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3,57

sur 120 notes
Lu en janvier, ce premier roman de l'auteure (que j'avais découvert avec "Ma maison" en 2019).
Si littérairement la prose de Mle Becker tient plutôt la route, je n'ai pas été touchée plus que cela par ce récit d'apprentissage intimiste (à la fois érotique et sulfureux) à proprement parler.
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https://www.youtube.com/watch?v=qSFIYdTEZTA&ab_channel=YasminaBehagle

Vidéo Youtube sur le roman Monsieur :
Nouvelle vidéo, au sujet du premier roman d'Emma Becker, Monsieur. Comme on le voit, le début et la fin ne ressemblent pas à un début et une fin : je voulais faire une vidéo sur l'oeuvre d'Emma Becker, mais j'avais peur que le résultat soit trop long. On se contentera aujourd'hui de Monsieur, son premier roman, écrit à l'âge de 20 ou 22 ans.
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Il y a écrire l'érotisme et écrire le désir, et puis il y a Emma Becker, qui fait les deux.

Voilà trois livres maintenant que je découvre avec Emma Becker des romans où j'apprends à la connaître, elle, infiniment plus crue que mes lectures habituelles, des pages et des pages de positions à ne plus savoir quoi en faire, de cris et de coulisses de maison close (lisez La Maison), des pages d'étreintes dans des parcs vides alors que l'enfant dort à la maison, de partenaires dont on attend rien mais trop (lisez l'Inconduite) des pages de plans à trois hasardeux et de mots qu'on lit à la chaîne, lèvres, sueur, bouche, lit, doigts, et d'autres encore qui ne se marquent pas. Mais c'est aussi des pages et des pages de larmes dans l'attente, de draps vides, de ventre tordu d'angoisse, de coeur qu'on donne à tout le monde, d'amour qu'on épuise le plus vite possible et jusqu'à la dernière goutte, jusqu'aux pages et aux pages de vide, d'absence, de pourquoi j'écris ? et d'écrire.

Emma Becker raconte la littérature et l'écriture, souvent celle du roman que vous tenez entre les mains. Une mise en abyme douloureuse, qui nous pose tout contre ses chagrins.

Rarement on peut lire le désir féminin ainsi, dans ce qu'il a de plus cru et de plus incisif, graphique. Puisque le plus grand tabou de la littérature tombe, alors on peut parler d'autres, plus secrets, jusqu'auxquels, auparavant, on ne creusait pas.

Mr, de Emma Becker, c'est un peu de tout cela.
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Ellie, dans ce roman, se confie sur une relation qu'elle a eue à 20 ans avec un homme de 26 ans son aîné.
Cet homme est un ami de son oncle. Toute sa famille le connait.

Ce qui était à la base un défi pour elle, va se transformer en amour, mais un amour impossible, puisque Mr est marié et père de famille.

Comme dans "La Maison", qui se passe et est écrit après ce roman, elle décrit sans détour ses relations charnelles avec cet homme.

L'impudeur, la bestialité, le sexe sans tabou, le plaisir intense sont maîtres mots ici.
Ces rencontres furtives deviennent très vite addictives.

Portés par l'euphorie de la nouveauté et de l'interdit, les deux amants apprécient ces moments clandestins.
Mr initie la jeune femme au plaisir intense de la chair.

Mais très vite , on comprend que la relation bascule pour Ellie.
Elle décrit à merveille l'attente qui la ronge en attendant le prochain rendez-vous.
Elle vit, respire, bouge pour lui.
Mr la domine et s'en amuse.
Elle, elle subit et devient spectatrice de ce qui était à la base un jeu.

J'ai beaucoup aimé ce roman autobiographique (plus que La Maison). On retrouve la touche particulière de cette auteure, une plume franche et incisive qui ne prend pas de détour et qui appelle un(e) chat(te) un(e) chat(te).
Son style peut déranger car il est cru et sans détour.

