AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 178 notes
5
24 avis
4
21 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comme des milliers d'autres Polonais lorsqu'en 1939 les Soviétiques envahissent l'Est de leur pays, l'auteur, alors âgé de cinq ans, est déporté en Sibérie avec toute sa famille. Son père est envoyé au Goulag, dans l'un des terribles camps de la Kolyma, cette région de l'Extrême-Orient russe transformée par le travail forcé en un centre majeur d'extraction minière, notamment aurifère. L'enfant, sa mère et sa grand-mère, sont relégués dans une petite ville, située dans la taïga sur le trajet du Transsibérien.


Semblant de petites nouvelles indépendantes, les courts chapitres se succèdent en autant de tranches de vie pour former la trame d'un quotidien inscrit dans un monde singulièrement à part. Dans ces confins écrasés de froid, où l'on manque d'autant plus de tout, en particulier de nourriture, que la guerre bat son plein, un assemblage hétéroclite d'exilés assignés à résidence, pour la grande majorité les membres de familles de prisonniers politiques, tente tant bien que mal de survivre. le froid, la faim, mais aussi la menace permanente du NKVD qui, à tout moment, peut arbitrairement trancher le fil des existences, marquent leur dur ordinaire, où brutalité et duplicité côtoient entraide et générosité pour espérer gagner quelque temps sur la mort qui frappe à une cadence infernale.


La narration est menée par un petit garçon de huit ans, bien conscient de ce que la survie peut nécessiter de fausseté et de compromission, mais qui n'en aborde pas moins la vie avec la spontanéité et la fraîcheur de l'enfance. Les épisodes qu'il relate dessinent peu à peu un tableau d'ensemble, à plus forte raison terrible et impressionnant, qu'ils sont tous extraits d'une réalité pour lui banale, et que tout y a l'accent d'une histoire vécue. Aussi effroyable soit-il, le récit ne laisse jamais la place au désespoir, et s'éclaire plutôt de précieux éclats d'amour et d'amitié, de sincérité brute et passionnée, de foi pure et touchante - pépites d'humanité tranchant sur leur gangue de noirceur, et qui, au fil d'une écriture d'une magnifique simplicité baignée de poésie, ensorcellent le lecteur coeur et âme.


