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Critique de Itenarasa


Les Hommes sont givrés!
Petia, 8 ans, est un enfant polonais exilé en URSS, il est avec sa mère assigné à résidence dans un de ces camps de travail la mort montés en Sibérie sous le régime répressif stalinien. Là, l'amitié, l'amour côtoient au quotidien la misère, la famine, les trahisons et la mort incarnée par les hommes du NKVD qui frappent selon leur bon vouloir. L'enfant armé de l'amour de sa mère saura tirer partie de la beauté de cette dernière et de la faiblesse des hommes pour combattre, vivre et ne pas se laisser avilir.

Dans ce récit autobiographique décomposé en petites histoires, Piotr Bednarski nous donne à voir le quotidien de ces gens - femmes, enfants, invalides, dissidents avérés ou supposés du régime stalinien - enfermés dans les camps du Goulag. Alors que la guerre fait rage en Europe, loin des charniers, des bombes c'est à un autre combat que cette population d'exilés doit faire face : les privations, le froid et la répression ; toutes pouvant conduire à une mort soudaine et certaine.

Mais pas de pathos dans ce récit. S'il peut s'avérer triste et dramatique il n'en est pas moins plein de vie et d'espoirs. le jeune Petia ne se laisse jamais abattre. Il a pour lui c'est vrai malgré tout l'insouciance de l'enfance, une aptitude à percer le coeur des hommes (ceux qui tournent autour de sa mère notamment) et une soif de vie phénoménale.

Il ne faut pas se tromper, ce qui nous est raconté à travers le quotidien de cet enfant, celui de sa mère et des autres prisonniers de ce camp n'a rien de joyeux et il faut le caractère "bienheureux" de Petia pour rendre tout ça comestible et atténuer l'horreur de ce témoignage. C'est révoltant de voir jusqu'où peut conduire la bêtise d'un homme et sa soif de domination, contrôle. On trouve beaucoup de romans, de témoignages sur les camps de concentration, nettement moins sur ceux de l'ex-URSS et sur ce qu'ont vécu ces milliers de personnes enfermées dans les camps du Goulag. C'est une chance et une richesse que de lire un texte comme celui qui nous est offert par Piotr Bednarski, même s'il nous oblige à ouvrir les yeux encore une fois sur la noirceur humaine. Il permet de ne pas oublier, il permet le travail de mémoire. Parce qu'il ne faut pas oublier que le négationnisme ne s'est pas limité aux camps de concentration hitlériens, la France a longtemps considéré Staline comme le libérateur de l'Europe de l'Est et refusé de reconnaître la véracité des témoignages de ceux qui étaient sortis vivants des "goulags".

Le petit Petia a été porté par l'amour de sa mère, par ses rêves, par sa foi et l'amour des mots. Son amour de la vie lui a permis de se relever à chaque coups durs. Aussi petit était-il, ses sentiments étaient grands et c'est ce qui l'a conduit toujours à aller de l'avant. Ça et la chance sous les traits d'une femme qui, malgré son propre malheur, lui a offert la liberté.
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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