AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791097088484
130 pages
Divergences (11/03/2022)
4.12/5   38 notes
Résumé :
La question de voter ou non ne porte aucun enjeu. Je suis un abstentionniste non-prosélyte. Je ne fustigerai pas un votant, pas plus que je ne tiendrai un non-votant pour un camarade. Le vote ne devient un sujet que si les votants en font un sujet. C’est souvent le cas. Nombre de votants aspergent de sermons les non-votants, taxés d’incivisme, d’irresponsabilité, d’immaturité, d’individualisme. Les non-votants manquent à leur devoir de citoyens. Ils galvaudent la so... >Voir plus
Que lire après Comment s'occuper un dimanche d'électionVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
François Bégaudeau se revendique abstentionniste non-prosélyte, presque nonchalant et reconnait que « tenir en main la carte et a fortiori l'utiliser m'aurait sûrement noué d'émotion si j'étais le fils d'immigrés ayant ramé pour obtenir la nationalité. » S'il n'entend pas gaspiller son temps ni sa salive à répondre à l' « électeur comminatoire », pour qui « voter est un devoir », s'abstenir, un enfantillage, son flegme est plus éprouvé par « le présupposé, aussi mondialement répandu que l'iPhone, selon lequel le vote est un acte politique ».
(...)
Non seulement François Bégaudeau assume une position rarement défendue en public, mais il l'appuie de quelques arguments aussi pertinents que convaincants : voter est tout sauf un acte politique. Au contraire, agir, en dehors de l'isoloir, l'est. « La politique est illégaliste, est déloyale. Dans une société inique, le civisme est désobéissant. »

Article complet (et fort intéressant) sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          290
Ce titre m'a intriguée. Dans cette "drôle" de période que nous vivons depuis deux ans, je ne suis certainement pas la seule à me poser des questions. A interroger la vacuité des programmes des candidats à l'élection présidentielle. A m'énerver face à l'absence de certains thèmes qui me semblent cruciaux. A me sentir désemparée, impuissante. Depuis que je suis en âge de réfléchir on m'a répété que j'avais un grand pouvoir, celui de voter. Que ce droit avait été conquis de haute lutte et qu'il fallait lui faire honneur. Depuis que je suis en âge de voter je n'ai donc jamais raté une élection, pas même un tour. Un pouvoir, vraiment ? Alors comment expliquer ce sentiment bizarre à mi-chemin entre désillusion et désolation ? Donc ce titre m'a intriguée. Il y aurait ainsi d'autres moyens d'employer son temps un dimanche d'élection ? Attention, on ne parle pas ici d'aller s'amuser, de partir en vacances ou de s'offrir une journée à la plage. Quoi que. le propos de François Bégaudeau est tout sauf stigmatisant. Il l'annonce clairement, il est "abstentionniste non prosélyte". En gros, chacun peut bien faire ce qu'il veut, il ne jette la pierre à personne. En apparence. Parce que ce qu'il souhaite montrer avec ce texte c'est ce que l'on fait exactement quand on vote. Ce que l'on pense faire. Et la réalité. Il passe au crible la mécanique de la représentation, le pouvoir que nous donnons à ceux que nous élisons sans que le contrat ne soit clairement énoncé. Sa démonstration est claire, et la comparaison avec une assemblée de copropriétaire coule de source. Ces individus auxquels on donne pouvoir sans plus s'en préoccuper et en ayant l'impression d'avoir accompli notre devoir suprême de citoyen. Il offre un éclairage qui oblige à réfléchir face à des définitions ou des notions qui ont rarement été remises en question dans nos entourages proches. Il éclaire des concepts, leur donne un sens. En fait, ça fait un bien fou, parce que c'est limpide et calme. Pas d'accusations, juste quelques explications, ou plutôt un point de vue et à chacun de l'intégrer dans sa propre prise de conscience. Ce que j'en retiens, c'est l'illusion que l'élection soit un geste politique en soi. L'illusion que seul le vote adoube le citoyen alors que l'engagement et l'implication de beaucoup dépassent ou même se passent du vote, en tout cas tel qu'il leur est proposé. C'est éclairant. C'est déculpabilisant. "Le votant valide l'élection" nous dit-il. Et valide en même temps le système qui fait l'élection qui fait le système. Certes. Ça offre un autre regard sur l'abstention. Je serais bien tentée de ne rien valider cette fois, mais je crains d'être encore trop formatée, pas assez rebelle. Ni engagée. N'empêche, ça donne à réfléchir. Ça invite à reconsidérer sa propre façon d'être citoyen. Ça donne envie de changement. de vrai changement. Et comme ce livre très court ne sollicite que 2 ou 3 heures de notre précieux temps, pourquoi ne pas le lire un de ces prochains dimanches ? Jour d'élection. Ou pas.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          160
Ce nouvel essai de Bégaudeau paraissait quelques mois avant la présidentielle 2022, en pleine cacophonie électorale, vent frais qui soufflait alors sur les relents parfois nauséabonds des plateaux télé, des débats médiatiques. L'essai de Bégaudeau s'érige contre ce contexte qui véhicule l'idée du vote comme climax de la démocratie et où l'on se limite à interroger les antagonismes sans considérer le cadre dans lequel ils naissent, qui les déterminent : le système représentatif.