Un livre superbe, aussi marquant qu'émouvant, pour une plongée à hauteur d'enfant dans une période terrible de l'histoire russe. Très grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          9516
J'aimerais seulement réussir à bien parler de ce livre incroyable, de la passion qu'il a convoqué pour moi, et de sa blanche beauté, du luxe de sa langue, de la richesse de son propos et puis aussi de l'universalité de sa quête. Ce livre est une ode à la liberté, rien de moins. En fait, à peine refermé je pensais déjà que si la littérature était capable de fournir à ses lecteurs des bouquins de cette trempe, alors il me suffisait d'être là et de continuer à saisir cet art fluctuant capable des plus étranges fulgurances.
Piotr Bednarski raconte ici son enfance foutue en l'air par les soviètiques. Fils de Polonais coupable de noblesse, il fût déporté en compagnie de sa mère dans l'anti-chambre du goulag où son père purgeait une peine sans nom. Là-bas tout était bien entendu interdit, fermé, surveillé, la jeunesse sempiternellement broyée, continuellement étouffée ; l'amour de Staline exigeait une passion totale qui n'en tolérait aucune autre. Mais je ne voudrais pas parler de ce livre de cette façon, il n'est pas seulement ça. Non que cette histoire fût banale, l'horreur serait qu'elle le devienne d'ailleurs.
J'aimerais aborder ce livre par le figuré, l'instinctif. Il m'arrive souvent lorsqu'un roman me happe d'attrapper un stylo et de souligner, de recopier certains passages en toute fin de livre. Peut-être cela suffirait-il ici à laisser entrevoir ce qu'on peut y lire.
P38 : "Et puis, la beauté est nécessaire partout, même là où s'ébattent les ours blancs"..
P43 : "Je me ferai moine bouddhiste. Vous, vous volerez, et moi, je prierai"
P46 : "Les femmes russes pleuraient peu de temps, les larmes leur manquaient tant étaient nombreux les malheurs qui les frappaient. Les Russes avaient appris à pleurer sans larme".
Dix-huit chapîtres composent "Les neiges bleus". Chacun d'eux se termine pas la mort d'un des protagonistes, qu'il s'agisse d'un enfant ami du narrateur (Piotr Bednarski donc), ou bien d'un membre de sa famille, d'un agent du NKVD, d'un soldat ou bien d'un Bienheureux, tous meurent ou s'en vont, la vie sur la toundra semble n'être qu'un court passage ; fugitive et fuyante elle se laisse dévorer par le froid.
Piotr Bednarski écrit d'une langue riche et magistrale qui évoque beaucoup de choses. Erudite, précise, elle sait laisser libre court au talent d'évocation du poète. J'ai peu lu d'écrivains de cette trempe, capable de transformer l'anecdote en tragédie grecque, de faire du particulier une fable morale. On apprend ici plus sur l'homme que dans n'importe quel traîté d'anthropologie, Il y a cette science de la digression et l'immédiat recentrage car la mort rôde en permanence. Sublimement beau.
Commenter  J’apprécie          431
Piotr Bednarski dans une grande sobriété d'écriture, nous livre avec les mots et les regards d'un enfant (lui, semble-t-il) un récit poignant, bouleversant, cruel et pourtant très poétique et plein de leçons de vie.
En ces jours sombres du régime Stalinien, au coeur des « neiges bleues » glaciales de la Sibérie, Petia, 10 ans se retrouve donc avec sa mère, surnommée « Beauté », aux portes d'un goulag dans ce froid mordant, la faim et la peur au ventre. Tout est réuni pour vivre le pire et pourtant Pétia va trouver son espace de liberté, d'amour et finalement de survie dans les « Saintes Ecritures » qu'il déclame à ses camarades et dans la poésie :" la poésie était devenue ma seule chance de perdurer. " La force des mots, et l'amour de sa mère le propulse hors de l'enfer.
Commenter  J’apprécie          230
Le roman autobiographique de Piotr Bednarski est le récit du quotidien d'une famille polonaise reléguée dans une bourgade sibérienne," à cause de Pilsuddski ". Enfin plutôt ce qui reste de la famille car le grand-père a été abattu pendant le transport en train et le père expédié au goulag. Ne subsistent que Petia un jeune garçon, sa mère une femme fort belle et la grand-mère, une comtesse un peu excentrique. Les deux femmes ne sont pas soumises au travail obligatoire mais ont du trouver un emploi pour survivre: infirmière pour l'une et femme de ménage pour l'autre. Petia est scolarisé et c'est lui qui va nous raconter comment se passe leur vie dans ce climat glacial et dangereux. Glacial car en hiver où la température peut baisser jusqu'à - 45°, la neige devient bleue à force d'être blanche. Dangereux car il est vite fait d'être considéré comme un ennemi du peuple, et ainsi se faire déporter au goulag ou encore plus simplement abattre. Les dénonciations auprès de la NKVD ( la police politique) vont bon train. Pour une broutille chacun risque de se retrouver accusé et ce ne sont pas les chefs d'inculpation qui manquent : propagande antisoviétique, suspicion d'espionnage, élément socialement dangereux etc....
Ce climat mortifère n'empêche pas les deux femmes de se monter égales à elles mêmes: la mère ose tenir tête aux avances de Dourov, l'inquisiteur du bourg, et la grand-mère traite ouvertement les bolchéviques de " péteux ". L'enfant lui est terrorisé par Staline qui les contraint à vivre sans hier, sans demain, dans des conditions misérables, comme de vrais pouilleux. Ce qui ne l'empêche pas de s'en moquer... Malgré la faim et la peur, la malice de son jeune âge le fait survivre avec le sourire . de ne retenir que ce qui est beau dans cet univers de laideur lui permet de rester ce qu'il est, un être humain.
Le style simple de l'auteur rend le récit très abordable et sans être férue d'Histoire j'ai apprécié de découvrir entre les lignes le destin de toutes les personnes déportées après la défaite de la Pologne en 1939 face à la Russie soviétique, alliée à l'Allemagne nazie.
L'auteur n'insiste pas sur le coté dramatique, il aurait même tendance à tourner certaines choses à la rigolade. Peut-être est-ce pour lui la meilleure façon d'exorciser les vieux démons, celui de Staline en premier lieu.
Commenter  J’apprécie          230
Souvenirs d'enfance de l'auteur alors qu'il était exilé avec sa mère en Sibérie, son père déporté au goulag, Les neiges bleues retrace le quotidien de ces résistants polonais au régime soviétique pendant la seconde guerre mondiale, dans l'attente parfois du retour du père, avec la volonté aussi d'avancer. Piotr Bednarski nous propose une écriture saisissante de poésie, de Beauté (surnom de la mère) et de douceur, pour un sujet qui aurait pu être glacial.

