison était le roman de la sororité exacerbée (et mon coup de coeur ultime de 2019), L'Inconduite est le roman du masculin (et peut-être mon coup de coeur ultime de 2022.) Livre du corps des hommes, beaucoup, de leurs regards sur les femmes, de leurs parades amoureuses, de leurs limites. Et il y a quelque chose de neuf dans cette capacité d'une jeune femme à dire sans filtres ce qu'elle connaît d'eux, du désir qu'elle leur porte, de leurs prouesses à leurs bassesses, dire qu'elle a besoin, envie d'eux et qu'elle sait pourtant qu'aucun ne sera à la hauteur de son attente. Lenny, Jon, Gaspard, Vincent et les autres, ont une place prépondérante dans sa vie. Ils alimentent son texte, ses pensées et sa réflexion. Évidemment, à la lecture de ce roman, on peut voir exclusivement une succession de bites et de chattes. Comme chez Nicolas Rey, on peut rester en surface et ne voir que l'autofiction avec de vrais morceaux de sexe dedans. Ici, comme là-bas, c'est nier la portée sociale du texte.
Emma Becker porte son regard plus loin. Sur le fait de ne pas avoir les codes des bonnes classes sociales (le passage sur Goldman est d'une grande intelligence), le fait d'être une trentenaire cultivée regardée avec condescendance par des hommes plus âgés (là c'est le passage avec Balavoine que je souligne).

Et puis, Emma Becker est une grande autrice, de celles dont j'admire le ton, le drôlerie, la capacité à jouer d'elle-même. Il y a des citations de choix, des chapitres que j'ai lu, relu (Jane, Serge et l'Anamour, oui, j'ai une obsession pour la chanson). Je lis de plus en plus d'autrices nées à la fin des années 80. Moi qui pensait stupide de parler de voix d'une génération, je m'y retrouve pourtant. Et je suis heureuse de voir émerger cette parole on ne peut plus libératrice et portée de si belle manière.

Lâchez Despentes, lisez Becker.
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Le livre commence sur la fin de vie et la mort du grand-père de la narratrice.
Puis elle parle de son mari, Lenny, et de leur bébé, Isidore.
Ensuite elle nous fait part de sa vie amoureuse, ou plutôt sexuelle.
Et sa sexualité, elle la vit à un rythme effréné.
Prostituée dans une maison close, elle multiplie d'autre part les expériences sexuelles plus personnelles.
Bon, page 100, j'ai refermé le livre.
Je ne me sentais pas d'assister à tout cela jusqu'à la page 366.
Je ne comprends pas ce livre, ses intentions, son utilité.
Je laisse Emma Becker à sa vie, à ses relations, à son destin.
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📚 RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022📚

Emma Becker est une auteure qui ne mâche pas ses mots ! Avec « L'inconduite », que l'on peut qualifier d'autofiction romancée (mais romancée jusqu'à quel point ?), la narratrice est mariée, maman d'un petit bébé, Isidore. Les sentiments envers son mari, Lenny, s'étiolent peu à peu, la routine plombe le couple.

« L'inconduite » est un roman pour les femmes. Histoire de s'affranchir de cette image de la mère imposée par notre société. La narratrice se retrouve oppressée et prisonnière par ce nouveau rôle. La maternité transforme complètement une femme. Mais elle n'a pas changée totalement notre héroïne : elle refuse d'abandonner la partie la plus colorée de sa vie, celle qui la fait pétiller : les hommes, le regard des hommes sur elle, le désir qu'elle éprouve pour eux et son besoin d'être désirée. Elle considère le sexe comme un jeu, extrêmement ludique. Elle n'hésite pas à échafauder des plans érotiques avec ses amants, histoire de pimenter tout cela. Quelquefois, cela ne se passe pas comme elle le souhaiterait (les hommes ne sont pas des machines, lol), et l'humour prend alors le dessus.

« J'aimerais bien être la Jane Birkin de quelqu'un, pour une fois. C'est trop demander, putain, un type qui me regarde comme s'il n'avait jamais rien vu de plus beau ? »

Sans filtre, sans tabou, Emma nous propose un roman qui mêle maternité, sexe, désir et amour. Une réflexion très juste sur ce qu'il advient du couple après la naissance d'un enfant, sur ce que l'on en fait. Une fois que l'on est devenue mère, que nous reste-t-il, à part les biberons, les couches à changer, l'éducation à donner ? Comment ne pas se perdre dans tout cela ? Comment rester femme ?

