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Oh les beaux jours de Samuel Beckett est une pièce à voir plus qu'à lire...les didascalies sont omniprésentes et projettent sans cesse vers une mise en scène, plus signifiante que les dialogues...un objet d'étude plus qu'un réel plaisir de lecteur.
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Challenge Nobel 2013-2014

Pièce de théâtre en deux actes où le personnage principal est une femme d'une cinquantaine d'années. Elle est à demi-enterrée jusqu'au dessus de la taille au centre d'un mamelon. A ses côtés, un sac, où elle en sort des objets du quotidien ou presque puisqu'il y a un revolver également.
Début de la pièce, Winnie se réveille, puis on la suit dans ses gestes du quotidien (prière, brossage des dents...). Ensuite, elle entame un long monologue où elle s'adresse à Willie omniprésent sur la scène, mais qui ne répond pas à ses questions et remarques. Elle nous explique ce qu'elle va faire de sa journée, se remémore des souvenirs passés.

Les nombreuses didascalies accentuent le côté humoristique de la pièce. Un détour sur You tube, et j'ai pu visionner un extrait de cette pièce avec la comédienne Catherine Frot. On prend conscience de la difficulté d'incarner ce personnage magnifique, car il y a une gestuelle à maintenir tout le long la pièce. C'est vraiment une prouesse.

Samuel Beckett aborde les thèmes de la vie quotidienne, du temps qui passe, mais sans s'apitoyer sur sort. Au contraire, Winnie est une femme courageuse qui malgré le sort inévitable que nous réserve la vie garde toute sa joie de vivre. Elle utilise les moindres détails du quotidien comme motif pour se réjouir et continuer de vivre.

Cette pièce m'a vraiment plu, j'ai découvert un personnage, une vision de la vie, un auteur. Bref, un coup de coeur.
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Beckett s'inscrit avant tout dans un travail sur la forme : jusqu'où peut-on réduire le théâtre ? Toujours le même minimalisme dans les décors et l'action mais des milliers d'interprétations. Peut-être la pièce ne représente-t-elle rien d'autre que deux personnages dialoguant plus ou moins ? Elle pourrait aussi montrer les stratégies qu'utilisent les humains pour contourner la tyrannie du temps qui passe, les entraîne vers la mort.
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Le théâtre de Samuel Beckett, auteur avant-gardiste d'un théâtre de l'absurde, a de quoi dérouter. Il n'est pas aisé de comprendre où l'auteur veut en venir lors de la première lecture de cette pièce. Une analyse approfondie et une seconde relecture plus attentive est nécessaire pour dénicher les détails omis lors de la première rencontre avec le texte.

Cette pièce en deux actes ne met en scène que deux personnages, Winnie et Willie, dans un décor exceptionnellement étrange, qui semble clos, obscur, déserté par les êtres humains, étouffant et surprennant. Winnie est enterrée à demi jusqu'au buste dans le sol, sur un mamelon, tandis que Willie est caché à l'arrière de la scène, de façon à ce que Winnie et le spectateur ne puisse voir seulement que des bouts de son être, imprécis, camouflé (derrière un journal, par exemple). En survolant le texte, on peut décemment voir une multitude de didascalie, notamment la répétition incessante de "Un temps", didascalies qui servent à une représentation facilité de la pièce sur scène, pièce qui doit être lue et vue représentée pour être complètement appréciée.

Winnie, dans un monologue presque infini, essaie de meubler sa journée, de combattre le temps éternel, qui revient chaque jour, de la même manière. Elle essaie de casser cette monotonie, de déjouer le cours de sa vie... sans succès, comme le prouve les nombreuses répliques répétitives qu'elle récite et les actions identiques qu'elle effective (notamment au niveau de son sac). Ce personnage en devient tragique, douloureusement attendrissant pour le spectateur, qui s'émeut de l'énergie et de l'obstination dont fait preuve la vieille femme pour survivre. Mais sa perte de mémoire, combiné à la perte de ses jambes, à sa vue qui baisse et au peu de retour qu'elle obtient de son mari, mènent irrésistiblement vers la mort qui lui sera fatale.

