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EAN : 9782253114338
220 pages
Le Livre de Poche (01/02/2006)
3.44/5   57 notes
Résumé :
« Je n'ai pas rêvé. J'ai bien vu ma mère frapper mon père avec un marteau. Je dois avoir entre deux et trois ans... » C'est sur cette image d'enfance, indélébile, que commencent les souvenirs de Guy Bedos. L'image d'une mère qu'il ne parviendra jamais ni à aimer ni à oublier.
Autour d'elle, l'Algérie, celle des petits Blancs racistes de son entourage, celle aussi de Finouche, l'institutrice qui lui fait découvrir d'autres valeurs, la tolérance, le respect de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quand les mots veulent dire quelque chose [Être] «Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui», c'est l'éveil attendu de l'humanité.
Reproduite par Guy Bedos en épigraphe à son ouvrage Mémoires d'outre-mère ), le sympathique et célèbre humoriste français, né le 15 juin 1934 à Alger, d'ascendance espagnole, un authentique et fier pied-noir qui ne parle pas pour ne rien dire, - cette citation n'est pas classique, elle est pesée. Au reste, elle est extraite du récit autobiographique, non moins spirituel, intitulé «Les Mots» (1964) de Jean-Paul Sartre, et elle porte en elle une grande part de la philosophie existentielle qui avait fait «fortune» d'abord en France de 1945 jusqu'à la fin de 1970 et dans le monde.
Lorsque Guy Bedos est arrivé à Paris en 1949 avec ses parents, il a seize ans, plein d'allant, affranchi déjà par la vie, riche de ses seules espérances de jeunesse et de rêve d'historicité à la fois psychologique, sociale et philosophique. Il prend le temps de percer dans sa vie personnelle et professionnelle. Il aura longtemps roulé sa bosse avant de devenir un Artiste de music-hall, comédien, acteur de cinéma et scénariste, sans oublier sa terre natale, l'Algérie. Aussi, aurait-il bien pu encore, pour fixer les idées et faire connaître son tempérament, citer Sartre qui confiait dans le même livre: «Ce que j'aime en ma folie, c'est quelle m'a protégé, du premier jour, contre les séductions de ''l'élite'': jamais je ne me suis cru l'heureux propriétaire d'un ''talent'': ma seule affaire était de me sauver - rien dans les mains, rien dans les poches - par le travail et la foi. du coup, ma pure option ne m'élevait au-dessus de personne: sans équipement, sans outillage, je me suis mis tout entier à l'oeuvre pour me sauver tout entier. Si je range l'impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui.» En cela est Guy Bedos aussi.
Guy Bedos n'oublie pas, non plus que c'est son oncle Jacques Bedos qui est à l'origine de sa vocation d'artiste. L'oncle a animé, à Alger, entre autres activités artistiques, «Le Petit Music-hall du dimanche» sur la scène du cinéma le Paris avec ses copains, formant les «trois J», lui, Jacques Redson et Jacqueline Dory. L'oncle a également travaillé à Radio-Alger dans les années 1950-1961 et à la télévision installée, alors à ses débuts, au Boulevard Bru, avant d'entrer à l'ORTF à Paris. .;.
On sait que l'humoriste est fidèle à ses engagements politiques et publics. «Cette guerre d'Algérie, affirme-t-il dans son livre, je ne l'ai pas faite. Je n'ai pas voulu la faire [...] On m'a réformé pour maladie mentale. On a eu raison. Fou, je l'étais, de colère et de désespoir. Je n'ai donc pas de sang algérien sur les mains. Ni français.» Par ailleurs, on observe qu'il est paisible même avec ses mots justes francs et acerbes. Ces idées sont à l'écart de celles de certains pieds-noirs. Par exemple, à l'émission «Apostrophe» du 12/3/1976, à propos de son livre «Je craque» (éd. Calmann-Lévy, 1975), il déclare sans ambages qu'il est «tout de même plus proche d'Albert Camus que d'Enrico Macias».
Je lui ai donc appris - mais il le savait déjà, et il en avait longtemps cherché le texte - que son oncle Jacques Bedos avait joué le rôle de Malki dans ma pièce de théâtre «La Dévoilée», diffusée, en 1956, à Radio-Alger, réalisée par Paul Ventre et les rôles ont été interprétés par les célébrités de l'époque Huguette Haimar, Clément Bairam, Laure Santy et... Jacques Bedos.
Maintenant présenter les Mémoires d'outre-mère de Guy Bedos est un ravissement que je souhaite partager avec mes lecteurs. Et d'abord, l'intitulé accroche et séduit. C'est une coquetterie de l'écrivain qui reste, évidemment même dans l'écriture, un artiste humoriste. La signification du titre ou si l'on préfère son interprétation est libre de droits. La drôlerie est que ni Chateaubriand avec son long poème nostalgique de sa vie et de son temps «Mémoires d'outre-tombe», ni les «Territoires d'Outre-mer» ne pourront s'y opposer. Guy Bedos nous parle de sa mère, pas celle qui l'a mis au monde, mais celle qui a été son éducatrice et son institutrice, c'est-à-dire Finouche, à laquelle, il dédie son livre «Mémoires d'outre-mère».