Ça ne plaira pas à tout le monde, mais c'est ce qui fait sa force et elle aborde des sujets qui parlent à toutes les femmes.
La "déroute" de cette histoire m'a touchée, car finalement on connaît toutes un jour ou l'autre, des Mr.
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Il y a quelque temps je suis tombé dans les rets de Emma Becker (L'incoduite, La Maison). Et dans ces temps de Sea, Sun et (no?) Sex une amie m'a demandé si je n'avais pas de la lecture érotique. Bof, je lui dis, pas grande chose. Il y avait le Boucher, Mise en pièce, Qu'est-ce que Thérèse… livres dont parlait aussi l'essai « Lire, écrire, jouir » en décembre dernier. Donc finalement pas grande chose. Il y avait aussi le grand monologue d'un homme dans Corky (J.C. Oates, qui sait si bien mettre des mots sur les scènes charnelles)…. Si seulement elle m'avait demandé un peu plus tard.

C'est que j'ai trouvé « mieux ». Chez mon bouquiniste, je tombe sur la version poche de « Mr » le premier livre de E. Becker (que les anglais vendent sous le signe de « à la croisée de Colette et Catherine Miller » – pour moi, rien à voir). Déroutant, parfois limite malaisant mais d'une vraie plume (pas de ces plumes de caresses !), d'une écriture très forte. On sent que Madame E. a potassé les écrits de MalaparteLa peau ») ou notamment « La mécanique des femmes » de Calaferte), Aragonle con d'Irène »), Baudelaire, Sade etc…qu'elle a bien étudié les mécanismes de la littérature épistolaire et qu'elle, vraiment surprenant, peut être érotique même dans les passages dans lesquelles elle ne décrit pas des étreintes ou réfléchit sur la différence de ressenti et sonorité p.ex. à l'écoute des mots « sodomie » et/ou « enculer ».

Je dis ça pour vous prévenir, ce n'est pas à l'eau de rose, c'est cash, mais avec des embardés formidables, notamment lors de la descente aux enfers de l'attente. Déjà ce prénom (genre 50 shades….) Ellie – j'ai lu cela comme « elle au lit » ou « elle lit » ou même « elle lit au lit (aussi) ». Ah, ce « i » du mot ma nuit….

Ok, ça parait éculé cette histoire d'une fille (étudiante) – qui voit toutefois d'autres hommes « à côté » – de 20 ans qui partage avec un homme de 46 ans (chirurgien – ahh ces blouses blanches) une passion pour la littérature érotique et bientôt la mise en pratique de la bête à deux dos – les mardis. Des expériences qui la secouent (les descriptions de ces vagues d'émotion sont saisissant – pour un homme) et laissent la devenir comme une héroïnomane en manque (du sexe de lui).

