AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782234052307
Stock (02/12/1999)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Le roman vrai d'un épisode de la vie de Maître Eckhart, ce grand théologien et mystique du XIVe siècle qui, en dépit de l'Inquisition menaçante, voulut défendre les pauvres et les femmes.
Jean Bédard se glisse dans la personnalité de Conrad de Halberstadt, qui fut le secrétaire de Maître Eckhart, pour conter, sur fond d'intrigues et de persécutions, de sang et de bûchers, la rencontre du provincial des dominicians de Saxe et de celle qui deviendra sa fille sp... >Voir plus
Que lire après Maître Eckhart, 1260-1328Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Eckhart von Hochheim, dit tout simplement Maître Eckhart, est un théologien mystique de la fin du Moyen-Âge. C'était un de ces libre-penseurs qui se préoccupaient vraiment au sort des pauvres gens, des laissés-pour-compte et des persécutés, mais son érudition l'a amené à s'intéresser aux questions religieuses et à vouloir réformer le dogme. Et les questions scientifiques ne lui étaient pas étrangères non plus. Bref, c'était un touche-à-tout.

En même temps, c'était un mystique, un individu déclaré hérétique et censuré. Si Maître Eckhart se souciait de monsieur-et-madame-tout-le-monde, au point d'adresser ses sermons en langue vernaculaire - quel sacrilège! -, aujourd'hui, il est assez inconnu du grand public. Et encore plus en Amérique. Pourtant, Jean Bédard en a fait le sujet de son premier roman – pas une monographie, non – en racontant un épisode de sa vie. Assez audacieux. Je me demande pourquoi ce choix, même pour un romancier-essayiste ayant une formation en philosophie. Il me semble que ça ne serait pas la première idée à me venir en tête...

Comme je l'ai écrit plus haut, le théologien s'occupait de tout, en plus de prêcher et d'enseigner, il expérimentait et discutait de l'identité métaphysique de Dieu – par moment, je me sentais un peu perdu. Il chercha même à en trouver des traces visibles. C'était un homme à part. Mais, ce qui est une qualité peut également se transformer en défaut. Certains grands esprits sont tellement absorbés par leurs recherches qu'ils semblent refermés sur eux-mêmes, peu conscients du monde qui les entoure. Ou pas du tout. Ainsi, souvent, Maître Eckhart m'a paru distant, froid, voire inaccessible. Un peu comme les personnages cérébraux, intellectuels de Hermann Hesse (Le jeu des perles de verre ou bien Siddartha). Avec un pareil sujet, était-il impossible de faire autrement ?

J'écris ces lignes et je sens que je devrai me raviser. C'est un peu injuste. Maître Eckhart savait se montrer attentif à son entourage. du moins, aux gens qu'il respectait. Ne sauve-t-il pas des griffes de l'Inquisition (et d'une mort certaine) Katrei, une de ces femmes appartenant à des communautés religieuses laïques ? Indépendante, cultivée, intelligente… suspecte. Mieux, cette Katrei serait devenue sa fille spirituelle, l'aidant dans ses travaux. Il n'en fallait pas plus pour que beaucoup de persécutés le rallient et gravitent autour de lui. Heureusement qu'elles étaient là, ces femmes libres, sinon le récit du savant homme eut été probablement un peu moins captivant.

Incidemment, il n'en fallaut pas plus non plus pour que les autorités religieuses s'en inquiètent également. À trop vouloir secourir son prochain, à commencer par ceux et celles suspectés d'hérésie, Eckhart ne pouvait que s'attirer les foudres de l'Inquisition. Mais son influence chez d'autres penseurs persistera.

L'auteur Jean Bédard s'est attelé à un défi de taille et l'a remporté. Lui aussi, il a fait preuve de beaucoup d'érudition en reconstituant les fragments de sa vie (le mystique n'a pas laissé d'autobiographie et la censure dont il a fait l'objet a fait en sorte que, pendant très longtemps, personne n'osait écrire sur lui). L'époque a été bien rendue, pareillement pour tout l'aspect religieux. Les ouvrages sur lesquels Bédard s'est appuyé sont cités à la fin. On y retrouve également un bref lexique qui définit certains mots se rapportant à des réalités du Moyen-Âge. J'aurais souhaité qu'il y en ait un peu plus, surtout en ce qui touche à la théologie.
Commenter  J’apprécie          504
« Maitre Eckhart » est un roman très intéressant mains sa complexité le rend pénible à lire. On arrive au but, pourtant, si on le lit près d'on ordinateur qui vous permit de faire des recherches sur l'internet sur les personnages et les concepts.
Maître Eckhart (1260-1328) le protagoniste est théologien et en même temps vicaire général de Bohème et provincial de Saxe chez les Dominicains. Eckhart est aussi le responsable de la direction des très controversées béguines une communauté religieuse laïque sans voeux perpétuels. Grace à son appui des béguines, il deviendrait le premier dominicain traduit devant l'inquisition. le roman raconte l'histoire de ses deux procès ou ses adversaires essaient de le faire condamner comme hérétique.
L'époque est pleine de périls. Vatican impose les doctrines de Saint Thomas d'Aquin ce qui laisse très peu de marge de manoeuvre pour des théologiens tels qu'Eckhart et Guillaume d'Ockham qui veulent éviter l'hérésie. La joute politique est aussi difficile. le pape Clément V déménage le Vatican à Avignon en 1309 ce qui ne plait pas à tout le monde. Les franciscains et les dominicains, deux ordres mendiants qui relèvent du pape qui sont en conflit avec les évêques partout en Europe parce qu'ils veulent une église des pauvres.
Ce qui semble intéresser l'auteur le plus est le statut de la femme aux moyen-âge. L'église considère les femmes inférieures aux hommes intellectuellement et spirituellement. Elles sont vues comme étant les tentatrices. Quand deux moines violent une jeune ville, seul Eckhart la regarde comme étant une victime innocente de tout blâme. La grande majorité des prêtres et moines sont de l'avis que la fille est la coupable parce qu'elle a tenté les moines.
Eckhart est outré par les crimes commis contre les femmes. Aussi, il est convaincu que la femme joue un rôle essentiel dans le plan de Dieu pour le salut de l'humanité: « la femme seule porte le Verbe, … un Verbe ne peut naitre qu'une femme. » (p. 20) Eckhart devient un grand admirateur des Béguines. Il croit que l'église devra promouvoir une synthèse de l'« extrémisme rationnel » de Guillaume d'Ockham et de l' « extrémisme irrationnel » des béguines.
Inévitable ses ennemis vont riposter. En 1324 à Cologne devant un tribunal sous la juridiction de l'archevêque Henri II de Virnebourg Eckhart se fera condamné comme hérétique. Cette décision sera portée en appel devant le pape Jean XXII à Avignon. le deuxième procès qui débute en 1326. Jean qui ne se sent pas très confortable sur son trône aimerait s'en laver les mains. le procès traine en longueur. On attend toujours un jugement quand Eckhart meurt en 1328. le pape prétend qu'il n'est plus obligé de rendre une décision. Quand les adversaires d'Eckhard insistent, Jean XXII condamne comme hérétiques vingt-huit propositions mais ne condamne pas l'homme. le procès finit alors avec un genre de verdict nul.
Le roman, en revanche, finit sur une note heureuse. le secrétaire d'Eckhart et narrateur qui croit dur comme fer que les femmes inférieures change d'avis in extremis et se rallie à l'importance de la femme pour le salut et le bonheur des hommes.
Commenter  J’apprécie          00


Lire un extrait
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (16) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1828 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}