Robert Eldrige s'enfonça dans son coin. Le train allait bientôt partir. Sa montre marquait sept heures douze.Peut-être est-il monté trop tôt et allait-on, à la dernière minute, envahir son compartiment. Force lui serait alors d'émigrer en un autre.
Il faut se méfier des barbes, a priori. Lorsqu’une personne barbue se laisse apercevoir près de la scène d’un crime, vous pouvez généralement en conclure qu’il s’agit, soit d’un postiche acquis pour les besoins de la cause, soit encore d’une véritable barbe que l’individu en question, mis en défiance par la lecture des journaux du pays, a dû s’empresser de raser ensuite.
« Ton cœur va souffrir d’entendre ce que je vais conter ; car il me faut décrire meurtres et rapts et massacres. Faits de la sombre nuit, œuvres abominables, complots inspirés par l’esprit du mal, trahisons, violences effroyables à ouïr, quoique accomplis avec compassion. »
Du Shakespeare ! Magnifique, bien sûr, quoique un peu morbide.
Pour un homme de théâtre, ces procès de l’Old Bailey manquaient véritablement de style et de fini. On pouvait, évidemment, y glaner, de temps en temps, quelques éléments dramatiques ; le contre-interrogatoire de la maîtresse de l’accusé lui avait plu notamment ; en l’arrangeant un petit peu, on en ferait quelque chose.
Mais comment s’arrêter lorsqu’on a devant soi un appât aussi tentant ? La forme féminine allait bientôt dépasser les derniers cottages habités par les gardes-côtes et gagner enfin la falaise solitaire et propice à toutes les audaces.
La Maison du docteur Edwardes (Spellbound), extrait