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EAN : 9782020800327
264 pages
Seuil (04/03/2005)
3.71/5   573 notes
Résumé :
Le Chaâba ? Un bidonville près de Lyon... Un amas de baraques en bois, trop vite bâties par ces immigrants qui ont fui la misère algérienne. Les éclats de rire des enfants résonnent dès le lever du soleil. Les "gones" se lavent à l'eau du puits et font leurs devoirs à même la terre. Mais chaque matin, ils enfilent leurs souliers pour se rendre à l'école avec les autres... Là, de nouveaux horizons apparaissent: un monde de connaissances, de rêves et d'espoirs.
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Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 573 notes
J’ai bien aimé Azouz Begag le Gone du Chaaba. D'abord cette manière de nous montrer comment on appréhende la langue et comment les choses peuvent varier dans leur interprétation, selon un sens donné, l’habitat, la tradition. La phonétique par rapport au son et comment on peut pallier pour ceux qui n’existent pas dans la langue d’appartenance, de transmission. Et puis, l’enfance et quel que soit le lieu, son attachement dans les premiers émois. La manière aussi dont par l’affect on trouve sa place sur un banc d’école pour peu qu’un œil bienveillant nous révèle en notre for intérieur. Un petit tout pour un petit rien mais c’est selon, l’éveil ou le réveil et tragiquement parfois, tout son contraire. J’ai lu tout cela en visualisant l’enfant en première page de couverture et j’ai goûté le fond de cette trajectoire du souvenir.
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Un livre recommandé pour la jeunesse car on apprend beaucoup avec cette lecture de la vie des gones (gamins) qui ont vécu dans des bidonvilles à la limite de la grande ville près du Rhône. Nés pour beaucoup en France de parents immigrés, ils ont connu le racisme et les difficultés matérielles sans parler des difficultés de la langue, entre deux cultures, entre deux mondes, ils ont du se battre. Certains ont mieux réussi que d'autres. Et cela se passait il n'y a pas si longtemps encore.
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Intriguée par le résumée de ce livre et persuadée d'en apprendre beaucoup sur les conditions de vie des immigrés Algériens de la première heure et sur leur ressenti je me suis jetée très confiante dans cette lecture. Plus dure a été la chute et la déception.

J'ai d'abord trouvé que malgré une construction simple celle ci était confuse : entre les bonds dans le temps complètement inexpliqués, et un gros manque de transitions, j'ai vite été agacée. J'ai même vérifié si je n'avais pas sauté de pages : je vous assure que non ! L'auteur passe juste du coq à l'âne comme ça d'un coup. Étrange.

Sur le fond j'ai été également très déçue, je me suis retrouvée face à une description factuelle, sans profondeur. Impossible de s'attacher aux personnages ou même de les comprendre. Ils sont restés terriblement fades et distants. le lecteur n'a aucun aperçu de leur ressenti ou de ce qu'ils peuvent penser. le lecteur ne peut ni cerner les personnages ni les comprendre. Il doit se contenter de prendre acte des actions et réactions des personnages. Personnellement je trouve que ça rend la lecture particulièrement ennuyeuse. J'ai parfois eu l'impression de lire un long article de faits divers.
Évidemment difficile dans ces conditions de ressentir l'ambiance, l'atmosphère du livre qui pour moi est inexistante.
Il y avait tant d'évènements sur lesquels l'auteur aurait pu rebondir, tant de pistes à creuser qui sont restées inexploitées que cela en est devenu frustrant. L'auteur ne nous a livré que la partie émergée de l'iceberg et c'est bien dommage.

