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EAN : 9782260055112
224 pages
Julliard (06/04/2023)
3.53/5   99 notes
Résumé :
« Odile et moi, petites filles, courons dans le maquis qui entoure sa maison, elle habite à l’époque dans cette même grande villa à Cavalaire. Nous disparaissons des heures à la recherche d’un semblant de grotte planquée derrière un buisson de lentisque, une lampe torche à la main, et c’est là, pour la première fois, que nous inventons ce jeu qui nous tiendra en haleine jusqu’à la fin de notre adolescence – le petit copain et la petite copine. Au début, ces explorat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Je remercie #NetGalleyFrance et les éditions Julliard pour m'avoir permis de découvrir #Odilelété.

Mue par une étrange intuition née d'un rêve, la narratrice retrouve son amie d'enfance, Odile, perdue de vue depuis une dizaine d'années. Lorsqu'elles se retrouvent, elle se remémorent leurs expérimentations sexuelles communes. Odile raconte ensuite les expériences sexuelles qu'elle a vécues depuis. Les scènes plus ou moins érotiques s'enchaînent, du fantasme réalisé aux envies inavouables, tout y passe, ou presque... Et c'est finalement ce "presque" qui m'a semblé le plus intéressant.

Je n'avais jamais lu de livre érotique, et lorsque Olivia de Lamberterie en a fait la chronique, je me suis dit "pourquoi pas essayer". Effectivement, le style de ce titre-là est plutôt littéraire. C'est bien écrit, immersif sans être trop intrusif. Les longues phrases s'enchaînent dans des chapitres tantôt furtifs tantôt très longs, tous ponctués de plus ou moins d'érotisme et de sexualité.
J'avoue avoir pensé "ça baise à tout va quand même !" et j'en ai été un peu lassée vers la fin (un peu fade). Mais l'ouvrage est suffisamment court pour rester attractif et ne pas abandonner Odile et la narratrice.

#Odilelété #NetGalleyFrance
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Chaque année, la narratrice passe ses vacances d'été avec Odile, qu'elle connaît depuis presque toujours. Leurs vies sont différentes mais lorsqu'elles se retrouvent, on assiste à un moment hors du temps qui deviendra plus important au fil des années. Elles sont jeunes, s'ennuient un peu et décident d'inventer des jeux, notamment celui du petit copain et de la petite copine. C'est à ce moment-là, entre elles deux, qu'elles découvrent leur corps et les premiers vrais plaisirs qu'il peut apporter. Mais un jour, les deux amies sont éloignées par la vie. Quand elles se retrouvent dix ans plus tard, l'heure est aux souvenirs. Et quels souvenirs !

La relation entre la narratrice et Odile est née de la domination de l'une sur l'autre, de la recherche constante de plaisir, de l'interrogation de ses réels désirs et cela s'est accentué au fil des années. Finalement, que recherchent-elles ? Et si c'était tout et rien à la fois. Et si ces jeux érotiques de leur jeunesse leur avait fait perdre un peu le sens de la réalité ? Beaucoup de questions mais l'attraction entre les deux femmes est percutante, inévitable.

Comme vous pouvez imaginer, certaines scènes sont précises, crues, détaillées mais sans que la vulgarité ne s'installe. Évidemment, je pense que cela dépendra de la sensibilité de chacun. Nous avons ici, un roman qui interroge sur la sexualité, sous toutes ses formes, avec tout type de partenaire ou d'endroit mais ce n'est pas que ça. le point central de ce roman, ce sont des deux personnages, ces deux amies par qui tout a commencé et qui gardent en elles un lien indestructible. A l'amitié, à l'amour, à la découverte, au plaisir, à l'équilibre d'être soi-même et au bon endroit.
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Régimes amoureux et sexuels, et politique du fantasme
(attention, cette critique dévoile des éléments de l'intrigue)

" Quand je pense que tu as cru toute ta vie qu'il te fallait un autre amant que moi ! Réfléchis un peu. "
(page 218)

Odile l'été, que des critiques peu regardants pourraient, hâtivement, classer du côté du simple récit érotique voire pornographique, est une assez belle réussite. Celle d'une écriture, et celle d'une littérature, sans pour autant être à thèse, d'idées et de pensée, puisque ce texte prend part à une collection, Fauteuse de trouble, qui se propose de faire entendre d'autres voix et d'autres regards sur la sexualité et le désir.