« Mais ces plages d'intimité ont toujours une fin, et nos entrevues dehors, dans la nuit qui se rafraîchit d'heure en heure, pourraient se passer entre deux portes – au fond, c'est vrai : rien n'a changé.
Victor et moi baisons au pied de notre chêne, ma robe nouée dans le dos, sa main sur ma hanche. Ce matin il me semblait que c'était le but ultime, au-delà ce serait le néant de l'existence normale qui reprendrait, comme à chaque fois que je quittais Victor. »

Emma a trouvé la solution : vivre pour soi, ne pas tout donner pour son enfant, après tout, trouver son bonheur ailleurs n'est pas interdit. Être une mère à 100% de son temps n'est pas une obligation gravée dans le marbre. L'occasion de nous en dire plus sur les hommes et la sexualité. Comment le statut social peut nuire à une relation, par exemple.

Alors, je dois bien avouer, quand même, que les scènes de sexe m'ont un peu gavée à la longue. le roman démarre sur les chapeaux de roue et ne faiblit pas, au risque de choquer. Emma est une auteure hors du commun. Avec son écriture franche, suggestive et flamboyante, lire l'un de ses romans est une expérience hors norme.

Avec une pointe d'humour, Emma décrit la condition féminine à travers le prisme de la sexualité. Si nous, en tant que mère, nous mettions ce statut de côté pour reprendre notre condition de femme, ne réagirions-nous pas comme la narratrice ? On peut parfaitement s'identifier à elle, on la comprend, même si on n'irait pas forcément jusqu'à faire ce qu'elle fait (quoique…)….Quelle mère n'a jamais rêvé d'avoir une journée à soi, pour redevenir femme ?

La seule chose qui m'a dérangée étant le fait qu'à la fin du livre, j'étais bien incapable de définir où exactement Emma voulait en venir. OK, on a saisi l'objectif premier de l'auteure. Mais la narratrice, elle, qu'a-t-elle trouvé dans toute cette ébauche de sexe ? Mieux se connaître ? J'ai trouvé qu'Emma n'avait pas été au bout de sa démarche, et c'est dommage. Quant à la fin, elle m'a laissée assez dubitative…Trop banale.

Un roman court, qui se lit vite, qui permet de se poser pas mal de questions, un voyage étonnant, mais à ne pas mettre sous tous les yeux ! Un roman qui bouscule les conventions, qui va déranger et faire débat, c'est sûr ! Les hommes se sont emparés de ce thème, cela ne pose aucun problème. Que dire d'une femme écrivant sur ce sujet ? Absolument scandaleux lol ! Je dis bravo à Emma d'avoir su rester audacieuse !

« On ne dit jamais je t'aime à son enfant comme après l'avoir un peu oublié. »

#EmmaBecker #LInconduite #AlbinMichel #RentréeLittéraire2022
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Pauvre Emma ! Sa vie n'est vraiment pas facile.

Elle est « séparée » du père de son fils. Elle passe son temps à voir des hommes (dans l'espoir de trouver une personne capable de la satisfaire. Certains y arrivent mais sur un lapse de temps court), Elle a un fils qui semble être un fantôme. Il fait des apparitions dans sa vie de temps en temps : Elle le couche, l'amène au parc. Et enfin, elle a besoin effréné de s'occuper du crayon des hommes qu'elles désirent.

J'ai eu beaucoup de mal à comprendre où l'autrice voulait en venir. Voulait-elle qu'on plaigne Emma. de mon côté, ça été totalement le contraire. Je n'en pouvais plus de l'entendre se plaindre, de ne jamais se remettre en question. Elle en veut à tous les hommes qu'elle croise de ne pas être assez dur, ne pas répondre précisément à ses besoins, de ne pas comprendre ses petites attentions vestimentaires…

De plus, j'ai la sensation que la question : Peut-on rester femme en devenant mère n'a pas été abordé. Oui, elle a un fils mais je n'ai jamais eu la sensation qu'elle s'exprimait comme une mère. Je me suis trompée en achetant ce livre. Je pensais lire un chemin de pensée et de questionnements d'une femme. A la place, on se retrouve à suivre ses envies frénétiques de sexe. Vu le thème, qu'elle parle de sexe je trouve ça normal, mais dans beaucoup de situation cela ne servait pas la narration. Ce qui est à mon goût dommage car j'attendais beaucoup de ce livre.