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la plume tranchante de Notre Joie, mais le propos est cette fois-ci plus centré, plus digeste. Une fois encore, j'ai eu le sentiment que Bégaudeau réussissait à démontrer ce qui vit souvent chez moi à l'état d'intuition.

Malgré un propos introductif qui se défend de tout prosélytisme, le livre réussit ce tour de force de rétablir la légitimité d'un choix - celui de ne pas se jouer à ce simulacre démocratique qu'est l'élection. B. révèle comment le système électoral tend à délégitimer et à décourager toute autre mode d'action politique en faisant du vote le climax de la vie politique, le critère à partir duquel on mesure la santé démocratique d'un pays. L'expression politique sera électorale ou ne sera pas. Les partis, quel que soit leur bord, sont en ce sens tous du parti électoral.

Or, l'impression que la politique se joue ailleurs que dans les urnes demeure et alimente le désintérêt des citoyens - à juste titre selon Bégaudeau. Il revient sur un certain nombre de concepts inébranlables de la vie électorale, comme la fameuse « crise de la représentation » dont on continue de s'étonner naïvement, alors que la représentation consacre par essence la scission entre les sachants et les citoyens lambda. Ayant cédé leur pouvoir d'agir par le vote, ils se transforment en de simples spectateurs du fait politique, et l'élection est réduit à un simple programme télé (terrible et si juste comparaison avec Miss France et le sentiment mi dégouté mi fasciné que suscite son visionnage un samedi soir).

Au-delà de relégitimer des modes d'action politique direct, il y a dans ce livre certaines réflexions excellentes sur le caractère intrinsèquement conservateur d'une élection et de ses attributs (vote secret et individuel VS vote de situation, discours de campagne qui favorise l'utilisation d'abstractions susceptibles de rassembler, comme la nation). Autrement dit, « il y a une petite contradiction à participer à l'élection pour barrer un parti que l'élection sinon fabrique du moins nourrit. Supprimez l'élection il y a plus de RN. Concevez une démocratie faite exclusivement de votes en situation, il n'y a plus de RN ».

C'est un clair éloge de la démocratie directe, savoureux et intelligent, qui aurait gagné toutefois à accorder une place plus importante aux alternatives du vote et à leurs victoires politiques. Certes, notre horizon d'action est bouché du fait de la place du travail dans nos vies. Partant de ce constat, quelles sont nos marges pour réinventer notre rapport au politique?

