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Critique de Funrider


Dans la première partie du roman on suit les pérégrinations de Molloy, à travers une campagne déserte ou presque (on a l'impression d'un paysage dépeuplé). Molloy est en proie à des considérations existentielles sur le sens de la vie, et de la sienne en particulier. Dans la deuxième partie du roman c'est Moran que l'on va suivre, un détective privé en quête de Molloy (mais on ne connait pas la finalité de cette mission).

Deux personnages qui a bien des égards se ressemblent, et ne forment en fait qu'un seul personnage au coeur de ce roman, empreint de mélancolie et animé par des réflexions sur le sens de la vie :
- Les deux protagonistes ont une mission : retourner chez sa mère pour Molloy et retrouver Molloy pour Moran (tiens ! aucun des deux n'ira au bout de sa mission).
- le retour au bercail est aussi un point commun, et la route est longue, ça prendra des mois pour Moran quant à Molloy il n'y parviendra jamais (dans le temps du roman).
- Chacun des 2 personnages a des problèmes physiques, et notamment avec leurs jambes, qui l'amènent à utiliser une bicyclette pour se déplacer.
- Ce sont des êtres seuls (pas de femme ni d'amis) et la relation avec la famille est on ne peut plus limitée. Des rapports familiaux au strict minimum, à la limite du rejet entre Molloy et sa mère, et une relation père-fils réduit à donner des ordres pour Moran.

Samuel Beckett, en mettant la maladie au coeur de l'ouvrage, veut peut-être montrer que l'être humain est bien plus qu'un être physique et qu'il peut dépasser le mal physique. L'être humain, comme tout être vivant ressent la douleur physique mais il est plus que cela ; il est en capacité de la dépasser pour atteindre ses objectifs et, même au plus mal physiquement (on se demande comment Molloy tient encore, Moran mettre des mois à rentrer chez lui, à pieds, passant un hiver sur les routes) il est capable de penser, de réfléchir au sens de la vie et de s'y accrocher.

Ce roman de Samuel Beckett c'est aussi une intensité des termes utilisés, comme une parole intérieure, non calculée et réfléchie mais spontanée, retranscrite telle que vécue, sans qu'on perde de vue que c'est quelqu'un qui parle ou se parle à lui-même.

Une oeuvre totalement mélancolique, dont on ressort forcément interloqué et en en cherchant le sens. J'avais aussi envie de partager cet extrait d'une critique trouvée sur le net, qui synthétise tout à fait mon sentiment à l'issue du roman :
« Je ne sais pas s'il vaut mieux lire ce livre en étant soi-même de bonne humeur, afin de tolérer davantage les montées de désespoir qui le parcourent, quitte à en perdre sa bonne humeur, ou en étant de mauvaise humeur, mais Beckett est si convainquant qu'il risquerait vraiment de propager son désir de tout laisser tomber à son lecteur. »
http://colimasson.over-blog.com/article-molloy-1951-de-samuel-beckett-79303740.html
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