Dos au Public

Léo Beeckman était un cachotier. Ce Flamand dont seule quelques expressions typiques trahissaient l'origine, avait passé sa vie au service des écrivains francophones de Belgique sans qu'on ne sache qu'il avait écrit un roman. Ce n'est qu'après sa mort que ses amis découvrirent le manuscrit que nous découvrons aujourd'hui. Avec beaucoup d'émotion. Il y a certainement une part de Léo dans les descriptions des quartiers populaires de Gand et dans l'histoire de ce jeune Arthur, monté à Bruxelles parce que c'est là qu'on trouvait du boulot.

Arthur Degroot a été musicien. Un peu malgré lui; ses parents l'ont envoyé à la chorale à coup de pied dans le derrière, espérant que la musique améliorerait sa condition. A l'armée, son lieutenant lui a forcé la main pour qu'il abandonne la guitare pour la contrebasse parce qu'il manquait un cinquième homme dans l'ensemble. Mais c'est au ministère des finances qu'il passe ses journées. Jusqu'à ce qu'une terrible déprime lui tombe dessus, comme la vérole sur le bas clergé. Heureusement, Rachel ne compte pas laisser les idées noires détruire leur couple.

Dos au Public est un roman sur l'amitié et l'amour. C'est aussi le récit d'une quête intime, d'une plongée dans l'histoire familiale entachée, on s'en doute, d'un lourd secret. C'est tendre et bien mené, même si on aurait aimé que les personnages prennent un peu plus d'épaisseur psychologique et que l'intrigue soit plus développée. Nul doute que si Léo avait vécu, ce récit aurait pris de l'ampleur. Dos au Public n'en reste pas moins un livre attachant et bien écrit. Un bon moment de lecture!