«Je n'ai pas rêvé», écrit-il, dès la première ligne de ses «Mémoires». Une réalité impensable a surgi du tréfonds de ses souvenirs. Nous lisons: «J'ai bien vu ma mère frapper mon père avec un marteau. Je dois avoir entre deux et trois ans. Mon père est infirme. Quand il met la main dans sa poche, ça ne se voit pas. Il est même beau. Et fort. Un athlète. [...] Je vois mon père, après le coup de marteau, sautillant en agitant son bras comme un enfant. C'est comique et terrible.» Tout le livre, souvenir après souvenir est ainsi. C'est Guy Bedos racontant sa propre vie, son enfance, sa jeunesse un milieu familial instable. Souvent c'était «le lot» de bien des familles pieds-noirs, cultivées ou non, riches ou pauvres. Son père est visiteur médical, sa mère, la fille du proviseur du lycée Bugeaud (auj. lycée Émir Abd el-Kader) et c'est là qu'il a été élevé. Mais ses parents s'étant séparés, il vivra entre maison et hôtel. À sept ans, il est mis en pension chez Finouche, sa belle fermière-institutrice algéroise».
Le récit démarre de toute la puissance formidable de l'expression de l'auteur. Et c'est Guy Bedos, tour à tour, représentant le pied-noir excessif, le gars de Bab-El-Oued jubilant de son humour, parfois faraud, toujours farceur impénitent, aux yeux pétillants de malice, qui joue sur les mots, bat les images surréalistes de sa vie entière de 7 à 71 ans, y mêlant et démêlant les exercices de la politique française dans de nombreux domaines. Il fait bruire sereinement les fuseaux multiples de ses souvenirs comme une suite documentaire sur la France et sur l'Algérie: Alger, Bab El Oued, la Kabylie, Sétif, Constantine, Annaba, Souk-Ahras,... Camus, les artistes, les traditions, les senteurs, les amis, «Et puis la guerre. La guerre d'Algérie. Évitable. Atrocement évitable. Que de morts pour rien, des deux côtés. L'irrépressible engrenage de la peur, de la vengeance et de la haine...» de tout. Et lui au centre. Il jongle, l'artiste humoriste! La lecture donne de l'entrain. Nous apprenons ce qu'il n'avait peut-être jamais osé raconter de son enfance, de son adolescence et davantage de sa vie d'homme. Il termine son livre par une sorte d'apothéose aux accents d'amour pour Finouche. Il écrit: «Finouche, ma Finouche, tu m'as manqué, pourquoi n'as-tu jamais cherché à me retrouver, à présent que je suis célèbre? Moi - tu sais comme sont les gamins -, je ne connais même pas ton nom. Ni même ton vrai prénom. Finouche, ça sonne bien, ça sent l'amour et pour moi tu seras toujours Finouche. [...] Où que tu sois, vivante ou morte, à bientôt, ma petite mère. Je t'aime.»
Je lui souhaite bonne santé et longue vie! Qu'il tienne vivement sa promesse écrite dans ses «Mémoires d'outre-mère»: «J'utilise toute mon énergie - j'en ai - à ce que nul, ni homme, ni femme, aussi proche de moi qu'il soit, n'ait, sans danger pour lui-même, le pouvoir de gâter le temps qui me reste.»
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Quelques quarante années après la lecture de Je craque, je retrouve Guy Bedos dans ses Mémores d'outre-mère.
L' écriture est fluide, directe et sensible. Je retrouve l' humoriste, l'indigné infatigable contre le racisme et la beaufferie. L'homme qui voit partir ceux qu'il aime et se rapprocher la fin de la pièce.
Et l'ombre d'une mère terrible.
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Pur hasard, je commence à lire ce livre de Guy Bedos au moment où son fils fait parler de lui dans les médias. Je me contente ici bien sûr d'évoquer le livre.
J'ai eu du plaisir à retrouver Guy Bedos, tel qu'en lui-même au travers de ce livre que j'ai pris un peu au hasard. Vous me pardonnerez les clichés mais on retrouve bien l'écorché vif (une histoire familiale assez incroyable il est vrai), l'homme ultrasensible qui reconnait pleurer pour un rien. A ce sujet, les pages consacrées à la mort de son chien sont très touchantes je dois le reconnaitre. Et puis il y a l'évocation de ses amis (Belmondo...) de ses amours, de Mitterrand. Toute une époque donc. Sa voix m'était tellement connue que j'ai lu le livre avec dans la tête la voix de Guy Bedos en train de lire son livre, très touchant au demeurant. On imagine que pour tout un tas de raison il aurait été bien malheureux de découvrir certains traits de notre époque.
Ah, j'oubliais, certains passages sont particulièrement savoureux et valent vraiment le détour, telle cette passe d'arme avec Mitterrand autour de Latché.
Autour dire que je vais pas progresser pour mon insigne Littérature à la page sur Babelio !
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De l'enfance en Algérie à la vieillesse inquiétante, Bedos se livre avec sincérité et lucidité, sautant de l'une à l'autre en toute liberté.
Beaucoup de sensibilité, de tendresse mais aussi de révolte et d'indignation.
Pour ses proches, pour les évènements.
De la gravité et de l'humour.
Un livre touchant et très agréable à lire.
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Tout le monde doit connaître, ou au moins déjà avoir entendu le nom de Guy Bedos. C'est un humoriste, acteur et scénariste français né à Alger en 1934, qui nous a quitté il y a deux mois seulement, à l'âge de 85 ans. Dans Mémoires d'outre-mère, il se livre avec pudeur et lucidité sur sa vie tourmentée, de son enfance en Algérie, rythmé par la guerre et les déplacements géographiques, à sa montée sur Paris, où il connaîtra une ascension professionnelle mémorable, avec la gloire comme point d'arrivée.