L'écriture est fine, et la composition, particulièrement ouvragée, à partir de cette histoire d'une relation, née dans l'enfance, mais qui révèle, plus tard, qu'elle n'en a pas vraiment la candeur, et qui s'avère, bientôt, glauque, parce que déséquilibrée et abusive... Avec Odile, c'est assez « à la papa », que ça se trame, dans un jeu de reproduction des schémas de domination, sûrement issus des modèles parentaux d'une époque, d'une classe, et d'une culture, plus ou moins consciemment patriarcaux et machistes. Assez troublant, certes... mais vite insupportable.
Comme si le principe de domination, inévitable, venait, très tôt, et malgré tout, s'imposer à ces deux êtres, au-delà de leurs premiers jeux et de leurs explorations, qui ne manquent pas d'effusions érotiques, en tant que principe issu de la domination sociale masculine, ce que le texte ne manque pas de critiquer, comme les fantasmes - si importants, dans une relation amoureuse et désirante, tout autant que les récits faits à l'autre - qui s'y forment, sont frappés d'une forme de masculinisme hétéronormé, consommateur, consumateur, permanent et triomphant...
Et cela dure une grande partie du récit, sans véritablement évoluer, sauf à se creuser, avec le détachement et le départ d'Odile, l'abandon de la narratrice, au bout de l'humiliation et de la soumission, leurs expériences respectives... jusqu'à sa réaction, au sortir d'un cauchemar, et à sa décision, au bout d'un marasme, de retrouver Odile, des années plus tard... Enfin, serait-on tenté de dire.

Jusqu'à cette fin, sublime comme une chute, à valeur d'avènement, qui révèle qu'elles accèdent à cette révélation, par la médiation de fantasmes échangés, partagés, jusqu'au paroxysme, que leur relation, leurs désirs, leurs plaisirs peuvent échapper à cette configuration et à cette perversion masculinistes, surplombantes... Jusqu'à ce dernier geste d'Odile, révélateur, quand elles s'apprêtent à sortir, ensemble, le dernier soir de cette histoire (soit plus de vingt ans après l'invention de leurs jeux et la découverte du plaisir), qui rattache ses cheveux, alors que la narratrice lui a demandé de les relâcher, et qui se trouve ravissante, sans ça, en ayant ces derniers mots, délicieusement complices, dans leurs regards qui se saisissent, enfin, en un miroir : « Pour quoi faire ? Il n'y a pas d'hommes, ce soir. »
Et leur(s) amour(s) de pouvoir, enfin, exister librement... d'en tenir, finalement, la promesse, en tout cas, avec cette fin ouverte, hors de cette chape et de ce contrôle, en une dialectique du Sujet et de l'Objet...

Et c'est la force, à l'oeuvre, d'Emma Becker de jouer de l'art du récit, et de son écriture, admirable de justesse, ni légère, ni grave - gravitationnelle, par la composition, jusqu'à cette libération, où le fantasme se trouve, enfin, être le ferment du désir, d'un désir partagé et assumé, libéré - sauf à interroger, conjointement, et c'est la faiblesse de cette oeuvre, la question de l'indépendance : point de ce récit et de cette histoire évoqué, à plusieurs reprises, mais jamais mis en perspective, et finalement laissé en plan, presque aveugle. On pourra le regretter, quand on sait son lien, social et politique, avec la question de la liberté... et ce récit amoureux, non sans trouble à l'ordre sexuel établi, certes, de passer à côté d'un vaste pan, resté figé, à un niveau, finalement, très conservateur, de la situation de son propos et de son objet... sans trouble à l'ordre capitaliste de la domination économique et financière patriarcale et masculine. Et Odile de demeurer, le jour, pas question d'en changer, une de « ces femmes bien mariées », à la « vie bien ordonnée » - indépendante ? on peut en douter.
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Il y a quelques mois, Emma Becker annonçait lors d'une rencontre en librairie la parution d'un roman érotique pour avril. Une oeuvre de fiction où elle ne serait pas le personnage principal.
Vous connaissez mon admiration pour l'autrice, à peine le livre paru qu'il rejoignait ma PAL. Cette même PAL où certains résident pendant des années. Où Odile, l'été sera resté un petit mois, le temps de retrouver un appétit de lecture. En étant sûre que ce livre serait de toute façon le déclencheur.