Outre le tragique de la pièce, le lyrisme amoureux, très présent dans Oh les beaux jours, met en avant les sentiments décuplés et attendrissant de la vieille femme pour son mari. Prenant soin de lui sans cesse, s'inquiétant pour son état, lui parlant sans discontinuer, attendant des réponses qui ne viendront pas, elle ne se laisse pas décourager par ces retours silencieux et continuent à espérer le retour de son mari déchu, qui brille, si majestueux, dans le peu de souvenir qu'il lui reste. Ce genre de parallèle est également perspectible dans une autre pièce de Samuel Beckett dans Fin de Partie entre Nagg et Nell, vieux couple au destin identique, touchant dans leur situation et fou amoureux, malgré les difficultés de la vie.

Je ne fais qu'une courte chronique pour présenter brièvement les principaux thèmes qui recouvrent Oh les beaux jours, mais sachez qu'après des mois d'analyses et de travail sur cette pièce en cours de littérature française, je puis vous dire qu'il y a énormément de choses à déchiffrer à travers ces lignes. Samuel Beckett était un auteur bien mystérieux, qui a laissé l'entière responsabilité aux lecteurs de s'approprier ses textes pour en faire la conclusion qu'ils souhaitaient.

Au début de l'étude de cette oeuvre, j'avoue ne pas avoir été passionnée par ce livre (très original, je n'avais rien lu de tel jusqu'alors ; les didascalies très abondantes me dérangées, le style de l'auteur était énigmatique, aucune intrigue ne venait s'ajouter aux phrasés des personnages... tout cela me paraissait bien étrange). Néanmoins, après plusieurs relectures et une réflexion plus poussée sur le contenu d'Oh les beaux jours, je me suis prise à entrer dans le jeu de l'auteur, à trouver des significations aux personnages, à leurs paroles... et à aimer un temps soit peu ce récit.

Erudit ou non de pièces de théâtre, aux curieux qui souhaitent bouleverser leurs genres de lectures habituelles, aux originaux qui veulent découvrir une plume hors du commun, ou à tous ceux dont j'ai donné l'envie de découvrir ce récit... n'hésitez pas. Laissez-vous plonger dans l'univers oppressant de Samuel Beckett et laissez grand ouvert votre imagination, sans quoi la pièce se retrouverait sans saveur.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Expérience de lecture plus que surprenante et qui interpelle, tant sur le fond allégorique et absurde que sur la forme, avec ces innombrables didascalies qui "parlent" autant que Winnie.
Curieusement, ces éléments, de nature à mettre le lecteur (et le spectateur je suppose) à distance des personnages, finissent par créer un étrange sentiment de proximité, voire une sensation dérangeante d'identification, un effet miroir qui ramène chacun à sa propre condition.
Et encore ne s'agit-il là que de perceptions à chaud suite à une première lecture. M'est avis que voir le spectacle et étudier de plus près le texte seraient à même de faire remonter en moi de perturbantes scories, au-delà du malaise que je ressens au contact de l'absurde.
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A ne surtout pas lire après "En attendant Godot" : on risquerait de jeter Beckett aux oubliettes.