Je me suis forcée à le lire en entier car j'espérais une amélioration. Hélas, ce n'est jamais arrivée. Malgré tout, l'écriture est fluide. A mon goût, c'est un livre qui ne se lit pas comme un simple roman. Il faut être dans un certain état d'esprit pour recevoir tous les propos d'Emma Becker. Cela ne met pas en doute le talent d'écriture de l'autrice. Je fais juste partie de ses personnes qui ne sont pas sensibles à sa formulation même si les (ébauches de) questionnements soulevés sont, je trouve, très intéressants.

Pardon, un passage a été pour moi, enfin satisfaisant (heureusement que je me suis forcée à aller au bout du livre) : le coup de gueule d'Emma sur Vincent. le personnage ne parlait pas que de son cul. Elle cherchait à se libérer des diverses problématiques qui remplissaient sa pensée et qui l'empêchait de s'épanouir : la distinction entre les différents milieux sociaux, les coutumes, les idées reçues… Emma essaie enfin de se libérer.
Malheureusement, cette critique ne servira pas à promouvoir le livre.

Ce n'est que mon avis, à vous de vous faire le vôtre.
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Quoi ? Les mamans ont des désirs sexuels ? elles veulent baiser ? Et bien oui, semblerait-il ! Rien que pour le massacre en règle de ce tabou, voilà un livre enchanteur.

Emma Becker se livre ici sur son désir, son envie de quelque chose de grand, puissant, qui l'emporte et la soulève. Elle veut de la passion et la preuve de la passion, ferme, vigoureuse ! Pourtant, elle reste coincée. Là, entre le père de son fils, un amant, un autre (des autres) et un vieux.

Un livre qui ose parler du désir des femmes. Impudique ? Oui, certainement ! Poserait-on la question de la même manière pour celui d'un homme ?
Lien : https://www.noid.ch/lincondu..
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La quatrième de couverture de L'inconduite présente une photo du joli minois d'Emma Becker sous laquelle est inscrite cette question : peut-on rester femme en devenant mère?
Il est donc logique d'imaginer que cette oeuvre d'autofiction apporte la contribution d'Emma Becker à cette interrogation universelle.

Il n'en est rien. L'inconduite est un appel de détresse, un besoin d'amour auquel il n'est pas humain de rester insensible.

Après avoir passé plusieurs années dans un bordel berlinois (expérience qu'elle relate dans son précédent ouvrage La maison), Emma s'est enfin casée avec Lenny. de cet amour est né Isidore mais l'histoire ne peut s'arrêter là...elle aurait été trop belle. Ce nouvel édifice s'effondre aussi vite qu'il a été érigé. le désir s'est enfui et, avec lui, la sagesse d'Emma.

Elle aurait pu en rester là et nous décrire la déliquescence de son couple et la difficulté d'être à la fois mère à la fois épouse, mais ce n'est pas Emma. Emma se jette corps et âme sur n'importe quel inconnu, n'importe où...car elle a besoin de vivre - sous-entendu l'amour - pour écrire et d'écrire pour vivre - sous-entendu l'amour. Il lui faut donc embrasser de tout son être la quête du désir absolu dans les yeux des hommes.

Ceux-ci en prennent d'ailleurs pour leur grade tout au long du livre sans que cela puisse le lui être reproché d'ailleurs, eut égard à ce qu'elle nous en livre. Seul, son grand-père, dont elle nous partage les derniers instants avec beaucoup de tendresse, échappe au sombre tableau dressé de la gent masculine - ce qui ne l'empêche pas de nous décrire comment elle a sucé le meilleur ami du mourant dans le sous-sol de l'hopital où papounet rendait son dernier souffle...

Chez Emma Becker l'attendrissement sincère est à portée de ligne du cynisme le plus cruel. C'est d'ailleurs ce qui fait de ce livre une vraie merveille car cette écrivain a le talent de nous faire vivre ses humeurs, ses envies et ses frustrations avec beaucoup de force et d'émotion.

J'ai donc aimé cet objet littéraire pas tout à fait identifié qui voudrait nous faire croire au scandale de l'inconduite (débauche, dévergondage, excès, folie d'après le Larousse) alors qu'il s'agit d'une main tendue d'une femme qui souhaiterait qu'on la regarde comme Serge Gainsbourg couve Jane Birkin d'un désir ardent dans l'Anamour. le syllogisme entre le titre de ce film et le titre du livre d'Emma Becker est d'ailleurs envisageable.