Odile, l'été. Des après-midis d'ennui au soleil, des robes légères qui se relèvent et s'enlèvent. Pas de garçons mais Odile et la narratrice dont les corps se découvrent et s'électrisent. Et puis, le lycée, le regard des hommes, Odile le cherchant sans relâche, la narratrice ne quittant pas Odile des yeux. Et puis les années filent, les liens se rompent et à la faveur d'un rêve morbide, retrouver Odile.

Ce qui me fascine chez Emma Becker, c'est sa capacité à chaque livre de faire continuité tout en soulignant un aspect fort de la féminité, différent à chaque fois. Si dans L'Inconduite le message final était un "soit ton propre prince charmant" ici, c'est encore autre chose, sans être radicalement different. le désir masculin est questionné, le regard attendu par les femmes l'est aussi. Odile n'a t-elle pas perdu son eldorado en délaissant cette fille, cet alter ego, pour une quête sans fin du masculin et d'une jouissance qui viendrait par lui ? Une course à l'orgasme ultime déjà perdue d'avance où l'homme serait objet de fantasme, mais finalement, incapable d'y répondre.

Il y a quelque chose de très libérateur dans ce texte. Deux femmes entre elles, qui parlent des hommes, sans haine et sans reproches, avec une pointe d'amertume, de déception, de la tendresse aussi. Un féminisme comme je l'aime bien qui ne fait qu'interroger notre place dans l'éternel jeu de l'amour et du hasard.