Le livre (de poche) a 507 pages, et c'est à la page 240 que le nuage sur lequel flotte la chère Ellie va se désagréger de la manière la plus « banal ». le « Dieu », qui la fait frémir va jouer le mode « silence total » – il part sans la contacter, et fini l'existence pour lui que deux heures par semaine. C'est qu'il est marié et a d'autres conquêtes…. d'autres nymphettes ou Lolita aux seins défiant Newton. Je ne suis jamais qu'une parenthèse dans la vie de Monsieur, et aussi accaparante ou passionnante que puisse être une parenthèse, après tout ça n'est jamais qu'un minuscule insert au milieu d'un texte déjà dense, une technique ornementale à laquelle on a recours lorsqu'il est impossible d'ajouter une phrase en plus. Je ne suis qu'une parenthèse parmi d'autres, oubliées au fur et à mesure, tandis qu'Estelle reste, année après année, assise sur le même piédestal – et ça n'est pas une métaphore : il existe une photo prise durant l'anniversaire de leur troisième fils, où on la voit sautant dans les airs, assise sur une chaise portée par une dizaine de personnes. Parmi elles, invisible au premier coup d'oeil, Monsieur qu'on entend presque éclater de ce grand rire juvénile en la couvant d'un regard où explosent tout l'amour et toute l'admiration du monde. Je suis restée plusieurs minutes à les fixer tous les deux avec mon coeur qui hésitait à saigner, éblouie. D'accord c'est voyeuriste, nombriliste mais permet d'entrer (par la porte d'une langue bien pendue) dans la forêt mystérieuse de l'intimité d'une femme (même si celle-ci semble insatiable à un point qui m'interroge). Et se dessine déjà l'art du portrait que Emma Becker peaufine dans la suite de son oeuvre (même s'elle est certainement un peu surestimée). J'ai « kiffé » la fin du Livre I de ce roman – il s'agit de la « conception très cinématographique » de la découverte (imaginée) par la femme de Monsieur, Estelle (« son port d'attache ») que son mari la trompe. (p. 223 – 240). C'est jouissif et avec juste la pointe d'humour qu'il faut. le livre est empreint d'un humanisme et d'un réalisme cru sur ce qu'un homme finalement lâche et ordinaire peu créer comme tsunami émotionnelle.
C'est drôle, cette relation conflictuelle que j'ai toujours eue avec ma chatte, et Monsieur qui chaque fois semble tout à fait innocent de cela. Qu'est-ce qu'ils ont tous, qui les pousse si irrésistiblement vers ça ? Que voient-ils ? Que peut-il y avoir de si passionnant dans ce que je regarde ente mes jambes ? Deux lobes de chair tapissés d'un pelage brun, brillant comme celui d'une loutre ; on dirait la gueule d'un anima, narrée d'une large fente – et ces ondulations gracieuses, ces dentelles de l'amour dont parle Aragon, est-il possible que Monsieur les trouve aussi poétiques ? Pourquoi suis-je incapable de voir autre chose qu'un excédent de chair ? J'aurais adoré avoir une de ces petites chattes closes comme une bouche timide, qui s'écartent et se découvrent avec les doigts. Un coquillage en pâte d'amande, renfermant des miniatures de lèvres nacrées, le petit museau du clitoris, une brèche à amadouer pour qu'elle apparaisse. Et au lieu de ça, à l'époque de mes premiers poils le pudique abricot duveté des gamines s'est mué en cette chatte bavarde de fil porno, débordante, constamment ouverte en un sourire obscène, même lorsque baiser est la dernière chose à laquelle je pense."
Je conseille – mais sachez que les scènes (et les pensées retranscrites) peuvent heurter des âmes sensibles (je m'abstins de passer des extraits « hard ») – toutefois je trouve que les scènes de masturbation (volontaires ou sous ordre) vont au-delà d'une description « cliniques » on est comme assis, tout petit, sous le lobe de l'oreille et écoute les pensées de la femme (aussi bien agréables que non)…

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506 pages plus tard et Ellie Becker devient une amie précieuse. Un 1er roman foutrement bon ! Mr. prend au coeur, aux tripes et au corps tout entier. Il fait l'effet d'une claque jouissive. Quelle exploration du désir sous toutes ses coutures ! Bravo Emma Becker.
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La première grande passion amoureuse d'une jeune fille de 20 ans avec un chirurgien marié, père de 3 enfants, séducteur, amateur de femmes. Récit initiatique et autobiographique qui tire sa force de sa sincérité, de sa transparence. La séductrice lucide sur ses appâts de Lolita se fait prendre à son propre jeu et finit par s'attacher.
Au fil des pages j'ai ressenti une forme de lassitude même si on comprend les ressorts psychologiques qui la poussent à s'accrocher à cet homme qui devient fuyant au fur et à mesure.

L'originalité du récit et de la relation vient du fait que Ellie et Mr sont passionnés de littérature érotique. Leur sexualité est nourrie et enrichie de leurs lectures, Mr n"hésite pas à parler crûment pendant l'amour et l'usage du langage verbal excite terriblement Ellie. Parallèlement Ellie, jeune écrivain, écrit le récit du récit qu'on est en train de lire et cela offre l'occasion de nouveaux échanges entre eux. Elle lui fait lire son manuscrit, il a peur d'être reconnu, mais il est flatté d'être immortalisé...

Ce thème du lien entre la sexualité, le texte, la littérature est largement abordé dans l'essai de Camille MOREAU "Lire, écrire, jouir, quand le texte se fait chair" et d'ailleurs Camille MOREAU cite Emma BECKER et donne des extraits de Mr dans son essai que je vous recommande.