Je ne connaissais pas spécialement cet homme, avant de débuter son autobiographie. Je n'avais aucun a-priori, seulement beaucoup de curiosités d'en apprendre plus sur cet acteur français à la carrière retentissante. Avant de devenir l'homme qu'il est devenu, acteur, humoriste, producteur de spectacles, Guy Bedos était un enfant Algérien en manque d'affection. Ses parents séparés, Guy reste avec sa mère, qui se remarie et l'envoie en pension, où il vivra paisiblement, mais malheureux. Après l'arrivée de sa mère en France, Guy Bedos la rejoint à Reuil-Malmaison, en région parisienne, puis quitte définitivement le foyer familial à l'aube de ses 16 ans. Il vivra de petits boulots dans le milieu théâtral, avant de grimper successivement les marches du succès.

Aujourd'hui, nous gardons de Guy Bedos l'image d'un homme démonstratif, au franc-parler évident, un humoriste qui détonne et divise l'opinion publique. Son humour virulent et caustique ont fait sa signature : beaucoup se gaussaient de cet homme, qui n'hésitaient pas à régler ses comptes avec les politiques en tournant ses récriminations en dérision. Une façon bien à lui de critiquer le système en place par un moyen détourné.

Dans ses mémoires, Guy Bedos nous explique à plusieurs reprises ses liens avec François Mitterrand, alors président de la République. Une forte amitié s'est formée entre les deux hommes, engagés chacun dans des politiques socialistes. La façon dont Guy nous narre ses entrevues avec le Président sont assez surréalistes : l'un ne manque pas d'humour et l'autre entre habilement dans son jeu, écoutant avec patience et indulgence les pitreries – pas si désabusées – de son ami et allié. Découvrir un Président de la République dans son intimité, sous un visage amical et bienveillant est assez euphorisant. Parfois, on en oublierait presque que ces grands hommes restent des êtres humains comme vous et moi !

Malgré tout le respect que j'aie pour cet homme, j'ai quand même trouvé ses Mémoires un peu décousues. Guy Bedos s'amuse à sauter du passé au présent sans vergogne, parlant de son enfance malheureuse en Algérie avant d'enchaîner sur sa vie politique française. Les transitions sont abruptes, pas maîtrisées, elles manquent de finesse et, par conséquent, ne m'ont pas apportées la dose d'émotions que j'espérais.

Guy Bedos narre avec pudeur et lucidité ses mémoires, de sa malheureuse enfance en Algérie, en passant par ses débuts artistiques sur les planches des musics-hall, jusqu'à son tournant politique français. Une autobiographie sincère et pure, qui aurait méritée une construction plus soutenue.
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère m’a toujours dit qu’elle n’a épousé mon père, malgré sa main pourrie, que pour fuir sa mère à elle, la folle. Ma mère à moi ne buvait pas. Elle avait cette supériorité sur la sienne de pouvoir être méchante à jeun.
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Je m’imagine notant sous la dictée la célèbre phrase de L’étranger : « - Aujourd’hui, ma mère est morte » à laquelle je n’aurais pu m’empêcher d’ajouter : - « Enfin, la vieille carne a fini par lâcher prise ! ! ! »
Je blague
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La traversée de ma singulière existence, dans ce qu'elle aura charrié de turbulences, m'a de plus en plus convaincu que se réfugier dans la fiction peut nous aider à supporter l'insupportable du réel. Plaisanterie, humour, blague, déconnage, pour moi seuls antidotes contre la peur, l'angoisse, le chagrin qui, fatalement, tout au long du voyage, s'emparent de nous.
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Citant Sartre, je leur dis souvent : l'enfer, c'est les autres - et j'ajoute : le paradis aussi ! Oui, dans les rues des villes et des cités périphériques où je me balade quotidiennement, tous âges, tous sexes, toutes ethnies et toutes conditions mêlés, il m'arrive de croiser des anges. Le paradis est là. Même si Dieu n'existe pas.
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Arrive un jour où, lorsque les bougies commencent à prendre plus de place que le gâteau, l'anniversaire n'est plus une fête mais une commémoration !
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Guy Bedos à propos de son livre "En attendant la bombe".
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