Loin de la new romance, des clichés, Odile, l'été est un roman érotique diablement contemporain et littéraire. Si tous les titres à venir dans cette collection dirigée par Vanessa Springora sont de cette facture, la promesse de chaudes nuits de lecture sera tenue.
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J'avais lors de mon baccalauréat de français le thème de l'érotisme, avec la présentation de textes "classiques" sur ce thème.
Et j'avoue qu'il y a longtemps que je n'avais pas lu, relu des textes dits érotiques.
Alors quand on me propose de lire un texte érotique, écrit par une femme, je me lance. Et je vais lire aussi le premier texte de cette collection, celui d'Ovidie.
Et ce texte est une belle surprise.
Edité dans la collection "fauteuse de trouble" (joli titre de collection) et dirigée par Vanessa Springora (il faut que je lise son texte), ce récit nous entraîne dans les pensées de la narratrice et surtout son souhait de retrouver son amie d'enfance, d'adolescence, Odile.
Elles se retrouvent donc et se racontent leurs ressentis d'adolescence, puis leur vie sexuelle de jeune femme.
Il y a des passages très crus mais il y a aussi de beaux passages sur le désir féminin, que ce soit des désirs envers un homme, plusieurs hommes, une femme, plusieurs femmes.
Ce texte est une lecture aussi de saison, pas que par le titre, mais avec la belle description de l'été de ces jeunes filles, dans le Sud Est, avec les grillons en fond sonore, les après midis au bord de piscine et le fantasme du voisin, plus âgé, torse nu, avec un accent irlandais !!
Ce texte est, en effet, troublant et j'ai apprécié l'écriture du désir féminin et la façon de raconter ses désirs, ses fantasmes... Ces récits nous entraînent dans nos propres questionnements, dans nos propres ressentis, fantasmes. Ce qui est troublant c'est que la narratrice assume ses désirs, ses fantasmes, elle subit certains comportements masculins mais elle demeure maitresse d'elle et de son corps.
Je vais lire aussi le texte "la maison" d'Emma Becker et les autres textes de cette auteure.
#Odilelété #NetGalleyFrance
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critiques presse (5)
LesInrocks
08 août 2023
"Odile l’été" fait du langage et du récit le centre d’un dispositif érotique qui va se révéler plus féministe qu’on ne le croit.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeJournaldeQuebec
13 juillet 2023
Un récit érotique à la fois cru, différent et littéraire.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
17 mai 2023
Aussi sensuel que cérébral, empreint de cyprine et de tendresse, Odile l’été le rappelle avec panache.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Marianne_
14 avril 2023
« Odile l’été » est à l’image des quatre livres précédents de l’autrice : elle y évoque l'intimité et le sexe avec autant de noblesse que de cruauté.
Lire la critique sur le site : Marianne_
LesInrocks
14 avril 2023
Chez Becker, Odile dit son nom, et ses désirs, haut et fort, et si les rapports de domination-soumission sont interrogés, c’est à travers la tension érotique qui se joue entre les deux amies depuis l’enfance, quand elles ont commencé à faire l’amour ensemble – Becker teste toutes les limites, avec une réjouissance solaire qui évacue tout sordide –, ou plutôt quand la narratrice faisait jouir Odile.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il m'était insupportable de penser que peut-être, une fois encore, je serais la seconde roue d'un monocycle parfaitement fonctionnel.
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Quand je sais que la raison pour laquelle ils tiennent tant à la pénétration c’est juste parce que ça les fait chier de s’occuper de toi sans rien recevoir en retour, pourquoi aurais-je envie de leur donner ce qu’ils veulent ?
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Quelques années plus tard, il semblerait que nous ayons été épargnées, mais parfois continue à se balader sur le visage d’Odile la suspicion d’avoir chopé au contact l’une de l’autre quelque chose de peut-être plus grave encore qu’une maladie sexuelle : l’indifférence aux garçons.
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Videos de Emma Becker (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emma Becker
"C'est beau, un beau roman. Ce n'est pas méprisable, mais la vérité seule donne le ravissement parfait." Ces quelques phrases, écrites par Jules Renard dans son journal le 3 septembre 1902, montrent déjà l'importance de la question de la vérité du roman. Et pour notre invité du jour, Laurent Binet, qui invente de livre en livre de nouvelles manières de raconter L Histoire, c'est une question cruciale. Comment dire L Histoire sans la romancer ? Ou plutôt, comment la romancer en respectant sa véracité ? Voici une partie des questions que nous abordons au fil d'un entretien, qui est aussi un parcours dans l'oeuvre de Laurent Binet. Et pour la découvrir, nous entendrons aussi les voix de nos libraires Marion et Michaël, qui nous parlent de leur lecture jubilatoire des quatre romans de l'auteur.
Bibliographie : - HHhH, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/1251668-hhhh-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- La Septième Fonction du langage, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/9969084-la-septieme-fonction-du-langage-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- Civilizations, de Laurent Binet (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16139467-civilizations-roman-laurent-binet-le-livre-de-poche ;
- Perspective(s), de Laurent Binet (éd. Grasset) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22535980-perspective-s--laurent-binet-grasset ;
- Dans une coque de noix, de Ian McEwan (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/15057428-dans-une-coque-de-noix-roman-ian-mcewan-gallimard ; - Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, d'Eduardo Galeano (éd. Pocket) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/368604-les-veines-ouvertes-de-l-amerique-latine-es-ve--eduardo-galeano-pocket ;
- Mémoire du feu, d'Eduardo Galeano (éd. LUX) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/3775616-memoire-du-feu-les-naissances-les-visages-e--eduardo-hugues-galeano--lux-canada ;
- Les Enfants des jours, d'Eduardo Galeano (éd. LUX) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/8926612-les-enfants-des-jours-un-calendrier-de-l-his--eduardo-galeano--lux-canada ;
- Une sortie honorable, d'Éric Vuillard (éd. Acres Sud) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/19971146-une-sortie-honorable-eric-vuillard-actes-sud ;
- L'Inconduite, d'Emma Becker (éd. J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22563715-l-inconduite-emma-becker-j-ai-lu.
+ Lire la suite
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