Sur le thème de la liaison d'une jeune femme avec un homme plus âgé et de l'initiation sexuelle, sur celui du lien entre la littérature-l'oralité et la sexualité, sur celui du couple avec écart d'âge, je vous renvoie à la trilogie de Dominique SELS "Camarillo, adios les seventies", surtout "Les plus beaux diamants du monde", et enfin l'essai "La petite maîtresse." Cette trilogie, d'excellente facture littéraire, fera avancer votre réflexion.
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Qui sommes nous à 20 ans?
Qu'attendons-nous de la vie?
Qu'attendons-nous de l'amour?

On est censé découvrir tout cela à 20 ans... la vie et l'amour. Mais Ellie, elle, elle s'y connait déjà pas mal en amour, et en vie un peu.

Elle est complétement désinhibée, et n'a pas peur de se jeter à corps perdu dans une relation basée purement sur des relations sexuelles.

J'ai envie de vous avouer que j'ai adoré partager les 250 premières pages avec elle, avec son ouverture d'esprit, son ouverture sur ce qu'est l'acte sexuel, la pratique, l'envie, l'extase, le jouissement. Mais ensuite, le rythme s'est essouflé et on perd un peu d'engouement.
Je trouve que certains passages sont un peu redondants mais pourquoi? Parce qu'arrive ce moment où Emma se rend compte que cette passion qu'elle vit avec Mr. n'est peut être pas qu'un acte, qu'un instant, qu'une jouissance, et qu'elle en voudrait plus. Elle voudrait plus de messages, elle voudrait plus de temps passé ensemble, elle voudrait plus d'affection. Elle sombre, et nous, on assiste comme de simples spectateurs à sa chute.

Ne vous en faites pas, elle va se relever et nous offrir 80 dernières bonnes pages.

Finalement, Ellie n'est qu'une jeune fille/femme de 20 ans qui pensait que coucher sans aimer lui serait possible mais Mr. est arrivé dans sa vie et depuis tout est chamboulé.

Je vous laisse découvrir ce qu'il advient et malgré le vocabulaire très tendancieux et pour être très franche parfois cru, il y a une certaine poésie dans les phrases écrites par Emma Becker. Et puis le politiquement incorrect marche toujours dans ce genre de cas, l'interdit attire et on veut finalement connaitre la suite.
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Je suis tombée sous le charme d'Emma Becker en lisant La Maison à sa sortie. Je voulais absolument en lire d'autres d'elle depuis. "Mr" est son tout premier roman alors qu'elle avait à peine une vingtaine d'années.
Le style est déjà là, plus enfantin sans doute mais toujours prenant. Je ressens une connexion avec cette autrice qui est très étrange, une envie puissante de la rencontrer, j'espère qu'un jour ce sera faisable.
Elle fait polémique dans le cadre de son féminisme plutôt atypique. Je comprenais du point de vue de la Maison, je comprends aussi avec ce livre où elle présente une image de la femme soumise, objet et qui s'y plait mais la frontière entre le jeu d'écriture, le jeu sexuel tout court et la réalité il y a tout un monde avec lequel Emma Becker s'amuse à mon sens. J'ai dû aussi me remémorer à plusieurs reprise qu'elle était très très jeune quand elle l'a écrit.
Mais globalement j'ai adoré. Cette autrice me fait vraiment quelque chose. J'aurai des difficultés à l'expliquer.
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Pardonnez mes hésitations mais je crois, qu'au final, malgré quelques moments d'ennui, j'ai quand même bien aimé ce livre. le style est agréable à lire, recherché, cru, poétique parfois. On tombe de temps en temps sur quelques tournures d'une banalité à pleurer, mais on pardonnera vite ces oublis de relecture.
Evidemment, disons-le tout net, les scènes de sexe y sont crues, mais... efficaces.
J'ai parfois trouvé Emma/Ellie pleine de préjugés, notamment au début du texte. J'ai terminé le roman pleine de compassion pour cette jeune fille, emportée dans une histoire qu'elle a cru pouvoir maitriser. Alors qu'elle le porte aux nues, il s'avère que Monsieur n'est finalement qu'un énième homme d'une lâcheté crasse. Ah la toute-puissance, l'arrogance et la douce naïveté de nos 20 ans... ;)
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