A aucun moment je n'ai réussi à rentrer dans l'histoire, à plonger dans le récit, je suis restée spectatrice. Cerise sur le gâteau : la fin ! Mais ce n'est pas une fin ça ! J'ai sauté une page ? Non. Il manque des pages alors ?… euh toujours non. Bon je passe à un autre livre alors ? OUI !
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Recours au dictionnaire pour comprendre le titre : le gone, c'est le gosse et le Chaaba, c'est le nom du bidonville habité par un ensemble de familles algériennes au nord de Lyon.
D'une façon ni outrée ni enfantine, ni accusatrice ni béni oui-oui, Azouz Begag raconte son enfance dans une banlieue pauvre, très pauvre, de Lyon, avec pour premier élément le racisme : celui de son institutrice qui se moque dès le début du « petit génie » avant même qu'il ait ouvert la bouche, puis l'accuse d'avoir copié….Maupassant, celui des enfants juifs à qui il n'a pas intérêt à avouer qu'il est arabe, et le sien aussi, honteux lorsque sa mère vient le chercher à l'école et dévoile ainsi, sous ses voiles, son appartenance religieuse, et son niveau socio- culturel.
Car la pauvreté est là dans ce morceau de terrain vague, où il faut marquer son territoire même pour les poubelles. Les chaussettes trouées! la honte !
Heureusement, la solidarité familiale palie à cette indigence racontée sans complaisance par Azouz Begag et au contraire avec un ton de vérité, une voix vraie. Sauf que cette famille ne pense pas qu'un arabe doive étudier, et le petit a donc plusieurs ennemis à combattre : son milieu social d'origine, qui prend pour une trahison s'il réussit, et ses propres dissensions intérieures : au moment de la circoncision, oui, il se déclare arabe, mais parfois il doute, et refuse de trop en faire , de « fayoter » par exemple en s'asseyant près de son ami « blanc ». Les choses ne sont pas simples, sa volonté d'étudier (soutenue par le père) se heurte aux jalousies et brimades de ses amis arabes et de sa famille. L'échec scolaire est à la fois une raison et une excuse de ne pas s'intégrer, et la solidarité familiale peut être une excuse et un encouragement à cette tricherie.
Toujours dans la vérité, Begag parle aussi de la délinquance, celle de la plupart de ses copains, et la sienne aussi, qui vole un vélo, hop, et la repeint, ni vu ni connu.
Espoir cependant car cette volonté, si elle est semée de contrariétés, finit par s'imposer, grâce aussi au maitre qui le soutient. L'intégration est difficile, car Azouz est honteux de ses parents, et connaît mieux la culture française que ses parents, et est conscient de leur différence. Mais nous savons que Azouz Begag , lui, oui, s'est intégré, pas assimilé attention, il a assumé sa volonté d'étudier et de réussir, puisqu'il a été ministre délégué, et c'est ensemble un livre « en pleine vérité » et un destin qu'il faut saluer. Je suis grandiloquente ? j' avoue, c'est la manière de dire mon admiration.
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« Le gone du Chaâba »? qu'est-ce que c'est que ce brol de titre ? Eh oui, c'est seulement à la lecture de la quatrième de couverture que le décodeur s'est allumé dans ma tête de belgo-bruxelloise inculte. Avec le surtitrage, ça donnerait quelque chose comme « le gamin du bidonville lyonnais ». Et Dieu (ou Allah) sait l'importance qu'ont les mots dans ce récit, leur sens, leur traduction, leur utilisation compliquée par le fait qu'on emploie une langue à la maison et une autre à l'école.
Dans ce roman auto-biographique, Azouz Begag, qui fut un temps ministre à la Promotion de l'Egalité des Chances sous Chirac, raconte son enfance dans les années 60. Fils d'immigrés algériens, il vit entassé avec ses parents et ses frères et soeurs dans une bicoque en planches, dans le quartier des baraquements de Villeurbanne. Ni eau courante, ni électricité, la vie au Chaâba est rude et, entre la classe et la cabane dans les bois, les gamins fouillent le dépotoir municipal et déchargent des cageots au marché. Bouts de ficelle et système D...
Et puis, il y a l'école, où il n'est pas simple de s'intégrer quand on n'a pas la même couleur (peau, cheveux, yeux) que les petits Français, et quand les autres petits Arabes vous voient comme un traître parce que vous essayez d'en apprendre un max et que vous êtes dans les petits papiers de l'instit. L'école, un professeur attentionné, c'est parfois suffisant pour provoquer le déclic d'une vie, quand l'enseignant repère parmi tous ces garnements celui dont le cerveau est un terreau favorable, une éponge qui ne demande qu'à s'éveiller et à se gonfler de connaissances.
Comme souvent pour les histoires racontées à hauteur d'enfant, ce récit est drôle, dur, triste, à la mesure des rêves de cet âge-là, de ses bêtises et de ses drames. Sans pour autant faire pleurer les violons, c'est touchant, attachant et plein de tendresse, alors moi je craque...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
« Alors ? dit Moussaoui en me fixant d’un oeil malicieux et plein de reproches.
- Alors quoi ? » fais-je sans me douter le moins du monde de ce qu’il peut bien me vouloir.
Ses yeux se font lance-roquettes et, méprisant, il lâche :
« T’es pas un Arabe, toi ! »
Aussitôt , sans même comprendre le signification de ces mots, je réagis :
« Si, je suis un Arabe !
- Non, t’es pas un Arabe, j’te dis.
- Si, je suis un Arabe !
- J’te dis que t’es pas comme nous ! »
Alors là, plus aucun mot ne parvient à sortir de ma bouche. Le dernier reste coincé entre mes dents. C’est vrai que je ne suis pas comme eux.
Une terrible impression de vide s’empare de moi. Mon coeur cogne lourdement dans mon ventre. Je reste là, planté devant eux, et, sur mon visage, mille expressions se heurtent, car j’ai envie de pleurer, puis de sourire, résister, craquer, supplier, insulter.
Nasser intervient :
« Et en plus tu veux même pas qu’on copie sur toi ! »
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Allez! nous presse le maître, asseyez-vous vite! Je vais commencer par vous rendre les compositions et les classements, puis nous terminerons la lecon de géographie de la dernière fois.