Une fois refermé ce livre et en rédigeant ces quelques lignes, je réalise d'ailleurs qu'y brille un grand absent : le père dont il n'est fait aucune mention tout au long des 364 pages.
Qu'en aurait pensé Sigmund?
Nous en aurons peut-être l'explication dans son prochain ouvrage...qui sait?

En tout cas, bravo Emma Becker et merci de nous faire partager votre liberté dans toute sa sensibilité!




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Dans son précédent récit, « La Maison », Emma Becker nous faisait partager, à la manière d'une journaliste « embedded », son expérience insolite dans un bordel de Berlin. Cette lecture avait été une découverte intéressante.
Dans « L'Inconduite », elle nous raconte sa vie dans ses dimensions les plus triviales. En couple depuis sept ans et maman d'un petit Isidore, Emma n'a pas renié ses envies frénétiques de sexe.
Se trouvant irrésistible, elle multiplie les coups plus ou moins bons. Jusqu'au jour où un homme fantasmé, bien connu du milieu germanopratin, lui résiste.
Au-delà des scènes de fesses un peu pénibles tellement elles sont nombreuses, j'ai aimé, en cette époque de bien-pensance où les rapports entre les femmes et les hommes sont scrutés avec méfiance, qu'une représentante du sexe dit faible assume ses choix de collectionner les aventures pour assouvir une libido fougueuse.
L'autrice a aussi le sens de la formule, un humour qui allège la crudité des propos et une capacité à dynamiter, grâce à l'autodérision et à l'ironie, le sérieux de l'existence.
Mais, après avoir refermé le livre, que reste-t-il ? L'impression que celle qui porte le même prénom qu'une célèbre héroïne neurasthénique de Flaubert, accumule les amants juste pour se sentir vivante, effleurer le bonheur et être un peu aimée pour elle-même, et pas seulement pour ses prouesses techniques.
Emma aurait finalement l'âme d'une midinette déçue par la banalité d'un quotidien sur lequel elle saupoudre un peu de piment.

EXTRAITS
Peut-être que le bonheur c'était se distraire de la monotonie par le plaisir.
Il y a trop à vivre pour écrire.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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Ce livre ne plaira pas à tout le monde ! C'est un roman décapant qui va déranger et en faire parler plus d'un d'autant plus qu'Emma Becker ne mâche pas ses mots.
Dès les premières pages, l'autrice donne le ton sur le besoin de se sentir vivante (en danger) à travers le regard d'un homme.
Emma Becker se livre sans tabou, nous parle du désir de la femme et de ses relations avec les hommes avec beaucoup de franchise et d'authenticité.
Emma a une trentaine d'années, maman d'un petit garçon se prénommant Isidore, et en couple libre avec Lenny. (Tellement libre que ça peut en choquer plus d'un) mais comment lutter contre la routine ?!

Elle nous parle de sa famille, de la mort, de ses aventures et ses envies sexuelles… Emma Becker nous parle de plein de choses… Quelquefois en vrac, parfois de manière jolie et parfois de manière salasse. Elle enchaîne les relations en comblant un vide et cherche un équilibre entre son rôle de mère et ses relations avec les hommes.

D'une plume crue, fluide, libérée et tantôt vulgaire, Emma nous transporte dans son intimité mêlant sexe, déception, et humour.
J'ai trouvé la fin légèrement banale néanmoins magnifique bref je n'en dirai pas plus.
Malgré quelques longueurs j'ai aimé ce roman et je trouve l'autrice audacieuse.
Emma Becker nous prouve une fois de plus son talent littéraire dans un univers bien à elle.
Lien : https://juliechronique.fr/20..
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Je capitule page 219.
Il y a des passages où un nuage de presque tendresse pouvait laisser espérer, puis rien.
L'écriture est crue mais sans réelle vulgarité ce qui me laissait penser que Emma Becker ne cherche pas à brutaliser son lecteur , alors qu'elle ne s'épargne pas douleurs et flagellations littéraires.
Certaines critiques disent que c'est le discours d'une féministe affirmée, je ne suis pas de cet avis car une féministe ne peut aller et revenir comme le fait Emma pour se prouver qu'elle existe.
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