« La France non électorale comprend des gens qui ne votent pas parce qu'ils ne s'en foutent pas du tout. Qui ne s'en foutent pas assez pour aller voter. Qui ont une idée trop haute et surtout trop concrète de la politique pour la souiller dans un isoloir. Qui préfèrent la politique à son pastiche électoral. Ceux là vivent en ferme collective ou les richesses créées sont partagées, organisent des happenings d'inspiration décoloniale, ont monté un espace de troc dans un garage désaffecté de Bobigny, combattent au Rojava dans une brigade internationale, sont délégués syndicaux de la section cheminots de Montparnasse, informent gratuitement sur les logiciels libres ou en conçoivent. Ceux là contestent l'ordre en place ou un aspect de l'ordre en place. Ils sont gauchistes ou non. Ils développent ou non une réflexion sur le caractère viscéralement conservateur de l'élection. Ils ne votent pas car ils sont trop occupés à faire de la politique. Étant citoyens toute l'année, ils n'ont pas besoin de cette petite réassurance citoyenne qu'offre l'élection. Ceux là portent haut le vocable politique que l'élection usurpe. »
Commenter  J’apprécie          50
Le geste de Bégaudeau a ceci de salutaire d'une part car il ne fait pas de son texte une sorte de réquisitoire pamphlétaire. Plutôt que d'invectiver celui qui ne pratique pas comme lui, il développe un argumentaire avec son acuité habituelle. Il sait très bien que ceux qui votent fustigent toujours ceux qui ne votent pas et que dans cette optique, il ne s'abaisse pas à de telles futilité. Son geste s'inscrit beaucoup plus dans un vouloir de détricoter l'idée que le vote est tout d'abord quelque chose de politique. On est effectivement assez heureux de voir les différentes piques qu'il fait aux institutions en partant des personnes toujours avec une approche matérielle de la réalité. Il inscrit le vote non pas dans un acte démocratique absolument glorifié mais plutôt dans une démarche tout à fait banale. le texte prend toute sa signification quand il ancre, comme à son habitude, les faits dans le réel. C'est depuis celui-ci qu'il réfléchit pour ensuite aller plus profondément dans la politique. Il n'oublie pourtant pas de prendre en compte l'aspect institutionnel du vote qui en fait son essence. Il prend en charge sa critique et habilement la connecte avec du déjà-lu de sa personne. Son appareil idéologique est plutôt connu quand on s'intéresse à sa personne et il est intéressant d'aller toujours plus loin dans sa peinture de l'ordre social bourgeois. Par bien des aspects il en démantèle les armes et forment son lecteur à une autre voie idéologique toujours plus juste dans la compréhension de que l'on vit.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
30 minutes. 26 exactement.
C'est à dire six fois moins qu'il n'en faut pour aller de République à Nation à pas de manif. Dix fois moins qu'il n'en faut pour tenir un stand sur la maltraitance animale dans un concert de punk rock. 50 fois moins qu'il n'en faut pour trouver un hébergement d'urgence une famille d'Érythréen hagards ramassés au bord d'une voie ferrée près de Vintimille. Cent fois moins qu'il n'en faut pour trouver les articles du code du travail à même de bétonner la défense d'un salarié suspendu pour faute soi-disant grave. Deux-cents fois moins qu'il n'en faut pour obtenir une négociation avec la direction dans le cadre d'un conflit social au Centre d'appels de Gueugnon. Dix mille fois moins qu'il n'en faut pour rendre fiable un éco-hameau. L'infini fois moins qu'il n'en faut pour faire interdire la commercialisation des données numériques.
Le vote offre un ratio temps-gratification hors de toute concurrence. En moins d'une heure, j'accomplis mon devoir sacré. 
Commenter  J’apprécie          80
nombre d’individus indifférents à la politique mettent un point d’honneur à voter. Ceux-là ne lisent pas la presse généraliste, ne s’abonnent à aucun média en ligne, ne s’enquièrent d’aucun conflit social ou conflit armé en cours, préfèrent avaler une saison de The Crown qu’un documentaire sur les crypto-monnaies, sèchent si on leur demande une loi votée sous le présent quinquennat, ne sauraient nommer le nouveau chancelier allemand, ne sont ni syndiqués ni militant associatifs, ne sont descendus dans la rue que le 11 janvier 2015, mais votent à tous les coups.
Ce n’est pas une contradiction.
Ma sœur peu politique vote ; son frère très politique ne vote pas. Ma sœur et son frère sont logiques.
Je ne vote pas et pourrais aussi bien voter ; comme je pourrais vivre dans une autre ville que Paris, m’abonner ou non au théâtre municipal de cette ville, équiper mon nouvel appartement d’une box SFR ou Free.
Commenter  J’apprécie          40
 L’électeur prosélyte enverrait bien ce petit con d’abstentionniste voter à coups de pied au cul. Ici en Europe on respecte les opinions de chacun mais l’abstention n’est pas une opinion, c’est un enfantillage. 
Commenter  J’apprécie          140
Qu'il soit systématiquement défait ou toujours déçu, qu'il soit stérile ou cocu, l'abnégation de l'électeur confine au masochisme sisyphien.
Commenter  J’apprécie          151
Tenir en main la carte et a fortiori l’utiliser m’aurait sûrement noué d’émotion si j’étais le fils d’immigrés ayant ramé pour obtenir la nationalité.
Commenter  J’apprécie          130

Videos de François Bégaudeau (89) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Bégaudeau
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
--
Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
+ Lire la suite
autres livres classés : politiqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (95) Voir plus



Quiz Voir plus

L'amour (François Bégaudeau)

Quelle est la grande passion de Jacques Moreau ?

Les fléchettes
Les girouettes
Les maquettes

17 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : L'Amour de Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..