Tandis qu'un vent d'angoisse se met à souffler dans les rangs, M. Grand s'assied derrière une pile de copies qu'il a posée sur son bureau, à côté des carnets scolaires que nos parents devront signer. Des émotions fortes commencent à me perturber le ventre. Je pense au moment où M. Grand va dire: "Untel, premier; Untel, deuxième." Peut-être donnera-t-il d'abord le numéro de classement, puis le nom de l'élu ?

Premier: Azouz Begag? Non. Ce n'était qu'un exemple. Chacun sait que c'est Laville qui va gagner la course. Bon, alors récapitulons. Il va annoncer: "Premier: Laville." Et après? Deuxième: ? Comme tous ceux qui espèrent, je fixerai les lèvres du maître pour voir mon nom sortir de sa bouche avant qu'il ne parvienne à nos oreilles. Si ce n'est pas moi, le deuxième, il faudra attendre la suite. Je préfère ne pas penser aux affres de cette torture.

Quelques élèves marquent des signes d'impatience. Le maître se lève, s'avance au milieu de l'allée centrale, la pile de carnets à la main, et lance le verdict:

- Premier...

La classe se raidit.

- Premier: Ahmed Moussaoui.

Stupéfaction. Horreur. Injustice. Le bruit et les choses se figent brutalement dans la classe. Personne ne regarde l'intéressé. Lui, Moussaoui, premier de la classe ! C'est impossible. Il ne doit même pas savoir combien font un plus un. Il ne sait pas lire, pas écrire. Mais comment a-t-il pu ?...

Le visage de Laville s'éteint. Il était persuadé d'être premier et le voilà grillé par un fainéant d'envergure supérieure, un même pas Français.

Le visage de M. Grand est impassible. Ses yeux restent rivés au papier qu'il tient dans les mains. Il ouvre à nouveau la bouche:

- Deuxième: Nasser Boueffia.