J'ai noté cette petite phrase qui vous accrochera peut-être, je l'espère :

« Or n'est-ce pas justement quand la mort est sur le seuil, quand elle fait déjà son nid en nous, à l'intérieur, que le désir de vivre s'exalte et que l'on devient capable d'abattre des montagnes, et de ressusciter d'entre les morts ? »

Il me semble qu'elle reflète assez bien l'esprit du livre : au milieu du froid, de l'absence, de la misère, de la douleur voire de l'aigreur ou du danger, il émane des Neiges bleues un espoir, une douce luminosité – comme un soleil d'hiver – qui nous tire vers l'avant, ou vers la vie.
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          190
Piotr Bednarski (écrivain polonais) nous livre dans cet émouvant témoignage autobiographique la vie de sa famille polonaise "envoyée et assignée à résidence" en Sibérie dans les années 40, alors que son père militaire de carrière est prisonnier en camp de travail. Ces "relégués", car "fils d'ennemis du peuple travailleur" privés de droits civiques vivent au jour le jour dans la terreur d'une dénonciation,la misère, la faim, le froid (les neiges sont bleues par moins 40° d'où le titre), mais Piéta, alors garçonnet de 8 ans courageux,pieux,insolent, sensible,révolté et rusé, tire sa force de survie dans l'amour et la sagesse de sa mère juive mystique dite "Beauté" car "belle comme Néfertiti" aux nombreux mais dangereux prétendants, l'amitié de sa bande de copains puis dans la poésie lorsque les pertes se feront trop cruelles.
Pan d'histoire relatant le quotidien d'une communauté soumise au bon vouloir d'un inquisiteur et vivant dans la terreur du "système répressif soviétique",chapitres sous forme de nouvelles dominées par un souvenir lié à une émotion intense, Les neiges bleues est également un bel hommage à la mère d'un enfant bâti selon les lois du coeur et le secret confié d'une philosophie de vie envers et contre tout (qui force l'admiration). A lire +++++
Commenter  J’apprécie          190
J'ai dévoré ce livre (reçu grâce à l'opération Masse Critique) mais je n'ai pas pu le lire en une seule fois tellement était puissante la sensation de se prendre un coup de poing dans le ventre à la lecture de certains chapitres. J'ai été émue mais j'ai aussi eu la rage, celle qu'on ressent quand on est témoin de choses innommables mais qu'on n'est qu' un spectateur impuissant.
Petia nous raconte avec ses yeux d'enfants le quotidien en Sibérie dans les années 40, la faim continuelle, le froid encore et toujours, la menace permanente d'une arrestation avec envoi au goulag, voire même d'une "disparition mystérieuse"...
Mais, parce qu'il a encore sa mère, Petia s'accroche à la vie. Il nous raconte des faits atroces mais pour lui, ce n'est que ce qu'il vit, au jour le jour.
Il perdra en quelques années tous les membres de sa famille, il verra nombre de ses copains mourir, il sera témoin de dénonciations pratiquement chaque semaine.
Et malgré toute cette laideur, Petia réussit à aimer la vie et la poésie, il garde espoir même si lui-même ne sait pas trop en quoi.
Ces tous petits chapitres m'ont bouleversés, la mort y est partout, mais c'est surtout le fait de voir la dignité côtoyer de si près la barbarie qui rend ce récit si violent et si fort.
Commenter  J’apprécie          160
Un titre oh combien poétique pour évoquer à la fois un enfer - celui de la Sibérie des années 40 - et le charme de l'enfance. Car le narrateur de ce livre, composé de chapitres courts et très émouvants, est un petit garçon de huit ans qui regarde le monde qui l'entoure avec l'allégresse naturelle de l'enfance.
Commenter  J’apprécie          141
Livre magnifique. Il s'agit d'une autobiographie. Les sévices qu'a subi l'auteur et les siens, desquels seul il survivra, sont véridiques et montrent bien que la dictature stalinienne n'a rien à envier aux nazis. Mais une grande humanité se dégage de ce livre. Parfois les témoignages comme ceux-ci à l'instar de celui d'Etty Hillesum ou de Magda Hollander Lafon (Quatre petits bouts de pain) nous montrent comment même au plus profond de l'horreur, l'homme peut montrer ce qu'il a de plus humain et de plus spirituel.
Commenter  J’apprécie          80
Ce petit livre poignant raconte l'histoire d'un enfant qui grandit dans un village de Sibérie parmi les déportés du régime stalinien. Entre jeux innocents et amours tragiques, la mort est omniprésente. Roman d'apprentissage, montrant le plus souvent l'humanité dans ses aspects les plus sombres, c'est aussi un hymne déchirant aux "humiliés et offensés". Tristement beau.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (392) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1709 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}