A ne surtout pas lire avant "En attendant Godot" : on risquerait de ne plus jamais vouloir lire Beckett.
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Oh les beaux jours est une pièce exceptionnelle.
Dans ce dialogue qui la plupart du temps se réduit en fait à un monologue de Winnie, Beckett réussit à donner une vision très complète de la vie humaine et de sa signification. A ce titre, la pièce peut être vue quasiment comme un traité philosophique ou anthropologique. Aussi est-il quelque peu illusoire de vouloir rassembler de manière exhaustive toutes les perspectives qu'elle offre. J'en mentionnerai quelques unes.
La vie y est d'abord vécue comme une expérience physique et corporelle de présence au monde. Et cette expérience est souvent douloureuse comme le rappellent les douleurs, les migraines ou la fatigue de Winnie.
La vie humaine est régie par des codes sociaux. Au travers de la relation entre Winnie et Willie, Beckett parle par exemple de la séduction et de ses codes, ou des normes autour des soins du corps.
L'amour et le lien entre deux êtres sont une thématique centrale de la pièce. le couple est une figure récurrente du théâtre de Beckett. La relation à l'autre est ce qui permet de tenir. C'est une consolation face à la solitude et au tragique de l'existence. Une anecdote rapportée par Ionesco à la mort de Beckett est à cet égard riche d'enseignement. Beckett passait de longues heures à la Coupole (café parisien de Montparnasse) avec son ami le peintre Bram van Velde. Ils restaient là assis, immobiles, sans presque échanger une parole. Au moment de se séparer, Beckett disait "on a passé un bon moment". Et c'était tout.
La pièce fait également souvent référence à la religion, notamment par des allusions à la prière ou aux flammes de l'enfer, ne serait-ce que par le décor, une étendue d'herbe brulée.
La vie est un mouvement permanent, obstiné, à l'image de la fourmi observée par Winnie, qui transporte avec son elle son petit oeuf blanc. Certes, à l'image des gestes anodins de Winnie sans cesse répétés, ce mouvement vital, cette pulsation se condensent bien souvent en quelque chose de monotone, de répétitif, dépourvu de sens et quoiqu'il arrive ils se concluent par la mort. Néanmoins la vision de Beckett n'est pas univoquement tragique. Oui, Willie est terré comme un rat dans sa tanière et Winnie est enfermée dans un mamelon de terre. Mais la vie offre de bons moments et des joies simples. La pièce est souvent drôle. Dans le deuxième acte, Willie apostrophe sa compagne par un 'Win' qui ouvre vers une lumière dans le tunnel, même si cette victoire ne peut être qu'amère et limitée.
Le temps est un thème très important : la passé chargé de souvenirs, le présent qu'il s'agit d'occuper et de transformer en 'beaux jours', et le futur qui offre une issue inéluctable mais peut-être aussi un soulagement.
Pour finir, j'aimerais aussi évoquer la réflexion sur le langage que propose la pièce. Winnie parle des "mots vides" et ainsi de la difficulté qu'ont ceux-ci à rendre compte du monde et de l'expérience humaine. le passage où Willie lit des phrases de son journal montre bien la complexité du rapport entre langage et réalité. Winnie fait souvent référence au 'vieux style', ce langage devenu inadapté à dire le monde.

En résumé, une pièce majeure et vertigineuse.
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Oh les beaux jours” est une pièce de Samuel Beckett, écrite en 1961, et dont la version française fut assurée par l'auteur lui-même en 1963. La même année, les représentations commencent à Paris, au Théâtre de l'Odéon.

Toujours d'actualité, ce texte était à nouveau rejoué dans la capitale en 2011, au Théâtre de la Madeleine, avec Catherine Frot campant le personnage de Winnie, à la place de Madeleine Renaud dans sa première représentation.

Après presque cinquante ans, en quoi ce texte nous parle t-il encore ?

le premier acte nous fait découvrir une femme prise jusqu'à la taille dans un mamelon de pierre, enfermée dans un quotidien inquiétant et absurde. Interdite de tout mouvement trop important, elle se réveille sous le retentissement d'une sonnerie stridente et meuble la journée jusqu'à la sonnerie du couché. Est-elle seule ? Si elle parle beaucoup, l'essentiel du texte est un monologue, elle s'adresse principalement à son compagnon Willie. Si Willie est quant à lui libre de toute entrave, ses gestes sont lents et las. Il se traîne d'un coin à l'autre de leur étrange habitat, ne répond aux injonctions de sa femme que par monosyllabes, et commente sans pertinence le journal qu'il lit pour échapper au babil de Winnie.