Cette fois-ci, c'est moi qui vacille. Le maître doit être en train de lire son papier à l'envers, peut-être en arabe. Je tourne la tête vers Nasser. Ses yeux écarquillés se perdent dans le vide; il tente de deviner, dans le visage de chacun de nous, un signe, la preuve qu'une conspiration a été montée contre lui, mais aucune réponse ne lui parvient. C'est peut-être un miracle... Je me tourne du côté de Moussaoui. Le scepticisme se lit sur ses traits.

Et Laville se décompose de seconde en seconde. M. Grand lève un oeil malicieux sur nous. Ça y est ! Je sais ce qu'il est en train de faire. Il continue d'annoncer les classements alors que quelques élèves commencent à sourire dans les rangs.

- ... Francis Rondet: avant-avant-dernier. Azouz Begag: avant-dernier. Et notre bon dernier: Jean-Marc Laville.

Maintenant, on rit de bon coeur dans la classe, y compris M. Grand qui commence à distribuer les carnets de composition. Il s'avance vers Moussaoui et lui annonce avec dédain:

- Irrécupérable !

- Le voyou acquiesce d'un signe de la tête, l'air de dire: ton classement, je me le carre où tu penses !

Puis à Nasser:

- Irrécupérable !

Celui dont la mère avait tenté de me corrompre saisit son carnet puis se met à pleurer.

- C'est trop tard pour pleurer, dit M. Grand. Il fallait travailler avant...

Il arrive enfin vers moi et son visage s'illumine:

- Je suis très content de votre travail. Continuez comme ça et tout ira bien.

Il ne reste plus que Laville:

- Félicitations, Jean-Marc. Votre travail est excellent.

Je saisis mon carnet à pleines mains, avec une émotion si intense que j'ai envie de pousser un cri, d'embrasser le maître, en pensant à la fierté que va connaître mon père en apprenant la nouvelle. Le maître a inscrit dans une colonne: deuxième sur vingt-sept; et dans une autre: très bon travail. Élève intelIigent et travailleur. Je ne sais que dire, que faire, qui regarder. Là-bas, au premier rang, Laville jubile lui aussi, les yeux hypnotisés par le chiffre 1.

- A partir de demain, me suggère M. Grand, vous vous installerez à côté de Jean-Marc Laville.

- Oui, m'sieur, dis-je sans chercher à savoir pourquoi.

Laville se retourne vers moi, sourit comme un lauréat sourit à son dauphin. Je joue son jeu. M. Grand reprend alors son cours de géographie."
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Le maître a toujours raison. S'il dit que nous sommes tous les descendants des gaulois, c'est qu'il a raison, et tant pis si chez moi nous n'avons pas les mêmes moustaches.
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Dès que nous avons pénétré dans la salle, je me suis installé au premier rang, juste sous le nez du maître. Celui qui était là avant n'a pas demandé son reste. Il est allé droit au fond occuper ma place désormais vacante.
Le maître m'a jeté un regard surpris. Je le comprends. Je vais lui montrer que je peux être parmi les plus obéissants, parmi ceux qui tiennent leur carnet du jour le plus proprement, parmi ceux dont les mains et les ongles ne laissent pas filtrer la moindre trace de crasse, parmi les plus actifs en cours.
- Nous sommes tous descendants de Vercingétorix !
- Oui, maître !
- Notre pays, la France, a une superficie de...
- Oui, maître !
Le maître a toujours raison. S'il dit que nous sommes tous des descendants des Gaulois, c'est qu'il a raison, et tant pis si chez moi nous n'avons pas les mêmes moustaches.
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Je ne tente pas de la retenir . On ne retient pas un rhinocéros en mouvement . Je finis mon breuvage à la hâte pour aller assister au pugilat .... C'est si étrange de voir des femmes se battre.
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Vidéo de Azouz Begag
A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Azouz Begag vous présente son ouvrage "L'arbre ou la maison" aux éditions Julliard. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545393/azouz-begag-l-arbre-ou-la-maison
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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