Winnie commente avec émerveillement et emphase le monde qui l'entoure, et les petits détails du quotidien : une notice, une ombrelle, le pourquoi de mettre sa toque ou le comment de son sac à main. Elle s'adresse à Willie, pour rester maîtresse d'elle-même, s'exhortant à chanter ou à prier. Au delà de la simple euphorie, ou de la béatitude qu'elle affiche (« oh le beau jour que ça a encore été », « ça que je trouve si merveilleux »), c'est presque un mantra obsessionnel qu'elle se répète à elle-même, une prière pour chasser cette solitude qu'elle redoute, et qui finit par l'encercler un peu plus, l'emmurer vivante…

Willie ne répond pas ou peu, mais Winnie le supplie et l'encourage à l'écouter, à lui donner les preuves de sa présence, le flattant lorsqu'il y consent. Pour lutter contre l'angoisse de son absence, de sa disparition (elle ne le voit pas toujours de par sa contrainte physique et lui semble refuser de s'installer du côté où elle pourrait le voir), elle remplit les journées en s'émerveillant de petites découvertes et en évoquant les souvenirs de temps meilleurs.

Il n'est sans doute pas hasardeux que Beckett choisisse son personnage de Winnie comme une femme d'âge mûr. Elle est l'archétype de la femme inactive, de par son emmurement, bavarde et seule, politiquement correcte, toujours distinguée (les seules fois où elle se permet des écarts de langage, c'est lorsqu'elle reprend les paroles d'autres). Sa seule violence est la possession énigmatique d'une arme dans son sac à main, objet détonant dans cet univers immobile, qu'elle va jusqu'à embrasser. Ce contraste est manifeste, sans pour autant trouver sa réponse ou son explication. Willie aussi tourne autour de l'objet, lentement, comme l'animal invertébré qu'il semble être. le revolver est le centre silencieux du couple et de la pièce, objet mutique qui s'oppose aux bavardages de Winnie, et aux mugissements de Willie, il polarise la scène sans jamais s'y impliquer, ajoutant par sa présence un élément d'angoisse.

Willie est également un personnage assez archétypal, homme d'un certain âge, râleur, emmuré quant à lui dans son journal, dans le terrier dans lequel il se protège du soleil ou dans ses siestes. Homme taciturne, il semble pouvoir partir, quitter Winnie et son emmurement, elle évoque avec crainte cette possibilité, mais il ne le fait pourtant pas, preuve que lui aussi est captif de liens plus invisibles.

Dégradation du couple moderne, ou simple image de la solitude sociale ? Cette pièce laisse ouverte la réflexion sur la conclusion, ou plutôt la non conclusion de ces déserts relationnels, de ce vide, ou de la peur du vide, de l'absence.
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Chef d'oeuvre de Samuel Beckett « Oh! les beaux jours » est une pièce qui a été créée pour et par Madeleine Renaud en 1963. Je l'ai vu jouer par Catherine Frot au théâtre de la Madeleine à Paris en 2012, dans une mise en scène de Marc Paquien.

Je m'étais dit qu'il fallait absolument lire ce texte et c'est chose faite. Même si les textes de Beckett ne sont pas toujours faciles à aborder, il faut se laisser aller dans son univers. Cette pièce est vraiment intéressante car elle reprend tous les grands thèmes beckettiens : l'enfermement sur soi-même et le temps qui passe inexorablement.

Winnie est une femme prise dans les sables (un mamelon). Une femme qui s'enfonce vers le néant et qui, pour patienter, ne dispose à portée de main que d'un sac, rempli de mille petites choses. Une brosse à dents, un miroir, un rouge à lèvre, une boîte à musique, un pistolet browning. Ses seules richesses, qu'elle s'échine à sortir, palper, puis ranger, tout au long d'une journée qui n'en finit pas.

Ce long monologue (enfin presque) laisse pantois car il ne se passe rien. Et c'est normal puisque tout le sujet de la pièce, justement, c'est ce rien, ce vide final qui nous attend, et ce vide partout. Alors en attendant avec Winnie, il s'est passé des tas de choses dans ma tête.


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Aïe. Pièce de Beckett où on atteint le minimalisme dans tout ce qu'il a d'extrême (et encore, je crois qu'il y a encore moins avec les pièces radiophoniques et d'autres choses qui ont suivi) mais là, c'est trop, ou justement, pas assez. Les personnages ne sont pas assez intéressants, et la quête de langage de Winnie semble vaine. Question de sensibilité, mais on ressort de cette pièce en se disant "Oui... et alors?" là où Godot et Fin de partie laissaient des impressions bien plus vivaces.
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